Chapitre 9

Pardonnez mon retard, j'ai eu du mal pour ce chapitre !


L'annonce inattendu fit baisser les armes des deux ados tandis que celle de Sharone resta bien pointée dans la direction de l'intrus.
Ce dernier d'ailleurs, affichait un sourire satisfait quand la jeune femme serrait la mâchoire à s'en faire grincer les dents.

-Dégage d'ici, a-t-elle ordonné.
-J'étais très surpris de te voir, bien vivante, vagabonder dans la ville tout à l'heure...
-Dis un mot de plus et tu vole.

Les deux ados, perdu, ne ratèrent pas une miette de leur conversation, essayant de comprendre toute l'histoire.

-Tu ne vas tout de même pas tirer sur moi ?

Et à peine avait-il prononcé ces mots qu'elle tira. La balle passa à côté de son visage qui se décomposa légèrement en regardant par dessus son épaule dans la direction de la munition et ricana nerveusement en détournant son regard vers Sharone.

-Même à quelques centimètres tu...

Il n'eut pas le temps de réagir et se pris le pied de Sharone dans le ventre, le faisant reculer. Un second coup de pied lui fit se prendre les pieds dans les marches et tomber en bas du perron.
Sharone descendit à son tour en rechargeant l'arme et la pointa à nouveau vers sa tête.

-Tu veux réessayer ? a-t-elle craché.

Si Nathan n'était pas intervenu pour l'immobiliser et lui arracher l'arme des mains, elle aurait tiré.
L'homme se redressa en position assise et frotta son ventre endoloris avant de sourire à Nathan.

-Merci de ton aide.

Sharone se débattit encore plus pour s'échapper de l'étreinte de son camarade qui ne lâcha pas avant qu'elle ai promis de ne plus lui tirer dessus ni essayer de le tuer d'une quelconque manière.
Quand elle fut libre, elle s'accroupi à côté de l'intrus et le considéra d'un regard sombre.

-Qu'est-ce que tu fous là ?
-T'es plus coriace qu'avant.
-Qu'est-ce que tu fous là ?

Il leva les mains en signe de reddition et s'apprêtait à parler quand un infecté arriva en courant dans la clairière.

-C'est ta faute, déclara l'homme.

Crachant à côté de lui, elle attrapa son fusil et tira dans le contaminé qui s'effondra à quelques mètres d'eux et se précipita à l'intérieur pour attraper sa hache. Les adolescents en firent de même et se préparèrent à la possible arrivée de nouveaux infectés.

-Ça va aller Nathan ? s'enquit Mika.
-Il faut bien.

D'autres infectés arrivèrent peu après, et heureusement peu nombreux. Les éliminer fut donc rapide, et bientôt, ils se retrouvèrent à quatre à discuter autour de la table. Enfin, la seule chose que Mika et Nathan comprirent fut son nom : Jules.

-Je t'en pris Sharone, tu dois m'aider ! J'ai fouillé plus de la moitié de la ville, il n'y a plus rien à manger !
-Tu m'as pris pour une œuvre de charité ? Dégage de chez moi et retourne fouiller l'autre moitié. Tu devrais bien trouver des survivants qui voudront bien d'un gars comme toi.
-Je pourrai t'être utile ! J'ai des munitions, et je suis pleins de ressources ! La survie avec moi serait un jeu d'enfant !

Voyant qu'elle ne changerais pas d'avis, il soupira et baissa la tête.

-Je veux t'aider... Tu es la première personne à qui j'ai pensé quand tout ça est arrivé, je me demandais si tu allais bien, si Thomas te protégeait... Tu peux pas imaginer à quel point j'étais soulagé de te revoir aujourd'hui...

Sharone se leva brusquement et cogna son poing sur la table.

-Et où étais-tu, justement, au début de cette apocalypse ?! Où étais-tu pendant que Thomas se faisait bouffer par les infectés pour me protéger ?! Tu savais où j'habitais non ?! Où étais-tu pendant ces trois mois ?! Tu as mon numéro, pourquoi ne m'as-tu pas envoyé de message si tu t'inquiétais tant que ça ?! J'ai pu survivre tout ce temps sans ton aide, et ce n'est certainement pas maintenant que je vais en avoir besoin !
-Mais moi j'ai besoin de ton aide !

