L • I.


Layvin



Poser dans la chambre-planque de Niklaus, je remplissais la salle de fumée tel une brume. Je ne me vois plus dans ce brouillard, je m'en veux d'avoir une chicha près de moi alors que j'avais promis à Neha de ne plus y toucher. Aujourd'hui, je ne suis qu'un homme égaré qui en a parfaitement conscience et qui ne recherche que la vengeance.

Cette chambre est une vraie planque de policier, dans chaque recoin il y a des informations sur chacun d'entre eux. Des pochettes portant leurs noms incluant des informations tel que leurs capacités, leurs faiblesses, leurs familles et la place qu'ils ont dans leur gang. Il y a tous les renseignements nécessaires, même inutile si je puisse dire.

Les recherches que je menais depuis une semaine ont confirmés tout ce que Niklaus savait donc a priori, je peux lui faire confiance même si nous sommes dans un monde emplis de sales humains capables de trahir pour du coca ou de l'argent.

J'ai appris à tirer durant cette semaine également, je ne vise pas encore parfaitement mais je ne compte pas devenir un sniper de toute façon. J'utiliserais un poignard de préférence mais on ne sait jamais si la situation privilégie l'usage d'une arme à feu.



- Je suis là, dit Klaus en entrant dans la pièce. Ne me dit pas que t'es avec une femme ? 

- Tu vois bien que non, imbécile.

- Peut être en dessous du lit ? il regarde en dessous mais n'aperçoit rien. Non ?

- Tu veux quoi ?

- Ce n'est pas ta chambre ici, va dans ta chambre et arrête de passer ton temps à ne rien faire.

- Tu veux quoi ? je répète agacer.

- Ce soir on s'infiltre à une soirée, tâches de ne pas te faire remarquer. 

- T'es sérieux là ? dis-je en me redressant. Tu commences fort.

- Ça fait deux ans que je m'infiltre, il y a même un gang qui recommande mes services parfois alors arrête de t'en faire.

- Je dois faire quoi ?

- Juste prendre une clé USB, elle est censée contenir l'architecture et l'adresse de la maison de notre gang adverse.

- Le gang des égorgeurs.

- C'est Blood Print, me corrige-t-il.

- Le gang que je dois éliminer se nomme donc « Empreintes de Sang. » dis-je à voix basse. Nous serons donc les Assaillants Armés.

- C'est ça, il dit en soufflant. Prépare-toi, on doit se faire beau pour ce soir.

- Comment t'as eu toutes ces informations ?

- J'ai une informatrice.

- Une ? Fait attention, les femmes sont vicieuses, elles retirent vite leurs robes.

- Et ce qu'il y a en dessous aussi, je suis loin d'être idiot.



Il se prend pour le nombril du monde sous prétexte qu'il est intelligent mais il se fera bêtement avoir s'il ne voit pas plus loin que le bout de son nez et il ne pourra pas dire que je ne l'ai pas prévenu en tout cas.

Les vraies choses ont commencé tard le soir, à l'apogée de cette soirée en pleine capitale du crime. Je descends de ma belle Mercedes noir mat que Klaus m'a gentiment « prêté. » Inutile de préciser qu'il ne la récupéra jamais étant donné que monsieur roule en BMW. Je trouve d'ailleurs son carrosse sans intérêt, mon bijou est bien plus beau que le sien.

Pour entrer, il a fallu que je sois accompagné du gang entier mais Klaus et moi les avons immédiatement quittés quelques mètres plus tard sans pour autant éveiller les soupçons. Les groupes s'entremêlent sans distinction d'amis ou d'ennemis pendant que je vagabonde tel un loup solitaire avec Niklaus à mon oreillette.



- Tu penses aller la chercher, oui ? demande Niklaus.

- Ne me mets pas la pression. Qu'est-ce que tu fous toi, déjà ?

- Je repose mon cerveau pour l'instant. J'attends mon informatrice.

- Je n'en ai rien à foutre. Je ne suis pas ton pigeon, moi.

- Elle est où ta motivation ? Tu ne tiens pas aux infos ou quoi ? Neha était de la merde pour toi ?

- Si tu ne veux pas que je vienne tout de suite t'enculer devant tout le monde, retire ce que tu viens de dire.

- Mon informatrice est là, fais-moi signe quand tu prends la clé, il se défile très rapidement.

- C'est ça.



Je déteste cette façon qu'à Niklaus de prendre les gens pour ses chiens alors que moi, je ferais tout pour venger Neha. Il se vante de ses informations mais sur les huit hommes, je doute que Niklaus n'en tue ne serait-ce qu'un seul. Sinon, il l'aurait fait depuis bien longtemps. Ce n'est qu'un incapable avec de l'intelligence en trop.

Mais bon, changeons de sujet avant que ma tension ne monte. Je dois garder mon sang froid si je ne veux pas faire n'importe quoi. C'est la première fois que je me retrouve dans ce genre de situation et d'ordinaire, je déteste vraiment les fêtes. « Mais je dois m'y faire, pour Neha. » me dis-je à moi-même pour ne pas oublier l'impossible.

