PDV Lana

Je sors de la bibliothèque d'un pas lent, j'ai peut-être trop emprunté de livre cette fois ci.

Je regarde l'heure sur mon portable et vois qu'il est neuf heure passée. La bibliothèque ferme à neuf heure pile mais Elisabeth prolonge l'ouverture quand j'y suis. Je ne sais pas pourquoi elle est si gentille et attentionnée avec moi, mais je ne m'en plains pas.

Je marche le long des bâtiments de la fac pour me rendre à mon appartement. Il est en face de la fac alors c'est plutôt pratique quand je me lève en retard.

C'est Steve qui a insisté pour que je ne prenne pas une chambre étudiante. Il répète tout le temps que les dortoirs servent de baisodrome et qu'il ne veut pas que je me laisse distraire par des hommes. Mais il ne faut pas se méprendre, il est juste jaloux.
Ça fait trois ans qu'il est avec ma mère et dès la première rencontre, j'ai su qu'il était malsain. Son regard posé sur moi est désireux. Je suis toujours mal à l'aise en sa présence, il est très tactile, rien que d'y penser me donne la nausée.

Une chose me pousse contre le mur brusquement, me faisant craquer mes épaules douloureusement. Ça faisait un bail que je ne l'avait pas fait.
Je regarde ce qui m'a plaqué et découvre Henry avec effroi.

Je suis dans la merde.
J'essaye de ne pas suffoquer, vraiment, mais mon coeur danse la salsa et je n'ai plus aucun contrôle sur mes poumons.

Je regarde son visage beaucoup trop près du mien, il semble furieux et sa poigne sur mon pull peut en témoigner.

- Je sais que c'est toi qui a fait ça !
Il crache.

Littéralement, j'ai reçu des postillons sur ma joue droite.

Je soutiens son regard, apeurée.

- Je ne vois pas de quoi tu parles.
Je réponds calmement, autant que je le peux du moins.

C'est dans ces moments là que je regrette ne pas avoir de taser.

- Le dessin sur la pelouse espèce de salope ! C'était un loup, c'est forcément toi !

C'est vrai que cet argument tient tout à fait la route. Surtout qu'à ma connaissance, personne ne méprise ce mec autant que moi.

- Je suis la risée de l'équipe maintenant !
Il reprends plus durement en me replaquant contre le mur en brique.

Je gémis de douleur mais ne me laisse pas démonter.

- Tu sais ce que ça fait alors.
Je grogne.

Mes yeux s'ecarquillent en une fraction de seconde quand il lève son poing à hauteur de mon visage. Mais la seconde d'après, il est à terre, une masse noire sur lui.

Je reconnais le loup de la forêt. Il est sur Henry, les crocs sortis avec un grognement bestiale.

- Non ! Je m'écris. Laisse-le !

Il ne doit pas attaquer quelqu'un, surtout pas.

Il semble m'écouter car il se recule, laissant le pitoyable footballeur s'enfuir en criant à l'aide.

- Merci...
Je souffle de soulagement.

Il me regarde quelques secondes avant de partir en courant vers la forêt.

Comment a-t-il su que j'avais des problèmes ? A-t-il sentit mon odeur ? Que faisait-il sur le campus ?

Je prends mon sac qui était tombé par terre et le replace sur mon épaule. Je grimace en sentant une petite douleur, pas de doute que j'aurais un bleu.

***

Je suis au self avec les garçons, je les aimes bien. Et cela semble réciproque. Je suis contente de les avoirs rencontrés, je me sens moins seule depuis que je mange avec eux.

Ils semblaient tendus ce matin avant le début des cours, mais je n'ai pas osé demander pourquoi.

Les portes du réfectoire claquent violemment et tout le monde se tait.
Je me lève lentement en voyant Henry s'approcher comme un boulet de canon vers moi.

- Dis leur !

Je regarde autour de nous et remarque l'attention que tout le monde nous portent. J'ai aussi remarqué que l'équipe se moquait de lui ce matin, je ne sait pas pourquoi. Est-ce pour cela qu'il est énervé ?

- Dire quoi ?

Il se tire les cheveux, le visage cramoisi.

- Dis leur qu'il y avait VRAIMENT UN LOUP HIER SOIR !

Je sursaute, il m'a fait peur le con à crier d'un coup.
Alors c'est pour ça qu'il est en retrait. Il cri au loup, mais personne ne le croit. Et il attends que moi, je confirme.

