Chapitre 20 - Luxia

J'ai toujours mon ordi et il y a toujours le problème d'espaces, pas la peine de me les faire remarquer... Je suis désolée


Le volatile de flammes déprima. Il n'avait plus le cœur à tenter quoi que ce soit pour les habitants de cette planète qu'est la Terre. Chaque jour un peu plus faible, il perdait ses couleurs, son feu intérieur ternissant au même rythme que son humeur. Le phénix s'était brûlé les ailes.

Lors d'une matinée d'été particulièrement harassante, il se posa péniblement sur la branche d'un hêtre. Il n'avait pas remarqué la jeune femme brune et sa sœur, assises toutes les deux sur une grande balançoire taillée grossièrement et attachée à sa branche par d'épaisses cordes. La grande pleurait.

Il est toujours avec nous, disait l'enfant pour la réconforter.

T-Tu sais très bien, que, n-non, sanglotait l'adulte. Rien ne pourra, le ramener... c'est f-fini.

Pas besoin de le ramener, expliquait patiemment la première. Il ne nous a jamais quittées, et il ne le fera jamais. Papa sera toujours là, à nos côtés.

Elle désigna le cœur de sa grande sœur d'un geste doux, mais celle-ci, enfermée dans son chagrin, ne pouvait comprendre l'utopie d'une enfant face à la mort.

C'est faux, arrête de dire n'importe quoi, s'emporta-t-elle. Tu te fais des illusions !

Mais... voulu protester l'enfant.

Qu'est-ce que tu ne comprends pas Luxia ? IL ESTMORT ! Cracha-t-elle amèrement.

Et elle s'enfuit en courant, ravagée par sa peine. Attristée, la petite se replia sur elle-même et enfouie sa tête dans ses genoux.

Le phénix décida d'intervenir. Il s'envola d'un léger battement d'aile pour se retrouver aux côtés de la petite fille. Elle ne réagit pas, les gens de cette époque étant habitués aux apparitions fantastiques. Il posa son front chaud et doux contre l'épaule de la jeune humaine et lui transmit :

Qui es-tu pour ne ressentir aucune tristesse ?

Bien sûr que si, je la ressens, répondit-elle doucement. Mais mon père est mort pour une noble cause. Je me doisd'être fière, pour lui. Il est mort à la guerre. Il défendaitvaillamment des innocents quand c'est arrivé. Nous avons reçu unelettre pour nous l'expliquer.

Tu n'es pas en colère ?

Contre qui ? Questionna simplement la jeune fille.

Contre ceux qui ont en envoyé tonpère à la mort, hasarde le flamboyant volatile, totalementdésorienté par un raisonnement si détaché.

Je n'ai aucune raison de leur envouloir, ils avaient besoin de mon père pour nous protéger, et tousles soldats ne pouvaient pas revenir vivants. Ce serait injuste d'envouloir à ceux qui ont eu cette chance. Quand je suis triste, je medis qu'il a combattu un mal nécessaire.

Le phénix tombait des nues.

Un mal nécessaire ?

Et bien oui, exposa-t-elle, pour queles gens bien puissent combattre le mal, il faut qu'il existe.Sinon nous aurions aucunes raison de lutter.

Le monde se porterait bien mieuxsans toutes ces formes de violence, contrat l'oiseau. Tu voudraisqu'on les laisse détruire le monde ?

Ce n'est pas ce que j'ai dis.Simplement, sans les ténèbres, il n'y aurait aucune lumière, etpersonne pour la choisir.

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La tempête dure depuis des heures sans quele vent daigne faiblir ne serait-ce qu'un tout petit peu. J'ai eu letemps de lire, d'écrire, de m'ennuyer et de manger. Une fois touteces options épuisées, je me décide enfin à rejoindre Romain etSnoderim.

― Tu avait un jeu de carte dans ton sacde survie ? Je m'étonne en arrivant à leur hauteur.

Mon ami relève la tête et me sourit.

― Bien sûr, pour survivre à l'ennui.

Je soupire avant de m'asseoir avec eux pouressayer de comprendre les règles de la belote qu'il explique à lagnomide.