Sharone le considéra d'un regard noir mais repris place sur sa chaise.

-Lidy est morte y a un mois, elle s'est faite tuée par un survivant. Je suis désespéré, je sais vraiment pas quoi faire ni où aller.
-En enfer c'est pas mal...
-Ronie... Je sais que tu m'en veux pour toute cette histoire mais c'est pas ma...

Ils'abstint de finir sa phrase en voyant la main de « Ronie » se poser sur le manche de sa hache.

-Je suis sûre qu'on peut faire quelque chose de bien, tous les deux. Butter ces monstres sera super simple si on combine nos forces !
-Tu t'es cru dans un film donc ? Et surtout, tu t'es pris pour le pauvre héros au passé tragique qui est près à sacrifier ta vie pour ton ancienne meilleure pote cette salope qui refuse de te pardonner, pas vrai ?
-Tu comprend pas ! Je suis pas là pour te nuire, je veux survivre, au même titre que toi !

Sharone lança un regard à ses camarades qui étaient tout ouïs à la discussion, et secoua la tête.

-Même si je le voulais, on n'a plus de place. Il n'y a qu'un lit et on est trois. Il est pas question que je les vire pour te supporter toi.
-Je dormirais par terre ! Réfléchis, y a que des avantages : un tour de garde de plus, ça vous fait dormir plus longtemps, une pair de main en plus, je sais chasser, j'ai pas peur de ces monstres...
-C'est des infectés. T'as aucun droit de les appeler comme ça.
- Ouais-ouais, ça change pas que j'en ai pas peur. Réfléchis, vraiment...
- Sharone, tenta Nathan. Il a raison, on perd rien à le prendre. Je pense que pour survivre, tu peux oublier vos différents ?

Le regard sombre de la plus vieille se tourna vers l'adolescent qui regretta un instant ses paroles, et soupira.

- Tu as intérêt à faire tout ce que je dis et jamais remettre en question mes ordres.
- Tu t'es pris pour une dictatrice ?
- Et toi tu veux dormir dehors ?

Jules n'ajouta rien, il savait que cette discussion ne le mènerait nul-part.
Il se contenta de faire un tour du domicile, ravis d'avoir trouvé un endroit stable où s'installer.
Sharone l'observa de loin, grommelant son mécontentement.

- Qui aurait cru que tu trouverais un tel endroit, Ronie ! Jusqu'à ce matin, j'avais peur que tu sois morte.
- Et moi j'espérais que tu le sois, crois moi.

Il ricana légèrement et monta à l'étage pour se laver. Pendant ce temps, Mika préparait le repas du soir et Nathan était attablé pour jouer à son nouveau téléphone.

- Montre moi ta blessure, lui demanda Sharone en posant la trousse de soin sur la table.

Sans poser de question, il débanda sa jambe.
Sharone s'inquiétait que la plaie se soit rouverte toute à l'heure, mais elle était au contraire sur la voie de guérison.

- Sharone, qui est-il ? risqua l'adolescent.

Sharone soupira en nettoyant les contours de sa blessure.

- C'était mon meilleur ami à la fac.
- Il voulait être infirmier aussi ?
- Sage-femme. Mais méfiez-vous, il est plus fourbe que n'importe qui.
- Qu'est-ce qu'il t'a fait pour que tu le déteste à ce point ?

Nathan avançait à tatillon. Essayant de ne pas l'énerver, il espérait qu'elle daigne enfin leur parler.
Le regard que Sharone lança à Nathan lui fit comprendre que ce n'est pas un souvenir qu'elle aimait se remémorer.

- Il a tué ma cousine, a-t-elle finalement craché.

Et sur cet aveux, elle rangea ses affaires et disparu dans l'arrière cuisine. Nathan resta immobile, ne s'attendant pas exactement à ce genre de différents. Mika s'était elle aussi figée dans son geste.
Était-ce réellement une bonne idée de l'abriter ?

Tandis que la plus vieille rangeait ses affaires, Jules redescendit avec un sourire satisfait.

- J'avais oublié le plaisir que procurait une douche. Ça sent bon, tu nous prépare quoi ? A-t-il demandé en se penchant au dessus de l'épaule de Mika.

Cette dernière s'écarta de cet intrus et rejoignit son frère autour de la table.
Sans vraiment comprendre, Jules se tourna vers les adolescents et fronça les sourcils lorsqu'il vit leur visage fermé.

