Emil
J'ai pour habitude d'écrire sur ces peines qui déchirent le cœur, sur ces mouchoirs usés, ces nuits blanches à broyer l'obscurité toute entière. Je suis cette écrivaine mélancolique dans l'âme qui peine à assassiner son spleen.
Mais pas avec toi, non, pas avec toi. Tu es trop solaire pour que je réduise notre histoire à notre éloignement, à mon chagrin. Pourtant c'est indéniable, tu m'as manqué, peut-être même que tu me manques encore. Je ne peux pas mentir, te perdre, c'était comme perdre une partie de moi, sûrement la plus belle.
Mais pour une fois, je veux parler de nos éclats de rire, je veux coucher sur papier tout le bonheur que tu m'as apporté. Pour toi, je voudrais peindre l'arc-en-ciel de l'allégresse, décrire le feu d'artifice de nos joies. Tu étais du genre à me faire oublier combien la vie peut être cruelle. Tu étais celui qui me poussait à donner le meilleur de moi-même. Je me souviens de ce jour d'avril, jour de cross du collège. J'avais couru (j'avais essayé tout du moins, parce que courir sans jambes, ce n 'est pas ce qu'il existe de plus simple). J'avais couru à n'en plus pouvoir, rien que pour toi. Tu m'avais félicitée, tu étais encore plus heureux que je ne l'étais moi-même.
Tu sais ce que je retiens de toi ? Pas l'amour que je t'ai porté, même s'il est impensable de l'oublier, mais je retiens surtout notre amitié. Tu étais l'ami rêvé Emil, tu savais me faire rire durant mes jours les plus sombres. Tu me tendais la main quand personne ne voyait que j'étais à terre. Tu rendais pétillante chaque heure de cours, même les plus ennuyeuses, c'est pour dire. En cette année de quatrième, je n'avais guère appris l'espagnol, mais j'avais appris à te connaître et ça, ça valait bien tous les sacrifices du monde.
Je ne saurais dire exactement pourquoi on s'est perdus de vue. Je crois que je t'aimais trop et que l'amour m'a fait perdre mes moyens face à toi. J'aimerais reculer les aiguilles du temps et me retrouver à Londres en ta compagnie. J'aimerais croiser ton sourire au musée Tussaud, te parler qu'importe ma fatigue physique après ces marches intensives dans les rues de Londres.
Tu sais, je voudrais que tu sois encore dans ma vie, et que tu le sois éternellement. Toi plus que n'importe qui d'autre. J'aimerais te raconter mon cœur brisé et que tu le répares, ne serait-ce qu'un peu, je ne serai pas difficile. Je voudrais qu'on passe nos nuits à regarder les étoiles et rire à en faire trembler la terre. Je voudrais qu'on retrouve notre bonheur pour combler les vides de mon existence.
Je pourrais écrire des heures encore, mais aucun mot n'est à ta hauteur, alors je vais m'arrêter là, sur cet amas de souvenirs trop beaux pour durer, trop beaux pour être vrais.
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Je vous remercie pour vos retours sur les deux premières parties, j'espère en avoir autant sur ce chapitre.
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