Chapitre 7 - Un choix?
Romain s'est vu attribuer une chambre coquette et lumineuse, richement garnie de meubles dans les tons orange et d'un grand lit à baldaquins. Une petite porte donne sur une salle de bain comportant tout le nécessaire à la toilette et une grande baignoire ronde. L'Elfe aux allures de vautours nous a ensuite fait visiter mes appartements – le même dans les tons violets – avant de prendre congé en prétextant nous laisser déballer nos affaires.
Thalion ayant disparu depuis que nous avons quitté le bureau de la reine, nous n'avons personne à harceler de nos questions. Et encore, nous nous sommes tenus à carreaux jusque-là. Dès qu'il réapparaît, on va avoir une petite discussion tous les deux... Je doute que Romain ait le cœur de participer à la conversation ; toujours dans un état second, il s'est assis sur mon lit sans prendre la peine de regagner sa chambre. La tête dans les mains, il semble à deux doigts de faire une crise de nerfs.
Je m'assieds à ses côtés et pose une main réconfortante sur son épaule.
― On va le retrouver, je commence.
Romain hausse les épaules sans me regarder.
― Il est forcément ici, je continue comme pour moi-même. C'est obligé.
Ne tenant pas en place, je me relève et me dirige vers la grande fenêtre. Les vitraux représentent cette fois un paysage de montagnes enneigées et de forêts verdoyantes. J'attrape la poignée et ouvre doucement la baie vitrée pour me retrouver sur un petit balcon surplombant une immense vallée. Partout, on peut apercevoir des constructions elfiques blanches qui se dessinent entre les arbres, imbriquées dans la roche. Au loin, de l'autre côté de cette cuvette naturelle, se dresse une cascade dont le bourdonnement résonne jusqu'à moi. Je crois distinguer quelques silhouettes longilignes qui se déplacent parmi cet amalgame de couleurs rassurantes et me surprends à imaginer la vie des Elfes.
― Romain, viens voir, j'appelle pour que mon ami profite lui aussi du spectacle.
Il me rejoint avant de laisser échapper un « waow... » incrédule et pose ses mains sur la rambarde avant de détailler avec intérêt le paysage féerique qui nous fais face. Mais je vois bien qu'il pense toujours à son père.
Comme je ne sais pas vraiment quoi faire pour le réconforter, je pose ma tête sur son épaule et nous restons là, sans rien dire, simplement à admirer ce monde qui nous est encore totalement inconnu.
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Nous restons longtemps comme ça. Tellement longtemps que la faim me tiraille depuis longtemps. Après, je n'ai pas mangé depuis toute un journée.
Finalement, un domestique vient nous chercher pour le repas en compagnie de la famille royale. Nous le suivons en silence à travers les couloirs, tous identiques, allant jusqu'à repasser devant le hall d'entrée.
Nous aboutissons dans une salle grandiose au plafond tellement haut qu'il est presque impossible d'en estimer la hauteur. Entièrement décoré dans les tons bleus – ça en devient prévisible – elle arbore un parquet en bois vernis et clair. Les fenêtres – donnant sur le fleuve à ma gauche et sur la vallée elfique à ma droite – sont encadrées de fluides rideaux transparents brodés de fleurs délicates et aériennes. Au centre de cet immense salon, se dresse une table en bois sombre garnies de couverts argentés et de chandeliers dorés.
Mal à l'aise à cause de la richesse du lieu, nous nous avançons timidement afin d'être accueillit par Thalion. Le revoilà tient !
― Vous vous êtes bien installés ? Nous demande-t-il en nous montrant nos chaises.
― Hum... c'est joli, je marmonne, encore fâchée qu'il nous ait abandonné aux mains d'un vieux vautours sans que nous n'ayons la possibilité de lui poser ne serait-ce qu'une seule question.
Nous sommes interrompus par l'arrivée de la reine Mathilda et d'une jeune Elfe enthousiaste n'ayant pas plus de douze ans. Ses cheveux soyeux sont tout aussi blonds que ceux de sa mère et de son frère, mais ils lui arrivent au cou en une coupe asymétrique laissant voir une de ses oreilles pointues. Sa robe en soie couleur lavande est plus simple que ce que l'on pourrait s'imaginer pour une princesse, mais elle ne pourrait la mettre plus en valeur. Tout dans ses yeux verts émeraudes laisse transparaître sa bonté et sa sagacité.