― Donc je disais, l'ordre des atoutsc'est valet-neuf-as-dix-roi-dame-8-7, mais l'ordre des trois autrescouleurs c'est as-dix-roi-dame-valet-9-8-7.

― Il y a deux ordre différents ? Jem'étonne, trouvant cette règle aberrante.

― Non trois, me répond trèssérieusement le garçon.

― Comment ça trois ?

― Pour les annonces, l'ordre c'estas-roi-dame-valet-dix-9-8-7.

Je le regarde avec des yeux de merlan frit.

― Les annonces ? Oh et puis zut,laisse tomber.

― Comme tu voudras, dit-il en haussantles épaules.

Je m'éloigne alors qu'il reprends sesexplications tarabiscotées sous le regard concentré de Snoderim.Sans trop savoir quoi faire pour tromper l'ennui qui me gagne ànouveau, je m'approche de l'entrée de la grotte, bien emmitoufléedans ma cape en fourrure.

Les éléments se déchaînent toujoursfurieusement, mais quelque chose a changé comme si tout était auralenti, hors de la dimension espace-temps. L'odeur de la pluieparvient jusqu'à moi.

Je m'assoie au bord de la falaise, face auvide, avec la sensation d'être dans une bulle qui atténue le bruitet le froid. C'est peu être seulement moi qui suis calme etrassurée, mais j'ai le sentiment d'être en sécurité.

Ainsi sereine face à la nature, il mesemble percevoir chaque son. Le clapotement de la pluie, le murmuredu vent, et quelques éclairs chuchotés au loin. C'est comme unesymphonie. Alors je me mets à fredonner, et bientôt à chanterdoucement, juste pour moi. Je ferme les yeux et une mélodieimprovisée s'échappe d'entre mes lèvres, apaisant mon cœurmalmené autant que l'écriture, quelques heures plus tôt.

Est-ce une belle chanson ? Je ne me posepas la question. Je chante simplement la peur, la tristesse, lacolère qui m'habitent, laissant partir mes tourments avec la tempêtepour ne plus penser à rien.

Doucement, timidement, la quantité degoutte diminues, le vent faiblit pour s'arrêter peu à peu etlaisser place à un silence parfait.

Je rouvre les paupières pour observer lepaysage que je surplombe, les montagnes enneigées, la terre glacée,les arbres ruisselants... C'est un monde figé, paisible qui se tientdevant moi.

― La tempête est finie !S'exclame-t-on dans mon dos.

Je sursaute, surprise, avant de soupirer etde me tourner vers un Thalion jubilant.

― On ne va pas partir maintenant,proteste Snoderim en se retournant pour le voir.

― Et pourquoi ça ? Demande leprince en croisant les bras d'un air renfrogné.

― Luxia se couche, on ne va pas voler denuit, explique-t-elle, les sourcils froncés.

― On l'a déjà fait, contre l'elfe avecun haussement d'épaules dédaigneux.

― Pas dans les Terres de Glace, remarquesombrement Romain en posant ses cartes.

― C'est ça ou dormir ici, expose-t-il.

― Je propose un vote, lance la gnomide.

― C'est idiot, déclare CSE avant decapituler sous le regard noir de la princesse.

― Qui souhaite rester ici pour la nuit ?Nous demande Romain.

Il lève aussitôt la main, suivit de prèspar Snoderim avant de me jeter un coup d'œil en coin parce que jene me prononce pas.

― Qui préfère partir tout de suite etrisquer de ce congeler en plein vol ?

Thalion lève les yeux au ciel en mêmetemps que sa main. Trois paire d'yeux insistants convergent vers moi.Je respire un grand coup avant de me lancer, sachant d'avance que jevais m'attirer les foudres de mes amis.

― Le froid sera un problème dans tousles cas et il vaut mieux rester ici le moins de temps possible. Jepense qu'il est plus sûr de partir maintenant. Et puis il feratoujours moins froid que ce matin.

― Merci Laurie, s'exclame Thalion, toutsourire, comme si je venais de prendre la bonne décision.

Pourtant, je me serait bien passée de luidonner raison. Comme s'il avait besoin qu'on flatte son ego !

― Minute papillon, je l'arrête. Il y aune condition si on part maintenant.