Je plonge mes doigts dans ma douce barbe et mes esprits reviennent peu à peu. D'aussi loin que je me souvienne, ce geste a toujours permis de me calmer. C'est Neha qui m'en a donné l'habitude en le faisant à chaque fois que j'étais irrité. 

En sortant de taule, la première chose que j'ai faite est de m'occuper de ma barbe. Neha détestait que je sorte en « mode négligé » comme elle le disait si souvent, il faut toujours que je sois « soin. » Et elle plongeait ses dix doigts dans ma barbe, ses mains et même son visage. Elle la touchait toute la journée, me forçait à faire des shampoings et après shampoings et même des masques pour qu'elle soit soigneusement parfaite. Elle voulait que je sois sa poupée, je trouvais ce temps perdu à prendre soin de ma barbe tellement ridicule alors que maintenant, je le fais seul en pensant à elle. Histoire que d'où elle est, elle soit heureuse de me voir aussi beau. Mais tout ça, c'est juste pour elle. Sans ce genre de pensées, je ressemblerais sûrement à un sans abris.

Aujourd'hui, sans me vanter, je suis plutôt beau gosse. Ma barbe est bien taillée, laissant quelques mèches brunes apparaître qui donnent un air doré. Costard-cravate, je dois bien avouer que ce n'est pas le genre de soirée que j'imaginais mais j'ai la classe comme ça.

Alors que je me dirigeais à l'étage, une petite femme tombe sur moi ou me bouscule ? Je ne saurais pas trop dire. Je l'observe essayer de reprendre l'équilibre qu'elle a perdu quand elle pensait tomber sur moi alors que je l'ai esquivé en la dévisageant. Elle me présente ses excuses alors que je n'en ai strictement rien à faire.



- Je suis désolée. Tes chaussures sont mouillées à cause de mon verre. Je peux me faire pardonner ?

- Non merci.

- Si, j'insiste, je suis désolée. Je m'appelle Nayla.



Son prénom est perturbant, il ressemble beaucoup trop à celui de Neha même si elles n'ont rien avoir. Ma défunte femme la surpasse en tout point, de mon point de vue et même objectivement. Dans tous les cas, je préférerais toujours Neha. La femme en face de moi n'est qu'une enfant qui a l'air de manquer cruellement de maturité.



- Je ne t'ai rien demandé.



J'ai une mission à accomplir.  

























Niklaus



Au comptoir avec ceux qui sont censés faire parti de mon gang inexistant, je donnais l'air d'avoir bu une dizaine de verres alors que j'avais encore tout mes esprits. J'essaie tant bien que mal de ne pas céder aux influences que les autres essaient d'exercer sur moi parce que je ne peux pas me permettre d'être un mouton de Panurge aujourd'hui. Je ne veux pas qu'elle me voit dans cet état, et d'ailleurs cette soirée est importante.



- T'attends quelqu'un ? me demande une femme en s'asseyant sur moi.

- Une belle femme et j'ai eu ce que je voulais apparement, dis-je en la regardant.



Ici, les femmes ne sont pas des « putes » même si plupart offrent leurs corps en échange d'informations. Elles peuvent servir d'outils ou « d'esclaves », peut être même de première dame. Certains les considère comme de vulgaires catins pendant que j'aperçois le danger qu'elles peuvent nous causer à chaque instant. Dans ce monde empli de deal, les femmes peuvent apporter autant de malheur que de désespoir. Elles sont très sous-estimées mais elles sont capables de détruire n'importe quel gang et beaucoup plus.



- J'ai entendu des choses sur toi.

- Dis-moi. 

- Personne ne t'égale au lit, elle chuchote d'un air amusé près de mon oreille.

- Qui t'as envoyé chercher des informations ? je demande, amusé, à la femme devant moi.

- Personne, je veux juste...

- Klaus ?

- Ouais ? je souris sans même relever la tête, reconnaissant cette voix douce et familière. 

- On était censé se voir, je me trompe ?

- Je crois bien, dis-je en apercevant son regard hautain et menaçant avant qu'elle ne jure et tourne les talons.



Je ne m'empêche pas de rire en la voyant faire l'enfant. Elle est culotté d'oser se permettre de me faire une crise de jalousie en public. Elle n'en a pas le droit mais c'est qu'elle est toujours autant égoïste lorsqu'il s'agit de moi.

Je caresse les cheveux de la dangereuse créature assise sur mes genoux comme un petit chiot et me lève pour poursuivre mon informatrice. Comme je le pensais, elle m'attendait sur le capot de ma BMW noire en admirant une énième fois mon carrosse. Madame aime les voitures de luxe, tout ce qui brille et les gros diamants. Elle réclame que ses fesses se posent sur du cuir authentique sinon elle ne monte pas à bord. Elle a tellement changé, moi, je ne l'ai pas connu comme ça, je l'ai connu avec de vraies valeurs, de la pudeur. Aujourd'hui, il n'y a plus que notre monde et notre adolescence qui nous lie.



