Chapitre 16 - Des ondes positives...?

Comme tout à l'heure, sa haine pénètre en moi pour m'envahir, me soumettre. Je tiens bon, je résiste à ce flot malveillant. En retour, je lui envoie toute la compassion dont je peux faire preuve à son égard, et son regard change une nouvelle fois, métamorphose toujours aussi incompréhensible d'ailleurs.

Il souffle de la fumée sombre par les narines, mais je ne fléchis pas et le fixe toujours aussi intensément. Il me semble plonger dans ses yeux, pour y découvrir encore plus de cette colère inexpliquée.

Sans savoir ce qui me pousse à agir ainsi, je m'imagine muer toute cette noirceur en bonheur, en amour, jusqu'à éclaircir ces ténèbres, jusqu'à les rendre d'un blanc aveuglant. Peu à peu, le mal devient le bien, et je reviens à moi, toute étourdie.

Le Dragon est toujours là, il me regarde, mais son aura s'est transformée ; il me semble qu'il me dévisage avec reconnaissance avant d'incliner la tête et de s'envoler d'un battement d'aile.

Alors là, j'ai rien compris.

― MAIS TU ES COMPLÈTEMENT FOLLE ! QU'EST-CE QUI A BIEN PU TE PASSER PAR LA TÊTE ?

Une voix désagréable me vrille les tympans. Je secoue doucement la tête, comme pour remettre de l'ordre dans mes pensées. Je fixe ensuite mon regard dans celui de Thalion, qui me dévisage comme si je venais de tenter un suicide. Ce qui est probablement le cas à ses yeux d'ailleurs.

― Calme-toi, dis-je posément. Je vais bien.

Pour illustrer mon propos, je désigne mon corps, parfaitement entier et en pleine santé.

― C'ÉTAIT UN ACTE STUPIDE ET INCONSIDÉRÉ ! TU AURAIS PU TOUS NOUS TUER !

Il plaisante ou quoi ? On serait tous morts si je n'avais pas été là. Sans que je puisse la contrôler, ma main trace un arc de cercle parfait jusqu'à la joue de Thalion.

L'Elfe ne réagit pas et me regarde d'un air hébété. La vie, on dirait un blopfish. Je souris en repensant à la phrase fétiche d'Amelya, principalement utilisée au détriment de notre prof de maths.

CSE s'apprête à répliquer quand Snoderim se place entre nous deux, les mains sur les hanches.

― C'est pas bientôt fini oui ? Vous pensez pas qu'il y a plus urgent que des disputes puériles ?

Elle fait un signe en direction de Romain, allongé par terre, les yeux clos. Je sursaute en me rappelant de son état et m'agenouille précipitamment à ses côtés.

― Romain, ça va ? Romain, réponds-moi !

J'attrape sa main en commençant à paniquer.

― Cligne des yeux si tu m'entends !

― Eh, m'interpelle calmement la Gnomide, doucement, il s'est évanoui.

Au lieu de me rassurer, cette information m'affole un peu plus. La princesse s'accroupit pour examiner plus amplement sa cheville.

― Mais c'est grave ! Je m'exclame. Il faut le réveiller !

― Non, répond-elle catégoriquement. Il sent moins la douleur dans cet état-là.

On a pas la même vision des gestes de premiers secours.

― Bon, j'abdique. Qu'est-ce que je peux faire ?

― Va chercher ce qu'il reste de la trousse de secours, m'indique-t-elle. C'est la sacoche orange.

Je contourne les Griffons qui se sont allongés près de nous pour rejoindre le campement, à quelques mètres de là. Parmi toutes nos affaires éparpillées – et roussies parfois – je repère un sac orange brûlé. Je l'ouvre ; c'est bien des pansements, des plantes médicinales et tout ce qui va avec.

Je me dépêche de la rapporter à Snoderim et l'observe étaler une pâte verdâtre sur la cheville de Romain. Heureusement, elle a déjà remis sa fracture en place et je ne suis pas contrainte d'y assister.

― C'est quoi ça ? Je m'enquiers, pas certaine de vouloir connaître la réponse.

― De l'argile verte, me renseigne la guérisseuse.

― Ah.

