☁ Chapitre 29 ☁
-«Je ne comprends pas pourquoi tu dis ça !» S'offusqua Lauren en reposant violemment son verre sur la table. Déjà qu'elle n'avait que 3 réelles amies, elle n'allait pas laisser sa soeur critiquer l'une d'entre elles. Avec tout ces adolescents mauvais qui se trouvaient dans son lycée, la jeune fille ne pouvait pas admettre qu'on s'en prenne aux seules filles qu'elle connaissait qui avaient plus de qualités que de défauts.
-«Ne le prends pas mal Lauren. C'est juste mon avis, ce n'est peut-être pas le bon... Ni le mauvais d'ailleurs. Enfin bref... Changeons de sujet, tu veux bien?»
-«Non !» S'exclama la timide, ce qui surprit sa grande soeur qui n'avait pas tant l'habitude de l'entendre hausser la voix. «Je voudrais comprendre pourquoi tu dis ça. Tu sais, Pauline est une de mes seules potes. Je n'aime pas que tu dises des choses comme ça sur elle.»
-«Mais je ne sais pas, Lauren. C'est juste ce que je ressens en la voyant. Je n'y peux rien, tu le sais ça? J'aime beaucoup Sarah mais ce n'est pas le cas de Pauline, c'est tout. Ce n'est pas pour ça que tu dois arrêter de la voir ou quoi que ce soit. Je ne te demande pas ça.»
-«Encore heureux ! Non mais je rêve... Toi aussi tu vas me donner des ordres? Comme Maureen?»
Elle était vexée et but une grande gorgée d'alcool, en faisant exprès de se détourner de sa soeur pour se concentrer sur le groupe de musique qui venait d'entamer un nouvel air. Pourtant ce groupe ne l'intéressait absolument pas, la musique qu'ils jouaient était sans saveurs. Elle ne souhaitait seulement pas s'engueuler avec Léa, c'est pour cette raison qu'elle l'ignora quelques minutes pour laisser l'orage s'éloigner. La jeune fille détestait être en colère, ce n'était pas sa personnalité. Et quand bien même elle l'était, elle pouvait rentrer dans une telle fureur qu'il lui arrivait ensuite de casser tout ce qui l'entouraient et de hurler à la mort. Lauren ne comprenait réellement pas ce que son aînée reprochait à Pauline qui était pourtant si adorable. C'était peut-être une grande concierge, d'accord, voir une petite peste, mais c'était une bonne amie. Une des seules personnes qui était là au quotidien pour la jumelle de Maureen et qui ne manquait jamais de lui donner ses précieux conseils.
Plus elle réfléchissait en buvant son verre désormais presque vide, plus l'adolescente se disait qu'elle pouvait en faire de même ! Elle aussi n'appréciait pas un des amis de sa soeur. Ce Bastian avait l'air tout sauf sympathique et de plus, il la mettait mal à l'aise. Cependant elle n'avait rien osé dire à sa soeur. Elle n'avait pas osé lui dire qu'elle aurait préféré aller au bar à pieds plutôt que dans la voiture de ce mec bizarre. Pourquoi était-elle toujours plus gentille que le reste du monde?
-«Tu me fais la gueule? Laulau tu fais la tête? Ne me dis pas que tu vas me bouder lors de notre première soirée londonienne entre soeurs !»
Léa poussait doucement l'épaule de sa petite soeur avant de passer sa tête par-dessus pour apercevoir le visage de la boudeuse qui se mit à sourire à cause de ce câlin improvisé. La plus jeune aurait aimé essayer de faire un tant soit peu la gueule mais elle ne le pouvait pas. Pas avec Léa en tout cas, qui, contrairement à Maureen, ne lui inspirait pas de haine ou de mépris.
-«Je ne fais pas la tête. Tu as de la chance je suis dans un bon jour. J'ai envie de sourire. Ça doit être à cause de ça.» Répondit la lycéenne en secouant son verre vide devant les yeux de son interlocutrice qui remarqua qu'elle avait une "bonne descente" pour une adolescente qui ne faisait jamais la fête.
-«On peut parler d'autre chose alors... Dis, moi. Où en es-tu dans les amours?»
Si Lauren avait eu encore rien qu'une goutte dans la bouche elle l'aurait recrachée tant cette question était surprenante et totalement idiote à la fois. Elle, un petit ami? Elle se mit à pouffer. Était-ce vraiment possible? Lauren Keller réussissant à séduire un garçon? Elle s'était toujours dis que cela arriverait le jour où les poules auront des dents. Décidément Léa enchaînait les sujets qui fâchaient.
-«Je suis... Nulle part, je pense.»
