Chapitre 3
Je suis chez Megan et Corentin. Je ne voulais pas passer ma soirée seul alors ils m'ont proposé de venir. Ça m'arrive souvent de ne pas vouloir être seul le soir, du moins, pour diner. Ça me rappelle à quel point ma vie est une catastrophe niveau sentimental et que ça restera ainsi pour le restant de mes jours. Personne ne voudra d'un mec comme moi. Qui voudrait s'enticher d'un boulet ? Je soupire avant de déguster tranquillement le repas cuisiné par Corentin.
– Alors ? Demande ma jumelle.
– Alors quoi ?
– Tu en penses quoi d'Hugo ?
– Je ne sais pas pourquoi mais je m'en doutais. Il est très sympa et on a bien parlé. Il est chouette comme type.
– Mais encore ?
– Meg, tu veux me faire dire quoi au juste ?
– Elle veut s'avoir comment tu le trouves physiquement. Intervient son mari.
– Oh... J'ai le droit de dire qu'il est complètement magnifique ? Qu'il a un sourire à tomber et je ne vous parle pas de son rire ? Qu'il a une voix à faire virer de bord le mec le plus hétéro du monde ?
– Bien sûr que tu as le droit de le dire.
– Alors, c'est ce que je pense de lui.
– Mais c'est génial ! S'écrie Megan.
– Et en quoi ça l'est ? Je n'arriverai jamais à me laisser approcher. Il ne me touchera jamais alors pourquoi autant d'emballement pour quelque chose qui n'existera pas ?
– Ne jamais dire jamais Nono.
– Arg arrête avec ce surnom de merde.
– Pardon. Si tu ne fais pas d'efforts, tu ne pourras jamais rencontrer quelqu'un et vivre ta vie.
– Tu ne comprends pas que ma vie est foutue depuis ce jour ? Que je n'arriverai jamais à avoir un mec qui serait prêt à vivre avec mes problèmes ? Aucun mec ne voudrait supporter une telle chose alors laisse tomber. Je vais finir ma vie avec Oscar. Après tout, c'est un mec. Bon, je vous l'accorde, ça ne sera pas une relation amoureuse entre nous mais entre asociales, on se comprend.
– Tu ne crois pas qu'il y ait un mec qui est prêt à vivre avec tes problèmes comme tu le dis ? Un mec qui serait capable de faire en sorte que tu te sentes mieux ? Un mec qui te libère de toute cette histoire ?
– Je ne crois pas. C'est trop beau pour être vrai.
– Laisse-toi aider Noah.
Je soupire et baisse la tête. Ce n'est pas aussi simple de se laisser aider. Personne n'a la patience qu'il faudrait pour me venir en aide. Et surtout, comment faire pour que je sois libre ? Ça me paraît impossible mais parfois, j'ai envie d'y croire. Mais je crois que je ne trouverais jamais ce mec qui serait capable de faire tout ça pour moi. Il est bien trop parfait pour que je le trouve un jour.
– Sinon, ça se passe bien au zoo ? Me questionne Corentin.
– Avec les manchots et Oscar, nickel mais après avec mes collègues, c'est une autre paire de manches.
– Ils ne te respectent pas ?
– Ce n'est pas ça, c'est juste qu'ils m'ignorent totalement et que je suis le mec bizarre qui s'occupe des manchots. Ils font des soirées entre collègues mais Léa et moi, ne sommes jamais invité. Après, je m'en moque. Je fais mon travail et ça s'arrête là.
– Tu as bien raison. Ne pas porter d'importance à des gens dans leur genre.
– Et puis, tu n'es pas bizarre. Intervient ma sœur.
– Si, Meg. Je suis complètement bizarre à cause de mes problèmes mais j'ai appris à ne pas faire attention aux remarques et regards des autres. C'est ma vie, pas la leur.
– C'est vrai.
Je souris à ma sœur avant de continuer de manger. Si ça refroidis, ça va être immangeable. J'aime bien passer du temps avec Megan et Corentin. Ils ont toujours la gentillesse de m'accueillir quand je ne veux pas être seul. Mais il va falloir que j'apprenne à ne pas venir chez eux trop souvent maintenant. Ils ont leur vie à vivre et ne veulent pas de quelqu'un dans leurs pattes. Je sais que je pourrais aller vivre chez mes parents au lieu d'être tout seul dans mon appartement. Le problème c'est que je ne veux pas les déranger. Et ils m'ont assez supporté comme cela. Oui, j'ai dit « mes parents » car je considère Sylvain comme mon père. Je l'appelle même papa.
