Chapitre 20 | 1
"So I walk into the dead of night
Where my monsters like to hide.
Chaos feels so good inside."
Lost Control – Alan Walker ft Sorana. (En média).
À bout de souffle, je manque de m'écraser contre la porte de l'appartement des Charles mais je me retiens au mur in extremis. Une onde de choc se propage dans mes côtes et je dois mordre l'intérieur de ma joue pour ne pas laisser échapper un gémissement de douleur. Putain, il m'a pas raté. Je vérifie encore une fois mon téléphone en espérant que Maxxie ait vu mes messages, mais rien. Eh merde... Hésitant, je fixe mon écran de longues secondes comme si la solution pouvait me sauter aux yeux puis soupire. Je n'ai pas le choix, c'est soit je l'appelle et je prends le risque de réveiller sa mère, soit je rentre chez Jack et Kristen dans cet état... Ma tête bascule d'elle-même en arrière tandis que j'imagine ce qui pourrait m'attendre si jamais je me pointais chez mon oncle et ma tante aussi dégueulasse. La lumière de l'immeuble s'éteint automatiquement et j'appuie sur l'interrupteur dans un sursaut qui a le mérite de me sortir de mon dilemme.
— Désolé, Max', je peux pas faire autrement, là, chuchoté-je en cliquant sur son nom pour lancer l'appel.
Entre la finesse des murs de cet endroit et le fait que mon meilleur ami met toujours sa sonnerie à fond de peur de rater un coup de fil important, j'entends la chanson de Mod Sun résonner jusqu'ici. Plus la musique punk dure, plus mon stress monte. Allez, Maxxie, je t'en prie, j'ai pas envie d'avoir à expliquer quoi que ce soit à ta daronne, là... Au bout d'un temps qui me paraît durer une éternité, une voix ensommeillée grogne dans mon oreille. J'exhale de soulagement.
— Rav'... t'as vu l'heure ?
— Max'... Max', je suis... je suis devant chez toi, articulé-je avec difficulté. Est-ce que tu pourrais m'ouv...
Je n'ai pas le temps de terminer ma phrase que des frottements et quelques bruits sourds m'éraflent le tympan. À peine une minute plus tard, la porte d'entrée s'ouvre sur un Maxxie uniquement vêtu d'un tee-shirt de Nirvana beaucoup trop grand pour lui. Je crois que même dans la pénombre, il remarque à quel point je me suis foiré sur le deuxième combat de ce soir parce qu'il devient livide.
— Mais... mais qu'est-ce que...
Ses yeux se mettent dangereusement à briller et mon cœur se serre. Non. Pas ça.
Ne pleure pas à cause de moi, Maxxie, j'en vaux pas la peine.
Ni une ni deux, je traverse la distance qui nous sépare pour plaquer mon meilleur ami contre moi.
— Ça va Maxxie, ça va... C'est rien, c'est moins grave que ça en a l'air.
Il me serre. Il me serre si fort. Il s'accroche à moi comme s'il pouvait me perdre d'une seconde à l'autre et je me déteste de lui faire vivre ça.
— Max', je... eh, mais... tu trembles...
Je ferme durement les yeux.
— Maxxie...
— Tais-toi et entre, murmure-t-il en passant son bras autour de ma taille pour m'aider à déambuler dans l'obscurité effrayante de l'appartement.
Il m'attire jusque dans sa chambre, m'oblige à m'asseoir sur son lit défait, puis allume sa lampe de chevet après s'être assuré d'avoir fermé derrière nous. Quand la l'ampoule éclaire mon visage, celui que mon meilleur ami se décompose.
— T'as du sang partout... souffle-t-il.
Ses doigts recouvrent sa bouche entrouverte alors que je lutte pour ne pas détourner le regard. Ses prunelles passent de mon arcade éclatée à la traînée rouge qui goutte encore sur mon tee-shirt blanc. Elles s'arrêtent ensuite sur ma lèvre gonflée que je ne sens plus pour suivre un nouveau chemin visqueux qui se dessine sur mon menton et que j'ai déjà tenté d'essuyer plusieurs fois du dos de ma main. Je dois avoir d'autres égratignures dont je n'ai pas conscience parce que les pupilles de Maxxie scrutent encore deux ou trois endroits de ma peau avant de s'échouer sur mon avant-bras, plaqué contre mes côtes.
— T'as mal comment ?
— J'ai pas mal, mens-je d'une voix rocailleuse.
Frustré, le Moineau fronce les sourcils et m'envoie un coup dans l'épaule, qui résonne jusque dans mon abdomen. Une espèce de plainte étouffée passe la barrière de mes dents serrées.
