Chapitre 36

... Flashback...


💔 Tom 💔

Je suis dans ma chambre en train de déprimer. Je n'arrête pas de penser à ce qui m'est arrivé. Pourquoi moi ? Pourquoi mon oncle m'a fait ça ? Pourquoi ses amis s'y sont mis ? J'avais une vie épanouie avant cela. Mes parents sont au courant depuis peu. Je n'avais pas le courage de leur dire. J'avais peur de leur réaction. Peur qu'ils me disent que je délire et que j'ai inventé cette histoire. Mais ils m'ont cru et maintenant, ils sont toujours sur mon dos. Surtout depuis ma tentative de suicide. J'en ai marre de ce monde. Marre de me sentir sale. Je sais qu'ils veulent m'aider mais il n'y a rien à faire. Je ne veux même pas voir un psy car je sais que ça ne servirait à rien. Je suis mort à l'intérieur alors pourquoi continuer à vivre ? Je penserai toujours à ce qu'il m'est arrivé. Je ne veux pas vivre avec ça.

Mais je ne sais pas quoi faire pour quitter ce monde. J'ai essayé mais j'ai lamentablement échoué. Et ça n'arrange rien d'avoir un ami comme Hugo. Il est toujours avec moi, enfin, presque. Mais quand il n'est pas là, je suis avec mes parents. Alors il n'y a aucun moyen pour moi de quitter ce monde. Je n'en peux plus de ma vie. Je suis détruit à jamais. Je ne pourrai plus me reconstruire. Je suis condamné à mourir. Je sais que ça fera du mal à ma famille et à Hugo mais ils iront mieux par la suite. Alors que moi, je n'irai jamais mieux. Au lieu de souffrir toute ma vie, je décide de partir. On pourrait croire que je suis un lâche et c'est peut-être vrai mais je ne peux plus continuer. J'ai assez pleuré. J'arrête de me battre. Enfin, je ne me suis jamais battu. Je n'en ai jamais eu la force.


– C'est ton jour de chance ! Balance Hugo qui arrive.

– Ah ouais ? Et pourquoi cela ?

– J'ai l'autorisation de mon père pour prendre son bateau. Le temps est parfait. Ça te fera du bien.

– Je n'en ai pas envie.

– Tom... Je sais que tu déprimes mais je suis convaincu que cette sortie en mer te fera le plus grand bien. Je ne peux pas te laisser dans cet état. Dis oui, s'il te plaît, s'il te plaît, s'il te plaît.

– Bon d'accord. Cédé-je en soufflant.

– Génial !! Je passe te prendre dans une heure ! Sois prêt !


Hugo est toujours enthousiaste. Je l'adore. Je le considère comme mon frère. J'étais là pour lui quand son propre frère a coupé les ponts. Mathis n'est pas homophobe mais il a très mal pris le fait qu'Hugo lui dise en dernier alors qu'ils étaient très proches. Je trouve ça triste mais je sais, au fond de moi, qu'il reviendra vers mon ami. J'ai essayé de parler avec Mathis sur les réseaux sociaux mais il ne veut rien entendre alors j'ai arrêté. Je crois que le plus dur pour moi, c'est de laisser Hugo. Je sais qu'il va énormément souffrir. Que ce sera dur pour lui mais il s'en remettra. Bon, peut-être pas complètement mais avec le temps, il comprendra. J'en suis certain.

Pourquoi j'ai accepté d'aller en mer avec lui ? Je n'en ai pas du tout envie. Mais je ne peux rien refuser à Hugo. J'avoue que ça m'agace un peu qu'il soit toujours derrière moi. Il est pire que mes parents. Heureusement qu'il n'est pas au courant de ma tentative de suicide ratée. Là, il aurait, limite, emménagé chez moi.


– Je suis sûr qu'on va s'éclater !

– Tu es trop enthousiaste Smogogo.

– Ça va me rester ça.

– Trop de gens t'appellent Gogo ou Hug alors je fais dans l'originalité. Et puis, ça fait des années que je t'appelle ainsi.

– C'est sûr que c'est original.


En temps normal, j'aurais souri mais depuis mes viols, aucun rire, aucun sourire ne franchissent la barrière de mes lèvres. Je sais que ça attriste beaucoup Hugo et qu'il se sent impuissant mais il ne peut rien pour moi. Ce n'est pas une sortie en mer qui m'aidera. Malgré ses tentatives ratées, il ne lâche rien. J'admire sa détermination. Mais ne t'en fait pas Hugo. Bientôt, tu seras libéré de cette prison. Tu n'auras plus de boulet autour de ta cheville.


