Chapitre 33
🐧 Noah 🐧
Je suis devant l'église où se déroulera la cérémonie en l'honneur de mon géniteur. Ma mère est aussi présente. Je pense qu'on a besoin d'être ici pour tirer un trait sur ces dix dernières années affreuses. C'est sûr que ça n'enlèvera pas ce qu'il m'a fait mais on pourra, tous, aller de l'avant. Paulette ne nous a pas repéré. Étonnamment, il y a énormément de monde. Dans mes souvenirs, il n'avait pas beaucoup d'amis. Il s'agit peut-être d'anciens collègues de travail. J'ai parlé trop vite puisque Paulette arrive vers nous. Elle a l'air furieuse.
– Qu'est-ce que vous foutez ici ?! Partez !!
– Un enterrement est interdit à personne. Réplique Hervé.
– Je savais que j'aurais dû t'annoncer le décès de mon petit ange seulement demain.
– Vous parlez d'ange mais vous oubliez bien trop vite qu'il a bousillé la vie de mon fils vielle bique !
– Sophie, tu aurais mieux éduqué ton fils, il n'aurait pas viré pédé. C'est lui qui devrait être dans cette tombe et non mon petit garçon !
– Votre petit garçon comme vous dites, était un monstre !
La vieille allait répliquer mais une personne, que je ne connais pas, l'interrompt en lui disant que la cérémonie allait commencer. Ils font entrer le cercueil et la famille du défunt suit. Je ne me considère plus comme son fils alors je décide d'entrer en même temps que les autres personnes. Ma famille fait de-même sauf Hervé. C'est sûr que ça ne le fait pas si le père du défunt ne suit pas le cercueil.
On entre tous dans l'église et on se met vers le milieu. Ça ne sert à rien d'être devant. Et aussi, je ne veux pas avoir le regard meurtrier de Paulette. Le prêtre commence son charabia. Je sais bien que c'est son travail et qu'il croit en tout ça mais putain il parle comme si ce connard de mort était un ange. Je n'ai pas du tout hâte d'entendre le discours de la vieille peau car ça va encore plus m'énerver. En parlant d'elle, elle se lève pour aller près du pupitre. C'est parti pour l'éloge de Carl.
– Carl était mon fils adoré. Un parent ne devrait pas enterrer son enfant. Mais c'est malheureusement mon cas. Il était tellement doux et gentil. Il n'aurait jamais fait de mal à une mouche. C'était la bonté incarnée. Certaines personnes l'ont accusé à tort d'un crime qu'il n'a pas commis. J'étais sa mère et je suis la mieux placée pour savoir comment était mon garçon. Il était toujours prêt à aider les autres. Il a passé dix années en prison pour rien. Il a eu la vie bousillée. Ça l'a détruit. J'allais le voir au parloir et son état se dégradait de plus en plus. Il est sorti de prison en août mais est resté en liberté qu'un mois et demi avant d'être renvoyé en prison. Encore une fois, il n'avait rien fait. Et c'est là que le drame a été commis. Ils ont assassiné mon petit. J'espère que tu es en paix maintenant. Je t'aime mon chéri.
Voilà qu'elle se met à chialer. Vous avez entendu ce discours de merde ?! Il passe pour un saint ce connard ! Je serre les poings tellement j'ai la rage. Hugo me caresse la cuisse pour me détendre et ça marche un peu. Je n'en reviens pas qu'elle ait raconté autant de conneries ! En même temps elle aimait son Carl de merde. Mais le pire c'est qu'elle avait dit que je n'avais pas été assez puni. Que Carl aurait dû faire bien plus et me tuer ensuite. C'est une vipère cette femme.
– Je viens d'apprendre que les enfants du défunt sont présents, est-ce que l'un d'eux veut prendre la parole ?
Je regarde mon amoureux et il comprend où je veux en venir. Oui, j'ai envie de parler pour rétablir la vérité. Je ne vais pas dévoiler tout mais j'ai besoin d'extérioriser ma colère envers Paulette. Je me mets début après avoir embrassé mon amoureux. Ma mère et Megan me regardent stupéfaites. Mais je n'ai pas le temps de faire quoi que ce soit que deux filles sont déjà au pupitre. C'est quoi ce bordel ?! Elles doivent être légèrement plus jeunes que Meg et moi.
