Chapitre 22 - Opération Evasion

Le plusprès possible des barreaux, je tends l'oreille.

― J'entends rien, déclaré-je. Et vous ?

― Pareil, confirme Snoderim.

― La voie est libre, conclue Thalionavant de se rapprocher de la porte, un fil de fer à la main.

Des cliquetis et des grincements s'élèventdans le silence alors qu'il tente de crocheter la serrure.

― Alors, ça marche ? Demandeimpatiemment Romain, assis sur sa couchette.

― Deux secondes, veux-tu ? rétorquel'elfe.

Le garçon n'a pas le temps de répondrequ'un « clic » sonore se répercute sur les parois de laprison. Nous nous figeons, espérant n'avoir alerté personne.

― Je vous avez dis que ce serait un jeud'enfant, se vante Thalion avant de pousser doucement la porte denotre cage.

Elle grince. Nous nous arrêtons à nouveaude respirer.

― On y va, chuchote-t-il avant des'engager dans le couloir.

J'aide Romain à se relever et luimurmure :

― Tu peux poser le pied ?

Il tente l'expérience avant d'approuverd'un hochement de tête.

― C'est pas très agréable, mais ça irapour cette fois.

Nous nous mettons en marche à la suite deCSE et Snoderim referme la porte derrière nous. Un pas aprèsl'autre, nous progressons lentement pour éviter le moindre bruit. Lalumière de la fin du jour perce par l'unique fenêtre de chaquecellule et nous éclaire la voie.

Un bon point à la démence du roiGildius : il n'y a aucun prisonniers susceptibles de donnerl'alerte et les gardes ne font que très peu de rondes.

― C'est là.

Thalion nous indique un escalier encolimaçon plongé dans l'obscurité. Nous gravissons assez demarches pour être invisibles depuis le couloir avant de nousasseoir.

Arik – le garde qui nous aide à nouséchapper – nous a expliqué exactement où nous planquer enattendant la ronde. D'ailleurs, des pas furtifs résonnent contre lesmurs en calcédoine – détail que je n'avais pas remarqué la nuitdernière – et une forme vaguement bipède se dessine sur lespremières marches.

Si le plan se déroule comme prévu, c'estjustement Arik qui passe à ce moment précis pour nous créer uncamouflage. Les lutins sont capables de façonner des illusions grâceaux ombres, permettant ainsi à notre complice de créer dessilhouettes à notre image qui ne devraient pas interpeller lesautres gardes. Sauf si, bien sûr, l'un d'eux remarque que nous nebougeons pas d'un cheveux et se met en tête de nous faire réagir.

Quand je me suis étonnée de cettemaîtrise, Thalion m'a expliqué que les lutins et les fées avaientétés considérés pendant longtemps comme les représentants de lalumières et des ténèbres en constante opposition. Ah.

― C'est le moment, nous informe l'elfedès que les pas d'Arik s'estompent.

Nous reprenons notre périple, usant de lamême stratégie à chaque passage d'un garde, parfois dans un recoinsombre, parfois dans un couloir adjacent.

Après quelques sueurs froides, nousatteignons enfin le point de rendez-vous.

― Ça va ta cheville ?

Romain tente de me sourire, mais lerésultat ressemble plus à une grimace qu'à autre chose.

― Courage, lui l'encourage Snoderim, on yest presque.

Le silence retombe, de plus en plus épaisà mesure que les minutes passent. Mais où est-il bon sang ?

― Ah !

Je ne peux pas retenir un petit cri quandle lutin entre subitement dans mon champ de vision.

― C'est vous, vous m'avez ait peur, jemarmonne, pas très fière de nous avoir peut-être faits repérés.

― Ils savent, déclare-t-il en reprenantdifficilement sa respiration. Ils ont découvert la cellule vide.

J'entends Thalion jurer tout bas, mais pasle temps de se demander comment ils ont dépisté notre stratagème.

― Suivez-moi, nous ordonne le garde.

Nous traversons le dernier couloir menantaux écuries à la hâte. Le prince de Chrysocolia se penche en avantquand il passe devant un ouverture donnant du couloir à la cour eneffervescence : des ordres fusent de tous les côtés tandis quelutins et lutines s'empressent de les exécuter.

― Enfin, souffle-t-il quand nousdéboulons dans une espèce de grange géante divisée en plusieursétables.

