02. Bon retour en ville
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NDA Pré-chapitre : Song recommendations
"From the dining table" - Harry Styles.
"Xanny" - Billie Eilish.
"Slow dancing in the dark" - Joji.
"Jocelyn Flores" - Xxxtentacion.
Bonne lecture 🦋
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Une heure du matin. Route 7. À quelques centaines de kilomètre du New Jersey.
Mon cœur commençait à battre à vive allure lorsque je vis l'heure en sachant pertinemment que je n'allais pas arriver à destination avant 2 heures à cause de ces putains d'embouteillages.
Et il fallait que je m'arrête pour l'essence.
Ça, c'est vraiment pas cool.
Vraiment pas cool du tout.
— Tu penses qu'on va se faire kidnapper ce soir Rufus ? Interrogeai-je ma petite peluche en forme d'hamster.
Je tournai et expirai lourdement en regardant la station d'essence à quelques mètres plus loin. Je n'avais jamais fait cette route pendant la nuit, et je me chiais dessus à cause du manque d'êtres humains autour.
La ville était encore très loin, et mon angoisse ne faisait que monter alors que je m'approchais de la station.
Allez Iris, qu'est-ce qui pourrait arriver de pire à une fille seule au milieu de nulle part à une heure du matin, dans une station d'essence ?
Tout.
Absolument tout.
Je m'approchai de la station lugubre, un des néons qui illuminaient le lieu clignotait et je déglutis.
Un décor digne des plus grands films d'horreur.
— Dans le pire des cas on mourra, mais on sera tous les deux c'est ça le principal, non ? Me rassurai-je en regardant ma peluche.
Je grimaçai, pas un chat dehors, seulement moi et ma caisse qui faisait trop de bruit.
Je garai à côté d'une pompe à essence et sortais de la voiture en direction du magasin de la station, je poussai la porte qui fit sonner une petite clochette, alertant ma venue.
Une expression fermée, je m'approchai du caissier qui jouait sur son téléphone.
— Le plein, l'informai-je froidement.
— Ça fera 23 dollars 46, annonça la voix ennuyée du caissier.
Je hochai la tête et décidai de prendre une barre chocolatée qu'il encaissa, il me rendit la monnaie et je quittai le magasin en sentant mon cœur battre à vive allure.
Horrible. C'était horrible.
Je déballai à moitié la barre chocolatée d'une main et enroulai l'autre sur le pistolet que j'insérai à l'intérieur du réservoir.
Le bruit d'une moto alerta mes sens, et mon regard se posa sur un motard qui s'approcha de la station, son casque sur la tête m'empêchait de voir son visage et mon angoisse n'était que plus folle.
Et si c'était un meurtrier ?
J'avais vu trop de documentaires criminels pour rester sainte d'esprit.
D'ailleurs je suis sûr d'avoir été au moins une fois dans ma vie en présence d'un meurtrier sans le savoir, je suis sûr qu'on l'a tous été.
Le motard se mit à côté de la pompe à essence face à moi, et mes yeux virent enfin son visage lorsqu'il enleva son casque noir.
Son regard me dévisagea alors que ses cheveux lui retombèrent sur le front, je me sentais intimidé par son regard dur, mais maintenait le contact, ne lui donnant pas l'occasion de voir que je suis à deux doigts de la syncope.
Il détourna son regard et s'éloigna en direction du magasin, mais j'entendis son téléphone sonner.
Puis sa voix :
— Avant que tu ne me menaces, j'ai mis une feuille pour te prévenir que j'ai emprunté ta moto...n'en fait pas tout un drame...
Il avait pris un ton moqueur, et je poussai un souffle de soulagement.
Il fallait que je me calme, si je prenais tous les hommes pour des meurtriers, je n'allais même pas pouvoir sortir de chez moi.
En même temps...ils ne faisaient rien pour paraitre moins dangereux.
Une nuit dans ce monde sans les hommes, juste une seule nuit pour sortir le soir sans avoir peur de me faire violer parce que je porte une foutue jupe.
Pourquoi les filles qui aiment les filles ne sont pas dangereuses comme les mecs ?
Peut-être que le problème ne vient pas de la jupe.
Mon téléphone vibra à l'intérieur de ma poche, je le tirai et un petit sourire étira mes lèvres lorsque l'écran illumina mon visage.
