J'aimerais parler de mon amour,

encore.

J'aimerais parler de mon amour,
que j'ai donné sans compter,

sans réfléchir.

Cet amour que j'ai offert
trois fois,

trois fois...

J'aimerais parler de mon amour,

qui ne daigne pas s'effacer.

La première fois, il m'a fallut du temps pour comprendre qu'il s'agissait d'amour. La première fois, c'était l'amour qui fait mal, l'amour qui rend barge dans le mauvais sens du terme, l'amour qui tue tout en laissant bien vivant. Lui c'était Tom et j'ai encore du mal à parler de lui sans trembler tant je lui en veux. Je lui en veux de m'avoir fait croire qu'il m'aimait, que nous deux ça serait pour l'éternité. Pire encore, je m'en veux d'avoir avalé ses belles promesses sans me rendre compte de rien. Pourtant, il y a des jours où j'aimerais sentir ses doigts entre les miens. Il y a des matins où j'aimerais qu'il me prenne dans ses bras, pour bien commencer la journée. Il y a des soirs où j'aimerais recevoir un de ses je t'aime, histoire d'effacer ma solitude. Parce qu'il est le seul à m'avoir aimée, encore faut il qu'il m'ait réellement aimée. 

J'aimerais parler de mon amour, 

qui revient me hanter aujourd'hui.

Alex... Alex, c'était l'ami rêvé, l'ami que j'aimerais retrouver pour parler sous une pluie d'étoiles filantes. On s'est perdus de vue comme on égare ses clefs, sans le vouloir. Et aujourd'hui, plus que tout, j'aimerais le croiser au détour d'une avenue, n'importe laquelle. J'aimerais pouvoir contempler le sourire qu'il affichait en permanence, malgré son pessimisme. J'étais une gamine à ses côtés. Je riais pour un rien, je n'écoutais plus les remarques des profs à mon égard. J'étais une gamine, oui, mais une gamine heureuse. Je m'en veux de l'avoir laissé partir. Et le pire, c'est que je ne saurai dire exactement où et pourquoi notre amitié a volé en éclats. J'y pense, j'y pense, mais je ne trouve aucune réponse à mes questions. Pense-t-il encore à moi, parfois ? Nos souvenirs lui font-ils aussi mal qu'à moi ?  Qu'est-ce qu'il dirait, si je débarquais dans sa vie demain, comme si de rien n'était ? M'a-t-il déjà écrit quelques mots, qu'il n'a jamais osé m'envoyer ?

J'ai toujours cette lettre, sous mon lit. Cette lettre que je lui avait écrit, durant des heures, pesant chacun de mes mots. Des centaines de fois, j'ai voulu m'arrêter devant chez lui pour lui donner. Mais j'avais trop peur. J'avais peur de sa réaction, peur de m'effondrer devant lui tellement il me manquait. Je voulais préserver la beauté de mes souvenirs, je ne voulais pas d'une mauvaise fin à notre amitié. Aujourd'hui, rien n'a changé. Ni ma crainte, ni mon envie de le retrouver.

J'aimerais parler de mon amour,

lorsque son nom s'affiche sur mon portable. 

Peter, c'est le premier que j'ai aimé de la sorte. Chaque fois qu'il s'approchait de moi, j'avais la folle impression que mon cœur allait sortir de ma poitrine pour aller mourir dans ses bras. Je lui ai menti lorsque je lui ai dit que je ne l'aimais plus. Parce qu'il ne voulais pas de mon amour, et que moi, je dépérissais sans notre amitié. Il est le seul, à me parler des journées durant. Le seul, à s'interroger sur moi. Le seul... J'ai ce besoin irrépressible de plonger dans l'océan de ses yeux, et qu'importe si je m'y noie parfois, il est là pour m'aider à respirer. 

L'aimer me fait autant de mal que de bien. Du bien quand il me fait sourire alors que mon monde s'effondre et que je reste sous les décombres. Du mal, la nuit, quand je me dis qu'il ne m'aimera jamais et que c'est sûrement de ma faute. Je suis trop bancale, pas assez jolie. Trop timide, pas assez blagueuse. Je ne suis pas celle qu'il désire, alors que je ne veux que lui. 

Je ne suis pas apte à l'oublier.

Pas apte à oublier qui que ce soit.