Chapitre 46.
PDV: Ginny
Mes yeux se portent sur le portrait et je détail chaque trait de mon visage.
- Non.
Ma voix semble faible dans le silence de cette pièce extravagante. Elle raisonne faiblement entre les tableaux et les ornements.
- Soisic à les yeux verts. Ceux du portrait sont bleu comme les miens.
- Mais ! T'as les cheveux bien plus longs, s'exclame Lydia d'une petite voix aiguë.
- Ma sœur aussi. Et elle a rien a faire là dedans.
- Tes cheveux sont plus clairs.
Nat le prend la feuille de mains.
- Et il lui aurait suffi de mettre des lentilles teintées.
Elle mordille sa lèvre, perdue dans ses pensées.
C'est impossible. Soisic est en dehors de cette histoire et c'est très bien comme ça.
- C'est pas Soisic. C'est moi.
Ma voix s'élève, je commence à m'agacer contre ma volonté, qu'ils laissent ma sœur en dehors de ça.
- Ginny. C'est Soisic, Nat serre mon bras et me secoue.
- Elle a raison, Jay ajoute.
- Mais non !
- Ginny ! C'est pas toi !
- Si !
- C'est Soisic !
- Ma sœur n'a rien à voir la dedans !
- Bordel Ginny !
Ils me hurlent tous une possibilité que je ne suis pas en mesure d'accepter. Les paumes de mes mains s'abattent sur la table, faisant trembler le mobilier. Mon cœur me dis non alors je dis non. Je hurle non. Je le hurle entre les cadrent et les ornements. Entre les rideaux de velours et les tapis molletonné. Entre la cheminée et les fenêtres. Entre le malheur et le désespoir. Entre mes amis et moi. Entre mon cœur et ma raison. Entre la panique et la peur. Entre les larmes d'épuisement et le rire de la folie. Entre le mal et le bien. Entre tout et rien.
Puis je cours. Je fuis. Quoi ? Qui ? Je ne sais même pas. J'ai juste peur qu'ils aient raison. Que j'ai enrôlé ma sœur là dedans. Qu'elle n'est plus en sûreté. Je ne veux pas savoir. Je ne veux pas entendre. Je ne suis pas prête. Amy, Eddy, ma mère et maintenant Soisic ? Non. Je ne peux pas. Et puis, si elle était à l'Heldya je le saurais. J'ai pas arrêté de me blesser quand je suis arrivé, elle y a senti et j'ai su inventer mensonge sur mensonge. Je l'aurais senti si elle était là. Et elle me l'aurais dit. Non ? Si. Forcément. On est proche comme personne. Elle me l'aurais dit. Donc c'est pas possible. Et de toute façon c'est pas logique, elle a rien à faire là, surtout pour décapoter des villages, c'est clairement pas elle.
Mes pas me mènent à mon lit dans lequel je me laisse tomber automatiquement. Je respire lentement, l'impression que l'air qui entre et sort de ma cage thoracique me brûle diminue doucement. Mes muscles se détendent et mes respirations se font plus lentes. Une fois calmée je me déleste de mes vêtements et file sous la douche avant d'enfiler un t-shirt que j'ai volé à Envy. Puis. Enfin. Je me glisse sous la couette, me débattant pour placer les oreillers correctement et enlever les plis du drap du bout des orteils. Les huit kilos de ma tête se posent enfin sur mes oreillers et mes paupières se ferment.
Alors que je sombre dans le sommeil je sens le matelas se plier sous un poids à ma gauche. Poids qui s'allonge près de moi. Dans mon dos. Poids qui sent la menthe et le savon. Poids qui passe sa main sur mon avant bras.
- Tu m'en veux ? murmure Envy contre mon cou.
J'ouvre difficilement les paupières et me tortille pour me retrouver face à lui.
- Non, mais restes s'il te plaît.
Je glisse ma main sur ses abdos dénudés et pose ma tête sur son torse.
- Je ne vais nul part.
Il embrasse mon front et caresse délicatement mes cheveux, son bras droit m'entourant chaleureusement. J'écoute le doux battement de son cœur. Le boum boum de sa survie. C'est ma musique. J'écoute sa vie. Et j'ajoute la mienne à sa douce mélodie. Douce mélodie pour une vie si dur. Comment sera notre avenir. Maculé de noir ou blanc ivoire ? Peut être Morphée aura-il les réponses à les questions. De toutes évidences il sera le prochain à me voir.