Rox.
Roxanna Rider.
— Mon chiffre préféré ? commença-t-elle par la question secrète.
— Bleu, répondis-je en souriant.
C'était mon idée, Rox était le genre à trainer dans des bars miteux et des maisons un peu trop louches, elle était constamment exposée au danger.
Alors c'était une manière de nous rassurer, si la réponse était un chiffre et non pas une couleur, alors l'une de nous était en danger.
C'était l'alerte.
— Tu es encore loin ? M'interrogea-t-elle d'un ton enfantin, j'ai préparé ton retour, et le diner va être encore plus froid que les messages que j'envoie à Matty.
— Il existe encore lui ? Demandai-je à mon tour avant d'entendre des bruits de pas derrière moi, je vais bientôt arriver.
Je me tournai vers le motard qui ne semblait pas me regarder, plus occupé sur son téléphone en train de parler lui aussi.
— J'ai donné à manger à Rufus, m'informa ma meilleure amie fièrement, tu veux que je reste au téléphone avec toi le temps que tu arrives ?
— Ouais et moi je vais faire ma carrière de chanteur, entendais-je le motard dire à son interlocuteur en levant les yeux au ciel.
— Non, ma batterie va être bientôt à plat, il ne me reste pas beaucoup de trajet, la rassurai-je en écoutant la conversation du motard, à tout de suite.
Je raccrochai et retirai le pistolet de ma voiture avant de le remettre à sa place initiale, je sentais le regard du motard sur moi, ce qui me força à me tourner en sa direction.
Et sans surprise, nos regards se croisèrent.
— Je ne ferais rien à ton petit bébé, je garde ta chérie à l'œil, rassura-t-il son interlocuteur en me suivant du regard, et tu sais que je suis très fort pour surveiller.
J'entrai à l'intérieur de ma voiture et verrouillai les portes sans perdre une seconde, je bouclai ma ceinture, puis démarrai, mais au même moment la voix du motard m'interpella, mais je fis semblant de n'avoir rien entendu et accélérai rapidement.
J'étais sûr qu'il allait me parler.
Mon cœur battait à une vitesse folle, je détestais lorsqu'un inconnu me parlait.
Cette terreur comprimait ma cage thoracique.
Des gouttelettes vinrent se poser sur le pare-brise de ma voiture, ils avaient annoncé de la pluie pendant la nuit.
Et j'étais en plein dedans.
C'est gé-nial.
Je connectai mon téléphone à la voiture et décidai de mettre une playlist calme, pile ce qu'il fallait avec ce temps.
Les premières notes de la chanson « From the dining table » retentirent à l'intérieur de l'habitacle, et un sourire étira mes lèvres.
J'aimais beaucoup Harry Styles.
En vérité, je n'avais pas de chanteur préféré, ni de livre préféré, ou encore de couleur préférée.
La seule couleur que j'avais élue comme « préférée » était le noir.
Mais Rox m'avait dit que le noir n'était pas une couleur.
Alors je n'ai plus de couleur préférée.
Mais j'avais un genre de musique préféré, et un genre de livre que je favorisais aux autres, et des nuances de couleurs que j'aimais porter.
Les musiques tristes, les romances et les nuances de couleurs sombres.
J'aimais l'ambiance autour des musiques tristes, comme si elle me faisait ressentir quelque chose, alors que j'étais très loin de pouvoir ressentir toutes mes émotions.
Les romances sombres parce qu'elle reflétait plus la réalité que tous les autres genres, parfois la vie n'était pas aussi belle comme sur les bouquins, et souvent les fins réelles n'étaient pas aussi heureuses.
...Et ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants...c'est rigolo.
Et enfin, les couleurs sombres parce que je n'aimais pas me faire remarquer, il était très rare de me voir avec des vêtements de couleurs jaunes, orange ou encore rose.
C'était le délire de Rox.
Je préférais le gris, le noir, le blanc et le vert olive.
Le marron parfois et le beige.
Et comme si ce n'était pas évident, la pluie était ce que j'aimais le plus.
Quelqu'un m'avait dit une fois que la pluie était en réalité, les larmes des anges qui veillaient sur nous, et qui pleuraient à notre place pour nous soulager de notre peine.
Alors peut-être que c'était pour ça que j'étais heureuse de voir la pluie, de l'entendre, de la sentir.
