Inej

          Kaz est un imbécile, un imbécile doublé d'un sarcasme insupportable.

Elle ne lui avait pas adressé la parole. Elle le refusait catégoriquement depuis qu'ils avaient abandonnés un traître et deux de ses complices se vidant de leurs sang dans la rue. Kaz lui avait révélé un complot concernant les dregs, lui soupçonnait de lui cacher des informations, c'était vrai, mais au lieu de lui répondre, elle était passé devant lui sans rien dire et ils avaient fini par se retrouver marchant seuls dans la rue. Inej en voulait à Kaz d'avoir dissimuler ses soupçon, sur un complot qu'à eux deux, ils auraient déjà déjoué depuis longtemps. Pourtant, Quelque chose disait à Inej que ce n'était pas une simple trahison ou une mutinerie, mais beaucoup plus grave. Elle avait la sensation désagréable que quelque chose allait se briser en elle, qu'elle ne tiendrai peut-être pas jusqu'au bout.

 Depuis qu'ils avaient repris leur route, le soleil se levait déjà au loin. Ils avaient marchés toute la nuit, pourtant Inej ne ressentait pas la moindre trace de fatigue. Ils se fuyaient du regard et malgré le fait qu'ils marchent côte à côte, ils tournaient la tête chacun vers une direction opposée. Kaz semblait lui en vouloir de ne pas lui avoir répondu, et aussi peut-être de lui avoir caché quelque chose. Et même si c'était le cas, elle ignorait si elle pourrait le lui dire, même si elle en mourait d'envie.

L'étonnement d'Inej fut à son comble quand Kaz prit la parole en premier

- Inej, commença-t-il à mi-voix, les yeux rivés au sol, hier soir, tu t'es mise à pleurer, j'ai d'abord cru que c'était du aux disparus mais apparemment non. Qu'est ce qui se passe ?

Devait-elle vraiment lui répondre ?

- Oui, affirma finalement celle-ci, sentant déjà son estomac se nouer, son cœur s'accélérer.Tout à l'heure, j'ai aperçu une Shu. Heleen la tirait vers la ménagerie. Alors je me suis rapprochée et j'ai entendu des cris provenant du bureau. Il y a eu un bruit sourd, comme un cognement et puis...... Plus rien.

Sa voix se brisa. Kaz serra Inej contre lui. Peut-être un peu trop fort, mais elle ne le fit pas remarquer. Elle avait conscience que Kaz essayait de l'apaiser. Sans trop le montrer. La jeune fille fut attendrie par ce geste, mais les souvenirs ne cessaient de hanter son esprit. Combien de filles innocentes Hellen avait-elle humilié ? Combien ont plié sous ses coups acharnés ? Combien de morts le Paon avait-il causé ? Combien de jeunes filles ont perdus leurs intimités, leurs innocences, leurs vie ? Beaucoup trop, c'est la seule réponse qui vint à Inej. Heleen devait payer, mais une simple mort ne suffisait pas à ses yeux ; il lui fallait plus.

- Ce n'est pas tout n'est-ce pas ? Interrogea Kaz, la tirant de sa « rêverie ». Tu ne m'as pas tout dis.

En effet, mais devait-elle vraiment lui dire ?

La jeune fille expira. Ses mains tremblaient et la peur s'empara d'elle, sa respiration s'accéléra et elle saisit un objet dans sa poche ; une boite en métal, ornée, ou plutôt tachée de la plume de paon de la ménagerie. Kaz parut déconcerté par l'objet, il le saisit et le secoua, un bruit retentit.

- Lorsque le bruit a cessé, expliqua Inej d'une voix tremblante, Heleen a ouvert la porte de la ménagerie et m'a regardé en souriant, avant de murmurer « Bonjour petite Lynx, j'ai quelque chose pour toi. Fais en bon usage ! » Et elle m'a donné cette boite.

- Tu l'as ouverte ? demanda-t-il, intrigué.

- Non, pas encore, mais regarde les bords.

En effet, des traces rouge cuivrées bordait les rebords de la boite, qu'est-ce donc? la réponse résonnait dans la tête d'Inej, mais elle se refusait de l'admettre. Kaz sembla avoir la même réfection qu'elle ; il fronça les sourcils et ouvrit la boite. Evidemment, avec une seule main, il n'y parvint pas. Inej, malgré sa frayeur, décida de l'aider et après plusieurs essais, elle réussit enfin à l'ouvrir. Mais l'heure n'était pas aux réjouissances. Lorsque la jeune fille vit ce que contenait la boite, elle sentit sa gorge se nouer.

La peur est une rivière, on n'échappe pas aux rapides. 

Ni aux cascades.

 Kaz avait dû sentir qu'elle ne tiendrait pas, il rattrapa la boite, juste à temps avant qu'Inej ne manque de s'évanouir, heureusement, elle se remit vite. Lui-même avait blêmi à la vue du contenu de la boite.

