Février

2017
Je m'affaire devant la montagne de dossiers qui grandit tous les jours sur mon bureau.
Je regarde la candidature, je vérifie si les critères sont respectés et je passe au formulaire suivant.

Julie Roberson
29 ans

Encore une autre qui va se faire embobiner... Je lève les yeux du dossier et regarde par la fenêtre de mon bureau, il y a trop de béton, trop d'immeubles et pas assez de verdure.
Je fermes les yeux quelques instants et me laisse emporter par mes souvenirs de la campagne, loin, au milieu des champs.

Je suis interrompue par un raclement de gorge.
Je tourne la tête et aperçois M.Rolandron mon directeur appuyé contre l'encadrement de la porte.
Mais, qu'est-ce qu'il fait ?

- Votre tasse est vide, je peux vous la remplir ?

C'est étrange, la dernière fois que le directeur est venu me voir c'était pour me proposer une promotion... En échange de ... de quelque chose que j'ai tout de suite refusé, ce qui n'a fait que le rendre plus étrange... Comme un prédateur.... Depuis ce jour je l'évite...

Son métier consiste à trouver des candidatures pour une émission de télé-réalité, moi je dois valider les formulaires et j'avoue que si je n'avais pas de problèmes financiers je changerais de métier immédiatement !
Mais c'est vrai qu'aujourd'hui
je n'ai pas fait attention à mon hydratation, et c'est peut-être un simple acte de gentillesse...

- Euh, oui merci.

Mon patron repart avec ma tasse, je continue à contrôler les formulaires, je suis fatiguée par mes longues journées de travail et mes très rares journées de repos, le dimanche et le samedi.

Mon patron revient avec un grand sourire et mon mug.

Il me tend la tasse, je regarde le liquide brunâtre qui remue à l'intérieur.

Mon directeur continue de me regarder.

- C'est du café ?

- Non c'est du thé.

Je lève mon mug et goûte le liquide ambré, il a un goût bizarre... Mais en même temps je ne boit pas souvent de thé, ou peut-être qu'il n'y a pas que du thé...

- C'est quel parfum ?

- C'est un thé aux agrumes.

Je termine de boire la tasse et le directeur daigne enfin partir.
C'est étrange mais malgré le thé qui est assez fort, je me sens fatiguée...
Je continue quand même à valider des dossiers histoire de faire diminuer ma pile de travail.

J'ai l'impression qu'un nuage embrouille mes pensées...
Je ne sais pas pourquoi mais j'ai un mauvais pressentiment.

La fatigue et autre chose me font mélanger la réalité et les rêves...

Je me vois à la campagne et dans mon bureau en même temps.

J'aperçois quelqu'un dans le couloir, son visage et flou...

Il s'approche et me fait un câlin...
Je ne comprends pas ce qu'il se passe, mon cerveau semble marcher au ralenti.

Mais c'est bizarre...

Mais pourquoi cette personne retire mon haut ? Je ne dois pas aller dormir ! Qu'est ce que je dois faire ? Je je ... je ne sais plus. Il me tiens la tête. J'ai l'impression que quelque chose m'empêche de réfléchir normalement.

Un sursaut de lucidité m'anime et je me rend compte de l'horreur de la situation, Non !

Je me dégage de l'emprise de la personne qui est devant moi, la buée disparaît, c'est M. Rolandron !!

Il a du mettre quelque chose dans le thé, il m'a drogué !

Je remets mon haut, il essaye de m'empêcher, Au Secours !!!!!

Je le pousse. Je veux qu'il me laisse tranquille !

Je n'arrive pas à parler... j'ouvre la bouche.

-...

Je me débat et repousse ce monstre.

- Non !!!

Je réussi à parler.

- Non ! Non !

Je chancèle vers la sortie, je veux partir, Partir !

Mon directeur essaye de me retenir, moi j'essaye de le repousser...

Je cours... La buée m'empêche de voir correctement mon chemin.
Je me cogne contre les murs du couloir qui mène à la sortie, une odeur de cigarette électronique emplit mes narines.
Une employée me dévisage avec inquiétude.

Mon directeur essaye de sortir du bureau, j'accélère...
Je veux partir !!!

J'atteins la porte et sors enfin de cette prison de béton, l'air frais me donne de l'énergie et je peux enfin récupérer mon équilibre.

Des larmes dévalent mon visage, je cours jusqu'au métro le plus proche.
Je me laisse emporter par mes pas saccadés, sur mon chemin j'entends des sifflements.

- Eh M'dame, vous avez un 06 ! Eh !!

Je me dépêche de trouver la ligne qui me ramène jusqu'à chez moi et la prends.

Les larmes dévalent le long de mon visage, qu'est-ce qu'il m'est arrivé ?

C'est bon, je suis au chomage... Ma vie est foutue.

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