Je m'étais attendu à quelque chose de plus original, au moins un truc qu'on n'ait pas chez nous.

― Sors le levarignis pour Thalion, s'il te plaît, m'intime Snoderim, sans s'interrompre.

― Le quoi ? Je m'étonne en levant un sourcil interrogateur ; voilà un truc qu'on a pas chez nous. Enfin je crois pas.

― Le pot bleu.

Je me relève et soupire en jetant un coup d'œil au prince, assis à l'écart en train de chouchouter Tango – sûrement pour se calmer après sa crise de nerfs stupide. Ou alors il n'ose plus me regarder dans les yeux après la tarte intergalactique que je lui ai mise. Je n'ose pas dire « bien fait », mais j'y pense très fort ; il fallait bien que quelqu'un lui remette les idées en place à celui-là.

Je fouille un bon moment avant de trouver le « levraginis » ou je-sais-plus-trop-quoi pour le ramener CSE, tout en pestant contre celui qui l'a rangé au mauvais endroit.

― T'aurais pu aller le chercher tout seul, tu peux marcher que je sache, j'articule, toujours vexée.

Il lève les yeux vers moi sans tenir compte de ma remarque.

― Non non, ce n'est pas la peine.

― Développe.

― Je vais bien, il vaut mieux garder les remèdes pour un cas plus grave.

J'inspire. J'expire. Qu'est-ce qu'il me tape sur les nerfs celui-là. Je me retourne pour échanger un regard avec Snoderim, qui a suivi toute la conversation.

― Donne lui, affirme-t-elle.

Je souris intérieurement et pivote vers Thalion, une expression machiavélique peinte sur le visage.

― Non, mais je vous assure que ça...

Je le coupe d'un regard noir.

― Bon, ok... capitule-t-il enfin.

Je lui adresse un sourire angélique quand il se saisit du tube et applique le baume sur son avant-bras gauche comme si c'était la chose la plus inutile de l'Univers, dimensions parallèles comprises.

― C'est bon, on peut le réveiller sans problèmes, annonce joyeusement la Gnomide.

J'oublie immédiatement Thalion et ses sautes d'humeur pour courir au chevet de mon ami qui papillonne péniblement des paupières.

― Que... Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Articule-t-il péniblement.

― C'est plutôt à toi de nous le dire, je réponds. Comment tu t'es débrouillé pour te casser la cheville ?

En quête de réponses, mon ami jette un coup d'œil interrogateur à Snoderim.

― Tu t'es évanoui, résume-t-elle. Pendant ce temps, Laurie à fait fuir le Dragon. Thalion a piqué une crise aussi, et il s'est pris une baffe bien placée.

― Attends... quoi ?

Il tourne vivement sa tête vers moi.

― Tu as fait fuir le Dragon ?! Comment ?

― C'est vrai que je comptais aborder ce point, nous informe CSE en ramenant sa fraise.

― Je ne sais pas trop, je commence en lançant un regard agacé au prince des Elfes – je remarque d'ailleurs que sa joue est toujours rouge. C'est mon instinct qui a agis et qui m'a poussé à me placer face au Dragon et à lui envoyer des ondes positives.

― Des ondes positives ? Répète RJS, un sourcil en l'air.

― Genre de la bienveillance, de la compassion...

Mes trois amis me regardent comme si je sortais d'un hôpital psychiatrique.

― Mais... commence Romain. Qui fait ça ?

― Moi, en l'occurrence.

― T'es vraiment bizarre parfois.

― Merci, je te retourne le compliment

L'estropié lève les yeux au ciel.

― Et toi, comment t'as fait ton compte ? Le presse Snoderim, histoire qu'ils ne soient pas deux à se prendre une claque aujourd'hui.

― Moi ? S'étonne Romain.

― Qui d'autre ? Le facteur du coin ? J'ironise.

― Ok ok, ça va. En gros, on courrait.

― Oui, je sais.

― Et là, il y a le Dragon qui se retourne.

― Ouais... et ?

― Et il me fauche les jambes avec sa queue !

― C'est con ça.

Mon ami me jette un regard noir avant de reporter son attention sur Thalion, qui souhaite visiblement en savoir plus.