– Comme vous l'auriez compris, on est Stella et Cathy, les filles du défunt. Notre père était aimant. Il était toujours là quand il le fallait. Il était souvent en déplacement alors on ne l'avait pas tous les jours avec nous mais quand il était à la maison, c'était incroyable. On passait notre temps à jouer. Il était formidable. Je n'avais que douze ans quand il est parti en prison et Cathy, dix. On n'a jamais su pourquoi il s'était retrouvé derrière les barreaux mais on est persuadées qu'il n'avait rien fait. On ne l'a pas connu longtemps mais c'était le meilleur papa du monde.
Meilleur papa ?! Oh les filles, il m'a violé cinq fois et a voulu recommencer !! Je regarde Hervé qui est dans le même état que nous : choqué. J'en conclus qu'il n'était pas au courant de son autre vie mais apparemment, Paulette, si. Une famille de barges ! Je n'écoute même plus ce que disent ces filles. Je suis bien trop énervé. Mon amoureux essaie de me calmer mais c'est compliqué. Il faut que je parle à ces gens. Je ne vais pas faire un scandale devant tout le monde. J'attendrai qu'il soit sous terre. Je trouve le temps long. Le prêtre termine son office et le cercueil sort avec la famille derrière. En sortant, j'attrape la main de mon amoureux. J'ai besoin de me calmer un peu. Je suis tellement en colère. Pendant quinze ans j'ai considéré cet homme comme mon père alors qu'il avait une nouvelle famille. Je comprends mieux ses « déplacements professionnels ». Il a toujours été un connard en fin de compte. Est-ce qu'il a vraiment aimé ma mère ? Ce qui est certain, c'est qu'il n'était pas marié avec l'autre femme. Voir tous ces gens tristes par le décès de cet homme me répugne. Ils ne savent pas ce qu'il m'a fait ! Pour eux, c'était un ange, un homme bien. C'est que ce j'ai cru pendant quinze ans.
Une fois qu'on sort du cimetière, j'attends avec mon amoureux et ma famille. Je n'ai pas lâché la main d'Hugo. J'ai du mal à croire qu'il nous aimait. Si c'était le cas, pourquoi avoir une double vie ?
– Franchement, c'était un sale con ce type ! Dire que je l'ai appelé papa ! S'écrie ma sœur.
– Megan, calme-toi.
– Maman, ce type avait une double vie ! Il a bousillé la vie de Noah ! Il arrive seulement à se reconstruire ! Je ne comprends pas comment tu peux être aussi calme. Tu as été en couple avec lui pendant vingt-deux ans.
– Je sais mais j'étais au courant de son infidélité. Enfin, je le sais depuis dix ans seulement. Dès qu'il a touché à ton frère, j'ai mené ma petite enquête et j'ai découvert sa nouvelle famille. Ça m'a foutu un coup mais je me devais forte pour Noah. Je ne vous ai jamais rien dit car j'estimais que vous aviez assez souffert par sa faute.
– Je ne t'en veux pas maman. Et je comprends pourquoi tu as fait ça. Réponds-je.
– Merci Noah.
– C'est pareil de mon côté.
– Merci Megan.
On sourit tendrement à ma mère quand je vois la deuxième famille de mon connard de géniteur sortir. Paulette est avec elles mais elle part voir je ne sais qui. Je m'approche des trois femmes tout en gardant mon copain près de moi. Ma famille suit de loin.
– Excusez-moi.
– Oui ? Vous êtes ? Demande la mère.
– Noah. Et vous, vous êtes la compagne du défunt ?
– Oui, je suis Anastasia et voici mes filles, nos filles, Stella et Cathy. Enfin, elles ne sont pas les filles biologiques de Carl mais c'est tout comme. Je suis désolée mais votre prénom m'est inconnu. Quel est votre nom de famille ?
– Huchet mais initialement, Martin. Je suis le fils de Carl. J'ai une sœur jumelle, Megan. On est sa première famille. Je suis désolé de vous balancer ça comme ça mais j'aimerais rétablir la vérité.
– Je... Ce n'est pas possible.
– Si et franchement, je regrette qu'il soit mon père. Putain rien que de dire ce mot, ça me brûle la gorge.