Heureuse.
Une moto alarma mes sens lorsqu'elle me dépassa, et je pouvais jurer que c'était le gars de la station d'essence, je me demandais ce que lui faisait là-bas, à cette heure aussi tardive.
Il avait l'air inoffensif, mais c'était aussi l'un des critères d'un bon tueur.
Bon aller je vais me calmer deux minutes, et si je pensais à Rufus ?
Mon hamster me manquait, à la différence du motard qui prétendait très bien surveiller, Rox elle, était très loin du compte.
Je commençais même à penser que mon hamster était mort la première semaine et qu'elle avait ramené un autre qui lui ressemblait.
— Ne penses pas à la mort de Rufus, tu vas pleurer pour rien, dis-je pliant mon bras sur le bord de la fenêtre avant de poser ma tête contre ma main.
Je commençais à être fatigué, le GPS annonçait encore une heure au moins avant d'arriver à la maison.
J'avais hâte de retrouver mon appartement.
C'était un petit studio, avec une chambre et une salle de bains ridiculement petite, une cuisine que j'aimais beaucoup et un mini salon où je passais peut-être le plus clair de mon temps.
J'aimais mon canapé vert, il m'avait coûté une cheville.
Je m'étais tordu la cheville pour lui.
Je l'avais trouvé jeté dans une ruelle à New York, il y avait deux ans. Cette ville était un Ikea géant, les gens jetaient vraiment tous leurs meubles.
À mon plus grand bonheur.
Il y avait aussi des magasins qui vendaient des pièces de décorations vintages, et pas vraiment cher.
Les seules choses que j'avais achetées dans mon appartement étaient ma télé, la cuisinière et la machine à laver.
Je refuse de laver mes vêtements dans une laverie.
Je secouai la tête en sentant la fatigue enveloppait mon corps, il fallait que je me réveille. Et il fallait que j'accélère, je voulais rentrer.
Et vite.
°°°°
Deux heures plus tard. Ewing. New Jersey.
— Donc résultat ?
— Résultat je dois appeler mon père pour qu'il paie le premier semestre, répondis-je en regardant Rox se teindre les cheveux en mauve, et je dois me trouver un nouveau job.
— T'as pensé au centre commercial ?
— J'ai envoyé mon CV à plusieurs magasins pas très loin d'ici, je n'ai pas eu de réponses pour l'instant, soufflai-je en m'approchant de ma meilleure amie.
Elle me sourit avant de se concentrer sur son téléphone, ses faux ongles claquaient contre l'écran alors qu'elle écrivait un message à son huitième date Tinder de la semaine.
Rox était une fille très jolie, et elle le savait. Elle en jouait tout le temps.
Les hommes flattaient son ego, et étaient de bons chiens pour elle.
— Tu comptes laisser tes lentilles sur tes yeux encore combien de temps, Simones ?
Un petit sourire moqueur étirait ses lèvres tandis que je levai mes yeux au ciel.
Si seulement je pouvais les garder toute ma vie.
Je poussai un petit souffle fatigué et pris ma trousse contenant l'étui de mes lentilles de couleur.
Je poussai Rox sur le côté pour libérer l'évier et me lavai les mains en l'écoutant me parler des petites histoires qui se passaient au campus.
— Donc il a couché avec sa meilleure amie, me rapporta-t-elle en prenant une mine faussement choquée.
Je nettoyai l'étui avec une solution en l'écoutant puis regardai mon reflet une dernière fois avec mes lentilles.
Je vous remettrai bientôt c'est promis.
— La meilleure amie de sa copine ? interrogeai-je comme si ça m'intéressait en tirant ma paupière inférieure vers le bas et la supérieure vers le haut.
Je pinçai légèrement ma lentille de couleur marron et l'emprisonnai entre mon index et mon pouce avant de la plonger dans l'étui, puis je fis de même pour le deuxième œil.
Je clignais des yeux à plusieurs reprises avant de les hydrater.
Chasse le naturel et il revient au galop.
Une pupille bleue...et une pupille verte.
Je n'avais jamais aimé mes yeux, ils avaient été la cause de tous les malheurs et toute la haine que j'avais eus au primaire et au collège.