- Qu'est-ce qu'il se passe ? J'ai fais quelque chose de mal ? Demanda-t-il innocemment.
- Demande donc à Sharone, lança Nathan.

Ainsi, il comprit. Son regard se fit plus dur lorsque la jeune femme entra à nouveau dans la cuisine, ignorant complètement son ancien ami.
Ne voulant pas s'attirer les foudres de ses nouveaux camarades, il ne fit aucun commentaire, se contentant de mettre le couvert et la casserole sur la table. Le repas se fit silencieusement, et dès qu'ils eurent finit le repas, la petite fraternité quitta la table et monta dans la chambre, laissant Sharone seule avec cet homme.

- Sharone, que leur as-tu dis ?
- La vérité, Jules. Juste ce que tu es incapable de faire.
- Je ne veux pas remettre le sujet sur la table, mais toi ne veux-tu pas faire une trêve ? Nous sommes dans la même équipe !
- Et parce qu'on est dans la même équipe je suis obligée de ne plus te détester ?
- Je me fiche des ressentis que tu peux avoir sur moi, mais agir comme tu agis nous mettrait des bâtons dans les roues.C'est contre-productif.
- Ce qui a été contre-productif ça a été de t'accepter parmi nous. Si tu avais une once de bon sens, tu dégagerais d'ici.

Il soupira en l'observant se lever pour faire la vaisselle.

- Je prend le premier tour de garde, annonça-t-il en s'asseyant sur le canapé.
- J'ai toujours une arme près de moi même quand je dors, à titre d'information.

Et avec ces derniers mots, elle monta à son tour dans la chambre.
Le garçon attendit qu'elle disparaisse pour soupirer. Dans le noir presque complet, réfléchissant à nouveau aux paroles de Sharone. Sans doute avait-elle raison, il n'aurait jamais du insister pour rester. Il s'était sans doute trop emporté en la voyant le matin même et avait naïvement cru qu'elle l'accepterais.

Grognant, il balaya la pièce du regard. Ses yeux se posèrent sur le carré de papier sur la table et il l'attrapa. Son visage s'assombrit en voyant une photo de famille, et étrangement, il n'eut aucun mal à deviner ce qui avait bien pu se produire pour qu'elle se retrouve en possession de cette photographie, son regard s'attardant sur celui qui semblait être le père de la famille. Son regard se porta tristement sur les escaliers, puis sur les grognements qui lui vinrent aux oreilles à travers les murs du chalet. Entre les planches de bois posées sur la fenêtre, il observa la créature solitaire errer dans la clairière. La créature monta sur le porche et s'arrêta devant la porte et posa mécaniquement sa main sur la poignée.
Jules, sentant son poul s'accélérer, se leva et se posta devant la porte, le couteau en main. La poignet se baissa légèrement, mais se redressa aussitôt. Les plaintes s'éloignèrent des les pas semblaient faire demi tour. Risquant un regard par la fenêtre, il le vit retourner vers la forêt et soupira de soulagement.

Le reste de son tour de garde se passa tranquillement, comme la nuit.

Le lendemain, lorsque Jules se réveilla, il constata qu'à l'inverse de Mika et Nathan, Sharone était déjà levée.
En redescendant, il la trouva au téléphone, souriant et riant innocemment en écoutant son interlocuteur.
Réprimant un sourire, il remonta doucement pour ne pas gâcher ce moment. Personne n'était en droit de lui gâcher cet appel, elle en avait besoin plus que tout et ça, Jules l'avait deviné en entendant sa voix plus enjouée que jamais.

Il resta en haut des marches, attendant patiemment que son appel se termine, écoutant distraitement en pianotant sur le siens, de téléphone.

Lorsqu'elle raccrocha finalement, promettant de rappeler dans la semaine, Jules se décida à descendre.
Sans un mot, il s'installa à table où Sharone avait laissé de quoi déjeuner.

Sharone ne lui accorda aucun regard, bien décidée à ne pas laisser sa présence gâcher cette matinée qui avait si bien commencé.

La jeune femme s'installa le plus loin possible de lui sur la table et déplia une carte et sorti un bloc note.
Jules l'observa étudier la carte et noter certaines choses sur le carnet, des chiffres, des indications, sans jamais oser lui demander ce que ça signifiait. Il parvint tout juste à lire « Projet Survie », mais il ne lui en fallut pas plus pour comprendre.
Au moment où il allait lui demander s'il avait bien compris, Nathan et Mika descendirent et s'installèrent à table aux côtés de Sharone.

