Unique

Bonsoir.
J'ai hésité à mettre cet OS dans mon recueil. Mais il fait pratiquement 2000 mots, alors...Je sais pas. Peut être que j'avais envie qu'il soit à part.
Je ne sais pas quoi en penser. Réellement. Mais j'ai écris, c'est déjà une petite victoire en soit. Et ça m'a fait du bien. J'imagine que c'est l'essentiel :')
Et c'est mon premier JiKook, Yey.
(Je n'ai pas vraiment relu. Donc désolée pour les fautes.)

[...]

_ J'aimerai que tu partes.
   
En levant le nez vers le ciel, il se dit qu'il allait sans doute pleuvoir cette nuit. L'air était frais et humide. Il avait le bout des doigts congelés mais il se refusait à lâcher la corde de la balançoire sur laquelle il était assis. Celle près de lui ne frémissait pas d'un pouce, mais la présence de son ami était incontestable. Il la ressentait jusque dans ses entrailles.

_ Il faudrait que tu me laisses partir.
   
Il pinça les lèvres et croisa son regard. Il se refusait à penser que tout cela avait un sens. De toute évidence, les choses refusaient de s'améliorer. Des mois s'étaient écoulés, mais le constat restait le même. Peut-être était-il en train de devenir dingue.

_ Pourquoi t'es là, exactement ?
   
La réponse se fit attendre. Si bien qu'il se sentit obligé de jeter un nouveau coup d’œil près de lui, pour vérifier que Jimin ne s'était pas fait la malle. Mais ce n'était pas le cas et à cet instant précis, il se dit qu'il manquait quelque chose dans son regard. Une lueur. Cette petite étincelle qui l'animait autrefois. Un petit rien qui changeait tout.

_ Tu devrais vraiment te barrer.
    
Ce n'était qu'un murmure mais c'était catégorique ; presque cassant. Après tout, il haïssait cette façon qu'il avait d'être là, près de lui, sur cette foutue balançoire qui ne bougeait pas d'un poil, avec cet air sûr de lui.

_ Si tu savais comme je te déteste, putain.
   
Il serra la mâchoire et ses doigts devenues douloureux par le froid se crispèrent d'avantage sur la corde usée. S'il en avait seulement eu le courage, il aurait planté son ami là. Mais ça n'aurait rimé à rien. Puisque ce n'était pas à lui de partir. Il n'aurait fait que reporter le problème. Que repousser l'inévitable. Ça faisait des mois que cette conversation aurait du avoir lieu. Jusqu'ici, il avait passer son temps à faire semblant que tout allait bien, mais tout était si différent, depuis ce soir-là. Jimin avait tout foutu en l'air. Et, bordel, ça ne lui avait prit que quelques secondes pour le faire.

_ Et c'est difficile de me détester, non ?
   
Ses dents se plantèrent dans sa lèvre tandis qu'il dévisageait son ami. Difficile, ça l'était. S'il devait définir le mot torture, peut-être bien qu'il l'associerait à ça.

_ Faut croire que j'aime me faire du mal. Et c'est aussi pour ça que t'es là, pas vrai ?
_ Je ne sais pas pourquoi je suis là.
   
Avaler sa salive ne lui avait jamais parût aussi difficile. Il avait envie de lui péter la gueule et de le serrer dans ses bras en même temps. Il voulait qu'il se casse pour de bon et lui foute la paix, tout en espérant profondément qu'il reste à ses côtés pour toujours et qu'il ne s'avise plus jamais de l'abandonner.

_ Tu te sens seul ?
_ Tout le temps.
    Il baissa les yeux vers ses pieds qui raclaient le sable.

_ Tu ne sais pas à quel point c'est affreux, Jimin. Cette sensation que plus jamais personne ne pourra combler ce vide à l'intérieur de moi. Les gars ne me lâchent pas, mais bordel, je me sens si seul.
   
Finalement, il revint planter son regard dans le sien.

_ Et tout ça, c'est de ta faute.
   
Il n'y avait rien, sur ce visage. Rien qui lui rappelait Jimin. Et c'était terrible, parce que tout était si contradictoire. Il lui semblait qu'il était là, avec lui et la seconde suivante, c'était comme s'il parlait avec un étranger.
   
Finalement, il le quitta des yeux. Il laissa échapper un long souffle, espérant que ça suffirait à alléger le poids sur sa poitrine.

_ Tu sais, je pensais pas que la fin du monde pouvait être quelque chose d'aussi personnel. Pour moi, ça sonnait comme...Je ne sais pas, une énorme catastrophe naturelle ; un terrible virus ou qu'importe. Tout le monde crève et basta, fin.
   
Jimin demeura silencieux, alors il continua, l'horrible boule dans sa gorge grossissant un peu plus chaque seconde.

_ Mais je crois que je sais, maintenant. Je suis persuadé que dans une vie, il y a plusieurs fin du monde. Et ce soir-là, le monde que je m'étais crée, celui que tu m'avait aidé à construire...Tout a été détruit. Tu as tout dévasté. Cette sensation que tout a été démoli ; que plus rien ne tourne rond. Je le ressens chaque jour. Chaque fois un peu plus fort. Ça ravage ma tête, mon esprit. C'est comme si mon existence ne rimait plus à rien. Il y a un immense gouffre entre moi et les autres. Et toi, putain, t'es là, et tu m'empêches d'avancer.
   
Un peu précipitamment, il se redressa, abandonnant la balançoire qui s'ébranla derrière lui. Il fit quelque pas en soufflant plus fort. Trop de choses bouillonnaient à l'intérieur de lui. Des choses qui avaient dorénavant besoin de sortir.