– Samedi, je revois Hugo. Balancé-je.
– Et tu dis ça que maintenant ? Interroge Megan.
– Que je le dise avant ou maintenant, ça ne changera rien.
– Tu vas lui dire ? Demande Corentin.
– Je ne sais pas. Je verrai bien comment ça se passe. Si je sens qu'il aimerait être proche de moi, alors je lui dirai pour ne pas lui donner de faux espoirs sinon, je ne dirai rien. Ce n'est pas quelque chose que tu balances comme ça à un inconnu.
– Il est inconnu pour toi mais pas pour nous alors on peut te dire que c'est un mec bien. Répond ma sœur.
– Hum. On n'y est pas encore alors je verrai bien. Mais je sens que je peux avoir confiance en lui, même si je ne le connais pas.
– Tu sais, si tu lui dis, il comprendra et ne te brusquera pas. Lui aussi a vécu quelque chose de terrible. Déclare mon beau-frère.
– Ah bon ?
– Ce n'est pas à moi de te le dire mais oui, il y a cinq ans, ça a été compliqué pour lui.
– D'accord. On verra bien comment ça va se passer.
Alors comme ça, Hugo a vécu quelque chose de terrible ? Si c'est si terrible que ça, pourquoi il ne parait pas aussi triste que moi ? Quand on me regarde, on voit très bien que je suis un homme triste alors pourquoi lui a l'air joyeux ? À moins qu'il cache bien son jeu. Ou alors, il a cicatrisé de ses blessures, ou du moins, un peu. Pas comme moi qui souffre toujours autant. Je me demande si un jour j'arriverai à aller mieux et à vivre comme quelqu'un de normal. Ça fait dix ans que je vis de la sorte, pourquoi ça changerait ?
Une fois le repas terminé, je remercie mes hôtes et je pars en direction de mon appartement. Je n'habite pas très loin alors je suis à pied. Je suis un peu stressé de revoir Hugo. Je suis heureux mais stressé. Je ne sais pas comment ça va se passer. Et s'il s'apercevait que je ne suis pas intéressant ? Pire, et si on n'avait pas de conversation ? Si on ne parlait pas pendant le rendez-vous ? Enfin, je dis rendez-vous mais s'en n'est pas vraiment un. On va juste se voir entre amis. D'ailleurs, on est ami ? Ça m'étonnerait puisqu'on ne se connait pas. On va dire que c'est une sortie entre connaissance. Voilà, c'est mieux et plus exact.
Une fois chez moi, je pars me brosser les dents ainsi que me doucher. Il n'est pas très tard alors je décide de regarder un film quand mon téléphone sonne. C'est Léa. Il lui arrive quoi encore ? J'adore ma meilleure amie mais parfois, elle appelle juste pour me dire qu'elle s'est tâchée le t-shirt. Je soupire et réponds.
– Allô ?
– No... Noah ? Dit-elle en sanglotant.
– Qu'est-ce qui se passe Léa ?
– E-Ethan.
– Quoi Ethan ? Reprend ton souffle et seulement après, tu me parleras.
Qu'est-ce qu'Ethan a encore fait ? Ce type est sympa et je l'aime bien mais par moments, il fait souffrir ma meilleure amie sans s'en rendre compte. J'attends plusieurs minutes et elle finit par me parler.
– Je peux venir chez toi ?
– Bien sûr. Prend même de quoi te changer, tu dormiras chez moi.
– Merci Noah.
– C'est normal.
On finit par raccrocher et j'attends ma meilleure amie dans mon canapé. Bon je crois que c'est foutu pour que je regarde un film. Remarque ça aurait fait comme d'habitude, j'aurais cherché pendant trois plombs un film qui, au final, ne m'aurait pas tant plus que ça. Après un quart d'heure, on sonne à ma porte. Je me lève et vais ouvrir. Je tombe sur Léa en larmes. Je la prends directement dans mes bras pour la réconforter. Je ne sais pas ce qu'il se passe mais ça à l'air grave. Je ferme, tant bien que mal, la porte et je nous dirige vers mon canapé où l'on s'assoit. J'attends que ma meilleure amie se calme pour qu'on parle.
