☁ Chapitre 30 ☁
Lauren fut touchée en plein coeur par cette demande. Maureen avait l'air brisée, au bord du gouffre...
Elle avait réellement l'air d'avoir besoin de parler. Elle devait être vraiment très mal pour devoir franchir le pas d'appeler sa soeur afin de se confier. Les deux jumelles n'avaient plus l'habitude de se partager leurs petits bonheurs et leurs grands malheurs. C'est pour cette raison que la rêveuse ne se sentait pas d'aplomb à écouter son double. Et si elle disait quelque chose qu'il ne fallait pas? Lauren se mit à stresser alors que Maureen demeurait toujours sans réponse. Celle-ci continuait de sangloter dans son coin. Dieu seul savait ce qui se tramait et où elle se trouvait. Peut-être était-elle en danger? Peut-être allait-elle faire une bêtise?
Celle qui devait écouter paniquait réellement, elle ne pouvait pas parler et avoir une oreille attentive pour sa soeur alors qu'elle était coincée dans une voiture avec Bastian j'attends qu'il fasse nuit noir pour te manger ou te kidnapper. Cependant elle ne pouvait pas se permettre de faire attendre Maureen jusqu'à son retour à l'appartement, bien que celle-ci l'aurait amplement mérité si on se fiait à ses agissements habituels. Cette pensée traversa l'esprit de Lauren mais elle essaya de vite la chasser. Alors qu'elle écoutait sa soeur pleurer, elle se posait de multiples questions sur ce qu'elle devait faire. Si elle la faisait attendre, Maureen allait-elle décrocher quand sa jumelle la rappellerait? Etait-elle en grande détresse? Et si elle ne pouvait pas attendre? Mais après tout, si son problème était si grave, pourquoi appelait-elle son double qui ne pouvait pas faire grand chose de Londres et non Julianne qui se trouvait aussi sur Paris? Ces questions restaient sans réponse et n'allaient pas être résolues tant que la timide ne prenait pas la parole. Ce qu'elle ne réussit toujours pas à faire. Elle avait une décision à prendre. Elle était en plein dilemme. Elle ne voulait pas paraître cruelle en raccrochant ni totalement docile en aidant sa soeur qui ne lui rendrait peut-être jamais l'appareil.
Mais l'attachement qui lie deux soeurs jumelles, celui que Lauren croyait disparu depuis longtemps de sa vie, était toujours là, quelque part au fond de son coeur et dans une petite partie de son cerveau. C'est lui qui lui fit enfin prendre une décision alors que Maureen énonçait le prénom de sa soeur qu'elle ne pensait plus au bout du fil.
La lycéenne détacha sa ceinture de sécurité et ouvrit la portière de la voiture. Cependant elle ne pouvait pas partir comme ça. Elle s'en moquait bien de prévenir Bastian mais elle ne voulait pas inquiéter Léa qui allait sûrement revenir d'une minute à l'autre. Pourtant elle avait le besoin de se sentir plus isolée pour discuter avec son double. Alors elle chercha les mots dans sa tête et annonça à l'étudiant qu'elle revenait dans un anglais approximatif et sans grand effort pour soigner son accent.
-«I come back. I am speaking with my twin sister.»
Puis elle s'en alla. Elle sortit du véhicule et sans vraiment savoir pourquoi, elle se mit à courir dans les rues londonniennes alors qu'elle aurait seulement pû se poster à quelques mètres de la voiture et du tabac où se trouvait sa grande soeur. Elle éprouvait le besoin de s'éloigner alors qu'elle cherchait déjà ses mots. La discussion qui allait suivre l'effrayait même si elle ne savait pas sur quoi ou qui elle allait porter. Enfin, Lauren s'arrêta de courir et regarda l'écran de son smartphone: Maureen n'avait pas raccroché. Elle avait attendu tout ce temps que sa jumelle daigne lui répondre, elle devait vraiment être au plus mal. Ce geste ne lui ressemblait tellement pas. La timide se demandait si cet appel n'était pas une main tendue vers elle. Peut-être une possibilité de réconciliation avec celle qui partageait le même ADN qu'elle.
Elle replaça le mobile contre son oreille et admira autour d'elle, elle ne savait pas où elle était. Peut-être trois ou quatre rues derrière celle où la voiture était garée. Elle ne savait pas vraiment. Elle n'avait pas regardé par où elle était passée pour atteindre cette rue un peu plus petite et beaucoup moins fréquentée que celles qu'elle avait traversées auparavant. Elle ne s'inquiétait pas pour ça pour autant, elle allait appeler Léa après sa discussion avec la lycéenne. Pour le moment, elle s'inquiétait seulement pour Maureen. Elle ne s'inquiétait pas non plus du regard des quelques personnes qui passaient par là alors qu'elle s'assit par terre, pour se mettre plus à l'aise.