-«Tu penses?»
-«J'en suis sûre? Non mais sérieusement Léa, je n'ai pas la dégaine à attirer les spécimens masculins de mon âge. Regarde-moi. Je ne suis intéressante aux yeux de personne.»
-«Et pourquoi pas? Tu es très belle. Tu ressembles comme deux gouttes d'eau à Maureen. Et elle arrive à plaire. Alors pourquoi pas toi? Je n'aime pas quand tu te dénigres comme ça.»
-«Je ne sais pas... Je pense que je n'ai pas assez confiance en moi pour ça. Je ne m'aime sûrement pas assez pour être aimée en retour.»
-«Pourtant tu as tellement de qualités ma puce. Mais bon de toute façon je préfère que tu sois seule que mal accompagnée comme ta soeur. Son petit-ami la tire vers le bas, la pauvre. J'ai l'impression qu'elle est en déchéance depuis qu'elle le connaît.»
-«Tu n'en as pas marre de critiquer notre entourage? Et de voir Maureen comme une parfaite adolescente? C'est plus Steven qui est mal accompagné que le contraire. Maureen est un poison d'accord?»
Lauren haussa un sourcil en attendant la réponse de l'étudiante. Elle ne supportait pas le fait d'être la seule à voir le vrai visage de sa soeur. Steven était bien plus adorable que sa petite-amie. Il ne méritait pas une telle critique ni d'ailleurs la soi disant tromperie que celle-ci lui ferait subir. D'autant plus que cette tromperie était, de l'avis de la timide, avec un certain surveillant hypocrite. La tête de la jeune fille allait bientôt exploser tant elle accumulait énormément d'informations sur sa jumelle depuis si peu de temps.
- «Heureusement que tu es vacances. Tu as les nerfs en pelote. Tu t'énerves pour un rien depuis tout à l'heure. Il y a quelque chose qui te stress?»
- «On y serait encore demain si on dressait la liste de tout ce qui me stress. Le lycée me stresse. Les autres me stressent. La vie me stresse.»
- «Tu veux rentrer? Pour te reposer un peu? Oui on va faire ça. Ça va te faire du bien une bonne nuit de sommeil.»
Léa se leva de la table où elle était assise avec sa soeur. Elle sortit son téléphone de sa poche afin de contacter Bastian, pour savoir si celui-ci pouvait venir les chercher ou si elles devaient se débrouiller par leurs propres moyens. La jeune femme se pencha vers sa benjamine et lui pria de ne pas bouger, le temps pour elle de passer son coup de fil. Mais alors, son téléphone venait de sonner. Le numéro s'affichant était celui du fixe de la famille Keller. L'étudiante attrapa donc la main de la lycéenne et commença une course contre la montre pour atteindre la sortie du pub avant la fin de la sonnerie.
L'aînée, sans beaucoup de mal, se faufilait entre les jeunes et les moins jeunes anglais. Ce ne fut pas le cas de Lauren qui entra en collisions avec plusieurs personnes qui ne manquaient pas de la dévisager et de lui lancer des insultes dans le langue de Shakespeare.
Enfin, les deux soeurs atteignèrent la sortie. Léa décrocha directement son téléphone mais la plus jeune ne participa pas de suite à la conversation qui débutait. Elle prit un grand bol d'air frais. Elle en avait besoin. L'atmosphère présente dans le bar était lourde, étouffante. Durant un moment, elle avait eu l'impression de mourir de chaud. Il était vrai qu'elle n'avait pas l'habitude de fréquenter ce genre d'endroit. Ce n'était pas tout à fait désagréable mais ce n'était ce qu'elle préférait faire. Elle n'allait sûrement pas faire parti de ceux qui allaient prendre un verre tout les soirs avec leurs amis et collègues.
Alors qu'elle reprenait ses esprits, sa soeur vint lui caresser le bras alors qu'elle disait au-revoir à sa mère, son père et les autres personnes qui se trouvaient au bout du fil. La londonienne glissa son téléphone dans la main de la parisienne et cacha l'entrée du son avec sa main pour se pencher et chuchoter à celle qui allait devoir parler à sa famille.
- «Ne leur parle pas du bar. On est en train de se promener dans un parc là.»
Puis elle s'éloigna avec un clin d'oeil et un sourire narquois auxquels Lauren répondit par la même expression faciale. Alors que la rêveuse plaça l'appareil à son oreille, Léa venait de commencer de discuter avec de jeunes gens qu'elle avait l'air de connaître.
L'adolescente qui était occupée à regarder sa soeur, n'entendit pas les "allôs" répétés de sa mère et d'Arianna.