– Enfin arrivés !


Je regarde autour de moi et remarque qu'on est au port. Quand j'étais plus jeune, j'adorais faire des sorties en mer avec Hugo et son père. C'est peut-être pour ça qu'il veut m'y emmener aujourd'hui. Je sors de la voiture en soufflant. Pas trop fort pour ne pas me faire entendre. Hugo verrouille sa voiture et je le suis jusqu'au bolide des mers de Patrice. On monte dessus et on pose nos affaires dans la cabine. Il s'agit d'un bateau assez ordinaire. Mon ami le met en route et on s'éloigne du bord.

Avant l'accident, on y allait souvent et on faisait toujours ça. C'est-à-dire qu'Hugo nous emmenait assez loin de la côte sans pour autant qu'on soit à perpète. Il arrêtait le bateau et on discutait sur le pont. C'est ce qu'il fait aujourd'hui. On va ensuite sur le pont et on discute en mangeant et buvant des boissons non alcoolisées. Hugo est très strict sur ça. Il boit en soirée seulement s'il ne prend pas la voiture ensuite. Donc quand il prend le bateau de son père, aucun alcool se trouve à bord.


– Alors, toujours pas de mec ? Demandé-je.

– Non... Je n'ai pas vraiment la tête à ça. Et puis, je ne trouve pas que les mecs de notre âge sont très intelligents. Ils sont assez immatures. Enfin, on y est aussi nous mais je trouve qu'on est moins cons.

– Je vois où tu veux en venir. Mais je suis certain qu'il y a un mec qui te correspond parfaitement. Je ne dis pas que tu vas le rencontrer demain ou dans deux ans mais il apparaîtra quand tu t'y attendras le moins. Je suis sûr qu'il est quelque part, pas loin. Il faut juste laisser le temps faire.

– J'espère que tu as raison. Je suis jeune et ne veux pas construire ma vie avec quelqu'un mais je sais qu'un jour, je le voudrai. Après, ça peut être dans cinq ans comme dans dix. Mais je vais déjà profiter de mes vingt ans.

– Je te vois bien marié à un petit mec timide et sensible qui t'aimera plus que tout. Évidemment, tu ressentiras la même chose. Il saura te rendre heureux. Je suis même sûr que vous vivrez assez rapidement ensemble. Tu sauras direct que c'est le bon. Ouais, tu auras le compagnon parfait à tes yeux qui te fera oublier tous tes malheurs. Vous saurez incroyablement heureux.

– J'aime ce que tu dis. J'espère que ça m'arrivera. Et tu seras mon témoin à mon mariage ?


Je ne serai plus là malheureusement. Je ne pourrai pas te voir dans ton beau costume en train d'épouser l'homme qui te correspond. Je ne te verrai pas heureux. Tu devras vivre ta vie sans moi. Je ne serai pas là quand tu décideras de construire une famille avec ton mari. Je ne verrai pas grandir tes enfants. Je ne te verrai pas faire le métier que tu aimes. Je ne pourrai pas faire un discours de témoin parfait où je raconte ta rencontre avec ton amoureux, où je te mets mal à l'aise en racontant des anecdotes embarrassantes. Non, je ne pourrai pas vivre tout ça à tes côtés car je ne serai plus de ce monde Hugo.


– Évidemment que je serai ton témoin. Mais tu ne prendras pas Mathis ?

– Tu sais très bien qu'on ne se parle plus depuis six ans.

– Je sais mais je suis persuadé qu'il reviendra.

– Hum...


Je sais que ça paraît improbable à ses yeux mais Mathis va revenir. On continue de discuter quand le temps se gâte. Ce n'était pas prévu ça ! Je regarde Hugo qui m'a l'air paniqué. Le temps change tellement vite qu'on n'a pas le temps de rejoindre la côte.


– Putain, la tempête arrive, regarde ! Crie Hugo.


Attendez, une tempête ?! Il faisait tellement beau il y a deux minutes ! On ne peut rien faire. Elle arrive trop vite et elle s'abat sur nous. La mer est déchainée. On n'arrive même pas à rentrer dans la cabine. Le vent est violent. On se dirait dans un film apocalyptique américain. Et si c'était ça ma porte de sortie ? J'essaie de m'éloigner d'Hugo pour qu'il ne m'atteint pas.


– Tom !!! Tiens-toi bien !! J'arrive !!


