Chapitre 37 - La danse des étoiles

pdv Romain

Des milliers de particules lumineuses luisent dans le ciel d'encre. La voûte céleste, plus sombre que jamais, fait ressortir les lueurs d'espoir qui la parsèment, leurs intimant de briller plus fort, de toujours se battre avec plus de vivacité quand le monde autour paraît plus dangereux. La Lune se démarque, reine incontestée de la nuit et gardienne des rêves d'un monde meilleur. Aucun nuage ne vient gâcher ce tableau d'ombres et de lumières que j'observe depuis ma chaise au chevet de Laurie.

Elerinna a affirmé que son antidote était sans risque avant de lui en faire ingurgiter une bonne dose et de nous annoncer de nombreuses heures d'attente. Sans laisser le choix aux autres, j'ai décidé de veiller mon amie. Le jour se rapproche ostensiblement sans qu'elle n'ait esquissé le moindre signe de vie, mais je m'autorise enfin l'espoir que je me refusais jusque-là. Bien que la guérisseuse ne nous ait toujours pas révélé comment elle connaissait le secret du poison ogre, j'ai confiance en elle, et c'est cette croyance qui me maintient éveillé malgré l'heure plus que tardive et mon corps qui réclame le repos.

La maladie se répand, des gens meurent chaque jour, les armées se rassemblent pour un massacre plus important encore, tout le continent est en émoi... pourtant la seule chose qui compte pour moi c'est elle. Elle qui ouvrira bientôt les yeux, enfin. Ce soir, même si tout semble perdu pour ce monde où je ne connais personne, j'ai envie d'y croire. Et pour garder mon optimisme peu courant, je ne dois pas penser à tout ce qui ne va pas. Car après tout, c'est le principe même de la pensée positive.

Être heureux ne signifie pas que tout est parfait, cela signifie que l'on a décidé de regarder au-delà des imperfections.

Je ne sais pas d'où me vient cette citation, et ne la restitue sûrement pas comme il le faudrait, mais c'est bel et bien mon mode de penser actuel. Une légère brise estivale se faufile par la fenêtre grande ouverte et me fais frissonner. Une joie inexplicable se saisit de moi dès lors que mon regard se pose sur l'ombre de Laurie, j'aimerais sauter partout comme un hystérique, mais patience, elle n'est pas encore sauvée.

Je ris de ma bipolarité et décide qu'il est préférable pour moi de dormir, alors je m'avachis aux côtés de la malade, la tête dans les bras, et ferme les yeux une bonne fois pour toutes.


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― Moi qui croyais qu'il veillerait sa dulcinée sérieusement toute la nuit, je suis déçu, commente Lyam en guise de salutations matinales.

Je lève les yeux au ciel, hésitant entre démentir le « dulcinée » et lui tirer la langue.

― Dixit celui qui n'a pas veillé du tout, rétorqué-je finalement.

― C'est pas bientôt fini oui ? Nous gronde faussement Snoderim en apparaissant dans l'entrebâillement de la porte.

La gnomide donne un coup de hanche dans le battant pour pouvoir passer sans renverser le plateau qu'elle tient dans ses mains graciles. Mon ventre gargouille rien qu'à la vue du petit déjeuné qui m'attends et je me lève d'un bon pour le lui dérober avant de me rasseoir – mon trésor sur les genoux – et de saisir le premier met comestible qui me tombe sous la main.

― Quelle politesse, ironise le faune en refermant soigneusement la porte.

― Laisses-en pour Elerinna, me rappelle la princesse avec un regard soupçonneux pour le petit pain que j'ai déjà à moitié dévoré. Elle ne devrait pas tarder d'ailleurs.

― Oui oui, t'inquiètes, promis-je la bouche pleine.

Mes deux amis échangent un coup d'œil entendu. D'un pas vif, Snoderim traverse la pièce pour récupérer le plateau de force.

― Je divise équitablement, m'informe-t-elle quand je proteste.

Mon ventre cri famine, donnant une raison supplémentaire au crétin de satyre qui ricane tout seul de se foutre un peu plus de ma risible personne.

― Voilà pour toi, m'informe la gnomide en me tendant ma part. Je t'interdis de toucher à ça.

Elle pointe du doigt ce qu'il reste dans le plateau et je pouffe devant son air sérieux.

― Oui maman !

Nous éclatons de rire, ravis de retrouver la joie de vivre qui nous manquait tant. Mes amis repartent ensuite, non sans m'avoir averti une dernière fois sur les conséquences de mon crime si jamais j'osais toucher au petit-déjeuné d'Elerinna.

La tentation est grande pourtant, et si l'elfe n'était pas arrivée quelques minutes plus tard, j'aurais englouti sa part avant de cacher le plateau. Elle semble énervée en plus, ce n'est pas le moment de jouer avec quelque chose d'aussi sensible que la nourriture.

― En forme ? S'enquit-elle tout en déballant son nécessaire de médecine au pied du lit avec des gestes un peu plus brutaux que nécessaire.

― Pour quelqu'un qui n'a pas fait une seule nuit complète depuis une semaine tu veux dire ? Ça va. Et toi ? Ils t'ont trouvé une chambre ? Souris-je, essayant de deviner le pourquoi de son visage crispé.

― Oh tu sais, les chambres c'est pas ce qu'il manque ici, répond-elle en farfouillant dans sa sacoche. Le problème, c'est plutôt les occupants.

Je souris en repensant à ses disputes avec un certain prince de Chrysocolia.

― Tu penses à Thalion ?

― Il a chargé quelqu'un de me surveiller ! S'insurge-t-elle.

