Note numéro huit.

Note numéro huit : dix-septième page, 22h02, 23 avril 2010, 13 ans.


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 Présent.

  

"Lilla dort. On a déplacé notre matelas dans le salon. Ça nous évite de monter et descendre les escaliers à chaque fois. Plus d'accessibilité. Mais, là n'est pas la question.
Je ne sais pas quoi faire. Lilla ne peut pas rester avec moi. Elle n'est ni en sécurité, ni bien. Elle serait à côté de moi, elle regarderait ce que j'écrirais et elle me contredirait. Heureusement pour moi que le sommeil l'a emporté.
Je songe depuis plusieurs jours à la confier à un orphelinat. Ou aux services sociaux. Il me semble avoir entendu que maman avait énoncé ça, une fois. Je ne sais plus quand. Sûrement quand il l'avait menacé de nous frapper de nouveau. Je me souviens encore.. De la première fois qu'il a commencé..


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Passé.

16h12, 24 janvier 2008, 11 ans.   
J'ai pensé plusieurs fois à abandonner les maths. C'est vrai, à quoi ça sert ? Rien. Juste te bourrer le crâne de formules mathématiques inutiles. Qui n'ont pour but que de t'énerver tout au long de ta vie.
Je ferme mon cahier d'exercices, voulant privilégier les films. Je cherche quelque chose d'intéressant à regarder quand mon père entre dans ma chambre.

- J'ai un service à te demander.

Je le regarde, attentif.

- Oui ?
- J'ai besoin que tu récupères un colis pour moi. Lundi. À 17 heures.

Je plisse légèrement les sourcils.

- Quel genre de colis ? Et où ?

Il se balance nerveusement sur ses pieds.

- Ça n'a pas d'importance. T'es capable, oui ou non ?
- Oui mais je.. je dois savoir ce que c'est.

Un air glacial se forme sur son visage. Ses traits sont tirés. Il me regarde. Avec mépris. Dégoût. Énervé.

- N'as-tu pas compris ? Je t'ai dis que t'avais pas besoin de savoir. Tu es sourd ou quoi ?

Il hausse le ton. Pourquoi il fait ça ? Ce n'est pas lui. Ce n'est pas mon père qui est devant moi. Les poings serrés. La mâchoire contractée. Les yeux sombres.
Ce n'est pas le père avec qui je partageais des glaces sur la place jusqu'à tard le soir, en période estivale. Ce père-là, devant moi, me fait peur.

- Pourquoi tu me parles comme ça, papa..?

Il s'approche dangereusement de moi. J'ai peur.

- Tu n'es qu'un bon à rien. Je n'ai jamais voulu avoir d'enfant. Encore moins un enfant comme toi. Tu n'es rien. Absolument rien.

Je commence à ravaler mes larmes quand il prend mes joues dans sa main. Emprisonnant mon visage. Me forçant à le regarder.

- Tu vois, le problème c'est que tu parles trop, mon fils. Tu poses beaucoup trop de questions. Là est le problème. Et comme tu le sais, tout problème a une solution pas vrai ?

Je me met à bégayer.

- Je.. Oui.

Il sourit d'un air mauvais et enlève sa ceinture en me regardant.

- Qu'est ce que.. tu fais ?

Il se met à grogner de mécontentement.

- Tais toi.

Il fait glisser sa ceinture sur ma joue. Puis mon bras. Et enfin mes jambes. Il s'arrête.

- Tu ne me donnes pas le choix, fiston. Tu dois être puni.

Sans comprendre quoi que ce soit, un coup atterrit sur ma cuisse. Une vive et bourdonnante douleur me traverse. Je sanglote.

- Voilà qu'il pleure maintenant. Une vraie fillette.

Il recommence. Deux. Puis trois fois.

- Tu as compris ? Tu vas aller récupérer le colis ? Lundi à 17 heures ?

Je n'arrive plus à parler. Je suffoque. Il me menace encore de sa ceinture. Attendant ma réponse. Réunissant le peu de forces qu'il me reste, je lui donne satisfaction.

- Oui..

Il souris malicieusement et se recule.

- Tu sais, je n'ai jamais voulu ça pour toi. Je t'aime fort mon fils. Très fort.

Il sort en ricanant et claquant la porte. Je reste sans voix. Me laissant glisser contre le mur.


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  Présent.

C'est à cet instant, que je me suis juré de me venger. D'une façon ou d'une autre. Parce que ce que j'ai ressenti à ce moment-là, je n'ai pas aimé. Je n'ai pas aimé avoir peur et être dégoûté de moi."


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Point de vue extérieur.

Chacun vit quelque chose de différent chez lui, mais, chacun est semblable néanmoins. Parce que chacun vit quelque chose. En même temps.
Il savait qu'il n'allait pas être le seul à être battu de cette façon. Il savait que ce n'était pas la première et dernière fois que ça arriverait.

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