-«J'étais en voiture avec le colocataire de Léa pendant qu'elle achetait des cigarettes. J'ai dû me sauver pour être tranquille. Normalement c'est bon. Désolée de t'avoir fait attendre.» Se justifia directement Lauren en touchant nerveusement ses cheveux trop fins d'après elle.
-«D'accord... C'est... c'est pas grave.»
La jumelle restée à Paris n'arrivait pas à aligner ses mots correctement. Ils étaient entrecoupés par des sanglots ou des reniflements. Celle de Londres quand à elle ne savait pas comment continuer. Était-il indélicat de demander directement ce qui n'allait pas? Elle n'avait pas l'habitude de gérer ce genre de problème. Elle avait dû le faire une ou deux fois pour Sarah mais pas plus. Pourtant celle qui se vidait de ses larmes ne poursuivit pas sa phrase. Alors la rêveuse décida de poser la fameuse question. Quitte à mettre les pieds dans le plat.
-«Maureen? Qu'est ce qui se passe? Pourquoi tu m'appelles? Pourquoi tu pleures?»
À l'inverse du moment qui précédait l'arrivée de Lauren dans la ruelle, cette fois ce fut Maureen qui mit un long moment à répondre. Laissant pour seule réponse à sa soeur sa respiration saccadée qu'elle essayait de calmer et ses sanglots qu'elle essayait de faire taire. Peut-être qu'elle aussi cherchait ses mots comme sa jumelle il y a quelques minutes. Ce moment se trouvait être plutôt voir très gênant pour les deux adolescentes.
-«Je... Je ne sais pas pourquoi je t'ai appelé c'est pas toi que j'aurais dû déranger. Je vais raccrocher...»
La rêveuse pensait exactement la même chose, elle ne comprenait pas la logique de Maureen quand celle-ci avait décidé de l'appeler. Cependant alors qu'au début elle avait songé à raccrocher, maintenant elle ne voulait plus. Elle voulait savoir ce qui causait ce si grand désarroi à sa soeur. Et mine de rien cela lui plaisait que sa jumelle prenne la décision de se confier à elle. Même si ce rapprochement allait prendre sûrement fin au moment où une des deux lycéennes allait appuyer sur le petit téléphone rouge. De plus, si la parisienne raccrochait, Lauren allait avoir la grande impression d'avoir été prise pour une conne. Elle qui avait presque accouru pour répondre à sa soeur qu'elle pensait détester, elle n'allait rester qu'avec des interrogations et une rage plus grande que celle qui l'envahissait habituellement. Alors elle s'énerva, elle essaya de ne pas être trop dure mais elle voulait montrer à son double qu'elle n'était son jouet. Qu'elle ne pouvait pas faire ce qu'elle voulait avec elle. Qu'elle n'aurait pas le dessus une fois de plus. Lauren en avait assez.
-«Maintenant c'est trop tard, je suis prête à discuter. Je me suis perdue dans Londres pour t'écouter alors que tu es égoïste et qu'en temps normal tu te fous complètement de moi et de ma vie. Mais j'ai fais un effort, d'accord? Alors explique-moi. Je ne comprends pas ce qui se passe là. Tu me fais presque peur.»
-«Si tu le prends comme ça je ne devrais peut-être...»
-«Tu ne devrais peut-être pas quoi? Me parler? Si tu vas me parler. Oh oui que vas me dire ce que tu as sur le coeur ! Car je suis assez sympa pour t'écouter et t'aider alors que ton jeu préféré est de m'enfoncer plus bas que terre au lycée et de ne jamais m'adresser la parole sauf quand tu as besoin de moi. Comme aujourd'hui, non?»
-«Pourquoi tu joues encore la victime?» Demanda Maureen avec une voix pleine d'amertume. Petit à petit son ton montait. Sa tristesse semblait se cacher afin de laisser place à la fameuse colère qu'elle éprouvait pour l'adolescente. «Pourquoi tu joues la victime alors que toi, tu fais tes coups en douce? Tu ne te souviens pas comment a démarré notre première dispute? Le point de rupture? Tu t'en souviens ou pas? Oui, tu t'en souviens. Je suis mal et tu tournes encore la situation à ton avantage. Tu vois je me demande presque si c'est pas toi qui a lancé cette putain de rumeur de merde. Et celles d'avant ! Si ça se trouve j'allais te demander de m'aider à trouver le coupable alors que c'est toi la traîtresse ! J'ai vu de quoi tu étais capable. Prenons en exemple le coup de pression que tu m'as mis pour le surveillant alors que tu n'as aucune, je dis bien aucune, idée de ce qui se passait ! Tu juges sans savoir. Finalement c'est peut-être à cause de toi que Steven m'a quitté !»
