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PDV Lana

- Ce cours était si intéressant ! Je m'exclame ravie. J'aurais aimé qu'il ne finisse pas !

- Je pense pas que Coli... Monsieur Clariss accepterait !
Se moque Junior.

- Sans doute...
Je réplique avec une moue triste.

Je sens une main se poser sur mes reins et se retirer aussitôt. Quand je me retourne, je ne vois personne.

- Hum, tu as préparé tes affaires pour ce soir ?
Me demande Nate.

- Oui. J'ai juste à récupérer mon sac !
Je confirme.

Nous marchons sur les pavés de la fac, sous un soleil couchant. Les lueurs orangés réfléchits sur les vitraux de l'établissement sont magnifiques à regarder.

Je souhaite pour rien au monde être ailleurs à cet instant.


***


Je descend les marches qui mènent à la plage, je n'étais jamais venue ici avant. Il fait nuit mais les petits lampadaires encadrant les chemins éclairent assez pour voir jusqu'au bout du village.

- C'est magnifique...
Je souffle.

Il y a des chalets partout, disposés en ligne et par rangées face à la mer.

- Ne fais pas attention aux regard curieux.

Je hoche de la tête, je m'y étais préparée.

- Et ne crois pas ce que pourrait dire les enfants.

Je le regarde amusée.

- Que pourrait-ils dirent ?

Les mains dans les poches, Nate pince ses lèvres. Il est bien mystérieux aujourd'hui.

- Aucune idée. C'est pour ça que je te préviens.

On voit Junior nous faire signe de la main au loin et on accélère le pas.

- Lana ! Viens au feu de camp !

Je ris et suit le blondinet jusqu'à une vingtaine de personnes, la plupart assis autour d'un grand foyer fulminant.
Je n'ai pas le temps de bloquer sur le nombre de personnes qui me regardent que des enfants s'empressent de venir m'enlacer les jambes. J'évite une chute en faisant le funambule avec mes bras et ris à gorge déployée. C'est fou comme cette étreinte a le don de m'apaiser et remplir mon coeur de joie. C'est comme si je les connaissais déjà.

- Bonsoir vous.
Je murmure souriante.

- Mère Lana, on est tellement content ! Vous êtes enfin...

- Les enfants !
Grogne mon colocataire en les coupants.

Je comprends ce qu'il voulait dire maintenant. Je ne comprends pas leur engouement ni leur surnom affectueux.
Mais ils restent mignons.

- Pardon Al... Nate.
Se rembrunit une petite fille avant de partir en courant suivit de près par les autres bambins.

- Ils sont bizarres mais gentils.
Je chuchote à moi-même.

Nate me présente à tous, chose étrange, ils me serrent tous la main avec leur deux mains. Ils semblent tous ravis de me voir. Ma présence n'est pas indésirable comme je le pensais, ça me soulage d'un poids.

Après quelques minutes passées à me réchauffer près du feu, je capte une étrange conversation entre une vieille dame et... Elle parle toute seule en fait.

- Le bassin est parfait pour une portée...  De la chance d'être tombé sur cette sublime créature... Argh saleté de moustique !

Ma bouche s'ouvre légèrement et par réflexe je cherche Nate du regard. Je le trouve plus loin sur la plage, discutant avec un homme.

Monsieur Clariss !

J'entame la marche pour les rejoindre avant d'être coupée dans mon élan par Drew.

- Re Lana ! Tu viens ? Je vais te faire visiter le chalet.

Je le regarde perdue puis à nouveaux les deux hommes. À en croire leur expressions, ils se disputent. Ce n'est peut-être pas le bon moment pour intervenir.

- Je te suis.
Je marmonne déçue.

***

- Ce chalet est est très beau ! À qui est-il ?

Je suis ahurie devant tant de goût ! Il est grand, chaleureux et décoré avec soin.

- Il est à Nate, mais nous vivons tous ici depuis... Ce n'est pas à moi d'en parler.
Se retient Drew, mal à l'aise.

Je lui réponds que je comprends, mais lui demande tout de même où vais-je dormir.

- Heu... Alors ça aussi je vais laisser Nate répondre.