- Mais il n'y avait pas de loup.
Je réplique sereinement.

Il me regarde comme si j'étais folle.

- Dis la vérité Stone ! Il pourrait attaquer des élèves du campus, si on est deux, le doyen nous croira !
Il me supplie presque.

Il s'en fout des autres, il veut juste que tout le monde le croit. Dessiner sur le gazon, c'était rien. Elle est là ma vengeance.

- Mais le doyen avait raison. C'est un gros chien que j'ai vu cette nuit là.
Je souris tristement.

Il pousse un cri et part du réfectoire en tapant sur toutes les tables qu'il croise. Tout le monde semble choqué ou amusé par la situation. Et j'ai beau le détester, je sais ce que ça fait d'être exclue, j'ai de la peine pour lui. Un peu. Il a raison, mais personne ne le croira jamais.

Je me rassois tranquillement, avec toujours autant d'appétit.

- Pourquoi tu as mentit ?

Je jette un oeil à Nate qui semble contrarié. Il ne doit pas comprendre pourquoi j'ai changé d'avis.

- C'est un fils de riche, à deux on aurait pu convaincre le directeur...

- C'est pas ce que tu voulais ?
Me demande Junior.

Je finis ma bouchée en secouant la tête.

- Je ne prendrais pas le risque qu'on s'en prenne à mon loup.
Je dis catégoriquement.

Je vois leur expression surprise, je ne comprends pas leur réactions.

- Ton loup ?
Répète Miles.

Ah, il me parle enfin celui là ! Je pensais vraiment qu'il ne m'aimait pas.

- Oui, je souris à pleine dent. C'est le plus beau de tous les loups !

J'aurais aimé leur montrer, mais pas sûr que le loup accepte de voir tant d'humains.

Ma joie est contagieuse car tout le monde sourit à table.

- Je... Je dois y aller !
Lance Nate en se levant.

C'est bizarre, sa voix paraîssait paniquée mais son visage était normal, avec un grand sourire. Je hausse des épaules et finis de manger.

***

- Tu t'inquiètes pour rien maman ! Il est très gentil et je suis même amie avec ses amis !
Je ronchonne au téléphone.

- «Mais tu le connais à peine !»

Je lève les yeux au ciel, heureusement qu'elle ne me voit pas, elle déteste ça.

- Occupes toi de ton couple au lieu de te préoccuper de moi ! Il est temps que tu largue Steve ! Il est en train de dilapider l'argent que papa t'as laissé !

- «En quoi ça te regarde ! Tu as eue ta part que je sache !»
Crache celle-ci.

Elle s'énerve dès qu'on parle de Steve. Son chéri gneugneu.

- Je m'inquiète pour toi, tu sais qu'il est bizarre...

- «Ne recommence pas avec cette histoire Lana ! Elle me coupe. Tu te trompes sur ses intentions, il veut juste être un model paternel pour toi !»

- C'est encore plus glauque alors...
Je souffle découragée.

- «Je savais que c'était une mauvaise idée de t'app...»

Je lui raccroche au nez. Elle est lassante à radoter la même chose à chaque fois. Si ce n'était pas la seule famille que j'ai, j'aurais déjà coupé les ponts.

Je plonge ma tête dans l'oreiller et cri ma haine. Pourquoi ne veut-elle pas voir qui il est vraiment ? Ce chien de la casse qu'elle a trouvée dans un bar paumé à plus son estime que moi, sa propre fille !

Ce n'est pas de la jalousie ! C'est de l'incompréhension mêlée à de l'injustice.
Mon père est mort subitement d'une attaque cardiaque et elle l'a remplacé au bout de six mois ! SIX MOIS !
Si ça avait était un homme gentil et attentionné, je comprendrais ! Mais ce... Cette merde n'a fait que rabaisser mon père depuis le début ! Et ma mère lui achète tout ce qu'il veut en plus ! Quand elle n'aura plus rien, il l'a quittera, et c'est qui qui va devoir la réconforter ? Elle va vivre au crochet de qui ?

Moi.

Mais ça ne se passera pas comme ça. Je compte bien réussir ma vie sans elle, qu'elle se démerde !

"Faire le tri me sauvera..."

•••

Chapitre 4 !

Verdict ?

Que pensez-vous du loup ?

WILLCHR