« Ça fait peur »
« Tu dois faire de la chirurgie »
« Maman m'a dit que c'est contagieux, ne reste pas avec moi ! »
« C'est pas beau ! »
« Tu dois t'arracher les yeux Iris c'est immonde »
— ...Tu m'écoutes ?
— Non désolé, j'avais la tête ailleurs, m'excusai-je en reprenant le contrôle de mon cerveau qui n'arrêtait pas de me faire vivre un enfer depuis que j'ai dix ans.
Me faisant sournoisement me rappeler de ces souvenirs que je voulais effacer, que je voulais oublier.
Comme si ça l'amusait de me rendre mal.
— Je t'ai demandé si tu aimerais m'accompagner demain à une soirée, c'est le pote d'un mec que j'ai connu sur les réseaux y a un mois, tu sais celui dont je t'ai parlé la dernière fois ?
— Oui, je m'en rappelle.
Alors là, pas du tout.
Je haussai les épaules et hochai la tête pour répondre à sa proposition, il était rare que je refuse les soirées avec Rox.
Il y avait de l'herbe gratuitement, pourquoi m'en priver ?
Même si, je n'étais pas fan des maisons contenant trop de personnes, qui pour la plupart, n'étaient pas aussi innocentes.
On avait déjà essayé de me droguer pendant une soirée l'année dernière, heureusement que Rox m'avait jeté le verre au bon moment.
Elle était plus éveillée que moi, elle était habituée à ce genre de soirée.
J'avais connu Rox quand j'étais au collège, mais nous nous sommes vraiment rapproché lorsque nous avions toutes les deux étaient prises à la même fac.
Elle avait deux ans de plus que moi, une jeune blonde avec un visage rond et des yeux magnifiquement verts, un sourire qui faisait tomber plus d'un et un esprit aussi tordu que le mien.
Rox aspirait à être modèle photo, mais en attendant, la seule chose qui remplissait son temps était ses études en journalisme, comme moi.
— Apparemment, il y aura des gens sympas, continua Rox en regardant ses ongles.
— Je ne vais pas dans les fêtes pour me faire des amis, j'y vais pour les joints, avouai-je très honnêtement.
— Et le Xanax.
Je secouai la tête en souriant, je n'étais pas fan des drogues, et je ne buvais que très rarement.
Je prenais le Xanax pour soulager mon anxiété, mais quelques années en arrière, j'en prenais aussi pour...m'amuser.
Mais j'avais arrêté le jour où une fille de ma fac était retrouvée morte dans la salle de bains où je dormais avec Rox, d'overdose.
Le combo de différentes drogues et l'alcool l'avait fait convulser, je l'avais entendu.
Mais j'étais trop arrachée pour être consciente de ce qui se passait.
Mais je me rappelais encore de la scène lorsque Rox avait alarmé toute la villa.
Cette soirée était l'une des pires que j'avais passée cette année-là, son corps sur le sol vert de cette salle de bains où j'avais dormi avec Rox dans une baignoire.
« APPELEZ LES URGENCES...tu crois qu'elle est consciente ? »
« Non elle n'a pas l'air de respirer les gars, on doit se barrer ! »
« Il faut appeler sa sœur, putain cherchez sa sœur ! CODY-»
— Je vais dormir, annonçai-je en me frottant les yeux, si je ne me réveille pas avant 14 heures, appelle-moi. Ferme la porte d'entrée avant de partir, je ne veux pas me faire cambrioler.
— Bonne nuit ! s'exclama mon amie alors que je m'éloignai de la salle de bains et me dirigeai dans ma chambre.
Les petites lumières bleues que j'avais accrochées l'année dernière apaisaient mes yeux, j'aimais cette couleur sur ma chambre, sombre.
Je me déshabillai avant d'envelopper mon corps avec la couverture, je n'aimais pas dormir en pyjama, la sensation de confort que je ressentais à l'instant où ma peau touchait ma couverture était ce que j'aimais le plus.
Je branchais mon téléphone et mis le mode « ne pas déranger », j'avais un sommeil trop léger pour me permettre de le laisser en sonnerie.
Les rideaux étaient fermés, la pièce était plongée dans l'obscurité, et je me faisais bercer par la voix de mon amie qui chantonnait doucement en se lavant les cheveux, laissant mes yeux se fermer doucement.
Bon retour à la maison.