― Je t'écoute, m'encourage-t-il, l'airtoutefois soupçonneux.

― Dès le Trait de Glace franchi, oninstalle le camp et on dort. On rejoindra le palais de Chalcedoniademain.

― Mais c'est ridicule, le château setrouve presque à la frontière, proteste-t-il.

― Peut-être, j'admets, mais on ne va pasarriver là_bas en pleine nuit de toute façon.

― Bon d'accord, concède CSE, si ça peutles faire changer d'avis.

Romain et Snoderim se consultent du regardavant d'abdiquer.

― Moi aussi j'ai une condition sinequa non, indique toutefois le garçon. Interdiction de nousréveiller aussi tôt que ce matin.

Je ris avec Snoderim alors que Thalioncapitule en bougonnant et nous nous attelons au rangement du camppour reprendre la route au plus vite.

Nous volons longtemps dans le silence d'unenuit sombre pouvant paraître glaciale à qui n'a pas connu latempête de ce matin.

Le Trait des Glaces et tout aussi palpableque quand on l'a franchi pour la première fois et c'est avec joieque nous retrouvons la douce fraîcheur d'une nuit d'été. Enfin,pas si douce que ça, mais en comparaison avec les Terres de Glace...

S'il y a bien une qualité que l'on peutreconnaître à Thalion, c'est sa parole ; nous établissons lecamp au premier endroit adéquat venu et nous assoupissons comme desnouveaux nés, éreintés par notre journée pour le moinsmouvementée.

― Enfin, soupire Romain, soulagé en selaissant tombé sur sa couchette.

Je m'empresse de l'imiter et de fermer lesyeux, épuisée, avant de m'endormir en moins de temps qu'il ne fautpour le dire.

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― Mains en l'air ! Et que personnene bouge !

J'ouvre péniblement les yeux, tirée demon sommeil pour le moi... bref... par une horrible voix caverneuse,rappelant désagréablement celle d'un de mes profs du collège.Encore un qui m'a traumatisée.

Mais qu'est-ce qu'on me veut au juste ?

Je me redresse lentement, appuyée de toutmon poids sur les coudes. A la lueur du feu éternel, je peuxdiscerner plusieurs silhouettes bipèdes dans l'obscurité. Je mefrotte les yeux pour y voir plus clair et me lève, la paniquem'envahissant peu à peu alors que mon cerveau se met en marche.

Thalion est déjà sur ses pieds et dégaineson épée dans un bruissement de métal. Snoderim me tourne le dos,fixant sans doute l'un de nos encercleurs. Et Romain ?

Je me tourne vers la place qu'occupait monami lorsque nous avons monté le camp : il est toujours là. Etil... dort à points fermés. Ça m'aurait étonné tiens.

― Qui êtes vous ? Lance clairementThalion à la ronde.

― C'est plutôt à nous de vous poser laquestion ! Rétorque l'un d'eux. Vous êtes chez nous aprèstout.

― Vous êtes des lutins ? Demandecalmement le prince.

Même si nos interlocuteurs semblent detrès petite taille, cela reste difficile à dire à cause del'obscurité : ils se tiennent trop loin de nous pour êtreéclairés par le feu bleu qui nous apporte un peu de luminosité.

― Et vous un elfe, intrus, l'accuse ledit « lutin ».

― Nous ne vous voulons aucun mal.

― Rangez votre arme et on en reparle.

A contre cœur, Thalion s'exécute.

― Nous venons voir le roi Gildius,explique-t-il, espérant être enfin écouté..

Au ton de sa voix, je comprends qu'ilcommence à chauffer. La pression monte dans la cocote minute, ça neva pas tarder à exploser du côté de CSE...

― Le roi ne reçoit aucune visite.

― Écoutez-moi, reprends mon ami ententant coûte que coûte de rester calme. Je suis l'héritier dutrône de Chrysocolia et j'ai une requête de la plus hauteimportance à adresser à votre roi.

― Le roi ne reçoit personne, répète leporte parole des lutins.

― Mais qu'est-ce que vous en savez à lafin ? S'énerve finalement Thalion.

― Nous en savons que le roi ne reçoitpersonne, réitère cette espèce d'enquiquineur lutinesque.