Je soupire de soulagement : enfin lemoyen de sortir d'ici. CSE s'élance dans l'allée en regardant detous les côtés jusqu'à trouver Tango et Plume Noire. La gnomide etle lutin le rejoignent rapidement quand je peine à traîner Romainjusqu'à eux : sa cheville est plus rouge et gonflée quejamais.

Thalion ne peut s'empêcher de sourirequand son griffon lui fait la fête, ravi de le retrouver. Ils'accorde quelques secondes avant de sortir l'animal de son box enbois et de reprendre son air sérieux.

― On va te faire monter en premier,explique Snoderim à Romain en amenant Plume Noire à côté de nous.

Le garçon hoche la tête avant de poserses paumes sur la croupe du griffon. Je lui fais la courte échellede façon à ce qu'il puisse poser son pied valide dans mes mainsenlacées. Je me dépêche de donner l'a-coup lui permettant degrimper sur le dos de notre monture avant que son pieds blessé neforce trop. La princesse de Smaragdia le stabilise par l'autre côtéavant de s'assurer qu'il est bien installé et de m'aider moi-même àmonter devant lui.

― Prêts ? S'enquit-elle.

― Prêts, affirmons-nous d'une mêmevoix.

― Parfait.

Mon ami resserre sa prise autour de mataille : ce n'est pas le moment de tomber.

― Vous ne venez pas avec nous ?S'étonne Thalion, déjà en position pour partir.

― Il faut bien que quelqu'un ouvre lesportes des écuries, contre Arik.

― Mais ils sauront que vous nous avezaidé, remarque Snoderim, décontenancée.

― Ils sont sans doute déjà au courant,confirme sombrement notre allié.

― Mais le roi Gildius...

― Ne me ferra pas de cadeaux. Je...

Il n'a pas le temps de finir sa phrase quela porte principale des écuries s'ouvre brutalement, révélant, aubas mot, un armée de lutins en armure étincelantes. Et ils ont pasl'air contents du tout.

― Oh non...

Je ne saurais dire qui de nous cinq vientde formuler le désespoir de tous et ça n'a aucune importance. Sinous ne réagissons pas très vite tout notre manège n'aura serviabsolument à rien.

Mais impossible de nous envoler pour passerentre la porte et leurs têtes grises : ils tiennent tous uneimmense lance en argent à la verticale.

Nous nous jugeons du regard pendant ce quime paraît une éternité avant que...

― Demi-tour ! Lance Thalion enattrapant le bras d'Arik pour le hisser sur sa monture.

Les griffons obéissent immédiatement etse ruent vers la porte de service qui donne dans le couloir. Commes'ils avaient eux aussi attendu ce signal, les guerriers se jettent ànotre poursuite en criant leur rage.

Romain et moi nous cramponnons de toutesnos forces à Plume Noire pour ne pas choir malgré les secoussessévères qu'il fait en courant. Nous traversons l'immense salle enquelques secondes seulement, mais arrivés en vu de la sortie,d'autres gardes nous barrent la route, remplissant la dernière issuede promesse cruelles.

Nous sommes pris au piège.

Les griffons font un nouveau virage à 360degrés pour éviter nos assaillants. Alors que je commence à penserque tout est fini, les deux troupes ralentissent et s'arrêtentfinalement à quelques mètres de nous. Leurs yeux lancent deséclairs et ils semblent prêts à nous sauter dessus, mais ils setiennent immobiles. Pour combien de temps ?

Mes amis non plus ne paraissent pascomprendre, jusqu'à ce que certains des soldats s'écartent pourformer un allée bien droite, attendant sûrement l'entrée d'un desleurs.

Un lutin habillé de bleu clair et debijoux en calcédoine apparaît sur le seuil. Le visage inexpressif,il es escorté par quatre gardes armés jusqu'aux dents. Tous lesêtres présents semblent retenir leur souffle en sa présence, commesi la haine qu'il traîne dans chacun de ses pas était trop lourdepour nous tous réunis.

Il marche lentement, comme pour nouslaisser le temps de réaliser qui il est. J'échange une grimace avecSnoderim, confirmant mes doutes :

Le roi Gildius se tient face à nous, danstoute la splendeur de son règne sanguinaire.

Arrivé à la limite du cercle, il cesse demarcher pour nous dévisager tour à tour dans le silence le plustotal. Son regard glisse sur Thalion et Snoderim, lance des éclairsen direction d'Arik, frôle Romain et se concentre finalement surmoi.