°°°°
Le lendemain. 22 heures. Ewing. New Jersey.
Le silence massait mon cerveau, c'était calme. Apaisant.
Je m'étais réveillé à 16 heures, mon corps avait vraiment besoin de dormir.
Et à présent, j'étais à ma troisième tasse de café avec un peu d'extrait de vanille.
Un régal.
Rufus, mon hamster, faisait du bruit avec la roue. Et je le regardais en souriant.
Ce rongeur était mon confident préféré, il connaissait toutes mes histoires.
Et comme je n'aimais pas le faire sortir partout avec moi, Rox m'avait offert la peluche en forme d'hamster que je pouvais faire sortir à sa place.
Rufus deuxième du nom était toujours dans ma voiture.
Mon téléphone vibra et mes yeux virent le visage de Rox sur l'écran. Merde.
Je ne m'étais pas encore préparé.
— Je vais bientôt terminer, mentais-je en me levant rapidement.
— Ouf ! Ok, j'arrive chez toi dans 5 minutes, m'informa-t-elle en haussant la voix à cause de la musique dans sa voiture.
— À tout de suite !
Je courais vers ma chambre et sortis de mon armoire une salopette en jean et un haut blanc, j'enfilai ma tenue à l'arrache et partis vers la salle de bains où je me lavai les mains avant de tirer mes lentilles de couleur.
Je clignai des yeux après les avoirs et mis et soufflai.
J'étais enfin normal.
J'entrepris de mettre un peu d'anticerne et mon mascara, puis lâchai mes cheveux en essayant de les arranger, un minimum.
Et puis merde, j'en ai rien à foutre.
Je n'allais pas faire d'effort pour une fête à la con.
Je me regardais une dernière fois dans la glace avant de recevoir un appel sur mon téléphone, et je savais déjà que c'était Rox.
— Rider, je suis prête, déclarai-je en décrochant.
— Aller descend je suis en bas.
Je coupai et pris mon petit sac à dos noir, j'éteignis les lumières et verrouillai la porte d'entrée avant de descendre les marches de mon bâtiment lugubre.
L'air à extérieur fouetta mes cheveux, et ma peau se recouvrit de chair de poule. Je n'avais pas senti qu'il faisait si froid.
— T'as une veste ? demandai-je en m'engouffrant à l'intérieur de la petite voiture de Rox.
— Oui, dans le coffre, aller on y va.
Le trajet fut court, où peut-être était-ce juste moi qui ne l'avais pas senti.
Je n'en savais rien, mais en l'espace d'une vingtaine de minutes, nous étions arrivés chez cet inconnu qui avait invité Rox.
Mon amie gara sa voiture à quelques mètres de la grande villa, et je quittai le véhicule en regardant les alentours, constatant qu'il y avait quelques têtes qui m'étaient familières.
Peut-être qu'ils sont à la fac. J'en sais rien.
C'était une petite ville, il était fréquent de voir les mêmes têtes. On fréquentait pratiquement les mêmes endroits, les mêmes cafés, les mêmes parcs, les mêmes fêtes.
— On est arrivé ! s'exclama la voix de Rox en marchant à mes côtés vers la grande maison qui laissait la musique sortir de ses fenêtres.
Dans trois heures, nous allions sûrement avoir droit à la visite de la police pour tapage nocturne.
Ça arrivait à chaque fois.
Très vite, nous arrivâmes à l'intérieur de la baraque de ce blaireau qui voulait sauter mon amie, ce dernier pointa le bout de son nez, les yeux brillants en voyant la robe que portait Rox.
Ne cachant pas son regard qui la déshabillait ouvertement.
Écœurant.
Les faibles lumières bleues et rouges rendaient la vision très limitée, il n'y avait que la cuisine qui était bien éclairée, du moins, c'était tout ce que j'avais vu.
La musique était partout, les rires et les voix qui criaient pour s'entendre. Des filles montaient à l'étage, se tenant par la main.
Certains avaient les mains baladeuses, d'autres avaient des sourires aguicheurs, quelques-uns s'éclipsaient à l'étage dans l'espoir de trouver une chambre vide où ils allaient enfin pouvoir se vider. Ou sniffer.
Ou peut-être les deux.
Bon retour à Ewing.
— Je te présente Iris, mon amie, déclara Rox en me présentant à son toutou en chaleur qui arriva en courant vers nous.
