PDV Lana

Je sors de ma chambre en trombe, très en retard pour mon cours d'arts.
Je pousse un petit cri en voyant un homme en train de boire du café dans le salon.

- Un problème ?

Je secoue la tête, le cœur qui bat la chamade.

- Non, désolée. J'avais oublié que j'avais un colocataire maintenant. Je ris nerveusement. Au fait je m'appelle Lana et toi ?
Je demande pressée.

- Nate.
Il réponds impassible.

- Et bien passes une bonne journée Nate !
Je lance avant de sortir calmement de l'appartement.
Une seconde après, je me mets à courir dans la cage d'escaliers.

***

- Quelle est selon vous... La créature mythologique la plus forte ?

Je baisse la tête sur mon cahier, regrettant pour la première fois de ma vie de m'être installée au premier rang.

Je n'aime pas qu'on m'interroge devant les autres.

- Les vampires !
S'écrie une fille gothique tout à droite de l'amphi'.

- Pourquoi ?

- Parce qu'ils sont cools !
Elle répond énervée.

Je me retiens de rire, c'est une réponse plutôt discutable.

- Hmmm. Bien, quelqu'un d'autre ? Lana ?

Je relève la tête lentement, les lèvres pincées.

Je sens le regard de tout le monde sur moi, c'est affreux.

- Pleins de créatures me viennent en tête mais impossible de dire laquelle est la plus forte. Ce serait comme comparer un lion avec un requin, ça n'a pas de sens.
Je dis rapidement.

- Citez moi en une !
S'enjoue monsieur Clariss.

Je me racle la gorge, mal à l'aise.

- Le manticore, professeur.

- Très bonne réponse ! Bien qu'il n'y en est pas de mauvaise. Pouvez-vous  m'expliquer pourquoi ?

- Il est particulièrement hideux. Un corps de fauve, une queue épinée et tranchante, il a le visage d'un humain avec une bouche ouverte d'une oreille à l'autre. Il est sanguinaire, dévorant tout ce qu'il trouve, même les os.

- Je suis impressionné miss Stone ! Si tous mes élèves pouvait s'intéresser comme vous à la mythologie, ce serait plus simple.

Des rires résonnent dans la pièce et je me détends instantanément. J'ai marqué des points.

- Le manticore est considéré comme un thérianthrope. Qui peut me dire quelle sous-catégorie fait partie des thérianthropes ?

Je crois que la thérianthropie s'apparente aux métamorphes, des humains capables de se changer entièrement ou partiellement en un animal. Ou plusieurs comme le manticore. En partant de ce principe là, une créature qui se change en animal, il y a...

- Les lycanthropes monsieur !

Je me retourne vers la personne qui vient d'élever la voix au fond de la salle. C'est un des garçons qui fait partit du groupe que j'ai vu hier. Je n'avais pas fait attention avant mais ils sont quatre et ont tous le même style vestimentaire. Je ne les avait jamais vu av...
Je tombe sur le regard de mon colocataire, qui est un des quatre nouveaux. Il détourne le regard vers le professeur et je me remets comme il faut.

Je n'avais pas fais attention à lui hier, je pense en fronçant les sourcils.

Alors nous suivons les mêmes cours ?

- Très bien monsieur Sabertooth.

Ce professeur connait vraiment tout le monde ! Je tilt sur le nom de l'élève...
Dent de sabre.

Bizarre.

- Nous approfondiront le sujet des lycanthropes au prochain cours ! Bonne journée à vous !

Je fronce des sourcils à nouveau, le cours n'est pas terminé pourtant. Pile quand je pense ça, la cloche sonne.

Ce professeur est surprenant !

***

Je prépare à manger pour me détendre, la cuisine est vraiment un déstressant. J'ai essuyée plusieurs remarques aujourd'hui. Principalement des fêtards. Ceux qui font la fête tous les soirs car papa va payer le diplôme en fin d'année. Ils sont persuadés que j'ai voulu appliquer un couvre feu en inventant cette histoire de loup. Ils me détestent.

Je sens un courant d'air dans mon dos, je n'ai pourtant pas ouvert la fenêtre du salon. Je me retourne et sursaute, envoyant ma louche dans les airs. Mon colocataire, qui était juste derrière moi, rattrape dans un geste sec la louche avant qu'elle ne cogne contre l'îlot centrale.

Je regarde sa main très étonnée, admirative même.

- Très bon réflexe.
Je souris.

- Hm. Désolé, je ne voulais pas te faire peur.
Il marmonne contrarié.

- Ça va devenir une habitude, je marmonne. Hum. Alors tu suis le cours de mythologie ancienne ?

Je reprends la louche de ses mains et touille mon pot au feu. Nate part s'assoir à l'îlot qui sert de table à manger.

- Oui. Le surnaturel est fascinant.

J'approuve d'un hochement de tête et m'installe face à lui.

- Monsieur Clariss aussi est fascinant. Il est très... Énigmatique.
Je rajoute.

