C'est dur. C'est tellement dur sans lui.

Désolé. T'as sûrement pas envie de m'entendre me lamenter sur mon sort. Mais faut que ça sorte, j'en peux plus de garder tout ça pour moi.

On est censés partir pour le feu d'artifice dans cinq minutes. Je me suis enfermé parce que j'arrivais pas à me retenir de pleurer. Même mon écriture est illisible tellement je tremble. C'est sans doute pas plus mal. T'auras pas à lire ce ramassis de bêtises inutiles.

Il me manque. Il me manque tellement. J'arrive toujours pas à accepter qu'il soit parti.

Je sais que je devrais être content pour lui. Il est en Amérique, avec son copain, dans une super école avec les meilleurs joueurs du pays. Je devrais être content que mon meilleur ami soit aussi heureux.

J'y arrive pas. J'y arrive pas, bordel. On a grandi ensemble, on a appris le football ensemble. On avait jamais passé une journée sans se parler. Quand on était petits, on monopolisait la ligne fixe de nos parents le week-end. Et une fois qu'on a eu nos portables, on s'envoyait des messages à longueur de journée.

Et puis, du jour au lendemain, il nous a dit qu'il partait. Mais c'est pas ça, le pire. Le pire, c'est qu'il m'a dit qu'il voulait plus de nouvelles de moi. Aucune.

J'ai cru que c'était une blague. Même si c'est pas son genre, j'ai cru qu'il plaisantait. J'ai essayé de lui envoyer un message. Un autre. Encore un. Des dizaines. Il a jamais répondu. Du jour au lendemain, j'ai cessé d'exister, pour lui. Peut-être que maintenant qu'il a Munemasa, il a juste plus besoin de moi.

Tu crois sûrement que j'exagère. Et peut-être que c'est le cas. Mais j'ai vraiment l'impression que mon monde s'est écroulé. J'ai grandi avec lui, j'ai appris à jouer au foot avec lui. Je suis qui, sans lui ? Masaki, dis-moi, je suis qui sans Takuto ?

Ca fait trois fois qu'on frappe à la porte. Je sens que je vais me faire crier dessus, si je sors pas bientôt. J'espère que personne se rendra compte que j'ai pleuré.

Désolé de te raconter tout ça. Je te souhaite quand même une bonne année.

Ran.