Chapitre 12

Le jour était à peine entamé lorsque le petit groupe arriva dans les décombres de ce qui était, il y a quelques mois, un camp de survivant.
Plus aucune personne consciente ne vivait là depuisbien longtemps, et sans doute ce site avait-il été pillé descentaines de fois, toujours est-il que les trois survivants prirent leur courage à deux mains pour s'y aventurer et affronter toutes les horreurs qui vivaient là depuis que le camp était tombé.

-Ça donne froid dans le dos, souffla Nathan en observant les cadavres qui gisaient sur le sol.

Sharone se pencha sur le cadavre en décomposition d'un militaire qui tenait encore son arme autour du cou. Retenant un relant de dégoût, elle lui fit les poches, espérant trouver quelque chose d'intéressant, puis lui prit son arme pour l'accrocher à sa ceinture.

-Prenez en une aussi si vous pouvez. On trouvera plus facilement des munitions ici.

Alors qu'ils s'enfonçaient dans le camps, un craquement se fit entendre à côté d'eux. Sharone tourna alors brusquement le canon de son arme vers le bruit et se figea en voyant qui était face à elle.
Un petit garçon en pyjama, observant de son regard vide le groupe de survivant, immobile au milieu des bâtiments.
Le grognements qui s'échappa des lèvres de l'enfant fit tressaillir Sharone qui baissa son arme et fit signe à ses camarades de continuer.

-Pourquoi il y a encore des infectés ici ? chuchota Mika.

Sharone ignora sa question et Nathan posa sa main sur l'épaule de sa sœur, lui intimant de ne pas insister.
Sharone les invita à monter sur une échelle menant à un toit où ils seraient en sécurité.
Observant les alentours, constatant que les infectés n'étaient absolument pas tous morts malgrés les mois qui s'étaient écoulés, elle grogna.

-Vous deux, vous allez fouiller les bâtiments est, j'irais dans ceux à l'ouest. Vous ne mettez surtout pas un pied dans le bunker douze, c'est bien compris ? On se retrouve à la voiture à 17h. Vous avez bien vos magazines ?

Les adolescent hochèrent la tête en montrant leurs avants-bras enroulés dans les livres et aussitôt descendirent de leur perchoir afin de se rendre dans les bâtiments à fouiller.

- Fais attention à toi, demanda Nathan.
- Vous aussi.

La journée était claire, ils n'avaient pas besoin d'utiliser la lampe de leur téléphone.
Mika et Nathan fouillaient chaque coin le plus silencieusement possible, craignant de tomber sur un infecté. Quant à Sharone, elle s'attelait elle aussi à la tâche, fouillant minutieusement chaque tiroir et armoire qu'elle croisait.

Elle descendait les infectés sans même réfléchir, « ici, plus rien ne vivait », disait-elle.
Sans doute essayait-elle de s'en convaincre afin de calmer les battements de son cœur et les visions de la chute du camp.

En arrivant face au bunker douze, un frisson désagréable l'envahit lorsqu'elle vit la petite porte ouverte. Il faisait si sombre, à l'intérieur, elle pouvait entendre les pleurs des infectés qui rôdaient encore dedans.
En frottant ses bras pour faire disparaître ces frissons, elle passa sans plus s'attarder et ne se retourna pas sur ce bâtiment.

Elle entra dans la cafétéria où jonchaient quelques cadavres inanimés et une odeur pestilentielle lui prit les narines.
Les plateaux avaient été laissés à l'abandon sur les tables, certains renversés au sol, la nourriture qu'ils avaient mangés ce jour là étaient encore dans les assiettes et derrière le comptoir des cuisiniers, tout avait moisi, ça mélangé à l'odeur des cadavres, Sharone du retenir un relant gastrique.
La réserve était encore pleine de boîtes de conserves, elle en prit autant que son sac pouvait le contenir et envoya un message à ses camarades pour leur dire de faire la même chose. Lorsqu'ils arrivèrent dans la cuisine, Sharone fouillait toujours sans rien trouver de plus intéressant. Eux aussi avaient fait chou blanc.

Ils ne restèrent pas longtemps à discuter, ils avaient encore beaucoup à visiter, la caserne était grande.