Le vent se fait encore plus violent. Le bateau bouge dans tous les sens. La cabine finit par céder et s'envole. Je crois que tu vas être obligé d'en racheter un Patrice. Allez Tom, voilà le moment tant attendu. Je m'agrippe le temps de saisir mon téléphone portable. Il faut que j'envoie un dernier message à Mathis. Hugo aura besoin de lui.


« Mathis, je t'en supplie, reprends contact avec ton frère. Il aura besoin de toi dans les jours à venir. Je te demande de faire une dernière chose pour moi. Tu trouveras, dans ma chambre, au fond de mon tiroir de bureau, deux enveloppes. L'une bleue que tu donneras à Hugo quand il ira mieux, beaucoup mieux. Et une rouge que tu lui donneras le jour de son mariage. Je compte sur toi. Prends soin de lui. Tom »


Ce message, je l'ai tapé après ma tentative de suicide. Je savais, qu'un jour, j'allais arriver à mon but : mourir. Alors, j'ai écrit ce message que j'allais envoyer le jour de ma mort. Et ce jour, c'est maintenant. Je regarde Hugo qui essaie de venir vers moi. Le bateau bouge encore plus. Il me crie de m'agripper à la rive mais je ne le fais pas. Avec la force de la tempête, je bascule dans l'eau. Hugo m'attrape la main et essaie de me faire revenir sur le bateau mais je ne fais rien pour l'aider. Ne rends pas la chose plus difficile Smogogo. Une vague me fait lâcher la main de mon ami. Je suis emporté sous l'eau. Je suis désolé Hugo. J'espère que tu me pardonneras. Je t'aime et je veillerai sur toi.

L'eau s'infiltre dans mes poumons. Le manque d'air se fait ressentir. Je sens peu à peu la vie me quitter. Je suis libre. Enfin.


🌊 Hugo 🌊

Tom lâche ma main et je ne le vois plus. Je crie dans l'espoir qu'il me réponde mais rien. La tempête finit par se calmer et je regarde autour de moi si je vois mon ami. J'essaie de démarrer le bateau mais rien n'y fait. Il a pris un sacré coup avec cette tempête. Je cherche partout Tom et mes larmes coulent le long de mes joues. Je ne le vois nulle part. Est-il encore en vie ? J'essaie de garder espoir mais c'est compliqué. Je scrute le moindre mouvement de mer pendant vingt minutes avant que mon portable ne sonne. C'est mon père. Je décroche, en pleurs et paniqué.


– Papa ! Il... Il... Il y a eu une... Une tempête ! T-Tom ! Je... Je ne le... Je ne le vois plus ! Je... Je ne sais... Pas où il est ! Papa ! J'ai... Peur ! Il... Il s'est mal tenu... Il... Il a basculé dans l'eau... J'ai... Je n'ai rien pu faire ! Aide-moi, papa !

– Calme-toi Hugo. Respire à fond.


Je sens de l'inquiétude dans sa voix mais aussi du soulagement de savoir que je suis en vie. Mon regard est toujours fixé sur la mer quand je vois quelque chose flotter. Je mets le haut-parleur et m'approche de la rive du bateau. J'ai l'impression que c'est un morceau du bateau mais je ne suis pas sûr. Mais je reconnais les vêtements de mon ami. Mon stress monte en flèche. Ne me dites pas qu'il est... ? J'essaie de l'atteindre et finis par y arriver.

Mes larmes coulent le long de mes joues. Je retourne la personne et vois qu'il s'agit de Tom. Il est tout blanc. J'hurle comme un fou. Dites-moi qu'il s'agit d'un putain de rêve !! Je vais me réveiller. Ce n'est pas possible putain !!!


– J'appelle les garde-côtes !


J'entends que mon père a raccroché. J'arrive à soulever Tom pour le mettre sur le bateau. Je l'allonge et m'assois à ses côtés. Je suis en pleurs. Ma respiration est saccadée. J'ai du mal à respirer.


– Je suis tellement... Tellement désolé Tom...


Je m'excuse je ne sais combien de fois. C'est un cauchemar. Pourquoi ? Pourquoi il est mort ? Pourquoi je n'ai pas su le sauver ? Pourquoi j'ai eu cette idée de venir en mer ? Je te demande pardon Tom. Pardon de t'avoir ôté la vie.


...Fin du Flashback...


Voici le chapitre trente-six ^^ Vous en pensez quoi ? Il est très émouvant...

Ce chapitre prouve qu'Hugo n'est en rien responsable de la mort de son ami...

N'hésitez pas à laisser un commentaire et à voter ^^

Romane 🐧

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