- Pourquoi ? Il y a un problème ? C'est parce qu'il n'y a que quatre chambres ?

- DREW !

Je sursaute et me retourne vers une fille du même âge que nous. Elle se précipite vers le garçon et l'embrasse à pleine bouche. Je recule gênée d'assister à une telle scène.

- Tu m'as manqué depuis tout à l'heure.
Je l'entends murmurer.

- Annie, ça fait à peine vingt minutes !
Il réponds attendrit.

Vingt minutes ? Et il lui manqué déjà ? C'est tellement mignon !

- Oh ! Elle s'exclame en me voyant. Tu dois être Lana ! Je suis tellement excitée de te rencontrer enfin ! Les garçons m'ont beaucoup parlé de toi !

- Ah...

Je n'arrive pas à répondre correctement.

- Lana, je te présente mon-ma copine, Annie.

- Enchantée.
Je finis par répondre la voix cassée.

Elle est bourrée d'énergie cette fille ! Un vraie rayon de soleil.
Elle a des boucles brunes d'un noir intense qui lui arrivent aux épaules. Ses yeux sont d'un bleu somptueux.

Des doigts claquent devant mon visage et je secoue la tête.

- Je crois que je suis envoûtée.
Je déclare avec un petit rire gêné.

- Elle fait cet effet à tout le monde.
Sourit son copain fièrement.

Je n'avais pas vu de couple aussi complice et amoureux depuis mes parents. Il y a longtemps maintenant...

- Vous êtes là. Désolé, je devais régler certaines choses.
Bougonne Nate.

Je lui dit que ce n'est pas grave et demande où je vais dormir, pour la deuxième fois.

Le couple rigole avant de se diriger dans une chambre.
L'atmosphère devient moins joviale, plus sérieuse.
Mes yeux s'écarquillent subitement.

- Tu n'avais pas les yeux clairs ?
Je murmure intriguée.

Pour une fois qu'il supporte mon regard plus d'une seconde, il le détourne suite à ma réflexion.

- Ils... Sont... Heu...

Pourquoi perd t-il ses moyens comme ça ?

- Oublie ça. Alors ? Je n'ai vu que quatre chambre, je dormirais sur le canapé.
Je tente de le rassurer.

- Non, tu dors avec moi.
Il réplique la voix plus grave et déterminée.

- Tu es sûre ?
Je grimace légèrement.

Je ne suis pas très à l'aise avec cette idée, bien que j'ai confiance en lui.

- Oui.

Je n'ai pas mon avis à donner apparemment...

***

Je regarde la table dressée devant nous, je n'ai jamais vue autant de viande de toute ma vie.
Chacun se sert et je remarque être la seule à prendre des légumes, qui se trouve comme par hasard devant moi.

Le repas se passe dans un silence de plomb et cela ne gêne que moi je crois.

À un moment, je sens une bouffée de chaleur m'envahir de la tête au pied. C'est une sensation grisante, électrisante. Enfin c'était avant que mon coeur tambourine contre ma cage thoracique. Ma tête tourne affreusement, rendant ma vision flou. Je tombe du banc en bois et percute le sol violemment avec mon dos. L'air de mes poumons s'évapore mais je ne suis plus à ça près. Je vois des ombres foncées se déplacer autour de moi et je tente d'en attraper une mais mes bras retombent lourdement au sol.

- ... A commencé...
- Nate, tu dois partir tout de suite !

Je crois reconnaître la voix d'Annie, plus aiguë que celles des garçons. Qu'est-ce qui a commencé ? Qu'est-ce qu'il m'arrive ?

- Elle n'est pas prête... Partir de suite...

Les voix résonnent dans ma tête, qui s'alourdit de plus en plus.

- Vous m'avez dr...
J'essaye de parler mais ma bouche devient sèche.

- NATE ! VA-T-EN !

Ma tête tombe sur le côté, où je peux apercevoir une silhouette s'éloigner en courant.

Mes yeux se ferment et les voix se taisent.



***



Je me réveille en sursaut dans un lit inconnu.

Je regarde autour de moi, craintive. Qu'est-ce qu'il s'est passé ?!