- «Excusez-moi. Allô?» Débuta la soeur jumelle de Maureen en détournant le regard pour se mettre à fixer la sortie de pub.
- «Allô Laulau? Laulau !!!»
C'était une petite voix qui venait de s'exclamer. Arianna était très proche de sa grande soeur et celle-ci devait déjà beaucoup lui manquer.
- «Allô mon petit coeur? Ça va Ari'? Depuis ce matin.» Plaisanta la jeune fille en riant.
- «Y'a tout le monde pour manger ce soir à part Maumau. Elle est encore chez Steven. Mais sinon y'a tout le monde. J'ai mis haut-parleur.»
- «Coucou ma puce, le voyage s'est bien passé?» Intervint la douce voix de Caroline Keller qui le mot "haut parleur" lui avait donné l'autorisation de commencer à discuter.
- «Oui maman, très bien. J'ai dormi la plupart du temps. Ensuite Léa est venue me chercher, j'ai visité son appartement, qui est d'ailleurs très bien vu que tu vas me le demander, et là on fait une balade dans un... parc, près de chez elle.»
Lauren donna encore quelques nouvelles d'elle à sa famille avant d'expliquer comme Londres était une belle ville alors qu'elle n'en avait encore presque rien vu. Cependant, comme elle devait censurer la sortie au bar, elle n'avait rien à raconter mis à part la magnifique couleur du tapis de la salle de bain de la coloc'. C'est ainsi, et au plus grand soulagement de cette dernière, que la lycéenne coupa vite court à la discussion avec sa famille dont elle n'avait retenu qu'une phrase: Maureen était chez Steven. Celui-ci n'était donc pas au courant de cette rumeur? Ou il n'en voulait pas à sa copine? Encore une zone d'ombre dans cette histoire déjà incompréhensible.
La brune mit le téléphone de sa soeur en mode veille et s'approcha d'elle pour pouvoir lui rendre. Elle était seule, ses amis anglais venaient de rentrer à l'intérieur du pub. La jeune femme, adossée contre le mur, était en train de se griller une clope. Encore une enfant du couple Keller qui désobéissait aux règles transmises par leurs parents. La seule différence était que, contrairement à Lauren, son crime n'était pas caché. Elle recevait des remontrances de la part de ses parents à chaque cigarette fumée devant eux. Elle savait qu'ils n'avaient pas tord, en principe, mais elle avait toujours eu quelque chose contre l'autorité, alors elle se détruisait la santé en le sachant pertinemment.
En voyant sa soeur souffler de la fumée nocive qui s'envolait dans le ciel nocturne londonien d'une manière presque poétique, Lauren eut l'envie de faire la même chose. L'envie d'inspirer et d'expirer ce poison qui faisait désormais parti de sa vie. Cette foutue envie qui revenait tout les jours et qu'elle ne voulait pas appeler addiction. Ce mot lui faisait bien trop peur.
- «Tu m'en donnes une?»
Les mots avaient filés tout seul, sans même que la jeune fumeuse ne s'en rende compte. Elle regardait alors sa soeur la bouche entrouverte. Elle se mit à paniquer. Son coeur battait la chamade. Et si Léa la dénonçait à ses parents? Mais pourquoi avait-elle donc demandé ça? Elle avait son paquet dans sa valise. Elle avait juste à attendre que sa soeur aille prendre sa douche. Mais non, encore une fois elle s'était mise dans une position inconfortable. Elle ne savait plus quoi faire, elle regardait le sol en se balançant dans tous les sens.
- «Décidément j'en apprends des biens bonnes sur toi. T'es différente du reste de la famille. J'ai bien l'impression que tu fais tes coups en douce toi !»
- «Je...»
- «Pas plus d'explications.»
Lauren était encore dans le doute, sa grande soeur était loin d'être réputée pour être une balance mais ne sait on jamais. Cependant la lycéenne eut vite sa réponse, quand une clope arriva entre ses lèvres comme par magie et qu'elle fut allumée par la belle main manucurée de l'étudiante en mode.
- «Tu fais ça depuis combien de temps?» Reprit la jeune femme.
- «Pas plus d'explications?»
- «Combien de temps?» Réitéra Léa en prenant la cigarette de la bouche de sa soeur afin d'obliger celle-ci à répondre.
- «Je sais pas... Un an, peut-être?»
- «Bien. Mais sache que je ne vais pas te couvrir indéfiniment. Tu vas devoir arrêter ou prendre ton courage à deux mains pour le dire aux parents.»
- «Mais...»