― Je vous présente ma fille, la princesse Astal, commence la reine.
― Enchantée, poursuit l'intéressée avec entrain avant de nous adresser un grand sourire.
Je le lui rends avant de nous présenter à mon tour, ce que je n'avais d'ailleurs pas fait avec la reine.
― Ravie de vous rencontrer, je suis Laurie Dumont et lui, c'est Romain Leroy.
― Tu es roi ? Demande Astal à mon ami.
― Non pas du tout, dit Romain avec un faible sourire, le premier depuis qu'on a appris pour son père. C'est juste mon nom de famille.
― C'est drôle, s'étonne la princesse avant de s'asseoir sans plus de cérémonie. Tu dois avoir des ancêtres qui l'étaient...
Mathilda lui lance un regard de reproche comme si Astal avait posé une question déplacée. C'est ce moment que choisi une ombre noire pour se glisser dans la pièce.
― Ah, Conseiller Calion, vous avez pu vous libérer ! S'exclame la souveraine.
L'Elfe recouvert d'une longue cape d'un noir opaque s'incline légèrement avant de prendre la parole d'une voix faible et un peu étouffée :
― Il me reste encore beaucoup de travail pour organiser la construction des fortifications du nord-est, mais j'étais suffisamment avancé pour envisager une pause.
La reine hoche la tête.
― Romain, Laurie, voici Calion, mon premier Conseiller. C'est lui qui m'assiste dans la grande majorité des sujets liés au royaume.
Elle semble ravie, mais moi, je n'aime pas beaucoup ce personnage qui s'exprime en prenant des détours et qui cache son visage avec une capuche. Elle est moche en plus. Presque malgré moi, je lui lance un regard peu amène avant de m'asseoir à la suite de la reine, pour me retrouver entre celle-ci et Romain. Mon ami semble mal à l'aise et jette des regards insistants au conseiller de Mathilda la Diligente. Je me demande pourquoi il est là d'ailleurs, il ne doit pas être le seul conseiller du château...
Le repas se déroule tranquillement, même si je suis sur le qui-vive, attendant le bon moment pour poser mes quelques milliers de questions. Astal est une jeune Elfe pleine de vie et Thalion se révèle moins coincé que lors de sa mission de sauvetage. On nous présente des plats sophistiqués, aussi bien des légumes locaux que des animaux chassés dans le bois voisin semble-t-il. Je suis sidérée quand j'apprends être en train de manger une coquecigrue et j'évite de me resservir.
Nous abordons finalement le sujet de l'existence d'une dimension parallèle et j'en apprends un peu plus sur ce monde qui n'est pas le mien.
Le Monde de l'Imaginaire est peuplé par différentes créatures légendaire comme les Dragons, les Alphyns ou les Licornes qui vivent en troupeau un peu partout sur le continent, mais aussi des civilisations organisées en royaumes. Au nord, les Lutins ont élu domicile dans la Citadelle de Chalcedonia et les Trolls dans le Royaume de Pyritenia. Juste un peu plus au sud, les Satyres ont bâti l'Empire d'Ignisia, frontalier avec la Forêt d'Adamasia, demeure des Centaures. A l'ouest du Royaume de Crysocolia, se dessine la Vallée de Smaragdia, domicile des Gnomes, et la Contrée d'Aurumnia, désert abritant les Nains. En revanche, à l'est se dresse les Montagnes de Sardonixia, repère des ennemis Ogres et, plus au sud, la Ville de Sapphisia, refuge des Fées.
Pour ce qui du Royaume Elfe, il s'étend sur toute une rive du Lac Scintillant et jusqu'à l'océan du Sud. La grande majorité de ces habitants vivent dans l'enceinte de la ville de Chrysocolia. La famille royale vit dans le château lui-même, que l'on pourrait qualifier d'entrée de la ville, le peuple prospérant dans la vallée entourée de falaises que j'avais aperçu depuis la fenêtre de ma chambre ou, pour les paysans, sur les Plateaux Fertiles, grande étendue de champs cultivables au nord du château.