– Je ne sais pas quoi faire.
– Je ne sais pas de quoi tu parles mais explique-moi ce qu'il se passe pour que ce soit plus clair. Déclaré-je.
– Ethan m'a dit qu'il rentrait tard ce soir car il avait du boulot mais ça fait deux semaines qu'il me dit ça. Je suis sûre qu'il me trompe.
– Tu sais, ce n'est pas forcément le cas. Son boulot lui prend beaucoup de temps.
– Noah, je suis venue ici car je pensais que tu allais me soutenir mais au lieu de ça, tu le défends.
– Je ne le défends pas. Je dis juste qu'il ne te trompe pas forcément. Bon, j'avoue, c'est quand même étrange qu'il te dise cela depuis deux semaines. Il faut que tu le confrontes. Je sais que tu vas souffrir s'il te trompe réellement mais tu ne peux pas vivre dans l'ignorance.
– Tu as surement raison. Je peux quand même dormir ici cette nuit ? Je le confronterai demain car là, je n'ai pas le courage.
– Bien sûr. Ma porte sera toujours ouverte pour toi.
– Merci Noah.
Je souris tendrement à ma meilleure amie et je la prends dans mes bras. C'est vrai que cette histoire avec Ethan est bizarre mais le seul moyen de savoir ce qu'il se passe, c'est de le confronter ou de le suivre pour savoir ce qu'il fait. Bon, j'avoue que le suivre c'est risqué car on n'est pas doué pour ça. Il va nous repérer en deux secondes. J'aimerais plus aider ma meilleure amie mais je ne sais pas quoi faire. À vrai dire, je ne suis assez nul pour réconforter les gens. Je ne sais jamais quoi dire alors je parle peu et je prends la personne dans mes bras. Enfin, je n'ai pas réconforté beaucoup de gens dans ma vie. Ces personnes se comptent sur les doigts d'une main. Il y a eu Megan et Léa.
– Si ça se trouve, il est devenu gay.
– Arrête de croire que tous les mecs sont gays. Ce n'est pas parce qu'il y a un problème et que le mec est bizarre qu'il devient gay. Et puis, on ne devient pas gay ou lesbienne, on y est depuis la naissance même si parfois, on ne le comprend pas ou du moins, on le comprend mais tard.
– Oui mais toi tu l'as compris tôt.
– J'avais treize ans donc on peut dire tôt même si c'est tard comparé à certaine personne. Et j'ai mis deux ans avant de le dire à mes parents. Enfin, j'aurais mieux fait de le dire qu'à ma mère.
– Tu ne pouvais pas deviner ce qu'il allait se passer. Personne ne pouvait savoir.
– Je sais...
Elle a raison. Qui aurait pu prévoir cela ? Il n'y avait aucun signe qui nous le montrait. Je n'aime pas repenser à cette période de ma vie même si j'y pense, presque, tout le temps à cause de mes problèmes. C'était très difficile à gérer et ça l'est encore par moments.
– Bon changeons de sujet. Dis-moi un truc joyeux.
– Je revois Hugo samedi.
– Quoi ?!
– On va diner et on va se raconter nos vies.
– Tu vas vraiment lui parler de ta vie ? Demande Léa.
– Je ne sais pas encore. Je verrai bien. Peut-être mais il va faire comme tous les autres, fuir.
– Alors déjà, quand tu parles de tous les autres, tu parles de ton ex ?
– Oui et du mec que j'ai vu l'année dernière. Je ne sais même plus comment il s'appelle.
– Je me souviens ! Mais lui ne connaissait pas ton passé. Pas comme ton ex.
– C'est vrai.
Vous comprenez pourquoi je ne sais pas encore si je vais en parler à Hugo. Je sais que ça peut paraître tôt mais au fond de moi, je sens que ce mec fera partie de ma vie. De quelle façon ? Je l'ignore mais, il sera à mes côtés pour les années à venir. Je le sens.
Et de trois ! Oui, je sais, on ne voit pas Hugo encore mais il arrive ! Vous en pensez quoi de ce chapitre ? Qu'a vécu Noah ?
N'hésitez pas à laisser un commentaire et à voter ^^
Romane 🐧
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