Chapitre 22 | 1

"Because you want to

To save a life,

Fight for you and I."

Fight – All Good Things. (En média).


Ma tête tourne, la pièce autour de moi aussi. Même si vomir m'a un peu soulagée, l'eau fraîche ne m'aide pas. Je crois que la seule chose qui me ferait du bien en dehors des caresses de Raven sur mon omoplate est une bonne nuit de sommeil. L'alcool est vraiment un cercle vicieux. Un état mensonger. Je n'y ai goûté que deux fois et déjà, je ne suis plus très sûre de ne pas recommencer. Je me sens mal, ma nausée augmente petit à petit, les basses des morceaux électro me donnent l'impression d'imploser et pourtant, je serais prête à remettre ça. Je serais prête à retenter l'expérience pour les quelques minutes d'euphorie, de vide, d'oubli que ça m'a apporté. Pendant un temps infime, je ne pensais plus à rien. Pendant un temps infime, je n'avais plus mal. Et quand mes sentiments se sont réveillés, que l'engourdissement a laissé place à l'explosion, je n'avais plus peur de m'exprimer. Je n'avais plus peur de hurler ma douleur à la figure du monde. Enfin... à la figure de Raven. Je n'avais plus de barrière, plus de masque. J'étais libre. Si c'est cette liberté que Neven et Axel recherchaient quand ils se sont mis à boire après l'accident, alors je les comprends. Je ne leur en veux plus.

Les doigts si délicats du Corbeau quittent soudainement mon dos nu et toutes mes réflexions se font balayer d'un revers de main. Je n'ai pas envie qu'il arrête, j'ai besoin de sa peau contre la mienne. Privée de son contact, je relève le nez de ma tasse toujours à moitié pleine et remarque que Maxxie est ici. Devant son ami, il paraît horrifié mais la violence de ses émotions ne me frappe que lorsqu'elles se dessinent sur le visage de Raven. Ce dernier devient livide d'un seul coup. L'angoisse, l'inquiétude, le désespoir s'inscrivent sur son visage un à un et mon cœur rate un battement. Le Corbeau jette un coup d'œil dans ma direction, articule des mots que je ne comprends pas, puis se met à courir vers le salon. Surprise, je le regarde d'abord faire sans parvenir à réagir mais à la seconde où Maxxie le suit, mon corps se débloque. Je me lance à leur poursuite. Mes mouvements sont incertains, je bouscule plusieurs danseurs sans vraiment le vouloir, je me cogne dans plusieurs meubles qui finissent par retenir mes chutes... je ne contrôle plus rien. Tout me semble à la fois trop intense et trop lointain. La musique est si forte que je la sens vibrer dans la plante de mes pieds, pourtant mes oreilles sifflantes atténuent le moindre bruit. Les lumières qui tournoient dans la maison tout entière m'aveuglent, pourtant ma vue se brouille. J'ai l'impression d'être sous l'eau et de me faire malmenée par les vagues. Je n'ai pas envie que le courant m'emporte, il faut que je sache pourquoi Raven est dans cet état.

Au bout d'une éternité de lutte contre cet environnement devenu presque hostile, je finis par me frayer un chemin dans une petite foule d'étudiants qui scandent quelque chose d'incompréhensible. Positionné en cercle autour de deux mecs, tout le monde s'excite et j'ai une désagréable sensation de déjà-vu. Même si ma petite taille m'empêche d'assister au spectacle, elle me permet de me faufiler jusqu'au premier rang. Un grand baraqué éclate la mâchoire d'un blond à la tignasse sauvage qui se défend à peine. Je n'arrive pas à voir son visage mais une chose est sûre, il ne veut pas se battre. Les paumes en évidence, il demande clairement à son adversaire d'arrêter le combat. Le sale type ricane, attrape sa victime par les cheveux pour le relever puis le frappe une deuxième fois. Puis une troisième. Et une quatrième. Sans jamais lâcher sa crinière blonde. Plus les coups s'enchaînent, plus mon estomac se noue. Plus les cris du garçon retentissent, plus mon rythme cardiaque s'accélère. Pourtant ce n'est que lorsque j'aperçois Raven que tout se saccage dans ma poitrine. Les traits tirés par ce qui ressemble à un mélange de rage et de peur, il fonce sur l'agresseur du blond et les étudiants l'acclament. En deux temps trois mouvements, il se débarrasse du grand baraqué qui finit sonné sur le sol et s'accroupit à côté de la victime.

— Isaiah... Isaiah, est-ce que ça va ?

Isaiah ?

Le brouillard se lève, je crois que la situation m'oblige à dessoûler plus vite que prévu. C'est lui, je le reconnais maintenant. Il a du sang et des larmes partout, mais c'est bien lui.

Oh mon Dieu... Isaiah...

— Raven ! Derrière toi ! s'écrie une voix familière.

L'Hirondelle.

Raven a tout juste le temps de se retourner qu'un inconnu lui flanque son poing dans la mâchoire. Quand il s'effondre sur le carrelage crème, je n'ai plus aucun doute : l'alcool qui pulsait dans mes veines s'est évaporé en totalité. Je me précipite vers le Corbeau, tombe à genoux à ses côtés alors que le nouveau type se dirige vers Isaiah. Il l'empoigne à son tour par les cheveux mais cette fois, au lieu de le tabasser, il se contente de le tirer vers lui comme s'il tentait de l'emmener quelque part. L'Aigle Royal se débat, appelle à l'aide mais personne ne réagit. Tout le monde reste là, à observer la scène sans bouger. Il n'y a que Raven qui semble réellement touché par les hurlements paniqués d'Isaiah.