Je pouffe face à sa mine insurgée et me lève pour lui tendre son petit pain en guise de consolation. Elle le fourre dans sa bouche avec véhémence.

― Pouha Romain ! S'exclame-t-elle à mon approche. Tu pus plus qu'un Catoblépas ! Va prendre une douche !

― Mais je sens rien moi ! Protesté-je sans savoir si je dois rire de sa réflexion ou me sentir vexé.

Il est vrai que je ne me suis pas lavé depuis plusieurs jours et que j'ai sans doute beaucoup transpiré depuis, mais pas la peine d'en faire tout un plat.

― Les elfes ont un odorat plus développé que les humains, riposte-t-elle. File te laver !

Elle pointe un doigt long et fin sur la porte et tape du pied pour que je m'exécute.

― Ah non ! Je te parie que Laurie va se réveiller justement quand je serais pas là !

L'elfe lève les yeux au ciel.

― Excuse, décrète-t-elle.

Nous nous défions du regard quelques instants, avant qu'elle ne soupire avec lassitude.

― Romain, je suis sérieuse. Tu as des cernes à n'en plus finir, il faut que tu fasses une pause. Je m'occupe de Laurie.

J'expire à mon tour, capitulant face à la ténacité de l'adversaire.

― OK.

J'attrape deux trois affaires sous le sourire triste et bienveillant d'Elerinna. Au moment de quitter la pièce, je m'arrête : je viens de réaliser que je ne lui ai jamais vraiment exprimé ma gratitude pour tout ce qu'elle a fait.

― Elerinna ?

La guérisseuse qui s'affairait déjà au chevet de mon amie se retourne pour planter son regard dans le mien.

― Merci.

Elle m'offre un sourire sincère, plus sérieux et solennel que tous les autres, avant de se ressaisir :

― Arrête de perdre du temps, ça ne te fera pas sentir meilleur, Romain.

Je lui tire la langue dans un geste enfantin et elle rit. S'il y a bien quelque chose d'étrange avec les amis, c'est qu'ils vous taclent par affection. Et le pire, c'est qu'on ne peut même pas se sentir vexé !

Je me retrouve dans le couloir sombre et pars d'emblée à gauche. Astal m'a appris quelques itinéraires utiles au sein du château, comme s'il s'agissait de comptines tournant en boucle sur la droite et la gauche. Car les elfes sont bien plus fous que ce que je pensais au premier abord : les couloirs changent en fonction de ta destination. Si bien que, peu importe où tu te situes dans le château, c'est les mêmes directions qu'il faut enchaîner pour se retrouver là où tu le souhaites, chaque pièce ayant sa propre combinaison. Ils sont complètement fous.

Toujours est-il qu'après avoir récité plusieurs fois la formule pour se rendre aux bains, j'arrive sans encombre là-bas. Les douches elfes sont un mélange de douches communes et de suites royales : un immense couloir – semblable à tous les autres – dessert une quantité astronomique de salles de bain personnelles, pourtant toutes dans la même branche du palais et non rattachées directement aux appartements de leurs propriétaires. Apparemment, c'est plus simple pour la maintenance ou quelque chose comme ça... Certaines sont réservées à la famille royale, d'autres aux conseillés ou aux domestiques et ainsi de suite.

Je me dirige vers celle de Thalion, qui m'a autorisé à m'en servir, et referme la porte à clé derrière moi. On croirait se trouver dans une immense grotte souterraine illuminée de couleurs bleues dont le bassin est rempli d'une multitude de bulles colorées. Seul désavantage : la baignoire démesurée est particulièrement longue à remplir.

Une fois ma toilette faite, je me sens beaucoup mieux et repars en direction de la chambre de Laurie. D'un côté, j'espère qu'elle s'est enfin réveillée, mais de l'autre je serais déçu de ne pas avoir été là. J'accélère le pas.

Je manque de percuter quelqu'un et m'arrête net pour m'assurer précipitamment que cette personne n'a rien.

― Ro-Romain ? S'étonne le conseiller Calion de sa voix étouffée.

― Heu... oui, c'est moi, dis-je, pris de court.

L'elfe semble hésiter un instant avant de marmonner quelque chose d'inaudible.

― Pardon ? Je ne vous ai pas bien entendu, m'excusais-je, désolé de l'obliger à répéter.

― Je... J'ai à te parler. Ça ne t'embêterait pas que nous cheminions un peu tous les deux ?

Je songe à Laurie peut-être en train de s'éveiller en ce moment même, mais le mystère qui entoure ce personnage et ma curiosité sont trop forts.

― Non, bien sûr. Je vous écoute, réponds-je aimablement avant de m'engager à ses côtés dans le corridor.


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Hello ! it's me Mar... Lux !

Qu'est-ce que vous pensez du chap ?

Il s'y passe pas grand chose grand chose, à part le suspens à la fin... On entre dans les choses sérieuses MOUHAHAHAHA

Qu'est-ce que vous pensez que veut Calion ?  des révélations ? une demande en mariage ? un assassinat ? lui vendre un truc louche ? lui faire goûter une spécialité elfe ? le kidnapper ?

La suite dans le prochain épisode ! (ou pas niark niark niark)

Sinon, est-ce que les explications sur les couloirs et les salles de bains elles sont compréhensible ? parce que clairement, je viens de les sortir de je-ne-sais-où

Ah oui aussi, le titre du chap à pas bcp de rapport, sauf avec les deux paragraphes du début, mais je le trouvais poétique et j'avais pas d'autre idée XD


Allez, zoubi !




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