Nos pupilles se croisent, et je me senstout à coup oppressée. Mes poumons cessent de fonctionner et moncœur de battre alors que le temps semble suspendu entre mes irismarrons et ses pupilles si noire qu'il me semble être aspirée autravers.

Je suis accablée par le poids de sa colèreenvers tous et de sa haine aussi intense que ses yeux. L'éclaird'une émotion indescriptible passe dans sur son visage avant qu'ilne se détourne, emportant avec lui l'étau qui m'enserrait lapoitrine.

― Tout va bien ? s'inquiète moncompagnon de vol en se rapprochant.

― Oui, je...

Et soudain, sans raison apparente, ma vuese brouille. Il n'y plus rien, si ce n'est les ténèbres, en haut,en bas... partout. Mes mains ne sentent plus les plumes soyeuses sousma peau, ni la présence, pourtant toute proche, de Romain. Je suisseule dans le néant.

Ou plutôt je crois l'être avant qu'uneprésence pour le moins lumineuse vienne éclairer ce monde obscur.Je m'émerveille des couleurs chatoyantes qui se dessinent dans lenoir pour danser autour de moi.

Tu as besoin d'aide, petitoisillon ? Me demande le phénix en se dévoilantentièrement.

― Oui, s'il vous plaît, je le supplie,sans savoir si je deviens folle ou non.

Il sourit. Est-ce possible pour un volatileenflammé sorti tout droit d'une vision obscure ?

J'attends sa réponse... qui ne vient pas.Mes maux se perdent dans l'immensité, sans que l'oiseau de feu neréagisse.

― Vousavez réellement pensé pouvoir quitter ma forteresse ?

Je ne comprends pas tout de suite à quiappartient cette seconde voix quand elle résonne dans un chaos d'unfeu d'artifice de couleurs chaudes emportant le phénix en milliersde particules dorées.

L'obscurité se dissipe et je distingueenfin le monde qui m'entoure.

― Laurie ? Ça va ? Tutrembles... Qu'est-ce qui s'est passé ? Me presse Romain.

― Que... Quoi ? Bafouillé-je,encore un peu perdue.

― Tu es tombée dans les pommes et jen'arrivais pas à te réveiller, m'explique-t-il, l'air angoisséepar mon étrange crise.

J'essaye d'analyser la situation malgrémon esprit embrumé.

1 – Je suis toujours sur le dos de PlumeNoire.

2 – Je suis avachie dans les bras deRomain, sûrement m'a-t-il empêché d'atterrir la tête lapremière dans les différentes fientes d'animaux qui jonchent lesol.

3 – Personne dans l'assemblée ne sembleavoir remarqué l'agitation de notre côté.

― Je... Tout va bien maintenant, lerassuré-je. Qu'est-ce que j'ai loupé ?

J'entends le voix de Gildius, sans parvenirà me focaliser sur ses paroles pour les comprendre, à croire qu'ilpasse au second plan dans mon esprit.

― Le lutin en robe de chambre a fait undiscours sur sa grandeur puis sans ait pris à nous. C'est à cemoment là que tu t'es réveillée.

Je me redresse et dirige mon regardincertain vers le roi des lutins.

― Et toi, vil serviteur, prononce-t-ilavec hargne, tu pensais pouvoir les aider à m'échapper c'est biença ? Vous allez payer cher votre petite tentative d'évasion.

― Mon roi, vous avez perdu la raison !Tente maladroitement Arik.

― Et vous osez me parler sur ce ton ?S'exclame le fou. Gardes, emparez-vous de lui ! J'en fais unaffaire personnelle.

Il adopte un air sadique sur la fin de saphrase, promettant de prendre un malin plaisir à faire souffrir savictime jusqu'à la fin. Arik blêmit en fixant son bourreau avecterreur.

― Emmenez-les tous dans la cour, leurexécution aura lieu le plus rapidement possible.

Mon poux n'a pas le temps d'accélérerface à cette sentence : ma vue s'altère à nouveau, sans queje ne perde totalement le contrôle cette fois. Il ne me faut paslongtemps pour reconnaître la voix qui souffle directement dans mespensées :

Il arrive.


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Coucouuuuu

Me revoilà avec un chap écrit en une journée, je suis trop contente ^^

Est-ce que toute les scènes sont bien claires ? j'avais quelques doutes en écrivant celle dans les écuries...

Et la fin... Mystère mystère hahaha

Je me mets au chap 23 dès demain !

<3

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