Chapitre 2

Plusieurs jours s'étaient écoulés depuis le début de la catastrophe. Petit à petit, Sharone avait apprit à fouiller, elle avait déjà fouillé une pharmacie et ramené suffisamment de médicaments et de kit de soins pour guérir une dizaine de personne. Elle avait hésité à visiter l'hôpital, mais les plaintes qui s'échappait des fenêtres brisées l'en dissuada. Bien sûr, les premières victimes de la catastrophe se sont ruée à l'hôpital, faisant sans doute de lui l'endroit le moins sûr de la ville.
Elle avait aussi ramené plusieurs conserves trouvées dans les appartements et maisons désertés, et pouvait à présent survivre plusieurs mois.
Malgré ses réserves, elle continuait ses fouilles car elle ne craignait qu'une chose : quand elle n'aurait plus de quoi survivre, peut-être que les autres survivants auront tout pris pour eux.

Elle gardait cependant un objectif bien en tête : trouver un camp militaire, mais jusqu'à présent, aucun militaire ne s'était présenté à elle.

Elle était toujours armée de sa hache, pourtant cette dernière ne lui servait qu'à défoncer des portes. C'est d'ailleurs en défonçant la porte d'un appartement qu'elle tomba face à l'un d'entre eux. Elle les avait affectueusement appelé les rôdeurs, s'inspirant des séries qu'elle regardait avant tout cela.

Sharone avait beau avoir apprit à faire un feu, consolider un abris, chercher de la nourriture et même "chasser", elle n'avait pas apprit à se battre. Sharone était une fuyarde, pas une survivante.
Cette fois encore, en voyant le rôdeur, elle s'enfuit en retenant ses cris. Car les jours avaient passés, elle était sortie de sa forêt, mais les infectés l'effrayaient toujours autant.

Alors qu'elle sortait de l'immeuble qu'elle avait dévalé à une vitesse hallucinante, toujours poursuivie par l'infecté, elle entendit, non loin de là, un coup de feu. En fait, il était vraiment tout près. Si près qu'il surpris Sharone dont le premier réflexe était de s'accroupir en se prenant la tête dans les bras. Elle était habituée à entendre des coups de feu, mais s'était également habituée à les éviter comme la peste depuis son altercation avec une femme peu chaleureuse dont elle gardait un plutôt mauvais souvenir.

Cependant, alors que les coups de feu étaient d'habitudes répétitifs, celui-ci avait été le seul à retentir.
Sharone garda la tête dans ses bras jusqu'à ce que des pas se firent entendre à côté d'elle et que des chaussures coquées se stoppèrent face à elle. À l'évidence, ce n'était pas le rôdeur qui la poursuivait tantôt.

- Lève-toi, ordonna une voix grave.

Sharone releva le regard et croisa les yeux sombres de ce qui lui fit penser à un bûcheron. Le bûcheron qui hantait ses cauchemars ?

- Lève-toi, a-t-il répété d'un ton plus dur.

La brune obéit et osa un regard vers l'immeuble. Elle vit l'homme qui la poursuivait plus tôt allongé, une tâche sombre grandissant au milieu de son t-shirt. Elle se tourna à nouveau vers le bûcheron et s'apprêtait à le remercier mais celui-ci la coupa dans son élan.

- T'es armé.

Les épais sourcils de Sharone se froncèrent.

- Pourquoi tu te défends pas ?

Parce qu'elle en était incapable, pardi. Cependant, elle ne répondit rien. Elle se contenta de hausser les épaules.

- T'es muette ?
- J'suis pas muette, rétorqua-t-elle.
- Alors pourquoi tu parles pas ? T'es timide ?
- J'suis pas timide.

Elle se sentait presque idiote, à répondre ainsi, telle une adolescente.

- Tu sais te servir de cette hache ?
- J'ai défoncé des portes avec.
- Et des crânes ?

La question souffla toute répartie qu'elle pourrait avoir. Elle se renfrogna et secoua la tête.

- Non. Je ne veux pas les tuer, ils sont simplement malade.
- Malade ? Qui te l'a dit ? Demanda le bûcheron en haussant un sourcil.
- Ils ne sont de toute évidence pas morts, donc c'est qu'ils sont malade.

Il sembla perdu dans ses pensées en l'espace d'un instant mais se ressaisit rapidement.