- Oh tu sais... Il ne faut pas se fier aux apparences.
Sourit le brun.

Mon esprit vogue jusqu'au souvenir de la veille, notre professeur m'a dit mot pour mot la même chose.

- Tu ne m'a pas parlé de la colocation. Est-ce qu'il y a des choses dont je doit être au courant ?

Je reprends contact avec la réalité au son de sa voix.
Je croise mon regard au sien, j'ai à peine le temps de définir leur couleur qu'il baisse le regard.

Ambre. La couleur de ses yeux...

- Tout ce qu'il y a à savoir est sur la feuille que tu as pris au panneau d'affichage. Mais si tu as des questions n'hésite pas.
Je souris doucement.

J'ai l'impression de le mettre mal à l'aise... Peut-être qu'il a appris pour les rumeurs et qu'il me prend pour une folle ?

- Est-ce qu'il y a un couvre feu ? Pour éviter de réveiller l'autre ?

- Non, je sors moi-même tard le soir.

- Quoi ?

Je le regarde incertaine, sa voix sonnait très dure.
Il semble réaliser car il force un petit sourire.

- Je veux dire... C'est dangereux pour une fille de sortir la nuit.

Oh mais je ne suis pas seule, plus maintenant. J'ai mon arc.

- Il n'y pas eu beaucoup d'incident. Le campus est assez bien protégé.

Mais pas la forêt. Je me retiens d'ajouter.

Le minuteur sur mon téléphone bip, il est temps de manger.

Je nous sers une assiette chacun, dans un silence de plomb.

Oui, j'ai définitivement besoin de sortir ce soir.

***

J'encoche une flèche, vise un arbre et tends la corde à son maximum. Plutôt facile à manier, silencieux. Cette arme est parfaite en cas d'attaque de loup. Bon, le style ne va pas avec, car pour m'éclairer sans mes deux mains, j'ai du opter pour une lampe frontale.

Un look plutôt original.
Je suis parée pour explorer une grotte !

D'un coup, j'entends une branche se casser pas loin de moi. Et j'ai beau être sur le sentier, ça ne m'empêche pas d'avoir peur.

- Il y a quelqu'un ?

Je tourne sur moi-même au son des craquements. Montres toi le loup.

J'aperçois une ombre devant moi se déplacer et une flèche se décoche toute seule.

J'entends un couinement, le même que la dernière fois et j'ouvre grand la bouche.

- Oh non...

Le loup surgit d'un buisson, me paralysant sur place.

- Je suis désolée ! C'était un accident !

Je ne réalise pas tout de suite pas la bêtise d'argumenter face à un animal sauvage.

Le loup avance d'un pas lent jusqu'à moi et mon corps réagit tout seul, en prenant une flèche dans mon carquois. Je n'ai pas le temps de l'encocher que la bête cours et bondit sur moi. Je tombe en arrière dans un cri, les mains placées devant pour le repousser. Je m'attends à une morsure qui me fera souffrir et qui me sera sûrement fatale mais à la place, ce sont des léchouilles que je sens.
J'ouvre les yeux, complètement crispée, et regarde ahurie le loup me lécher le visage.

- Je ne m'attendais pas à ça...
Je souffle dans un rire nerveux.

Je relève mes mains jusqu'à sa gueule, plus pour me défendre "au cas où" que pour autre chose mais il semble apprécier mon touché car il frotte son museau contre mes mains.

Un sourire naît sur mes lèvres alors que je carresse cet animal qui n'a rien de méchant.

- Je te reconnais toi. Tu es le loup que j'ai rencontré il y a quelques mois de ça.

Il émet un hurlement me faisant sursauter.

- Je prends ça pour oui.
Je marmonne décontenancée.

Un autre hurlement se fait entendre dans les profondeurs de la forêt.

Là, je panique.

- Tu n'es pas seul... Alors... J'avais raison. Je savais que les loups vivaient en meute ! J'avais raison !
Je m'exclame en me relevant.

Le loup me regarde d'un air perplexe. Je suis sûr qu'il me prends pour une humaine idiote.

Un nouvel hurlement résonne et le beau loup noir se retourne vers le cri de son semblable. Il me regarde et je comprends qu'il va partir.

- Attends ! Je le retiens. Je m'agenouille devant lui et pose mes mains tremblantes sur son museau.
La lampe frontale toujours en place, je peux admirer ses beau yeux clairs, tirant vers le miel.

Je pose mes lèvres sur le dessus de son museau, près de sa truffe et lui fait un bisou. On dirait qu'il est apprivoisé.

Je vois avec stupéfaction que ses yeux deviennent rouges sombres, presque noirs. Il profite de mon choc pour déguerpir avec rapidité.

Je ne regrette pas d'être sortie ce soir. Cet instant va changer ma vie, j'en suis sûre.

"Ce loup est unique."

•••

Chapitre deux !

La phrase qui décrit bien le début de mes histoires "lentement mais sûrement".

À demain pour un nouveau chapitre ! ❤️

WILLCHR