Je regarde mon corps mais ne trouve rien d'anormal hormis que je n'ai plus mes chaussures.
Je me mets debout et ouvre la porte délicatement pour ne pas alarmer les autres. Un coup d'oeil me fait comprendre qu'il n'y a plus personne au salon.

Il faut que je sorte d'ici.

Je marche d'un pas rapide sur les tapis qui étouffent le bruit de mes pas.

- Tu dois rester ici.

Je m'arrête immédiatement. Le corps crispé.

Je ne me retourne pas pour autant, préférant garder la porte face à moi. Je tourne juste légèrement la tête. Junior, le garçon jamais sérieux me regarde comme si la fin de monde approchait.

- Vous m'avez empoisonné !
Je chuchote durement. Je n'ai pas envie que les autres rappliquent.

- Non. Ça fait parti du processus, on ne s'attendait pas à ce que cela arrivé si tôt. Tu dois rester ici et te reposer.

Je ne comprends rien à son charabia ! Quel processus ? De quoi il parle bon sang ?!

J'ouvre la porte d'entrée avec fracas et pose un pied sur le porche quand d'un coup, un hurlement retentit juste derrière moi.
Je regarde Junior en train de hurler comme un loup. Vraiment, c'est un son guttural que je ne pensais pas possible de sortir pour les humains. Quand il s'arrête, d'autres hurlements prennent place dans le silence de la nuit.

- C'est quoi ce bordel...
Je chuchote angoissée à l'état pure.

Dans quelle secte je me suis fourrée ? Les cris viennent de tous des autres chalets ! Ce sont des humains qui répondent à un autre humain !

Je vais servir de sacrifice...

Je me reprends et commence une course effrénée, pas le temps d'emprunter les chemins éclairés, je cours directement sur le sable, aussi vite que je peux.

Je retrouve facilement les escaliers au début du village, ils ne sont qu'à une centaine de mètres. L'espoir gonfle ma poitrine, je pourrais presque sourire si je ne pensais pas être en danger de mort.

Un bruit attire mon attention sur ma gauche. À l'opposé des escaliers.
Je ralentit légèrement en reconnaissant Nate, qui semble sortir de la forêt. J'alterne mon regard entre lui et les escaliers. J'ai une chance d'arriver avant lui et garder de l'avance.

- LANA !

J'arrive la première à l'intersection, honnêtement, je n'y croyais pas !

- LANA ! JE T'EN SUPPLIE, NE M'OBLIGE PAS À...

Sa voix est si proche que l'adrénaline redouble.
Je regarde furtivement derrière moi et le voit a à peine quelques mètres, faisant une chose... Indescriptible, qui me fait trébucher. Je finis le dos plaqué au sable blanc en même temps qu'un loup atterrit à quatre pattes au dessus de moi.

Ce que je viens de voir n'est que le fruit de mon imagination... Je dois halluciner à cause du poison qu'ils m'ont donnait !
Nate ne peut pas s'être transformé en loup, devant moi !

Et pas n'importe quel loup...
Il n'y a pas une once de haine ou une envie flagrante de me manger sur sa gueule. Il se contente de me regarder dans les yeux.

Je pose une main tremblante sur sa joue, comme pour m'assurer que c'est réel. Que mon imagination ne me joue pas un tour. Je sens bien ses poils noirs entre mes doigts, ils sont doux et chauds.

- C'est impossible...
Je souffle encore sous le choc.

Il se met à hurler, la gueule vers le ciel, sous mon sursaut.

Ce n'est pas une secte... C'est une meute !
Une meute de loup-garous !
Un frisson me traverse, me hérissant les poils.

Je rampe à reculons et me relève doucement, appréhendant la suite.

Des cris s'approchent de nous et je vois avec stupéfaction les enfants de tout à l'heure courir vers nous en riant, se transformant les uns après les autres.

Je me fais vite assaillir par des louveteaux et leurs léchouilles.

Je ne remarque même pas le sourire sur mon visage, il est comme anesthésié.

Mais je sens ma tête tomber sur le côté, suivit de mon corps.


"Est-ce un rêve ?"


•••

WILLCHR

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