— Il faut t'emmener à l'hôpital.
— Oublie ça.
— Mais Rave...
— Oublie ça, je te dis, craché-je presque. J'ai pas assez d'argent pour payer une visite aux urgences de toute façon.
— Mais si t'as les côtes cassées, ça pourrait te perforer un poumon ou un truc comme ça !
— T'as trop regardé Chicago Meds, mon pote... me moqué-je faussement.
— Mais arrête tes conneries, bordel ! C'est pas un jeu, là ! Je t'ai jamais vu aussi mal ! Qu'est-ce qui s'est passé ?
Plus ça va, plus le volume de la colère de Maxxie augmente à mesure que ses grands gestes s'intensifient. Si je ne le rassure pas, il va réveiller tout le monde.
— Rien... J'ai perdu, c'est tout.
— T'as perdu ?
— Mon combat, je l'ai perdu, expliqué-je en haussant les épaules.
— Quoi ? Mais...
La peur qui ravage soudain ses traits me retournent le ventre. Je n'aurais pas dû venir. J'aurais dû le protéger de tout ça. J'aurais dû assumer les conséquences de mes actes auprès de Jack et Kristen au lieu de faire souffrir la seule personne dans ce monde merdique qui tient à moi.
— Mais tu perds jamais... reprend-il d'une petite voix. Le Russe t'avait pas bien préparé, cette fois ? Tu t'étais pas assez entraîné ? Ils t'ont foutu un adversaire beaucoup trop costaud pour toi ?
— Non, non... C'est juste que...
C'est juste que la déception dans son regard m'a foutu en l'air.
— C'est juste Willow.
Les épaules de Maxxie s'affaissent, l'incompréhension semble l'envahir en même temps que la fatigue reprend ses droits sur son corps. Debout devant moi, il paraît tout à coup fragile. Trop fragile. J'ai presque peur qu'il s'effondre.
— Qu'est-ce que Willow vient faire là ?
Ça, c'est la question à cent-mille...
— J'en sais rien. Elle était là, au milieu de toute cette noirceur. Elle était là. Comme une étoile perdue dans un univers qui n'est pas le sien. Je sais pas ce qu'elle foutait ici, mais elle m'a aperçu et ça lui a pas plu du tout. Tu l'aurais vue, Max'... Je crois que je l'ai dégoûtée... En plus j'étais tellement blessé par ce qu'elle avait l'air de penser de moi, tellement en colère qu'elle ait risqué sa vie et tellement paumé à cause de... de tout ce que je ressens... que j'ai été infâme avec elle. L'enfoiré de base.
— Quel rapport avec ton combat ? T'es en train de dire que c'est à cause d'elle si t'as...
— Non... bien sûr que non, lâché-je, agacé. Elle a rien fait de mal. C'est juste moi. J'ai pas pu m'empêcher de penser à elle, à son dégoût, au mal que je venais de lui faire et j'étais plus foutu de me concentrer. Le mec en a profité.
Maxxie s'installe à côté de moi avec la délicatesse d'une plume. Ses paumes frottent frénétiquement le dessus de ses genoux nus tandis qu'il fixe le tapis bleu nuit qui recouvre le parquet.
— Rassure-moi, tu t'es pas laissé défoncer pour te punir, hein ?
Je me fige. Est-ce que j'ai fait ça ?
— Je...
Je suis incapable de répondre. En vérité, je n'en sais rien moi-même. C'est vrai que c'est tout à fait mon genre, de faire ce type de trucs débiles. D'ailleurs je le méritais probablement.
— Elle a quelque chose de spécial, cette fille, pour toi.
Je secoue la tête.
— J'en sais rien... je sais pas... Je sais plus où j'en suis, Max'...
Une boule se forme dans ma gorge. Je suis à deux doigts de craquer. Pourquoi est-ce que je suis à deux doigts de craquer ? Je sais pourtant, que l'amour n'est pas fait pour moi. Qu'il soit avec Savannah, avec Isaiah ou même avec Willow, ce n'est pas un sentiment que je peux me permettre d'explorer. Ma vie ne me le permet pas. Personne ne doit passer ma forteresse, personne.
— Raven... parle-moi, s'il te plaît... Je suis là, tu sais que je suis là. C'est juste nous... Toi et moi... Ensemble. T'as le droit de céder.
Les mots enflent de plus en plus au fond de mon œsophage. Je suis si crispé que même déglutir devient compliqué. Il n'y a que lui et moi... Que lui et moi...