— Salut Iris, je m'appelle Travis, me salua ce con à la coupe ridicule, tu viens ? Je vais te présenter à mes potes.
Rox hocha la tête et prit sa main avant de s'éloigner avec lui, me laissant seule au milieu de cette foule.
La chaleur m'étouffait, l'odeur du tabac et du cannabis étouffaient mes poumons.
En parlant de tabac, j'avais bien envie d'une clope...et d'une cannette.
Un garçon de mon âge m'offrit un verre que je refusais gentiment avant de m'éloigner, ne jamais accepter un verre dans les soirées, jamais.
— ...et on a vu sa sex-tape !
— ...j'étais déchiré mec, je ne savais pas...
— ...il est tellement canon !
Les discussions remplissaient mon cerveau, faisaient bourdonner mes oreilles autant que la musique qui semblaient beaucoup trop fortes pour moi qui m'étais habituée au calme de ma maison d'enfance ces dernières semaines.
Je partis en direction de la cuisine et trouvai des canettes de coca dans un grand bol pleins de glaçons, magnifique.
Maintenant la clope.
Du regard, je cherchais une tête qui pouvait me sembler soit sympa, soit trop bourré pour savoir ce qui se passait autour.
Et bingo.
— Hey, t'as une clope ? demandai-je à un inconnu qui semblait être complètement défoncé.
— Ouais, me dit-il en fouillant dans ses poches.
Il me tendit une clope et je le remerciais, mon téléphone vibra dans la poche de ma salopette et un sourire étira mes lèvres en voyant le nom de la personne qui venait de m'envoyer un message.
De Cody :
Tu veux te défoncer avec moi, Simones ?
Je levai ma tête et me tournai pour chercher mon compagnon de défonce, et mon regard s'illumina en le voyant près des escaliers de cette baraque qui nous était tout les deux inconnue.
J'avais connu Cody à une soirée, il y avait trois ans.
C'était d'ailleurs lui qui avait appelé les pompiers le soir où nous avions trouvé le cadavre de cette fille morte d'overdose.
Cody était drôle, et il n'avait pas beaucoup de mémoire quand il se défonçait.
Je pouvais lui raconter mes problèmes et lui aussi.
Mais aucun de nous deux n'allait se rappeler.
— Bon retour en ville ma vieille, me dit-il en me prenant dans ses bras, et bon anniversaire en retard.
— Ça m'avait presque manqué, avouai-je resserrant mon étreinte, merci.
Je n'étais pas très contact physique avec tout le monde, seulement Rox, Cody et Théa. Je n'aimais pas l'idée d'être touché par les autres.
Mais mon affection se manifestait par le toucher. L'ironie.
Cody était étudiant en photographie, et dealer la nuit. Il vendait les meilleures drogues, lui et son frère.
— Il y a une salle de bains avec des néons rouges, en plus on entend la musique de loin, tu viens ?
J'acquiesçai et le suivais à l'étage, je me fis bousculer à plusieurs reprises par des jeunes de mon âge beaucoup trop bourrés pour savoir ce qu'ils faisaient.
Les respirations lourdes, le manque d'oxygène, le bruit assourdissant de la musique mélangée aux paroles et aux voix d'une trentaine de personnes.
Et là.
La salle de bains.
Une petite pièce, sombre et rouge grâce aux néons collés sur les murs. Cody referma la porte derrière nous et soupira de soulagement.
Le bruit était étouffé, et ça nous donnait quelques secondes de pur bonheur.
Je posai mon sac sur le lavabo, Cody monta sur la baignoire et ouvrit la petite fenêtre qui fit rentrer de l'air frais, enfin.
Un peu d'oxygène.
— Alors les vacances, Simones ?
— Pas si mal, j'ai revu ma demi-sœur, lui dis-je en m'asseyant à l'intérieur de la baignoire où il me rejoignit.
Nous posâmes nos jambes sur le rebord de la baignoire et soufflâmes en même temps, le calme.
Enfin.
Au loin, nous entendîmes une chanson calme, et j'étais à présent détendu.
La lumière rouge, la musique étouffée, rien que moi et la présence de Cody autour, l'air frais qui entrait dans la pièce sombre.
Il ne manquait plus qu'une chose.
— Tiens.