Sharone se dirigea alors vers les bureaux. S'il y avait bien un endroit où elle pouvait trouver des information, c'était bien là-bas.
Si on oubliait la poussière qui s'était amassé au sol, se soulevant à chaque pas que la jeune femme faisait, le couloir était étonnement propre. Aucun cadavre, aucune odeur nauséabonde, rien du tout. Ce fut une bien agréable surprise pour Sharone, qui n'était plus habituée à voir des murs propres.

Elle n'en fut que d'autant plus inquiète lorsqu'elle vit, un peu plus loin, une fenêtre brisée et des traces de pas dans la poussière qui se dirigeaient elles aussi vers les bureaux.
Resserant sa poigne autour de sa hache, elle avança le plus doucement possible en suivant bien les pas.
Ceux-ci étaient bien réguliers, prouvant qu'elle n'avait pas affaire à un rôdeur, ce qui ne la rassura pas le moins du monde.

Un bruit d'effondrement retentit dans une pièce au fond du couloir, vers laquelle les pas se dirigeaient. En arrivant face à elle, une ombre passa devant le pas de la porte et une voix d'homme retentit.

-C'est pas possible, ça devait être là !!

Cette voix glaça le sang de Sharone. En regardant par la fenêtre, ses sourcils se froncèrent.

- Oh c'est pas vrai... a-t-elle juré.

Ne souhaitant prendre le risque de croiser le chemin du survivant, elle rebroussa chemin en marchant dans ses propres pas avant de s'enfoncer dans une pièce un peu plus loin.
La pièce était un modeste bureau de taille moyenne, avec plusieurs armoires et un bureau au centre. Sur celui-ci, un cadre était posé, avec une photographie d'un homme en treillis entouré de deux personnes plus âgées, ils semblaient ravis, leur sourire étaient contagieux puisque Sharone se surprit à sourire à son tour.
Reposant le cadre à sa place, elle entreprit de fouiller les différentes armoires et tiroirs quand tout à coup, une porte claqua.

Sharone se tourna précipitamment vers la porte du bureau derrière laquelle une ombre se promenait avant de se figer face à elle. La fenêtre brouillée lui permettait de voir la silhouette de celui qu'elle redoutait de voir, alors, avant qu'il ne la trouve, elle s'enfonça dans une armoire. La porte s'ouvrit en même temps que l'armoire se fermait, et totalement dans le noir, Sharone posa une main sur son cœur pour calmer ses battements.

Putain de merde ! a-t-elle pensé.

L'homme s'avançait dans la salle, un ricanement lui parvenant aux oreilles.

-Peut-être ici...

D'un coup, Sharone eut envie de se gifler.

Ma hache !

L'arme était posée, là, contre le bureau, jurant complétement avec l'ambiance trop propre de la pièce. C'était sûr, il allait deviner qu'elle était là.
Et cela ne tarda pas. Son ricanement retentit à travers les portes de l'armoire et elle l'entendit tourner dans la pièce à pas lent.

-Sors de là, je sais que tu te cache ici, a-t-il alors lancé.

Sans même s'en rendre compte, Sharone retint sa respiration et sortit son téléphone d'une main tremblante pour envoyer un avertissement à ses camarades.

Cassez vous immédiatement, avait-elle écrit en conclusion.

-Sors de là ! hurla subitement l'homme en fracassant ce qu'elle supposait être le bureau à l'aide de ce qu'elle supposait être sa hache. Ne m'oblige pas à venir te chercher, je te préviens.

Respirant profondément, elle poussa la porte de sa cachette et se glissa hors de celle-ci sous le sourire carnassier de son adversaire.
L'homme face à elle était un colosse. Il devait mesurer plus de deux mètres pour sans aucun doute plus d'une centaine de kilos de muscles. Son crâne était rasé et il avait une ceinture de policier autour de la taille à laquelle était accroché une matraque télescopique, et dans sa main, un pistolet.
Son regard tourna vers le bureau, dans lequel gisait à présent sa hache.

-Une femme, c'est encore mieux que ce que je cherche ! a-t-il lancé en tendant une main vers elle.
-N'approche pas ! a-t-elle ordonné en reculant d'un pas, attrapant l'arme dérobée à un militaire plus tôt dans la journée.

Le regard de l'homme s'assombrit et il avala la distance entre elle et lui en seulement deux pas et il la saisit de ses grosses mains.

