Mitaines
Pourtant couvertes, pourtant toutes nues,
Les belles mitaines toutes décousues
Couvent ces mains laides, entaillées.
Qu'elles étaient belles, toutes de laine,
De couleurs si éclatantes, merveilles
Tissées par les doigts soyeux d'une reine.
D'une soie pourpre, vermeille parfois,
Se dorant sous un soleil de plomb ;
Fil sur la peau comme une douce courroie.
Et puis après, quand a battu la pluie,
Les mitaines deviennent arc-en-ciel,
Sous cette palette, les mains reluisent
Car de fil en aiguille, elles sont lasses,
Lassées du temps qui passe, hélas, hélas,
Et de ces phalanges qui s'amenuisent.
Car sous les mitaines aux mille teintes,
L'une d'elle ne sera jamais éteinte
Et c'est celle des cicatrices.
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