— Éloigne-toi, Willow ! me lance-t-il en se relevant pour voler au secours de son ami.

De notre ami. J'ai beau ne pas en savoir beaucoup à propos d'Isaiah, son côté charmeur, son humour et sa bonne humeur constante font de lui un garçon incroyablement attachant. Focalisée sur Raven qui s'apprête à se battre contre un homme qui paraît faire deux fois sa carrure, je ne prends pas conscience tout de suite que le grand baraqué de tout à l'heure se relève pour réclamer sa vengeance. À quelques centimètres du Corbeau qui ne le voit pas arriver, il sort un coup-de-poing américain de sa poche et je ne peux pas me retenir, je crie son prénom de toutes mes forces. Mais c'est déjà trop tard ; lorsqu'il fait volte-face, le type a déjà armé son bras. Il n'atteint pas sa cible pour autant. Une petite masse toute vêtue de noir s'abat contre son flanc et il fait deux pas en arrière, ce qui laisse le temps à Raven de reprendre ses esprits et de libérer Isaiah.

— Savannah !

Le ton affolé du Corbeau m'incite à me reconcentrer sur la frêle silhouette sombre alors qu'elle reçoit un uppercut violent. Comme éjecté, son corps fait un vol plané pour s'écraser par terre dans un bruit sourd que j'entends à peine tant le brouhaha ambiant bourdonnent autour de nous. Tremblant de haine, mon collègue bondit sur le mec qui a osé lever la main sur l'Hirondelle mais le deuxième revient à la charge et j'en viens à penser au pire.

Il va se faire tuer.

Mourir.

Il va mourir.

Raven va mourir.

Comme Lucas...

Comme Neven...

Comme Axel...

Tout à coup, sans rien contrôler, j'agis :

— La police ! La police est là ! m'égosillé-je à m'en arracher la gorge.

Les deux ordures prennent la fuite tandis que Raven, le bras sous les épaules de Savannah pour l'aider à se remettre debout, m'offre un hochement de tête. Il me remercie. Je crois qu'il me remercie. La foule se disperse, les sons de plus en plus vifs se mélangent pourtant j'ai l'impression de tout vivre au ralenti. Les yeux rivés sur le Corbeau, je sursaute quand des doigts chauds se referment sur mon bras.

— Hey... est-ce que tu vas bien ? Ils t'ont touchée ?

Plusieurs secondes me sont nécessaires pour saisir les questions qu'on me pose. Pour reconnaître la personne qui me les pose.

— C'est toi qui viens de te faire passer à tabac, et c'est toi qui me demandes comment je vais ?

Incrédule, je fixe Isaiah comme s'il avait perdu la tête. Un sourire naît sur ses lèvres boursouflées et dégoulinantes de sang alors qu'il m'entoure d'un bras protecteur. Je ne remarque qu'il m'entraîne avec lui vers Raven et Savannah qu'au moment où nous finissons par les rejoindre.

— Ça vous dirait pas qu'on se tire d'ici ? lâche l'Hirondelle en épongeant le liquide rouge qui s'échappe de son nez.

— Carrément, lui répond Raven alors que je reste bloquée sur le filet visqueux qui coule le long de son menton. Je vais juste chercher Maxxie avant, il doit pas être loin.

— Je viens avec toi !

Je tente de m'échapper de l'étreinte d'Isaiah mais mes jambes en coton se dérobent sous mon poids. Le Corbeau me rattrape in extremis et là, collée à lui, ses prunelles claires dans les miennes, je me sens bien. Je me sens mieux. Le stress a disparu, la douleur aussi. Il ne reste plus que lui.

— Tu vas bien, Willow ? Ils ne t'ont pas fait de mal ?

— Ça va... Maintenant, ça va.


___________________

Coucou tout le monde, 

Comment ça va ? 

Ici, un peu fatigué, mais bon, mon nouveau livre passe entre les mains de ma nouvelle bêta, donc ça me booste un peu. J'ai l'impression que les choses avancent, c'est cool. J'espère que vos projets à vous avancent aussi, où tout du moins que tout va bien votre vie. Si jamais ce n'est pas le cas et que vous avez envie d'en parler ou que vous voulez simplement un peu de compagnie, sachez que vous pouvez me contacter n'importe où. Je discuterai avec vous avec plaisir. 

Sinon, que se passe-t-il, ici ? Vous avez une hypothèse sur ce qui arrive à Isaiah avec le peu d'informations qu'on a sur lui ? 

Vous pensez quoi de la diversion de Willow ? 

Bon, la musique est un peu plus violente que d'habitude, pas sûr qu'elle vous plaise, mais moi je l'aime trop. Celle-ci et Get Up, je les trouve tellement motivantes... Vous en pensez quoi ? 


Voilà, voilà, c'est tout pour moi. Je sais que la dernière partie publiée est passée inaperçue, mais si jamais vous passez par là, je vous dis à très vite, les potes. 

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top