Lauren resta sans voix. Maureen séparée de Steven? Elle n'avait jamais pensé à cette possibilité. Ils étaient si fusionnels. Ils avaient l'air de tellement s'aimer. Ils étaient si rayonnants quand ils étaient l'un avec l'autre. Même si ils régnaient en maîtres sur le lycée, surtout Steven, quitte à écraser quelques pauvres lycéens sur leur passage et qu'ils s'apparentaient de plus en plus à ce qu'on peut appeler des mauvaises fréquentions, ils avaient besoin l'un de l'autre pour mener la vie qu'ils vivaient et qu'ils appréciaient. Qu'allait donner Maureen sans Steven et Steven sans Maureen? Peut-être rien. Ils allaient, surtout la Keller, devoir descendre de leur piédestal. Et en plus de ça vivre une rupture très compliquée en même temps.
De son côté, la parisienne qui venait d'user toute la colère qu'elle avait en elle se remit à pleurer. Elle était totalement désespérée et se demandait comment elle allait pouvoir se relever, elle qui se voyait passer sa vie avec son petit-copain. Ou plutôt son ex. Elle était déjà victime de rumeurs même en couple avec le copain parfait (dont celle à l'origine de sa rupture et qui allait sûrement la poursuivre encore longtemps) et d'autres étaient déjà en stade de création pour ne jamais cesser de se propager. Elle avait déjà une certaine réputation, admirée et détestée en même temps, elle avait si peur de tomber en désuétude maintenant qu'elle n'avait plus son copain à ses côtés. Lui qui était si aimé, et si il disait à tiut va qu'elle l'avait fait souffrir? Comment allait-elle pouvoir affronter tout cela? Pouvait-elle porter le poids des chuchotements et des rires sur ses épaules? Leur lycée était une jungle, et c'est seulement maintenant qu'elle descendait de la pyramide qu'elle enviait ses amies qui étudiaient dans un établissement scolaires sans hiérarchie invisible mais tellement présente.
-«Il t'as quitté...» La voix de Lauren était presque éteinte, elle était choquée. Elle en avait oublié toutes les horreurs et les accusations que venaient de prononcer sa soeur.
-«Oui, parce qu'il croit à cette rumeur. Il y a cru merde ! Elle a pris tellement d'ampleur par rapport aux petites anciennes que... Qu'il ne me croit plus. Il ne m'a pas cru. Il m'a dit qu'il avait été pris par un con. Que j'étais une... prostituée, on va dire. J'ai confiance en lui et je me rends compte qu'il n'a pas confiance en moi. Pourtant tout est faux ! Ce n'est basé sur rien ! C'est faux je ne l'ai jamais trompé, je l'aime. Et lui il m'a insulté... De tout les noms. Il m'a traitée comme une merde. Il va le dire à tout le monde. C'est moi qui vais devenir la méchante alors que c'est moi qui souffre.»
-«Ça ne va peut-être pas se passer comme tu le penses. Il ne va peut-être pas t'attaquer auprès des autres.»
-«Bien sûr que si ! Il a été horrible avec moi. Il n'a pas cherché à comprendre. Il est borné ! Mais le pire c'est que je ne lui en veux pas. J'en veux au connard qui me déteste et qui essaye de me détruire en lançant de fausses rumeurs sur moi. Et cette fois il a réussi, j'ai plus de copain et une future réputation de salope. Je voudrais que tu m'aides à trouver qui c'est. S'il te plait.» Elle était en détresse, cela se sentait. Les événements se déroulaient devant ses yeux, elle connaissait déjà le futur et elle ne pouvait rien y faire.
-«Pourquoi je devrais t'aider? Moi je suis catégorisée comme fille bizarre ! On se moque de moi presque tous les jours. Et est-ce-que tu m'as aidée, toi? Non. Tu riais aussi. Alors tu vois j'ai survécu. Je vis avec. Tu ne peux pas faire pareil toi? Apprends ce que c'est un peu d'être faible dans un lycée pareil.»
Maureen sanglotait et ne trouvait pas quoi répondre. Sa jumelle avait raison. Elle n'avait rien fait pour elle, elle ne méritait pas son aide. Et elle ne s'en rendait compte qu'une fois au fond du trou.
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Bonjour bonjour !
Je reviens avec un chapitre 30 que j'ai beaucoup aimé écrire.
Qu'est ce que vous en pensez? Qu'est ce que vous attendez pour la suite?
Comme je suis en vacances d'été je vais essayer de poster le prochain chapitre très vite.
Merci à vous de suivre mon histoire. Je vous en suis très reconnaissante, franchement. J'adore écrire et j'ai toujours besoin de vos lectures et vos avis.
-Ambre ❤
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