- Malade ou non, ces choses veulent nous tuer, elles.
- Ces gens n'ont plus conscience des choses, mais elles sont aussi vivantes que je ne le suis, que vous ne l'êtes. Je les ai observés...
- Ah vraiment ? Tu prends le temps d'observer ces choses mais pas de les tuer ?
- Je ne suis pas capable de le faire.

Il soupira.

- Il n'est plus question d'être capable de faire telle ou telle chose, il est question de survivre, lança-t-il.
- J'en ai bien conscience...
- Alors tue ces choses.
- Ces gens, corrigea Sharone. Pourquoi m'avoir sauvé ?
- Parce que ça aurait été stupide de te laisser mourir. Plus on est nombreux à se battre, plus vite on aura leur peaux.
- Vous pensez qu'on peut tous les tuer ?
- Tous, non, mais suffisamment pour reprendre une vie à peu près descente, oui.

Une plainte douloureuse leur parvint aux oreilles. Le bûcheron fit un signe de tête à la brune qui le suivit sans pour autant tirer sa hache vers elle.

- Vous me connaissez ?
- Non.
- Alors pourquoi n'êtes-vous pas simplement parti après avoir tué cet homme plutôt que de me tirer avec vous ?
- Je ne te force pas à me suivre. Je t'y ai invité, nuance. Et...

Il sembla hésiter à aller au bout de ses idées mais continua malgré tout.

- Je ne m'attendais pas à voir une gamine vivante dans tout ce charnier.
- J'ai presque vingt-cinq ans.
- Mille excuses, loin de moi l'intention de te vexer.

Sharone se renfrogna et accéléra le pas pour arriver à son niveau.

- C'est la première fois que je te vois dans le coin.
- C'est la première fois que je viens dans ce coin. Je fais le tour de la ville pour récupérer de quoi vivre le plus longtemps possible.
- Tu fais bien. Tu es en ville ?
- Non. J'évite d'y rester trop longtemps.
- C'est quoi ton nom ?
- Sharone... Et vous ?
- Maximilien.

Le silence retomba et Sharone suivit docilement le bûcheron jusqu'à une maisonnette dans un quartier en bordure de ville. Il laissa la porte ouverte après qu'il soit entré et Sharone hésita un long moment avant de le suivre.

- Vous n'avez pas peur de m'accueillir chez vous ?
- Si t'ose même pas tuer ces monstres c'est pas moi qui prend le plus de risque à être seul avec toi.

À cette remarque, elle serra sa hache contre sa poitrine et blêmit.

- Tu ne risque rien, je ne te ferais pas de mal, l'a-t-il rassuré.

Et étonnement, elle le cru. Alors elle s'avança dans la maison et observa son environnement. Des traces brunes étaient incrustées dans les tapisseries mais l'endroit était étonnement très propre. Maximilien l'invita à s'asseoir à table pendant qu'il faisait chauffer le contenu d'une boîte de conserve dans une casserole.
Malgré son apparence bourrue et sa voix grave et froide, il était très doux. Ses yeux brillaient d'une lueur que Sharone n'avait jamais vu chez le peu de survivants qu'elle avait "côtoyé" -si l'ont pouvait appeler ça côtoyer-, cela la rassura.

- Tu peux me tutoyer, je pense que la politesse n'a plus sa place dans ce monde.
- Je ne suis pas d'accord, ça permet de montrer qu'on se respect entre survivants.

Il lui lança un regard curieux et laissa un rictus amusé étirer ses lèvres.

- Tu y crois toi, même en entendant tous ces humains qui se battent entre eux ?
- Ils ont peur, c'est normal...

Il ricana.

- On ne peut pas faire plus à l'opposé de ce que moi je pense. Tu disais que tu as observé ces... gens, donc quel sont leur comportement ?
- Bah... Déjà, ils ne ressentent pas la fatigue autant que nous...
- Sans blague.
- Et ils peuvent être tué comme on tuerait un humain parfaitement sain.
- Grande nouvelle, c'est pas quelqu'un qui n'a jamais tué de monstre qui va me l'apprendre.
- Je... J'en ai tué un. Et si c'est pour me reprendre sur tout ce que je dis, il vaut mieux que je me taise.
- Non je t'en pris, continue.
- Ils... Ils nous voient. Mal, mais ils nous voient. Ils entendent aussi, mais leur capacité mobiles ne sont pas modifiées par rapport a leur ancienne vie, à part pour la course.
- Pourquoi as-tu fais toutes ces recherches ?
- Je suis pas une survivante, je peux mourir à tout moment dans ce monde, je ne tiendrais sans doute pas plus d'un mois. Alors autant être utile et aider ceux qui sont capable de survivre en en découvrant un maximum sur ce que les rôdeurs sont.

