Roméo

Roméo... Un prénom qui frappe, n'est-ce pas ? Je ne saurais dire si c'était un clin d'œil du destin ou un simple hasard. Pourtant, à la seconde où je t'ai vu, j'ai su que tu allais bouleverser quelque chose en moi. Et je ne me suis pas trompée.

Dès le premier soir, nous avons parlé avec une simplicité qui me déroutait. Tu m'as demandé d'où provenait mon handicap, ce que tant d'autres n'osent pas faire, de peur de me blesser. Pourtant, ça m'a fait un bien fou. Je t'ai raconté mon histoire, parsemée d'embûches mais belle malgré tout. Tu m'avais écoutée attentivement, puis tu avais fini par dire que c'est beau les personnes comme moi. Peut-être ne le pensais-tu pas vraiment, peut-être que tu ne savais tout simplement pas quoi dire, mais cette phrase est restée gravée en moi à l'encre indélébile. A cet instant-là, j'avais regardé les étoiles qui scintillaient de milles feux et je m'étais dit que j'avais besoin de quelqu'un comme toi dans ma vie. Quelqu'un qui réparerait mes plaies, quelqu'un qui comblerait mes vides, quelqu'un qui m'aiderait à m'aimer un peu plus, un peu mieux. 

Quelques soirées plus tard, tu avais couru après le tram pour moi. Tu l'avais bloqué le plus longtemps possible, le temps que j'arrive, complètement essoufflée. Tu étais reparti et j'avais le cœur comblé, comme si tu étais celui que j'attendais depuis des années. 

Un jour, j'étais trop à l'écart du groupe. Il est vrai qu'aux bords des bassins, j'ai parfois du mal à m'intégrer. Mon fauteuil roulant m'encombre trop souvent, je me sens de trop. Tu étais arrivé et tu m'avais rapprochée des autres, comme si tu avais lu dans mes pensées. On avait parlé quelques minutes puis tu avais poussé mon fauteuil pour m'emmener près de la piscine. Je me sentais indestructible, vivante.

Tu venais souvent vers moi, à la fin de l'entraînement. On parlait sous la douche, de tout, de rien, et mon dieu que ça faisait du bien. Mais je ne savais pas engager la conversation. Non pas que je n'aimais pas parler avec toi, loin de là. Non, c'était plutôt ma timidité, qui une fois de plus, m'emprisonnait. 

Puis, sans trop prévenir, on s'est perdus de vue. Bien trop vite, bien trop tôt. Nos discussions sont devenues de plus en plus rares. Puis on s'est vus de moins en moins, ce qui n'a sûrement pas aidé à maintenir notre complicité. 

T'avais cette lueur dans le regard, cette lueur que je n'arrivais pas à déchiffrer. Tu était l'énigme que j'aurais aimé résoudre, mais ça a été un échec. Est-il réellement trop tard ? 

J'aurais aimé être ta Juliette. J'aimerais toujours être ta Juliette. Mais je n'ai pas le bon prénom, ce n'était sûrement pas le bon moment et ça ne l'est peut-être toujours pas aujourd'hui.

Alors je me contente de te croiser, quelques fois par mois. Sans un mot, avec quelques regards parfois. C'est étrange cette sensation qui brûle en moi lorsque tu es dans les parages. Parfois, je me sens brisée, de ne pas avoir fait partie de ta vie comme je l'aurais désiré. D'autres fois, je me sens en harmonie avec moi-même, rien qu'en t'apercevant. Je suis probablement folle à lier, pourtant, il m'arrive de me dire que c'est toi dont j'ai besoin et personne d'autre.

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C'est un texte assez simple je crois, mais j'avais besoin de mettre en mots tout ça. Vos avis ? 


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