La dictée du cœur est riche de ses fautes
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PROLOGUE
— C'est quoi le pitre de ton man, M'man ?
Le petit garçon essaya de grimper sur les jambes trop hautes de sa maman.
— Titre, le reprit la femme avec douceur. Et c'est un roman, Nino.
Elle assit son fils de bientôt quatre ans sur ses genoux. Il adorait ce bureau et la fenêtre juste devant. Des fois, le vent faisait voler les feuilles par terre.
— Et c'est quoi 'lors ? insista le petit bout en s'agitant.
— « La dictée du cœur est riche de ses fautes », répondit la femme en riant. C'est le titre, petit coquin.
Elle chassa les mains du bambin qui cherchaient à toucher le clavier. Le garçon aux cheveux presque blonds fronça fort son minois pâle. Il ne comprenait pas trop.
— Des erreurs ? demanda-t-il.
Sa bouille était toute froissée d'incompréhension.
— Je ne sais pas, petit homme, c'est quoi, pour toi, la différence ?
Si l'erreur c'est de rêver tout fort, la faute c'est de croire que c'est vrai
Nino était un enfant étrange, presque trop délicat. Sa peau pâle et ses cheveux blond vénitien semblaient accentuer cette douce fragilité qui se peignait sur ses traits. Il était petit pour son âge, un peu maigre aussi, et n'en paraissait que plus maladroit. Une maladresse attendrissante qui ajoutait, à l'éclat gris de son regard en amande, une touche d'innocence imméritée.
Nino Down n'était pas l'ange qu'il reflétait, même si de célestes éphélides parsemaient son épiderme laiteux. Il n'était pas non plus un démon. Plutôt un être malin, expressif et affamé de réponses. Une boule de tendresse et de curiosité maladive. Une balle rebondissante dans un univers de verre poli et de cristal.
Coquin, instinctif, intelligent, il était le fils d'un gardien et d'une romancière. Un petit génie un peu spécial au teint anémique, qui voulait tout savoir et prendre toutes les directions en même temps, tant physiquement que dans ses questions amusantes.
— Mais on est des humains, insista-t-il.
Il se planta devant son papa qui lisait le journal assis à la table de la cuisine.
C'était l'une de ses pièces préférées avec le bureau de sa maman. Les murs blancs et le plafond élevé permettaient un peu d'oublier qu'elle était petite. Il y avait beaucoup de meubles ivoire, certains encore trop hauts pour lui
Ce que Nino adorait par-dessus tout, c'était la grande fenêtre juste au-dessus de l'évier. Elle était ornée de voilages qui filtraient à peine les rayons du soleil. Des fois, ça dessinait des ombres mouvantes dans toute la pièce et il s'amusait à les piétiner sur le carrelage écru.
Léonard ébouriffa ses cheveux en souriant.
— Non, Nino, dit-il comme s'il avait répété ces mots un million de fois. Ça ne marche pas comme ça.
— Mais P'paaaa, s'agaça l'enfant de cinq ans.
Il repoussa la grande main qui l'embêtait.
— On est les humains que t'as dit, rappela-t-il en essayant d'empêcher Léo de lire.
— Oui, mais pas seulement, répondit le père avant de lui mettre un coup de journal.
— Ça, je sais, râla-t-il, boudeur.
— Que t'a dit la maîtresse, Nino ?
Son papa avait posé sa revue et le regardait de ses yeux bruns à la pupille auréolée d'orange. Ses sourcils arqués firent sourire l'enfant.
— Il y a très longtemps, quand les hommes étaient que des hommes, ils tombèrent tous malades. Pouf ! Après il y a eu... le truc génétique pour se sauver... Ils ont pris ceux des garous et... après les femmes pouvaient pu faire de bébés... Ils ont...
Nino s'arrêta. Il ne se souvenait plus des mots de maîtresse Sonia.
— Accouplés les femmes aux loups-garous, l'aida son papa.
— Ouiiii ! s'extasia-t-il en souriant. Accouplés ! Il est bizarre ce mot...
Il fronça ses petits sourcils presque blonds avant de laisser ses yeux gris s'agrandir et pétiller joliment.
— Tu trouves pas que quand on dit plein de fois le mot bizarre, il est encore plus bizarre ? Bizarre bizarre bizarre bizarre...
— Nino, le réprimanda gentiment son papa en lui faisant un clin d'œil. Concentre-toi.
— Accoupler les femmes... Ho ! se rappela-t-il. Et elles ont eu que des garçons !
Il tira l'une des chaises pour s'asseoir, le menton dépassant à peine du rebord de la table.
— Mais eux ils pouvaient faire des filles. Tu sais, ils avaient vraiment des bébés dans le ventre, Papa, comme les mamans ! Pourquoi maintenant ils en ont plus ? Tu crois que les Omégas disparaissent aussi ?
Ses yeux s'attristèrent d'un seul coup.
— Calme-toi et souviens-toi de ta première question, Nino, se moqua Léonard, amusé, en secouant la tête.
— Mais je voulais savoir pourquoi on n'était pas des vrais humains, se plaignit-il.
— Les loups-garous ne sont plus très loups-garous, et les humains plus très humains. Il existe peu de ce que certains appellent des "purs". On a tous des gènes lycanthropes et on vient de répondre à cette question. Pas une personne sur cette planète n'en a pas. Chez nous... Disons qu'ils dorment ? proposa-t-il au petit mécontent.
— Mais je voulais être un vrai humain...
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