26.
Je n'eus pas le temps de réagir qu'il courut vers moi. Mon frère me prit automatiquement dans ses bras. Je ne compris pas vraiment ce qu'il venait faire ici, on est mardi soir et il ne rentre que le weekend. Je me rappelai alors qu'on était en vacances et lui aussi. Je me sentis bête sur le moment. Ce que je ne compris pas non plus, c'était ce geste, pourquoi me prenait-il dans ses bras?
Lorsqu'il me lâcha enfin, il ramassa les clés par terre et déverrouilla la porte en me laissant passer. J'entrai dans ma maison, toujours les sourcils froncés.
"Qui est l'enfoiré qui t'a fait ça? me demanda t-il, les yeux remplis de rage.
- Les enfoirés, répondis-je plus calmement, ils étaient plusieurs.
- Donne moi des noms ! Pour que j'aille les buter, on ne touche pas à ma sœur."
J'hésitai, je ne voulais pas avoir plus de problèmes que je n'en avais. Je m'assis, sans dire un mot, sur une chaise de la cuisine. J'avais très mal au genou et je n'arrivais pas à rester debout trop longtemps.
"Je t'ai vue, un garçon t'a poussé du car... J'étais en voiture et si j'avais pu m'arrêter, je te promets qu'il s'en serait pris une bonne.
- Ne te mêle pas de ça Gauthier, je t'en prie."
Il fut surpris de voir mes yeux briller, des larmes coulèrent petit à petit sur mes joues, se mélangeant au sang. La rage dans ses yeux disparut quand il me vit pleurer. Il prit une chaise et l'amena près de moi pour qu'il puisse s'asseoir.
"Ça dure depuis combien de temps? me demanda t-il inquiet.
- Hier soir. On m'a frappé après le bus, c'était pire que tout à l'heure, ils étaient trois alors que j'étais seule.
- Et... Pourquoi ils font ça ?"
Je pris une grande inspiration, je ne voulais plus mentir, j'en avais marre. J'entrouvis les lèvres pour lui répondre, mais un flot de larmes me coupa. Je ne pus m'empêcher de pleurer. Gauthier ne sut que me prendre dans ses bras musclés et je m'y réfugie à l'intérieur. Il me caressa les cheveux doucement, je n'avais jamais eu cette complicité avec mon frère.
"Qu'est-ce qu'il s'est passé Sacha? Dis moi tout, je te promets que je ne dirais rien aux parents, me dit-il.
- J-je suis lesbienne... me lançai-je enfin."
Il arrêta pendant quelques secondes de me caresser les cheveux et c'est à ce moment là que mon cœur s'arrêta de battre. Il n'avait aucune réaction, est-ce qu'il était juste surpris? Ou alors je le dégoûtais comme tous les autres?
"Je suis désolée, m'exclamai-je pour briser ce silence pesant.
- Désolé de quoi ? répondis-je enfin.
- De te décevoir.
- Me décevoir? Mais pourquoi je serais déçue de toi? Il me lâcha et sortit de ses bras, je m'en fiche complètement de tes préférences, que tu aimes les filles, les garçons ou les vieux je m'en fiche, du moment que tu es heureuse, c'est le principal. Je suis un peu surprise parce que je ne m'attendais pas à ça, mais ne t'inquiète pas, je suis là et je ne dirais rien à personne.
- Merci beaucoup."
On décida de monter dans ma chambre pour discuter plus tranquillement. Il me posa toutes sorte de questions; depuis quand je le savais, si j'étais en couple, c'était d'ailleurs à cet instant que j'en suis venue à parler de Dimitri.
"Attends c'est à cause de cet enfoiré de voisins que tu es blessée !? Je vais aller dé-...
- Non, le coupai-je dans sa phrase, ne fais pas ça, il va se venger sur moi après.
- Tu as raison, tu en as déjà pris assez. Est-ce que tu penses le dire aux parents?
- Oh non ! J'ai beaucoup trop peur.
- Peur de quoi? Peut-être que maman aura un peu de mal, mais papa le prendra très bien, tu n'as pas de souci à te faire pour cela."
Je décidai donc de lui parler de ma discussion avec mon père la veille. Il comprenait à quel point je regrettais de n'avoir pas avoué à notre père mon homosexualité. En parlant de lui, il rentra de son travail une trentaine de minutes plus tard, et à peine j'entendis la porte claquer en bas, il m'appela. J'avais peur; peur de ne pas savoir pourquoi il voulait me voir.
Je descendis les escaliers, les jambes tremblantes, et la douleur à mon genou qui me faisait boiter. J'arrivai dans le salon, là où se trouvait mon père qui essayait d'allumer la télévision qui avait du mal à fonctionner. Je m'approchai de lui et il quitta des yeux l'appareil pour me regarder.
"En entrant dans la cour j'ai croisé le voisin, il voulait te parler. Il est devant la maison, me dit-il."
Je soupirai mais je cachai ma peur. Je laissai mon père vaquer à ses occupations et je sortis de la maison pour rejoindre Dimitri. Je le cherchai partout mais je le trouvai enfin derrière une grange entrain de fumer ce qui m'avait l'air d'un joint. Lorsqu'il me vit, il jeta le mégot par terre et l'écrasa avec son pied, puis il arracha quelques feuilles d'un arbuste pour le recouvrir. Je n'avais qu'une envie c'était de lui sauter dessus et de le frapper le plus possible pour qu'il ressent la douleur que j'ai eu.
"Alors... Ça va ton visage, je pensais que tu serais plus blessée, s'exclama t-il avec un petit sourire, il prit mon menton entre son pouce et son index mais j'attrapai son poignet pour le repousser, il se mit à rire sadiquement, haha tu as cru quoi? Qu'avec ton corps de fillette tu pouvais me frapper?
- Tu es vraiment qu'un pauvre con, je me demande encore comment ces imbéciles de populaire t'ont cru, maintenant laisse moi j'ai des choses à faire."
Je tournai les talons et m'apprêtai à partir mais il attrapa mon bras et me retourna.
"Ça veut dire quoi ça? Tu vas retourner voir ta petite amie et lui bouffer la chatte c'est ça? s'écria-t-il.
- L-laisse moi Dimitri je t'ai dis.
- Tu as cru tu aurais pu filer en douce comme ça?"
Il me plaqua contre le mur et me bloqua en serrant mes poignets. J'essayai de me débattre mais impossible, il était trop fort.
"Qu'est-ce que tu vas faire maintenant? demandai-je.
- Tu verras ce soir, t'inquiète pas, tu ne seras pas déçue."
Il me lâcha enfin, je remis mieux ma veste qui tombait de mon épaule et je me précipitai en courant vers ma maison. J'étais terriblement effrayé par ce garçon.
Je traversai les pièces en courant, les larmes aux yeux. Mon père m'appelait mais je ne fis pas attention à lui et l'ignorai. Je rentrai dans ma chambre et refermai la porte derrière moi. Je m'écroulai contre la porte et fondit en larmes. Je passai plusieurs minutes par terre à pleurer. Mon père n'était pas venu me voir, heureusement, mon frère avait sûrement dit de me laisser seule.
Les minutes passèrent lentement, j'étais recroquevillée dans mon coin à attendre un message d'Ella. Je lui avais tout raconté et je n'avais qu'une envie c'était d'être dans ses bras, en sécurité.
Et comme si ça ne pouvait pas être pire, j'entendis mes parents crier dans le salon. Ma mère venait de rentrer et d'un coup, j'entendis sa voix m'appeler et j'en eu froid dans le dos. À quoi devrais-je m'attendre?
Avouez je suis méchant ?
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