Il y a maintenant douze ans que la guerre entre Elfes et Ogres fait rage, causant de nombreuses pertes dans les deux camps. Sept ans après le début des hostilités, la reine Mathilda reçue une vision prévoyant la fin du carnage à la suite du sacrifice d'Atanatar le Sage. Refusant d'abord de croire que la mort de son mari les sauverait tous, elle garda son rêve secret, mais le destin se rappela à eux et Atanatar mourut, sans que la guerre ne prenne fin.
Depuis, les forces de l'Empire commencent à faiblir face à la hargne des Ogres et le dernier espoir serait, semble-t-il, la lettre du mystérieux serviteur qui nous a kidnappés pour nous ramener ici, dans l'espoir que l'on fédère les autres royaumes et qu'ils se joignent aux Elfes.
― Mais pourquoi accepteraient-ils de s'allier avec vous alors qu'ils ne l'ont pas fait depuis douze ans ? Je demande, étonnée.
― Si nous leur demandons de l'aide, ils nous voient comme des profiteurs attendant d'eux une armée. Les Elfes sont considérés, par tous ou presque, comme des êtres fragiles et prétentieux ne se souciant que des apparences et se créant des relations sur lesquelles s'appuyer sans rien leur rendre en retour. Voir un peuple – surtout d'un monde aussi lointain – se soucier de notre sort, penser que nous en valons la peine, les incitera sûrement à faire une alliance.
J'affiche une moue perplexe et Romain semble tout aussi sceptique.
― De plus, poursuit la reine en voyant qu'elle ne nous a pas convaincus, nous n'avons pas fait des pieds et des mains pour obtenir une armée au début de la guerre. Nous pensions gagner aisément les Ogres qui sont des créatures chaotiques, rarement capables d'établir un plan d'attaque et de réfléchir à une quelconque stratégie. Nous nous voyons maintenant dans l'obligation de demander leur aide, parce que notre orgueil restera toujours moins important que la vie de notre peuple. C'est pour ça que nous avons besoins de votre aide.
Romain soupire devant cette situation absurde et je décide de prendre la parole.
― Nous avons besoins de nous consulter pour ça, Majesté.
Je n'ai pas besoin d'énoncer les raisons de notre dilemme et Mathilda approuve avant de déclarer :
― Je vous propose de lever le couvert. Le conseiller Calion et moi-même avons encore beaucoup de choses à régler et vous devez quant à vous réfléchir à votre position. Avez-vous d'autres questions ?
Je hoche négativement la tête, à court d'idées, mais Romain lève la main comme s'il se tenait face à son prof de français :
― Moi, j'ai une dernière question.
Il attend l'approbation de la reine avant de poursuivre :
― Est-ce que les Farfadets existent ?
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« Être à part entière, le phénix s'envola, quittant définitivement son père comme un oisillon devenu adulte quitte le nid.
Il savoura tout d'abord sa liberté de mouvement tout juste acquise, et s'envola du pôle Nord au pôle Sud, voyagea des profondeurs des abysses aux montagnes les plus hautes, visita les recoins les plus sombres de notre monde jusqu'aux étoiles qui veillent sur nous et nous promettent des jours meilleurs.
Quand il eut compris les mystères de la nature, l'instinct des animaux les plus sauvages, le cycle de la vie et la complexité d'un cœur humain ; quand il eut compris tout ça, il se décida à aider cette Terre, ce monde imparfait qu'il avait appris à aimer malgré ses innombrables défauts. »
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Coucou!
Alors... vous aimez mon monde et les peuples que j'ai choisi?
J'ai hésité pour les Lutins, mais c'était drôle alors voilà... Par contre les Farfadets... ils existent à votre avis ou pas?
Perso, le conseiller Calion je le trouve un peu louche... (faites comme si c'était pas moi qui l'ai inventé)
D'ailleurs, je pense que je vais changer son nom parce Calion ça veut dire "le lumineux"... Eh! mais figurez-vous que je viens de capter que ça fait un chiasme! (ou une autre métaphore dont le nom ne veut rien dire): il est mystérieux et habillé en noir et il s'appelle "lumineux"... mouais... c'est à creuser...
Un jour, je vous mettrais la carte que j'ai dessiné (quand elle ne sera plus à l'état de brouillon) et le dessin que j'ai fait du château des Elfes (si je le retrouve) parce que je l'ai fait il y a deux ans au moins, et je pensais pas qu'il se retrouve sur wattpad...
hasta la proxima semana! (si, si estoy muy bilingue > ceci est de l'anglais)
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