- Tu fais quoi ? osa Nathan.

Sharone leva à peine un regard vers lui avant de souffler par le nez.

- Je veux aller dans l'espace.

Nathan regarda Sharone sans vraiment comprendre, n'ayant pas lu l'article, et elle lui tendit son téléphone pour le lui montrer.

- Je ne resterais pas ici jusqu'à la fin de l'apocalypse, je veux participer au plan survie.

Et Nathan ouvrit de grands yeux.

- Tu y crois vraiment ? s'étonna-t-il.
- Oui, dit-elle simplement. Je retrouverais ma sœur là-bas, dès que les vaisseaux seront construits, les militaires emmèneront tous les survivants aux zones d'embarquement. Je compte y aller, moi aussi.

Bientôt, ils furent tous deux d'accord pour partir avec Sharone.
C'est ainsi que Sharone, Mika et Nathan préparèrent leur dernier voyage.

- La zone de lancement pour l'Europe se trouve en Russie, c'est l'ancien cosmodrome Kaspoutine Iar, annonça Sharone. C'est à deux ou trois jours de route d'ici.
- C'est loin... soupira Mika.
- On aurait pu se retrouver au beau milieu de la Sibérie, ricana Nathan.

Ils firent une liste du matériel dont ils auraient besoin, sagement observé par Jules qui ne pouvait dire quoique ce soit sans se prendre un regard noir par Sharone qui finira par ignorer complètement la présence du jeune homme.

- Et vous partirez quand ? lança finalement Jules.

Sharone leva un regard dédaigneux vers lui avant de regarder la carte à nouveau, ignorant sa question.

- Qui vous promet que quand vous arriverez, le vaisseau vous attendra ? Et qui vous dit qu'ils prendront tout le monde ?

Mika et Nathan, faisant une confiance aveugle en leur aînée, l'observèrent foudroyer son ancien ami du regard. Cette dernière soupira et replia la carte.

- Le site internet. Même si c'est pas pour les prochains mois, rien ne nous empêche de prévoir.

Le jeune homme haussa les épaules et se leva.

- En attendant, on pourrait peut-être créer une barricade, proposa-t-il.

Il serra le poing en voyant qu'il était ignoré de tous, et se leva de sa chaise.

- Mon dieu ! Non, où avais-je la tête ?! s'est-il écrié. J'ai osé proposer une idée qui pourrait tous nous maintenir en vie le temps de la réalisation du projet survie, mais comment ai-je pu croire que Sharone m'écouterais, moi, Jules, celle qu'elle appelle le meurtrier ?!

Ce fut la phrase de trop. Sharone se leva à son tour et se jeta sur lui, l'attrapant par le cou, le plaquant contre le mur par la même occasion.
Le jeune homme blêmit, mais sourit en voyant que sa provocation fit mouche. Il saisit les poignets de sa camarade et desserra sa prise, tandis que les adolescents contemplaient la scène, un mélange de désarroi et de haine dans les yeux.

- Tu te rend compte que tu réagis plus à ça qu'à l'idée de sauver tes amis ?
- T'as pas le droit de parler, encore moins de ce que tu lui as fais !
- Je lui ai rien fais Sharone, c'est ça que tu comprends pas !
- Tu l'as tué !!! A-t-elle hurlé.

Jules parvint à retirer ses mains de son cou. Il la contourna, sans lâcher ses poignet et la plaqua contre lui, ses grands bras entourant le frêle corps de la jeune fille qui se débattit sans parvenir à lui faire lâcher ses poignets.
Mika attrapa un couteau et Nathan se jeta sur Jules pour tenter de le faire lâcher tandis que Sharone lui hurlait de la lâcher.

- Et cet homme, sur la photo ? Qui l'a tué, lui ? lui a-t-il murmuré dans l'oreille, sur le ton de la confidence.

Sharone cessa tout mouvement, sa sidération lui coupant le souffle. Il la lâcha juste après cela, la laissant tomber à genoux. Tandis qu'il quittait le chalet, Sharone hurla de rage avant de fondre en larme.

[03/07/2020]

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