Un sourire étira mes lèvres et je remerciai Cody en prenant le joint qu'il venait de m'offrir avant de le griller et inhaler la première taffe.
Je fermai les yeux en appréciant chaque seconde qui détendait mon corps, la soirée n'était pas si mal.
— Et toi alors ? L'interrogeai-je en regardant le mur face à nous.
— Je n'ai pas quitté Jersey, mais j'ai bronzé, t'as pas remarqué ?
Cody avait le teint mat, mais la faible lumière de la maison ne m'avait pas laissé remarquer le changement sur sa couleur de peau.
— Pour l'instant, tu es juste rouge.
Il ria et fit sortir un comprimé que je reconnus par la forme.
Les soirées m'avaient appris à reconnaitre les drogues rien qu'à leurs formes et leurs couleurs.
— T'en veux ?
Je lui montrai mon joint et il haussa les épaules avant d'avaler le comprimé et le faire passer avec une bouteille d'alcool.
Il fit balancer ces cheveux bruns en arrière et souffla en regardant le plafond, je pris une nouvelle taffe silencieusement.
— T'as vu ton père ?
Je secouai la tête, je ne l'avais pas revu depuis des mois. Et je n'avais pas cherché après lui non plus.
— Et toi ? lui demandai-je sans le regarder, ta mère ?
La relation qu'il entretenait avec sa mère était aussi toxique que vide.
Mais je ne me rappelais pas de toutes les discussions qu'on avait à son sujet.
— Non plus, elle est avec sa nouvelle famille.
— Tu l'as appelé ?
— Pourquoi j'appellerais une salope qui me renie depuis que j'ai 8 ans Iris, marmonna-t-il d'un ton blasé, je n'ai pas besoin d'elle.
Je hochai la tête, j'aurais voulu ne pas avoir besoin de mon père moi aussi.
J'aurais voulu ne pas chercher après lui seulement quand j'en avais besoin.
J'aurais voulu avoir une relation avec lui.
— Je déteste avoir besoin de mon père, murmurai-je en crachant la fumée de mon joint.
— Ouais, ça craint-
La porte de la salle de bains s'ouvrit brutalement sur un mec dont le visage était partiellement caché par sa capuche, quelques mèches de cheveux retombaient juste au dessus de l'arête de son nez alors qu'il s'approchait du lavabo.
Je restai silencieuse, l'observant ouvertement, et lui faisait comme si nous n'étions pas là.
Il n'avait pas regardé vers notre direction une seule fois, même pas une fraction de seconde.
Sans un mot, il quitta la pièce aussi rapidement qu'il était venu et je me tournai vers Cody qui avait gardé ses sourcils froncés.
— Tu le connais ?
— Pas vraiment non, souffla-t-il en secouant la tête, mais je connais des gens qui le connaissent.
— C'est un nouveau en ville ? L'interrogeai-je curieusement, je ne l'ai jamais vu.
En même temps, sa capuche ne m'avait pas aidé. Mais Cody semblait savoir qui c'était.
— La dernière fois que je l'ai vu trainer dans le coin, c'était y a six ans, c'est bizarre qu'il soit revenu, m'informa Cody en buvant une gorgée de sa bouteille en prenant un air perplexe, tout ce que je connais, c'est son nom.
— Il s'appelle comment ?
Cody se tourna vers moi, un petit sourire malicieux aux lèvres et je lui tapai gentiment l'épaule.
Cody aimait l'idée qu'un gars ou une fille m'intéresse, mais je n'avais que très peu d'intérêt pour les hommes et zéro pour les femmes.
À la différence de Cody qui lui, aimait les deux.
— On dit qu'il s'appelle Lakestone.
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Hey !
J'ai un arrêt maladie de trois jours pour cause de maladie.
Alors je viens d'écrire ce chapitre à cinq heures. Et omg j'aime trop l'ambiance de cette histoire, je la trouve nettement plus réaliste.
J'ai hâte d'écrire la suite, maintenant vous avez rencontré les amis de Iris. Cody et Rox. Vous pouvez les visualiser comme vous voulez, je ne les avais pas prévu mdr sinon je les aurais mis dans le cast (je suis une sous merde je sais hahahaha)
A très bientôt pour un nouveau chapitre !
Prenez soin de vos petites frimousses ! ❤️
With love. S
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