Les ombres des sapindacées se détachent sur le sol recouvert des fragments de vies à présent oubliés. Ils se dressent fièrement au dessus de leurs ancêtres maintenant devenus simples feuilles mortes. Le vent souffle dans leurs branches les faisant dangereusement tanguer tandis que l'obscurité englouti peu à peu le rougeoiement des feuilles. Celles-ci semblent toujours plus se dresser les unes au dessus des autres comme pour entendre au mieux les plaintes des bourrasques. Puis, peu à peu, le bruit des rafales semblent s'amenuiser pour laisser place aux crissements des pas sur le tapis de feuilles d'érables vieillis. L'écho de la démarche d'abord hésitante se densifie au fur et à mesure jusqu'à devenir la consonance d'une course effréné. Les feuilles amortissent alors le choc du talon sur le sol et propulsent le coureur vers l'avant, lui donnant ainsi la possibilité de prendre plus d'élan. Le souffle court de la personne laisse deviner son état de fatigue, signe que son corps ne gardera sans doute plus le rythme très longtemps. Ses jambes se déroberont sans doute sous son poids avant qu'il s'affaisse au sol, sonné. Pourtant il continue de sillonner toujours plus rapidement, la sang gagne rapidement son visage jusqu'à ce qu'il prenne la couleur des feuilles quelques heures plus tôt.

Le marcheur, d'abord simple promeneur est devenu proie.

A last sigh before fleeing...