— Je voudrais juste pouvoir souffler... tu vois ? avoué-je alors que mes larmes s'écroulent sur mes joues. Je voudrais juste pouvoir me poser et réfléchir sans avoir à flipper pour l'argent, pour ma mère, pour ce putain de trou à rats dans lequel je suis toujours enfermé...
Maxxie frémit mais ne rétorque pas. Il attend que je continue, que je me vide, que je lâche un peu de lest pour ne pas exploser.
— Si je pouvais avoir juste une journée sans avoir peur... je pourrais peut-être comprendre ce que j'ai avec cette fille, ce que j'ai avec Savannah, ce que j'ai avec Isaiah mais je comprends rien.
Quand je prononce le prénom d'Isaiah, Maxxie hausse un sourcil pourtant il ne fait aucune remarque.
— Comment je peux avoir des sentiments pour trois personnes, hein ? Je dois avoir un problème. Si ça se trouve, je suis tellement ravagé par tout ce qui se passe que je prends la moindre marque d'affection comme un truc plus fort... je sais pas, moi.
— Ou alors t'es poly, lance mon meilleur ami avec une simplicité déconcertante.
— Je suis quoi ?
— Ben polyamoureux. T'aimes plusieurs personnes à la fois.
Ahuri, je dévisage le Moineau sans savoir quoi répondre. C'est possible, ça ? Ça existe ? Mais qu'est-ce que ça veut dire ? Comment on arrête ce truc ?
— Tu vois que tu devrais m'accompagner à la Pride, ajoute-t-il dans un demi-sourire.
Une fraction de seconde, le temps se met en pause et je finis par pouffer. Il n'y a rien de drôle, absolument rien, mais je crois que c'est ma façon de me décharger en dépit de la morsure qui me broie de l'intérieur à chaque éclat de rire. Max' me suit malgré lui et après un fou-rire un peu étrange, le silence revient. Il m'effraie, m'oppresse, m'écrase.
— Est-ce que je peux prendre une douche et me changer avant de retourner chez Jack et Kristen ?
Maxxie sursaute quand les prénoms de mon oncle et ma tante sortent de ma bouche.
— Mais tu vas pas retourner là-bas aujourd'hui !
— J'ai pas le choix, Max'. Si je découche encore...
Mon estomac se noue. Je ne peux pas aller plus loin, je ne peux pas dire ça à voix haute. C'est trop dur.
— Si tu y vas, ils vont te torturer et demain, tu seras encore pas là, ils vont te...
— Eh, eh, eh...
Je pivote pour m'installer tant bien que mal face à mon meilleur ami et attrape son visage en coupe. Impassible, je lutte pour ne pas grimacer en réponse à la décharge électrique qui parcourt mes entrailles dès que j'esquisse un mouvement.
— Même si je suis pas là demain, je serai là le jour d'après, okay ? Je reviens toujours, rappelle-toi. Je reviens toujours.
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Coucou tout le monde,
Comment ça va ?
Sur mon compte Instagram, j'ai prévu de faire une publication sur la Bêta lecture (vu qu'on me l'a demandé) et du coup, je me demandais, qu'est-ce qui pourrait vous intéresser comme sujet à aborder concernant la bêta lecture ? Quel genre de questions vous pourriez vous poser ou avoir ?
En dehors de ça, mon troisième livre est en chemin. J'espère qu'il sera prêt à sortir courant 2023. Je fais le maximum pour pouvoir en être fier. Plus fier que les deux premiers en tout cas. Je croise très fort les doigts pour que celui-ci vous plaise parce que ce sera le premier qui correspond vraiment à ma plume actuelle. C'est aussi le premier dans lequel je prends des risques, dans lequel je sors de ma zone de confort. Alors je prie pour que ça paie. Je suis aussi sur deux bêtas lecture donc une dont je suis très très fier. J'ai super hâte de pouvoir vous en parler et vous faire la propagande de ce beau projet. Et vous, alors, quoi de neuf du côté de vos passions et vos activités ?
Sinon, du coup, vous pensez que Raven s'est laissé perdre pour se punir, vous ?
À votre avis, Maxxie a raison ? Raven est poly ? Vous pensez quoi de cette idée ? Est-ce que ça pourrait fonctionner avec l'un des trois coups de cœur de Raven ou est-ce que ça compliquerait tout ?
Est-ce que vous croyez que s'il continue comme ça, Raven reviendra toujours, vous ?
La musique, j'ai un peu galéré à en trouver une qui me plaisait, mais je crois que j'aime bien celle-ci. Elle va bien à Raven, je trouve. Vous en pensez quoi ?
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