Les deux guerriers se toisent du regardpendant de longues secondes, les deux pupilles du lutin brillantétrangement dans la nuit, un mètre au dessus du sol.

Je profite de cet instant de flottementpour observer à la dérobée le reste de l'assemblée qui nous faisface. Ils sont au moins un dizaine d'ombres sur leur gardes, postéestout autour de nous. J'ai comme la très nette impression qu'il nenous laisseront pas partir aussi facilement qu'ils nous ont tendu unpiège.

Si on devait fuir, là maintenant, qu'ellesserait nos portes de sorties ?... Tango et Plume Noire sont dansle cercle avec nous, ils représentent sans doute la meilleuresolution à notre portée.

Encore faudrait-il être tous réveillés !

Je jette un regard noir au corps assoupi deRomain. Doucement, pour qu'ils ne s'imaginent pas que je tente unequelconque rébellion, je me rapproche du ronfleur pour lui donnerdes petits coups de pieds dans les côtes.

― Mmmm... marmonne-t-il en agitant lamain comme pour faire fuir un insecte.

― Sachez, elfe, que nous représentons lapatrouille royale, s'exprime finalement le chef du groupe après deuxlongues minutes de silence. Or il est formellement interdit des'introduire sur nos terres sans en payer le prix.

Aïe, la situation se gâte. Je redouble decoups de pieds.

― Sachez, lutin, riposte Thalion enréutilisant la formule désobligeante de son interlocuteur, que nousn'en savions rien. Par conséquent, vous n'obtiendrez absolument riende nous.

Sitôt ces mots prononcés, le prince deChysocolia bondis sur son adversaire, épée au clair et décidé àen découdre. Les deux assaillants disparaissent dans l'obscuritéalors que Snoderim se joint à la partie : les bras levés etl'air concentré, elle murmure des incantations à peine audibles etdes lianes surgissent du sol même pour se dresser à la verticale ets'enrouler autour des membres de ceux qui s'approchent trop près.

Je n'ai pas le temps d'être ébahie parles prouesses de mon amie qu'un lutin tout juste plus haut que monnombril brandi son sabre juste au dessus de ma tête. Je plonge audernier moment, roulant dans la terre boueuse.

Le bruit à au moins l'avantage deréveiller entièrement Romain, qui émerge de ses couvertures enfixant mon agresseur d'un air ahuri.

― Romain ! Je hurle alors quecelui-ci lui saute dessus pour l'immobiliser.

Je m'élance dans le but de l'aider sanssavoir comment faire, mais deux bras maigrelets s'enroulent autour dema taille. Quelques millièmes de secondes plus tard, je me retrouveface contre terre, les bras tordus dans le dos.

Je tente de me libérer, ruade aprèsruade, sans succès. Je commence à paniquer et des larmes de ragepointent aux coins de mes yeux. Impuissante, je cherche Romain duregard : il est dans le même pétrin que moi. Au moins a-t-ill'avantage d'être plaqué sur son lit lui. Je distingue encore unpeu moins l'agitation qui entoure Snoderim. Quant à Thalion...

Je n'y croit déjà plus quand la gnomideatterrit tout près de moi, pieds et poings liés. Elle est vitesuivie de Thalion.

Le chef des lutins se dresse devant nous,triomphant.


― Pour intrusion illicite sur leterritoire du roi Gildius et pour agression envers sa garde royale,vous êtes en état d'arrestation.

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Coucouuu !!

J'arrive pas à croire que je suis déjà au chapitre 20 OwO...

En plus il est très long, mais c'est pas ma faute, c'est Nuits qui m'a donné une idée de génie au dernier moment !

(de base ils devaient pas se faire arrêter par des lutins)

Du coup, bah je coupe sur un moment de suspens, c'est la vie !

J'essaye de vous écrire la suite rapidement, mais je garanti rien avec les concours que je fais et l'université d'écriture et tout et tout.

Est-ce que j'ai bien décrit la scène de "bataille" ? Je vous avoue que j'ai un peu bâclé la fin parce que j'avais plus trop d'inspi et que ça commençait à être long...

Est-ce que Romain vous désespère ? 

Allez, bisous !

Lux

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