– Je n'y comprends rien. Mais vous voulez me parler de quelle vérité ?
– Votre compagnon était un vrai connard. Peut-être pas avec vous ou vos filles mais avec moi, il a été le pire des monstres. Vos filles se demandaient pourquoi il avait été en prison. La réponse est simple. Il m'a violé cinq fois de suite à mes quinze ans. Pourquoi ? Car j'ai avoué à mes parents que j'étais gay. Il m'a traité comme si j'étais la pire chose au monde. Il m'a dit que je devais mourir. Depuis ce jour, il est mort à mes yeux. Alors oui, vous n'avez pas connues trop longtemps votre père et c'est de ma faute mais il n'avait qu'à pas pourrir ma vie. À cause de lui, j'ai peur des hommes. Je vais mieux grâce à mon copain mais ça reste très compliqué. Il est revenu vers moi après sa sortie de prison en me disant qu'il allait me violer, encore une fois, avant de me tuer. Parce que pour lui, je mérite que ça. Votre père, votre compagnon, était le pire des cons et sérieusement, je suis soulagé qu'il soit mort. Je n'aurais plus à vivre dans la peur.
– Ce n'est pas possible. Vous devez faire erreur.
– Non. Intervient ma mère. Je suis Sophie, l'ex-compagne de Carl. Il a violé sans scrupule son propre fils. Il a détruit notre famille mais le pire c'est qu'il a bousillé la vie de Noah. Avec vous, il était peut-être un ange mais avec nous, ce n'était pas le cas. C'est sûr que pendant quinze ans, il jouait parfaitement son rôle de père mais il a vite changé en apprenant que son fils aimait les garçons.
– Je ne peux pas croire que mon père était comme cela. Pas lui. Pleure Stella.
En ayant marre, je pars sans rien dire. Je n'en peux plus d'entendre ces gens dire tout le bien de ce monstre. Hugo me suit et une fois qu'on est assez loin, je plonge dans ses bras. Les larmes coulent en silence. Je ne pleure pas de tristesse mais de soulagement. C'est enfin fini. Vous pourrez me traiter de sans cœur mais pour être honnête, le sans cœur dans cette histoire est dans la tombe. Je suis enfin libre. Je vais pouvoir aller de l'avant sans avoir peur qu'il débarque et me viole une nouvelle fois. Ouais, je suis soulagé.
– Je t'aime Noah. Je te promets de te donner la vie dont tu rêves, dont tu mérites.
Je sors ma tête de son cou pour le regarder en souriant. Je plaque mes lèvres contre les siennes. J'ai besoin de l'embrasser. Le baiser est doux mais amoureux. Bordel qu'est-ce que je l'aime.
– Je t'aime aussi Hugo et je suis sûr que ma vie sera meilleure grâce à toi. D'ailleurs, la tienne aussi le sera. Tu arriveras à comprendre que ce qui est arrivé à Tom n'est en aucun cas ta faute. J'essayerai de te le faire comprendre.
– Merci mon cœur.
– C'est normal chéri.
Il colle nos fronts ensemble avant de m'embrasser tendrement. On arrivera à s'entre-aider. J'en suis certain. Il est celui que j'attendais mais je suis persuadé que je suis celui que lui attendait. On ne peut qu'aller mieux ensemble. Après notre baiser, ma famille revient. On décide de rentrer car après tout, on n'a rien à faire ici. Ma mère a parlé avec Anastasia et elle a appris que le père biologique des filles est mort en intervention. Il était militaire. Carl et Anastasia se connaissent depuis leur plus jeune âge et il a toujours été là pour les filles. Après la mort de leur père, mon géniteur et Anastasia se sont mis en couple. Les filles ont considéré ce con comme leur père. Pour elles, Carl était leur père car il était présent. Ma mère n'a jamais entendu parler de cette femme mais si ça avait été le cas, elle l'aurait quitté depuis bien longtemps. Mais maintenant, assez parlé de lui. Il est mort et fait partie du passé. Ma nouvelle vie peut enfin commencer.
Trente-troisième chapitre ! Vous en pensez quoi ? Carl est un véritable connard ! Noah peut enfin vivre sa vie !!
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Romane 🐧
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