* * *
J'ouvre les yeux. Un fin rayon de soleil aveuglant semble me narguer, se promenant sur mon visage, m'empêchant de distinguer quoi que ça soit. Je souris et fais un discret doigt d'honneur à la cause de mon réveil avant de m'enfouir sous la couette. Je t'ai eu cretin !
J'étends les jambes pour m'étirer, sauf que mon pieds heurt quelque chose de chaud et de pas du tout comme la couette. J'arrête ma respiration et m'enroule dans l'édredon pour me retourner. Envy est là. La bouche légèrement entre ouverte laissant une longue et lente respiration s'éclipser d'entre ses lèvres. Étendu sur le dos il me laisse une belle vue sur sa musculature saillante.
Je m'appuie sur les coudes pour jeter un coup d'œil au réveil derrière son bras. 6:30. Fichu rayon de soleil ! Je méritais bien une grasse matinée ! Je soupire discrètement et repose ma tête sur l'oreiller. Je ferme les yeux mais je sais très bien que je ne me rendormirai pas. Pffff. Perdu pour perdu autant se lever. Je me redresse et frôle son torse de mes lèvres. Laissant un léger baiser flotter dans l'air.
La cuisine est silencieuse. L'air frai me fait frissonner je ressert mes bras autour de moi et regarde par la fenêtre. La neige a intégralement fondu pour laisser place au pouces du printemps.
Ma faim me sort de mes pensées et je décide de faire des pancakes. Mon père nous fait des pancakes tous les dimanches normalement. Ces moments me manques. Avoir une vie simple. Parfois j'aimerais que tout redevienne comme avant.
La pâte à pancakes repose pour vingt minutes. J'en profite pour réfléchir à la journée. Je crois qu'Amy et Eddy étaient censé passer une heure avec nous mais vu les événements d'hier je n'en suis plus si sûre.
Oh puis zut ! J'ai trop faim !
Je récupère la pâte et découpe un morceau de beurre pour faire cuire les pancakes. C'est partie. Évidemment je me brûle les doigts au premier. J'aurais du m'y attendre, c'est pas comme si ma chance allait subitement refaire surface.
- Bonjour sexigirl.
Je souris malgré moi. Ça fais longtemps que j'ai pas entendu ce surnom. Envy se frotte les yeux et sourit.
- On reprend les vielles habitudes ?
- Toujours.
Je retourne à mes pancakes et lui vient poser ses mains sur mes hanches. Il embrasse délicatement ma carotide et je frissonne avant de tourner mon visage vers lui.
- Bien dormi ?
- Particulièrement bien.
Il murmure contre mes lèvres avant de nouer nos bouches.
- Qu'est ce que tu nous fais de bon ?
Je souris alors qu'il lorgne sur la poêle. Un pancake brûle d'ailleurs dedans et je suis obligé de courir le sortir de là.
- Pancakes. T'aimes ?
Ses bras me serrent contre lui. Pour la première fois depuis longtemps je me sens bien. Je me sens a ma place.
- Oui. Mais c'est toi que j'aime le plus.
Mes joues s'empourprent sûrement.
- Je t'aime plus encore.
- Impossible.
* * *
Nous observons le village désert. Les filles ont absolument tenu à ce que nous nous rendions au village qui a soit disant été attaqué par moi.
Des débris jonchent ça et la, recouvrant le sol noirci. Des feux finissent de brûlé, les villages alentour se sont rassemblés pour venir brûler les cadavres quelques jours plus tôt. À présent l'endroit et totalement désert, triste. Le temps semble s'y être arrêté. Du bout du pied je repousse une poutre sur notre passage. Une longue traînée de sang la marque. Peu importe qui a fait ce massacre la pitié n'était pas de mise.
Mon regard s'arrête sur un reflet métallique, incrusté dans la terre, à la place ou ce trouvait la poutre quelques minutes plus tôt, gît un bracelet. Je me penche pour le récupérer et passe mon pouce sur les carré froids. Une sorte de boue, de terre et de sang coagulé s'est inséré dans les sillons des lettres.
« Les vivants et les morts se ressemblent s'ils tremblent »
Ces mots me disent vaguement quelque chose.
- Ginny ? Tu viens ?
Je lève la tête vers Nat, elle fronce les sourcils et avance vers moi.
- Qu'est ce que c'est ?
- Un bracelet à priori.
Elle hoche la tête, pensive.
- Prends-le, on le regardera au palais.
J'acquiesce et le passe autour de mon poignet gauche avant que nous rejoignons les autres.
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