-Tu vas te taire et faire ce que je dis ok ?! T'es pas en position de te défendre, petite !

Sharone du se faire violence pour ne pas laisser ses jambes se dérober sous son poids et ce dernier attrapa une corde qu'il avait caché dans sa poche pour lui attacher les poignets.

-Tu connais le coin ? Tu vas m'aider, ma jolie. Tu vas m'être très utile.

Cet homme la dégoûtait, mais elle ne pouvait rien faire. Avant même qu'elle ne puisse avoir la folle idée de lui tenir tête, ce dernier posa le pistolet contre sa nuque en se tenant dos à elle.

-Je m'appelle Ted, et toi et moi on va devenir bons amis je le sens.

Ainsi, il l'invita à avancer hors du bureau. Il la guida hors du bâtiment dans un silence de plomb, et le cœur de Sharone s'emballa de plus belle lorsqu'elle aperçu ses deux camarades l'observer depuis l'arrière d'un bâtiment. Ils voulaient venir l'aider, elle en était certaine. Prenant entre ses mains tout le courage qu'elle possédait, elle s'arrêta au milieu de l'allée.

-Pourquoi tu t'arrête ?
-On ne t'a jamais appris que c'était mal de pointer une arme chargée sur des inconnus ? a-t-elle rétorqué bien fort.
-Tu vas fermer ta gueule ? grogna l'homme en la poussant pour qu'elle avance. Tu vas ramener tous les infectés !
-T'es toi-même infecté, t'as été mordu à la cheville ! Tu crois tenir encore combien de temps comme ça ? Une heure ? Deux ? Dix minutes, vu ta gueule !

Tant pis pour la subtilité, il fallait qu'elle les empêche de faire quoique ce soit de stupide.
Derrière leur bâtiments, les adolescents s'agitaient. Le message était clair, Sharone ne voulait pas de leur aide, mais ils ne pouvaient se résoudre à la laisser là.

-Qu'est-ce qu'on fait ? demanda Mika à son frère qui n'avait ouvert la bouche depuis que leur camarade était sortie du bâtiment.

Quand elle parlait de colosse, elle n'avait pas menti. Deux Mika l'une sur l'autre seraient encore ridiculement petites face à cet homme.

-T'es un grand malade, j'aurais mieux fait de me casser quand je t'ai vu ! a dit Sharone, en criant cette fois.

Quelques infectés s'approchèrent des deux adultes, et si Mika attrapait déjà son fusil pour tirer sur l'homme qui retenait son amie en otage, Nathan posa sa main sur son épaule.

-Sharone est trop près, tu risque de la toucher, si tu parviens à les atteindre à cette distance.
-Faut se rapprocher ! Insista alors la jeune fille.

Mais d'autres infectés s'étaient amassés non loin d'eux, entourant leur cible.

-On n'y arrivera pas, on se fera repérer, soit par les infectés, soit par ce type.
-Alors on fait quoi ?

Nathan mit du temps à répondre. Bien trop au goût de Mika qui serra la mâchoire.

-Sharone prend d'énormes risques là, à nous dire de dégager, et si on intervient, elle est morte. Il est infecté, il est capable de tout.
-On rentre ? demanda-t-elle d'une petite voix.
-On a pas d'autres choix... Sharone se débrouillera, j'en suis sûre.

Alors, aussi rapidement et discrètement que possible, ils rejoignirent la twingo, sous le regard soulagé de Sharone qui se calma enfin.

Le chemin de retour se fit dans un silence de mort, pour les deux ados.

- Si on ne s'était pas séparés... soupira Nathan.

Les mains de Mika se resserrèrent autour du volant pendant qu'elle serra la mâchoire pour ne pas laisser couler ses larmes, parce qu'elle ne pleurerait pas avant d'être certaine que Sharone ne reviendra pas.

Parce qu'elle reviendra. Mika croyait en elle.

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Après avoir posté ce chapitre là, il m'en reste encore deux en réserve et un autre presque terminé. L'inspiration me serait-elle revenue ?
J'ai fini ce chapitre depuis début novembre, si vous saviez comme c'était dur de pas les poster. Je me retiens de poster les deux suivants parce qu'ils sont trop bien aussi.

[1er décembre 2020]

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