Épilogue

PDV Sunha

Que s'est-il passé ? Était-ce... un rêve ? Mais... c'était quoi ce rêve déjà ? C'était un rêve marquant, que je ne devrais pas oublier... J'essaie de me remémorer, mais je n'y arrive pas. En fait, je ne sais pas ce qui m'arrive... J'ai un trou de mémoire.

Je suis à l'hôpital, et je le comprends assez vite de moi même, parce que j'étais dans le même hôpital que celui de ma grande sœur. Je suis dans une chambre individuelle et il n'y a personne d'autre dans cette salle.
Et... pourquoi suis-je ici ?

Je regarde mon corps : mon bras gauche n'était plus présent... il était absent... Il n'existait plus. Je l'avais perdu. Pour toujours. J'ai très envie de me réveiller et que tout soit un rêve mais non. Ceci est la pure réalité.

Cela m'a surpris, choqué, mais rien de plus. Je n'avais plus de bras gauche... Je vérifie que mes autres membres sont en bon état. Oui, j'arrive quand même à les bouger un peu, ils ne sont pas morts. Ouf. C'est juste mon bras gauche.

Je suis gauchère. Je vais devoir apprendre à écrire de la main droite maintenant.

Je ne sais pas ce que je ressens. Je ne me comprends pas. J'ai envie de pleurer, mais je ne pleure pas. C'est étrange... Je suis bizarre. Je me sens bizarre.

Je reste dans cette pièce vide durant plusieurs minutes. J'essaie de me rappeler de mon rêve. Assise sur le lit après pas mal d'efforts, le dos contre le mur, j'essaie de reconstituer ce rêve mais je n'y arrive pas.

J'ai mal. Mal au sens physique et mental.

Une infirmière rentre dans la chambre. Dès qu'elle me voit éveillée, elle sursaute et accoure vers moi.

Infirmière : Sunha ! Vous êtes vraiment réveillée ? Vous êtes vraiment réveillée ??
Sunha : Euh oui... Oui, je suis bien Sunha et je suis bien réveillée...

Ah, ma voix est bizarre. Je me racle un peu la gorge.

Infirmière : Ô mon Dieu ! Ô mon Dieu ! La survivante s'est réveillée !! J'appelle un médecin tout de suite, attendez un petit instant...

Je l'attrape par la manche de sa blouse blanche avec ma main droite.

Sunha : Vous pouvez m'expliquer les détails ? Genre comment je suis arrivée là...
Infirmière : Oh, bien sûr que oui ! Vous étiez dans un avion et malheureusement, il y a eu un accident... Vous avez surmonté l'impossible ! Quel miracle ! Être vivante après une telle chute...
Sunha : Continuez.
Infirmière : Ah oui, et cela fait trois ans. Trois ans que vous étiez couchée sur ce lit, inconsciente. J'ai passé trois années entières à m'occuper de vous.
Sunha : Avez-vous des nouvelles de ma sœur ?
Infirmière : Oui, votre sœur ! Je l'ai déjà vu. Et non, elle ne s'est pas encore réveillée...
Sunha : Ah...
Infirmière, pour changer de sujet : Et vous n'êtes pas la seule survivante ! Il y a un autre qui s'appelle Alexandre. Il est encore inconscient mais il va bien !
Sunha : Ah...
Infirmière : Bon, pour vous dire la vérité il y a de forte chance que s'il se réveille, il soit mal-voyant...
Sunha : Aveugle ?
Infirmière : Oui.

Un ange passe.

Sunha : C'est mieux que de mourir.
Infirmière : Oui.

Un deuxième ange passe.

Sunha : Et les problèmes d'argent ? Le coût de l'hôpital remonte à combien à peu près ?
Infirmière : Ne vous inquiétez pas pour cela. Les adultes ont pris en charge cette affaire. Pour vous et votre sœur aussi.
Sunha : Parce que j'étais pathétique ?
Infirmière : Il y a un peu de ça...
Sunha : Plus précisément ? Qui sont ces "adultes" ?
Infirmière : Ce sont les parents de vos amis qui étaient à bord de l'avion. Ils ont appris la nouvelle, et se sont rassemblés pour payer l'hôpital tous ensemble. Pour vous, et votre sœur car vous n'avez pas d'autre famille.

Et un troisième ange passe.

Sunha : Vous savez où se trouve mon téléphone ?
Infirmière, se levant, prête à partir : Je vous l'apporte tout de suite ! Et si vous avez besoin de quelque chose (montrant un bouton près du lit) vous n'avez qu'à appuyer sur ce bouton ! Une infirmière viendra. D'accord ?
Sunha : Attendez ! Je ne vous ai pas demandé votre prénom !
Infirmière, déjà devant la porte : Christange ! Je m'appelle Christange !

Elle part aussi vite qu'une flèche.

Pendant ce temps je remarque une horloge indiquant huit heures et demie. Je me demande si c'est huit heures du soir ou bien huit heure du matin.

Je vois une fenêtre à ma gauche. Je me lève avec beaucoup d'effort, pied nu, pour me diriger vers cette fenêtre.

C'est le crépuscule. La lumière est dorée.

J'ouvre la fenêtre d'une seule main : il fait assez frais. Pile la température que j'aime, l'odeur que j'aime, la vue que j'aime.

Je pourrais rester des heures à passer devant cette fenêtre grande ouverte pour observer ce qui se passe à l'extérieur. Je ne m'ennuirai pas. Je dirais même que c'est apaisant.

Ha.

Je suis vivante.

