23.

"Sacha ouvre moi s'il te plait. C'est Axelle."

J'ignorais toujours. Je mordais ma lèvre pour m'empêcher de hurler, je ne voulais pas qu'elle m'entende me briser. À force, ma lèvre s'ouvrit de nouveau et je sentis le goût du sang.

"Sacha... Thibault m'a appelé en furie. Explique moi ce qui s'est passé, je suis là maintenant."

Je me décalai de la porte, toujours assise à terre, je me cognai au mur. La porte s'ouvrit violemment et je vis une Axelle affolée. Elle balayai la cuisine du regard pour me trouver. Son visage se décomposa lorsqu'elle me vit blessée, dans mon coin, près de la porte. Je vis les larmes dans ses yeux, et elle ne savait plus quoi dire, elle semblait choquée. Elle s'agenouillait en face de moi et regarda fixement mon visage écorchée.

"Sacha, explique moi, je t'en supplie."

J'enlevai ma main qui était sur ma bouche pour parler et lui expliquer, mais quand elle vit ma lèvre en sang, elle m'interrompit sur le champ en se levant. Elle sortit un mouchoir en papier de sa poche arrière de son pantalon et me le tendit. Elle me prit la main et la caressa avec le pouce, me regardant dans les yeux en attendant la moindre explication. Lorsque je sus enfin quoi lui dire, j'explosai en sanglot.

"Je ne sais pas ce qui s'est passé Axelle, j'ai pas compris. Je ne comprends plus rien.

- Mon cœur, viens."

Elle me prit dans ses bras et elle me serra longuement. Elle attrapa ma main tremblante et je la suivai jusqu'au salon où elle me fit m'assoir sur le fauteuil. Elle me dit de m'attendre ici et qu'elle se dépêchait. Je devinais qu'elle allait chercher de quoi me soigner à nouveau, dans la salle de bain. Elle revint moins d'une minute plus tard, une trousse de secours à la main, et ce qu'il restait de mon téléphone; l'écran fissuré.

" Tiens, je l'ai trouvé par terre, me dit-elle en me le tendant et en l'allumant, il marche encore.

- M-merci..."

Je le pris et le posai à côté de moi. Axelle commença à me soigner dans le silence, silence qui fut rapidement coupait par le vibreur de mon téléphone. Je soufflai et levai les yeux au sol, Axelle sourit en prenant un coton dans la trousse.

"Qui c'est? me demanda t-elle.

- Des gens que je connais pas, qui m'envoie des messages pour m'insulter, je suppose.

- Oh. Je suis désolée Sacha, je ne voulais p-...

- Laisse... Ce n'est rien."

Le silence s'installa de nouveau entre nous deux le temps qu'elle s'occupe de moi. Le seul son qui résonnait dans le salon était mes reniflements, je n'avais toujours pas arrêté de pleurer. Axelle venait de finir et me demanda si j'allais mieux, j'hochai la tête. Je n'avais plus mal au visage ou encore au ventre là où j'avais reçu le plus de coup, mais je sentis mon cœur se briser. Elle s'assit à côté de moi et caressa mon dos. J'avais mis ma tête entre mes mains. Je pensais tout à coup à mes parents.

" Imagine la réaction de mes parents, imagine Axelle! Ils vont me tuer !! m'écriai-je.

- Ils n'en sauront rien Sacha, ne t'inquiète pas.

- Dimitri est capable de leur dire! Je suis dans la merde, putain..."

Je voyais bien qu'elle ne savait plus quoi répondre, et j'eus peur de l'énerver. Elle devait sûrement en avoir marre de moi, ou alors elle se sentait inutile, je ne savais plus quoi penser. La seule chose que je souhaitais à cet instant était de m'endormir et de ne plus jamais me réveiller, plus jamais.

*

Deux tasses étaient sur la table basse, ainsi qu'une assiette avec quelques miettes de biscuits dessus. Les minutes étaient passées, mes parents n'étaient pas rentrés et Axelle était toujours en ma compagnie. J'avais arrêté de pleurer depuis un long moment, mais j'avais trouvé le cœur brisé en mille morceaux. Axelle était assise sur le fauteuil et moi sur le canapé. Elle avait les yeux rivés sur son téléphone et je pouvais voir ce qu'elle faisait, je ne m'empêchais de jeter un œil discrètement sur l'écran.

"Hum... Sacha, dit-elle en levant les yeux sur moi, ma mère vient de m'envoyer un message pour que je rentre.

- Oh... D'accord, à demain.

- Ça ne te dérange pas? J'aurais préféré rester avec toi, mais on a cours demain et...

- Ne t'inquiète pas, la coupai-je, je vais mieux, ça va aller."

Elle se contenta de sourire. Elle se leva et ramassa sa veste qu'elle avait posé sur le canapé, à mes pieds. Elle se rapprocha de moi et déposa un baiser sur mon front avant de me dire au revoir et elle partit de la maison et je n'entendis que le son de la porte qu'elle avait fermé.

Je pris mon téléphone et décidai de regarder mon statut Facebook. Sur mon mur je découvris des dizaines et des dizaines de messages, moi qui avait oublier tout ça. Je me déconnectai de mon compte puis je montai dans ma chambre pour faire mes devoirs.

*

J'étais dans mon lit allongée sur le ventre, en pyjama entrain de regarder un film sur ma télévision. Je n'avais aucune nouvelle d'Ella, juste Thibault et Axelle qui me demandaient si j'allais mieux et je leur répondais pas un simple "Oui.". J'avais peur pour Ella, et si elle n'était pas aussi forte, pas aussi prête à s'assumer qu'elle avait laissé paraître, j'étais inquiète. Je n'avais pas non plus de nouvelles de Rémi, que je considérais comme un de mes meilleurs amis. Je me suis alors demander s'il avait été mis au courant de mon homosexualité et s'il l'avait mal pris, cela expliquerait le manque de messages; il faut que j'arrête de me faire des films, pensais-je.

La porte de ma chambre s'ouvrit et je vis mon père. Je lui souris mais lui, avait un regard froid. Je mis sur pause le film que je regardais et m'assis en tailleur sur mon lit et l'interrogé du regard.

"C'est quoi ce que tu as au visage? me demanda t-il.

- Je suis juste tombée en sport, ça va aller ne t'inquiète pas. "

Il leva la tête, signe qu'il avait compris. Je m'apprêtai à remettre le film mais il entra dans la pièce en prenant soin de refermer la porte derrière lui. Il vint s'assoir sur le bord de mon lit, je fronçai les sourcils. Il se grattait les mains, il semblait nerveux. Il passa ensemble sa main dans ses cheveux châtains, légèrement gris, et se gratta la tête. Il prit une grande inspiration et tourna la tête vers moi.

"Est-ce que tu es... Comment te poser la question... Tu es attirée par les filles?"

Mes yeux s'agrandirent et je ne compris plus rien. Je ne savais pas quoi répondre à ce moment; dire la vérité? Ou continuer la mentir?

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