― Tu t'es fait brûlé le visage aussi, ou c'est le fameux coup que tu t'es pris ? Le questionne mon ami, un sourire en coin.

― C'est pas le Dragon, crache CSE.

Si ses pupilles étaient celles d'un Dragon, j'aurai déjà été cramée sur place. Je ris intérieurement de ma comparaison digne de Victor Hugo.

Bon, je vais m'éloigner un peu parce que mon cerveau commence à partir très loin d'ici. Les laissant déblatéré sur la manière dont j'ai pu « envoyer des ondes positives à un Dragon assoiffé de sang », je me dirige vers Plume Noire. Le Griffon lèche tendrement son plumage là où celui-ci a pris une teinte écarlate. Je ferais bien de retrouver le lévraginis. Décidément, je suis pas douée avec les mots latins !


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Ce chapitre n'est pas terminé

Salama baribbasa !! (oui cette langue existe)

heu... je vous avez dis que le chapitre 16 était pas près !

il manque environ 500 mots parce que j'essaie qu'ils aient tous entre 1800 et 2000 mots.

Pourquoi je m'embête ? 🤷‍♀️

Bref, en tous cas, ce passage je l'ai réécrit trois fois donc j'espère qu'il est bien, vous me direz ^^

(de base Thalion se prenait pas de baffe mais l'idée avait quelques adeptes que je ne citerait pas ici de peur que l'Elfe soit rancunier)

Je vous mets la suite dès que j'ai décidé de ce que se serait et que je l'aurait écrite...

<3


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Voilà la suite !! ^^


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Luxia est à son zénith quand nous survolons enfin la crique des Adieux, frontière naturelle entre le royaume de Smaragdia et celui d'Adamasia. Cette immense baie était le point de départ des troupes du monde de l'Imaginaire quand celles-ci partaient combattre certains monstres marins. C'était, pour tout dire, un aller sans retour et l'eau de ce Lagon était la dernière chose que les soldats voyaient de leur continent. Mais, heureusement pour nous aujourd'hui, il a des centaines d'années qu'aucune créature palmée n'a été aperçue au large.

Je penserais à remercier notre guide touriste pour toutes ces informations réjouissantes. Comme s'il avait besoin de nous rappeler que nous ne sommes plus chez nous, mais dans un monde dangereusement inimaginable peuplé de bêtes plus féroces et assoiffées de sang les unes que les autres !

J'exagère peu être un peu, mais personne ici ne semble savoir quand ni comment nous rentrerons chez nous.

Si nous ne sommes pas dévorés avant...

Cela fait combien de temps que nous avons disparu pour les humains déjà ? Une semaine ? Oui, c'est ça.

Nous sommes sûrement portés disparus depuis sept jours. Sept jours durant lesquels mes parents se sont inquiétés. Sept jours que la police nous recherche peut-être... Mais ils ne nous trouveront jamais.

J'ai l'impression que mon cœur est piétiné par un troupeau d'éléphant et les larmes me montent aux yeux.

Non Laurie, reste forte.

Je ravale les sanglots qui trouvent petit à petit leur chemin jusqu'à ma gorge. C'est pour ça que j'évite d'y penser ; ne pas songer à tout ce que j'ai perdu, ni à ce que j'ai provoqué. C'est aussi pour ça que je camoufle ma peine avec le rire ; pour éviter de craquer. Parce que si ça arrive, c'est Romain qui en payera les conséquences.

Je sais pertinemment qu'il se sent atrocement coupable – je le vois parfois dans son regard alors qu'il pense que personne ne l'observe – et je ne veux pas accentuer son mal-être en lui montrant que je lui en veux, même si c'est la vérité.

Je n'ai jamais été capable de contrôler bien longtemps mes émotions, ce n'est pas ma façon de faire et je sais que toutes celles que je retiens actuellement devront sortir pour que je puisse passer à autre chose. Un jour, mes nerfs lâcheront, mais pas aujourd'hui.

Je me racle la gorge pour chasser provisoirement ce qui l'obstrue désagréablement, avant de lever la tête vers le ciel d'un bleu limpide dépourvu du moindre nuage. Comme j'aimerais être ainsi moi aussi...

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