20 : 48 : 01
PDV Sunha

C'était le soir : le soleil s'est couché. Un médecin est venu me voir et m'a dit qu'ils contacteront les grandes personnes à propos de mon réveil. Christange m'a apporté mon téléphone et un chargeur qu'elle a branché. En effet, il n'y avait plus de batterie.

Je me sens mal à l'aise avec une seule main... Je vais devoir m'y habituer...

J'allume mon téléphone, de la main droite. Dès qu'il s'est allumé, mille notifications sont apparus en un clin d'oeil ! Je n'en ai jamais eu autant.
Je les vérifierai plus tard.

Je pars dans ma "Galerie" et clique sur l'album "Amis". Et je descends tout en bas pour regarder les photos des plus vieilles au plus récentes.

Celle-là était après le brevet, j'avais eu la mention très bien avec Roua ! En fait, environ un tiers des personnes ayant reçu leur brevet des collèges avait eu la mention très bien... Donc ce n'était pas un grand exploit... Bref, pour la 2nde elle a été affectée à Lavoisier et moi je suis restée dans notre collège/lycée que personne ne connaît. C'était mon choix. Et c'était son choix.

Celle-ci a été prise lors du premier pique-nique fait tous ensemble. On était parti jusqu'au Jardin du Luxembourg ! À un moment il a plu, mais ça n'a rien gâché. On s'est vite mis à l'abris sous un arbre. C'était une pluie fine, et puisque je suis pluviophile (qui aime la pluie) cela ne m'a pas du tout dérangé. Par contre, les orages ne m'ont pas plu : j'en ai la phobie. Et il y a eu deux trois coups de tonnerre. Aimer la pluie mais détester les orages... ce n'est pas très logique. Mais ça, c'est moi, je n'y peux rien.

Cette photo été durant notre "bal de fin d'année". On avait organisé ce bal en l'honneur d'Alexandre, qui avait eu son bac mention TB. Le plus âgé, donc le premier à l'avoir reçu avec Théo. Ce dernier a eu la mention B. Il lui manquait quelques points pour avoir TB, mais il n'a pas réussi. Dommage !Nous avions tous fait un effort pour s'habiller avec chic. Je n'avais jamais assisté à un bal, et j'ai été ravie d'avoir participé à celui-là. C'était entre ami, c'était parfait. On avait même mis la macarena comme musique ! Haha, on y a tous dansé ! Même Judith qui ne danse jamais ! La Judith, notre Judith qui restait dans l'ombre, qui ne bouge jamais, qui lis dans son coin. Elle chantait de temps en temps comme par exemple pour "We are the world" etc. Et cette fois elle a dansé. En tout cas c'était épatant.

Oh ! Ces photos étaient durant le centième jour de couple entre Léo et Christine ! On les a un peu espionné, mais avec Maxime à côté on s'est directement fait cramé. Léo l'a choppé, et au final, nous sommes restés ensemble. On a aidé à terminer le gâteau. Ah bah oui. Il fallait qu'on soit utile pour quelque chose !

Et c'est là que j'ai pleuré. En me remontant les vieux souvenirs, les événements passés, ces instants de bonheur, mes amis, j'ai versé des larmes. Car tout était fini. Plus de couple, plus d'intello flippante, plus de con, plus de victime, plus de fofolle, plus personne... Tous étaient partis.

Juste moi. Seule. Sans bras gauche. Survivante... Pourquoi ? Pourquoi suis-je la seule ? Pourquoi moi j'ai survécu, pourquoi moi je vis, alors que les autres sont morts ? Pourquoi les autres m'ont-ils quittée ? Pourquoi sont-ils partis ? Pourquoi... ont-ils disparu ?

Il me restait tout de même un bras droit. Alexandre respirait.

21 : 00 : 00
PDV Sunha

Brrrrrr. Brrrrrrr. Brrrrrr.

Mon téléphone vibre. C'est un appel. Je réponds, le téléphone posé sur l'oreille droite :

Sunha : Allo ?

J'ai mal aux yeux tellement je n'ai pas cessé de pleurer tout à l'heure. Ils sont totalement secs et rouges. Rongés par la tristesse...

Frère : Allo ? C'est moi ! Le frère de Théo ! Tu es bien Sunha ? Ça va ??
Sunha : Oui, je suis réveillée. Et oui ça va... Tu as donc appris la nouvelle.
Frère : Positif !

Quand il a pronocé le mot "positif" j'ai eu l'impression de déjà-vu.

Frère : Tu m'avais raccroché au nez ! Pourquoi tu n'as pas décroché à mes appels ? Je t'ai appelé plusieurs fois... En même temps, je te comprends. C'est moi qui t'as annoncé que Théo était parti... T'aurais dû être choquée...
Sunha : De quoi tu parles ?
Frère : Bah oui, tout à l'heure. Enfin, tu m'avais appelé ce matin... Enfin, c'était plutôt hier. Il était environ minuit... Oui. Genre 23h45 je pense... Tu m'avais appelé par un numéro masqué. J'ai trouvé ça bizarre mais bon... Dans mon historique je n'ai rien trouvé sur notre conversation. Comme si tu ne m'avais jamais parlé. Comme si tu ne m'avais jamais appelé. Aucun numéro. Rien. Disparu. Tu ne t'en souviens plus ? Tu m'avais même demandé où était Théo en plus. Donc je t'ai parlé du crash de l'avion, il y a trois ans... Allo ? Allooo ? Sunha ? Tu m'entends ? Euh... tu m'écoutes ? Sunha ?

Je me suis souvenue d'un truc...

"L A S T   G A M E"

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