- Ça y est, t'es là ? Monsieur Klaus n'est plus occupé à batifoler avec ses nombreuses conquêtes ?

- C'est Niklaus, et je te signale que je suis justement avec l'une d'entre elle.

- Ne me compte pas parmi celles qui veulent seulement ce que tu as en dessous de ton pantalon.

- Si tu ne veux pas ça, que veux-tu de plus ? je ris à moitié en l'insultant de menteuse.

- Ferme là et prends ton dossier.

- Qu'est-ce que t'as là ? Si tu n'es pas contente, tu déclares ce qui te dérange. Je ne suis pas un de tes clients moi.

- Dis-le si tu penses que je suis une pute.

- À quel moment j'ai dit ça ? Je ne t'ai jamais insulté que je sache.

- Tu te fous de moi ?

- Je t'ai déjà insulté depuis qu'on se connaît, Sheyla ?

- Je t'ai déjà dit de m'appeler Annie.



Annie, de son vrai nom, Sheyla, a changé d'identité quand elle a commencé sa nouvelle vie de vagabonde.



- Et moi Niklaus, mais tu ne respectes pas toujours cette règle.

- Klaus, c'est la même chose.

- C'est pour les proches, nuance.

- J'avais oublié que je n'étais plus dans cette catégorie, excuse-moi.

- Il est où le dossier ?

- Dans ta voiture, dit-elle en me lançant mes clés.

- Arrête de me les prendre à chaque fois, dis-je en me remémorant ses antécédents de voleuse.

- Ça m'amuse.

- J'y retourne.

- On ne monte pas ?

- Non, t'as trop attiré l'attention en venant me voir devant tout le monde.

- Par contre toucher les fesses de cette femme, ça n'attirait pas l'intention ?

- C'était discret, pas comme toi qui m'appelle Klaus en public. Ils vont tous se douter que t'es une infiltrée.

- Personne ne va se douter de rien. Je ne suis qu'une pute, elle dit en soupirant.

- Arrête de t'insulter, tu me saoules aujourd'hui.

- Okay, répond-elle de manière nonchalante.

- Et puis je te signale que c'est toi qui m'as rejeté la dernière fois que je voulais le faire.

- J'avais...

- Je n'en ai rien à foutre, t'attendras notre prochaine rencontre ou... je me tais en entendant un broyeur suspect.

- C'était quoi ça ? demande Annie en se redressant.

- Je n'en sais rien, je dis, mon poignard à la main. Viens avec moi, je lui prends la main pour l'emmener dans une chambre.

- Qu'est ce qu'il se passe, Niklaus ? elle demande une fois que nous sommes entre quatre murs.

- Il faut que j'appelle Layvin, je dis avant d'activer mon oreillette. Lay, t'es où ?

- Je viens de prendre la clé, t'es où, toi ? il répond en baillant.

- Dans une chambre. C'est la bonne clé ?

- Il n'y en avait qu'une, non ? Une rose ?

- Rose ? demandais-je à Sheyla.

- Il ne me restait qu'elle.

- Monsieur est accompagné ? Je vous laisse.

- Attends.

- Non ! Je ne veux pas entendre tes bails bizarres, moi !

- Mais il n'y a rien ! je dis en soupirant. Dit le si ça te manque, hein !

- Pourquoi faire ? Neha n'est plus là de toute façon, il dit en soupirant. Je peux rentrer, maintenant ?

- Prend ma voiture, il y a un dossier dedans et je crois que quelqu'un l'a vu.

- Non ! Non, c'est mort ! il se met à crier comme un enfant. Je prends la Mercedes !

- Layvin, va prendre la BM.

- Tu crois je vais prendre ta vielle voiture, là ?! Je n'ai pas envie !

- Comment ça « vielle voiture » ?! C'est une BMW !

- Et ensuite ?

- Eh Dieu, comment c'est possible d'être aussi ignorant ?

- Je m'en fous ! Je prends la mienne !

- Tu fais le fier alors que ce n'est même pas toi qui l'as acheté !

- Et alors ?! Tu crois que le temps de prison est rémunéré, ou quoi ?!

- T'imagines si c'était rémunéré ?

- Toute la thune que j'aurais eu en sortant, dit-il en baillant encore une fois.

- On aurait été bien !

- On ?

- Eh vas-y, bouge ! Attends-moi en bas je te ramène les clés !

- Dépêche-toi, on dirait que je parle tout seul là !

- J'arrive, je t'ai dit.

- Eh, Klaus ?

- Quoi, encore ?

- Elle est où, Jadina ? A chaque fois que je t'en parle, tu... il dit avant de se taire brusquement.

- Lay ?

- Je te rappelle, il dit avant que j'entende les trois petits bips.



Je m'effondre sur le lit en soupirant, je ne sais toujours pas comment je vais lui annoncer que j'ai perdu la trace de sa fille depuis plus d'un an. 




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@_Loyaliste

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