☁ Chapitre 8 ☁

-«Tu as fini ta journée?» Demanda froidement Lauren, s'arrêtant quelques secondes devant le bureau où était assis Jérémy. Elle venait de terminer sa troisième heure de colle et attendait maintenant, avec une forte anxiété, la discussion qu'elle devait avoir avec le jeune homme.
-«Oui. Attends-moi dehors.» Chuchota le surveillant alors qu'il rangeait ses affaires.

Lauren acquiesça puis sortit de la salle de permanence d'un pas décidé et la tête haute. Elle voulait montrer au jeune homme que son comportement du début de matinée ne lui avait pas du tout plu. Elle arriva dans la cour de récréation et respira un grand bol d'air frais qui lui fit beaucoup de bien. Il était vrai que ses trois heures de colle avaient été plutôt éprouvantes entre l'attaque des phrases sans fin d'Allison et l'ignorance de Jérémy envers elle. Il y avait un peu de vent, en ce début d'octobre. Un vent qui décoiffa l'adolescente. Ses cheveux avaient pris place devant ses yeux et l'empêchaient de voir correctement. L'adolescente rassembla sa longue tignasse brune et l'attacha en une queue de cheval lâche. Elle sortit du lycée et s'appuya sur une barrière en face de la grille en attendant la venue du surveillant. Soudain, une musique s'éleva dans les airs, c'était la sonnerie du téléphone de Lauren. La jeune fille le prit de sa poche de jean. Un nom était affiché sur l'écran "Julianne".

-«Allô?» Commença Lauren en décrochant.
-«Lauren? Tu as de l'argent sur toi?» Demanda Julianne alors qu'un brouhaha retentissait derrière elle.
-«Oui, pourquoi?»
-«Je suis partie faire du shopping, finalement. Comme ça au moins on sera vraiment crédibles, sur ce qu'on a dis hier.»
-«Tu veux que je te rejoigne, c'est ça?»
-«Oui. J'ai assez d'argent pour manger quelque part, ce midi. Tu dois juste payer pour prendre le bus.»
-«D'accord mais, tu es où?»
-«Comme d'habitude, tu sais bien. Mais je ne t'entends pas très bien là, il a beaucoup de monde...»
-«C'est bon t'inquiète. Bon bah, je fais au plus vite. À tout à l'heure. »

Lauren raccrocha et plaça son téléphone dans son sac. Elle secoua la tête. Prendre le bus, super, il ne manquait plus que ça. En déposant l'objet au fond de son cartable, la main de la jeune fille toucha son paquet de cigarettes. Pendant plusieurs secondes, elle hésita à le sortir pour en fumer une devant le lycée à la vue des quelques étudiants qui restaient. De toute façon, elle ne pouvait pas cacher sa petite addiction indéfiniment, et là, elle en était vraiment à un stade où elle avait besoin de se détendre. Elle saisit son paquet et alors qu'elle allait le sortir, Jérémy arriva près d'elle. Lauren abandonna son idée première et lâcha son paquet non sans grogner alors que Jérémy lui fit un signe de tête. Ce signe de tête signifiait "suis-moi". L'adolescente obéit donc en mettant une certaine distance entre elle et lui. Elle traça le même chemin que le surveillant. Au bout de quelques minutes, Jérémy s'arrêta et ouvrit une petite voiture noire. C'était la sienne, Lauren l'avait vue quand elle était passée chez lui, pendant les vacances d'été. Le surveillant monta à l'intérieur de son bolide et Lauren l'imita. Elle s'installa à la place passager et fixa Jérémy qui, lui, était concentré sur son volant.

-«Alors, qu'est ce que tu as? Tu as l'air bien bizarre. » Demanda la soeur jumelle de Maureen. Elle essaya de garder une once de froideur dans sa voix. «Franchement, j'ai l'impression que tu vas m'annoncer un truc de fou, avec la tête que tu fais.»
-«Lauren. Il y a des rumeurs qui courent, tu sais...» Lâcha le jeune homme, non sans une pointe d'amertume dans la voix.
-«Comment ça?» Interrogea Lauren en fronçant les sourcils.
-«Sur nous deux...»
-«Ah mais enfin, c'est pas nouveau. Il y a toujours eu quelques élèves avec des mauvaises langues. Je ne vois pas pourquoi cela te poserait un problème maintenant.»
-«Oui mais bon, on est arrivé à un stade supérieur aux simples petites rumeurs...» Continua Jérémy en laissant sa phrase en suspend.
-«Oui très bien, alors explique-moi tout d'un coup ! Arrête ton suspens à la con, ça devient chiant !» S'énerva l'adolescente en croisant les bras sur son torse, signe qu'elle commençait à se fermer.
-«Il se passe qu'on est trop proches. Cela devient louche aux yeux des autres. C'est remonté aux oreilles de mes supérieurs. Je risque ma place et bien plus, si ça continue.»
-«Enfin... je ne vois pas ce qu'on fait de mal. On est juste amis. On est juste amis?»
-«Oui, mais ça leur suffit pour se faire des films. Si quelqu'un nous voyait dans la même voiture, je pourrai être accusé de choses très graves. Hier, j'ai été convoqué par mes supérieurs. Ils m'ont demandé si j'étais effectivement très proche d'une des élèves. Ils ne savaient pas que c'était une des Keller, c'était déjà pas mal. Ou alors, peut-être qu'ils ne voulaient pas me dire qu'ils connaissaient le nom de l'élève en question, je ne sais pas. Enfin bref... Je leur ai dit que non. Que les élèves de ce lycée n'arrivaient à être bien que quand leurs fausses rumeurs portaient leurs fruits. Alors ils m'ont laissé partir, mais ils m'ont dit qu'ils m'avaient à l'oeil.»
-«Putain... Quel lycée de merde.» Maugréa Lauren, baissant la tête vers ses mains.
-«Il ne faut pas que je fasse de faux pas, maintenant. J'espère que tu comprends.»
-«Qu'est ce que je dois comprendre?»

En réalité, Lauren comprenait déjà ce que voulait dire Jérémy. Mais cela lui faisait trop mal au coeur pour l'admettre car, déjà, une petite larme coulait sur sa joue. Une larme essuyée par le surveillant âgé d'à peine 20 ans.

-«Je suis vraiment désolé Lauren. Mais il n'y a pas d'autres solutions que de mettre notre amitié sur pause.» Fit-il en caressant doucement le bras de Lauren. Bras, qu'elle retira violemment.
-«Tu ne peux pas me faire ça. Tu ne peux pas ! Tu es un de mes seuls amis. Un de mes seuls vrais amis.»
-«Je sais... Mais on ne peut pas faire autrement.»
-«On peut toujours faire autrement.»
-«Pas cette fois. Je suis désolé.»
-«Sinon je peux aller les voir, moi ! Et leur dire qu'il ne se passe rien entre nous !» S'exclama soudainement Lauren en agrippant le bras du surveillant, une lueur d'espoir dans les yeux.
-«Non... Tu ne peux pas faire ça. Ça ne ferait qu'aggraver notre cas.»
-«C'est juste que toi tu t'en fou, en fait... Oui c'est ça? Notre amitié tu t'en moques complètement. C'est pour ça que tu utilises la solution de facilité.»
-«Mais non écoute, je...»
-«C'est bon, j'en ai assez entendu.» S'énerva la jumelle de Maureen en sortant de la voiture avant de claquer la porte.
-«Attends ! Lauren, attends !» S'écria le surveillant en sortant de sa voiture.

Lauren ne se retourna pas vers celui qui, pour elle, n'en valait plus la peine. Les larmes aux yeux, elle partit retrouver son petit muret.

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