Un cœur. Un cœur humain dégoulinant de sang. Poisseux et suintant, on pouvait presque le voir battre. Le liquide carmin giclait à chaque pressions de a main. Inej bloqua la main de Kaz pour qu'il cesse d'appuyer. Un léger sourir se dessinait sur ses lèvres. Comment pouvait-il supporter cette vue, et même en rire ? 

Psychopathe...

 Elle ne pouvait détacher ses yeux du cœur. Sans doute avait-il appartenu à la Shu. Inej se demandait ce qui l'horrifiait le plus, le fait qu'Heleen n'ai aucuns scrupules à tuer les jeunes filles innocentes ou le fait que si la Shu avait subi un tel sort, s'était peut-être de la faute d'Inej.

Non, pas « peut-être », c'est à cause de moi, c'est ma faute...

De chaudes larmes accompagnées de sueur perlaient sur son visage. Le barrage céda, elle ne retenait plus ses sanglots.

- C'est ma faute, articula-t-elle, la voie brisée par des sanglots, elle m'a vue, si je n'avais pas été là, si elle n'avait pas voulu me faire peur ; elle n'aurait jamais fait ça......

- Elle t'as vu ? Répéta Kaz, sidéré. Comment a-t-elle fait ?

- Je l'ignore, mais si j'avais été plus discrète.......

- Inej, ce n'est pas ta faute. Heleen fait subir des tas de choses atroces aux filles de la ménagerie, tu n'y es pour rien.

A ses mots, il murmura des paroles incompréhensible, et après avoir fermé la boite, il la lança violemment le plus loin possible. Inej peinait à respirer, étouffée par la culpabilité et les sanglots.

C'est ma faute.

Ma faute...

Kaz l'enlaça par l'épaule et la serra contre lui afin qu'elle se sente mieux. Inej fut surprise par la réaction du jeune homme, mais elle posa sa tête contre son épaule et ferma les yeux. L'étreinte de Kaz, aussi froide soit elle, l'aidait à retrouver son courage, elle inspirait de la chaleur. Inej avait beau être le Spectre, avoir tué, volé, son pire cauchemar demeurait la Ménagerie. Et seul Kaz et ses amis parvenaient à l'adoucir. Parfois, alors quelle naviguait, loin du Barrel, des images du Paons hantaient son esprit, les monstres du passé cachés sous sons lit sortaient et se plaisaient à la terrifier. Sans personne pour la consoler, elle devait se débrouiller seule. Souvent, elle sortait à l'air libre et observait les étoiles ou l'océan. Repensant à Kaz, aux aventures qu'elle avait vécues, se demandant ce que ses amis faisaient. Elle imaginait Jesper astiquer ses pistolets, Nina chiper des gaufres pour les manger en secret, Wylan dormir tel un loir ou dessiner. Quant à Kaz, elle aimait penser qu'elle lui manquait, que lui aussi, dans ses moments de solitude, il repensait à elle. Mais en avait-t-il seulement ? Elle l'ignorait. Inej l'imaginait aussi bien s'infiltrer chez un mercurien ou un rival pour le voler ou le tuer, se qui assombrissait le tableau. 

Elle apercevait parfois les lumières de Ketterdam, ou de NovoKribirsk. Elle ne pouvait pas cacher que la Barrel lui manquait. Malgré la Ménagerire, malgré le danger, malgré le nombre de fois fois où les portes de la mort s'était ouverte à elle ; elle se surprenait à se sentir mélancolique. Inej revint progressivement à la réalité, ses larmes ne coulaient plus, une sensation de bien-être s'installa en elle. Et sans même s'en rendre compte, elle rapprocha ses lèvres de celle de Kaz, qui prit un air paniqué et se sépara de l'étreinte d'Inej, empêchant leurs lèvres de se toucher. Elle se rendit enfin compte de se qu'elle s'apprêtait à faire, d'un certains coté, elle en avait envie, mais d'un autre, elle était heureuse que Kaz l'en ai empêché.

L'heure n'est pas à l'amour. 

Ils reprirent leur route non sans gêne ; Kaz avait retrouvé son air froid de leader mais il évitait de croiser le regard d'Inej sous peine de rougir. La jeune fille, elle, faisait mine d'examiner ses couteaux et se retenait de rire.

- Inej.....commença Kaz après un long silence.

- Oui ? demanda-t-elle, envieuse.

Pas de réponse, il fixait le sol, le visage de marbre.

- Elle le paiera, dit-il finalement, elle le paiera cher je te le promets.

Inej savait qu'il ne voulait pas dire ça, qu'il avait modifié ses paroles, mais elle ne pouvait pas le prouvé. 

Elle s'apprêtait à répondre lorsqu'elle la vit.Elle. 

De l'effroi s'empara d'elle. Milles questions, se posèrent dans son esprit : des questions auxquelles elle ne pouvait pas répondre.

  Comment était-ce possible ?

Elle et Kaz la croyaient morte, et la voilà à les observé au coin de la rue, vêtue d'un habit rouge aux motifs écailles, le regard doré, fuyant, apeuré.

La fille de la Ménagerie.

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