- «Y'a pas de mais. Assume un peu ce que tu fais !» S'exclama la plus âgée en replaçant l'objet du crime entre les lèvres de la plus jeune. «Bon je vais appeler Bastian. J'espère qu'il va pouvoir venir nous chercher. De toute façon vu tout ce que je fais pour lui, il me doit bien ça.»
- «C'est obligatoire? Que ce soit Bastian qui nous ramène chez toi?»
- «Pourquoi?»
- «Hum... Il est un peu bizarre non?»
- «Tu préfères rentrer en métro?»
Lauren ne mit pas longtemps à réfléchir. Évidemment qu'elle préférait le métro au siège arrière de la voiture du psychopathe sadique.
- «J'aime bien le métro moi. Comme ça je pourrais découvrir le métro londonien. Je connais que le parisien. N'est-ce-pas une bonne idée?»
- «Non ! Sérieusement Laulau il est trop tard pour le métro. On le prendra demain si tu veux vraiment le découvrir.»
- «S'il te plaît !»
- «Trop tard, je l'appelle.» Nargua la londonienne en secouant son smartphone avant de le porter à son oreille.
L'étudiante s'éloigna quelques minutes et eut l'air de devoir négocier difficilement pour obtenir ce qu'elle voulait. Finalement, quand elle revint, elle annonça à sa petite soeur que Bastian n'allait sûrement pas tarder. Effectivement, il arriva assez rapidement, n'étant pas rentré chez lui après avoir déposé les françaises mais étant allé chez un ami.
Léa s'installa à l'avant, comme à l'allée, et Lauren se mit à l'arrière en faisant bien attention de ne pas croiser le regard du jeune homme en pénétrant dans le véhicule. Le début du voyage se passa sans encombres mais s'assombrit au moment où la grande Keller demanda à son colocataire de sa garer devant un tabac pour qu'elle puisse aller acheter un paquet pour elle et "pour sa soeur". Et évidemment, à la question "je t'accompagne?" de la rêveuse, la modeuse répondit non.
C'est ainsi que la première s'éloigna laissant la seconde seule dans une voiture avec un jeune homme qui la mettait mal à l'aise. Alors qu'elle essayait de se concentrer sur son téléphone, elle sentait le regard perçant du londonien sur elle. Il la fixait, elle n'aimait pas ça. Elle rentra sa tête à l'intérieur de ses épaules et ne levait pas son regard. Pourtant il se mit à lui poser une question, en anglais, il ne parlait pas autre chose. Mais elle ne comprit pas cette phrase, trop complexe pour son si petit niveau dans cette langue qu'elle n'apprenait que 3 heures par semaine au lycée. Elle comprit seulement que c'était une question, grâce à l'intonation utilisée par Bastian.
- «What?» Demanda simplement la jeune fille ne décollant toujours pas les yeux de son écran.
Le jeune homme entreprit de répéter la phrase de sa voix grave qu'il entretenait pour le mystère mais fut coupé par une sonnerie de téléphone. C'était celui de Lauren, et un nom s'affichait: Maureen. La rêveuse ne comprenait pas la raison de cet appel. Sa soeur ne l'appelait presque jamais. Et le contraire était aussi vrai. Cependant, sur le moment, ce coup de fil incongru s'annonçait comme une bouée de secours. Son horrible soeur ou ce colocataire sinistre? Le choix n'était pas simple mais fut rapide.
- «Sorry.» Lança la timide avant de décrocher, obligeant Bastian à se retourner, pour tapoter sur le volant avec ses doigts. De suite, ce moment seul à seul lui paraissait beaucoup moins intéressant. «Allô?»
La voix de la seconde jumelle ne se fit pas entendre directement. Les premières secondes de communication ne furent que du silence. Lauren pensait même à une erreur de sa soeur. Voir à une blague. Pourtant le premier son se fit entendre. Ce fut un sanglot, puis un reniflement. Elle pleurait. Elle pleurait? La rêveuse ne comprenait pas, elle ne s'était jamais retrouvée dans une telle situation. Sa soeur n'avait pas pleuré devant elle depuis un long moment. Et voilà qu'elle l'appelait dans un état chaotique. La brune aux cheveux lisses sentit son coeur s'emballer. Malgré ce qu'elle pouvait dire, elle se sentait mal à l'entente des larmes de sa jumelle.
- «Lauren? Je peux te parler, s'il te plait?»
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Hey hey hey !
Après une longue attente voici le chapitre 29. J'espère qu'il vous plaira.
J'essaierai de poster le prochain chapitre avec un temps d'attente moins long (je sais je dis toujours ça mais là c'est bientôt les vacances !).
Merci merci merci d'accepter cette attente et de continuer à lire mon histoire.
- Ambre ❤
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