Il prit le temps de réfléchir avant de reprendre la parole.

- Tu as déjà vu des gens se faire infecter ?
- Non.
- Alors info supplémentaire : ils ne se transforment pas tous aussi rapidement. J'en ai vu se transformer en une heure comme j'ai continué à avancer avec des mordus pendant presque six heures.
- Six heures ?! Comment ça se fait ?! Il a pas subit de changement physique ?
- Il pâlissait à vue d'œil et ses vaines apparaissaient au fur et à mesure, mais le plus impressionnant était son comportement. Il est passé de doux comme un agneaux à violent et dangereux.

Il lui fallut du temps pour encaisser cette information. Sharone n'aurait jamais imaginé que c'était aussi long, elle pensait qu'en quelques minutes c'était fini pour le contaminé.

- Du coup, il y a moyen d'endiguer la propagation ?!
- Peut-être, qui sait. Tu n'as qu'à essayer.

Le silence retomba alors le bûcheron se leva et alluma la télé. La chaîne d'information diffusait en boucle les mêmes images, la présentatrice tremblait et cherchait ses mots, tentant de rester calme pour rassurer les spectateurs.

- Nous sommes le lundi vingt avril, il est onze heure et demi. Cela fait une semaine que la pandémie s'est répandue. Prenez garde à ne pas sortir de chez vous, barricadez vous, et économisez vos réserves. Les autorités nous annoncent que plus aucun pays n'est saint. Les autorités nous affirment qu'ils mettent en place des camps de survivants dans chaque casernes militaires, si vous y parvenez, rejoignez les au plus vite.

Les informations défiles devant les yeux médusés de Sharone.

- Ah ! S'exclama la présentatrice. Nous avons intercepté un message de nôtre Président dédié à tous les français...

Et à l'écran apparut le Président, qui, habituellement était toujours très présentable, aujourd'hui était d'une pâleur morbide, ses veine apparaissant sur sa peau. Il suait à grosse goûte et son visage trahissait une douleur insoutenable. Ses yeux brillaient comme s'il allait pleurer. Seul son costume était propre, il avait sans doute pris le temps de se changer avant d'apparaître devant son peuple. Pourtant, une tâche brune grandissait à vue d'œil sous son veston. C'est avec un regard désespéré qu'il prit la parole, serrant l'arme qu'il tenait dans sa main.

- Français, françaises... Je suis navré de vous annoncer qu'après avoir survécu une semaine, me voilà à mon tour contaminé. Cela fait à peu près quatre heures que je suis infecté, mais je sens que je ne vais pas parvenir à rester lucide plus longtemps. Alors, je profite de mes derniers instants pour vous adresser un message.

Il prit le temps de souffler un moment avant de reprendre la parole.

- J'ignore combien, à l'heure actuelle, vous êtes à vous battre pour votre survie, mais je sais que vous ne vous laisserez pas abattre aussi facilement que moi. J'ai commis moult erreurs durant mon mandat, et n'ai pas su vous protéger de la catastrophe. Aujourd'hui, quand bien même c'est impardonnable, je m'en excuse et implore votre pardon. Jusqu'à mon dernier souffle, je ne cesserais de prier pour vous et ne cesserais d'espérer qu'un jour, une nouvelle air de paix verra le jour grâce à vous.

Une convulsion le prit et il se claqua la tête contre son bureau en tremblant. Cela dura deux minutes, puis il se releva, encore plus pâle, les yeux blanchâtres. Il pointa avec difficulté l'arme qu'il tenait vers sa tempe et lança un dernier sourire à la caméra, les yeux emplis de larme.

- Survivez.

Et l'enregistrement se coupa.

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Début un peu lent, je vous l'accorde, ce sera plus ou moins lent durant quelques chapitres, mais je ferais rapidement bouger les choses.
J'essaie d'abord d'installer le décors (oui je suis longue à le faire) en essayant de modeler au mieux mon monde, pour que vous puissiez bien vous situer.
À dans un mois !

[01/12/2019]

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