_Tu sais, Jimin, j'ai toujours détesté chez toi cette façon de toujours vouloir à tout prix être le centre d'attention de tout le monde. Ce besoin de te donner en spectacle, d'être le sujet de conversation numéro un, d'être ce mec qu'on peut pas louper, même quand on essaye très fort de t'ignorer. Sérieusement, pendant tout ce temps, je n'ai jamais eu l'impression de t'avoir pour moi tout seul. Parce que d'une certaine façon, tu appartenais à tout le monde. A trop vouloir être remarqué, tu es presque devenu un objet. Et tu rejouais toujours le même spectacle ; des milliers de fois. Et tous ces cons qui adoraient ça ; qui t'adulait ; te ridiculisait parfois. C'était détestable. Cette partie de toi m'horripilait.
   
Cette fois, les larmes coulèrent. Et tandis qu'il se tournait vers son ami, il ne chercha même pas à les cacher.

_ Mais j'étais amoureux de toi, putain. Et d'une certaine façon, je le suis toujours. Et peut-être bien que je le serais toute ma saloperie de vie.
   
Et pour ça aussi, il se sentait en droit de le détester. Et là, en cet instant, il détestait le fait qu'il reste si silencieux.

_ Pourquoi tu as tout foutu en l'air, Jimin ? Pourquoi ce soir-là, tu t'es sentis obligé de te donner en spectacle, encore une fois ?
   
Il n'y eu rien d'autre qu'un regard. Et ce regard, il aurait aimé qu'il n'existe pas. Qu'il disparaisse pour de bon ; pour de vrai. Qu'il lui foute la paix.

_ Tu veux que je te dise ? A quel point ça m'a ravagé, Jimin, de te voir partir. De te voir me quitter pour de bon. Et cette lueur dans tes yeux, quand tu m'as regardé pour la dernière fois.
   
Il déglutit, espérant pouvoir terminer cette discussion avant d'éclater en sanglots pour de bon. Il serra des poings sur ses hanches, prit une profonde inspiration. Il lui semblait qu'une étoile s'était mise à briller dans le ciel.

_ Je n'ai pas pu...Mon Dieu, je n'ai pas pu courir vers toi. C'était horrible. C'était comme s'il y avait une ligne à ne pas franchir. J'avais la sensation que si je la dépassais, alors j'en crèverai. Et je crois que les gars m'en veulent encore. Parce que je n'ai pas eu la force de venir te tenir la main. J'aurais aimé entendre ton dernier souffle. Et peut-être que j'aurai aimé voir cette lueur si particulière de ton regard s'éteindre.
   
Du dos de sa main, il essuya ses yeux mouillés.
   
Dans son esprit, tournait en boucle les images de ce soir-là. Jimin sur son scooter. Les crétins qui l'entouraient, avec qui il avait fait un pari débile. En sortant avec leurs amis, en le trouvant là, en train de rire bêtement alors qu'il mettait le contact, il avait essayé de faire le compte du nombres de verres que Jimin avait avalé, sans y parvenir clairement. Puis ils avaient échangés un regard. Rapide, juste le temps pour son cerveau de l'imprimer. D'imprimer cette façon si particulière qu'il avait de poser les yeux sur lui et ce clin d’œil qu'il lui avait lancé, juste avant de partir comme un fou. Sans casque. Sans blouson. Sans rien d'autre que son misérable besoin d'être vu ; d'être le centre de l'attention ; d'être reconnu et aimé.

_ Ce souvenir de toi, de ton corps désarticulé s'écrasant sur le béton, le bruit des crissements de pneu de la voiture qui t'as percuté...Tout ça a effacé tout le reste. Je me le passe en boucle, au ralentis. J'en rêve, j'en pleure, j'en hurle, j'en crève.
   
Peut-être que tout était de sa faute. Que s'il avait essayé de le retenir, alors Jimin serait encore en vie. En le voyant sur ce scooter, à parier des broutilles, il se souvint s'être dit qu'il en avait assez de le voir faire n'importe quoi pour la minable reconnaissance d'inconnus. Et c'était comme si, lui aussi, il avait silencieusement mit Jimin au défi de le faire. Et au fond, peut-être même qu'il avait espéré qu'il est un accident, qu'il se fasse mal, juste pour qu'il comprenne à quel point il était stupide et inconscient. Au fond, il se demandait qui il détestait le plus, à présent. Lui ou Jimin.

_ Quand je t'ai vu par terre. Quand les gars ont couru vers toi, que tout le monde s'est mit à hurler d'appeler les secours, je n'ai pas su...Je n'ai pas su quoi faire. J'étais paralysé. J'essayais de me convaincre que ce n'était pas la réalité. Je ne voulais pas que ça le soit. Je voulais retourner dans cette maison, faire la fête et te retrouver plus tard, en train de rire pour des conneries, à parier de la merde avec des connards ou complètement bourré dans le jardin. On aurait parlé des étoiles ou de l'odeur de l'herbe. Que sais-je. Mais tu ne pouvais pas mourir, Jimin. Dans ma tête, ça ne sonnait pas juste.
   
Encore aujourd'hui, il lui semblait que quelque chose clochait. Que ça ne tournait pas rond. Ou pas dans le bon sens.

_ La fin du monde, c'est ça, Jimin. T'as tout laissé derrière toi, mais tu m'as tout pris. Ça tourne au ralentis. Il n'y a plus rien de beau, parce que c'est toi qui rendait tout ça joli. Et toutes ces choses que je ne t'ai jamais dites, elles pèsent une tonne, tu comprends ?
   
Et il ne savait pas ce qu'il était censé faire de tout ça, à présent. Ni même s'il était prêt à s'en débarrasser. D'une certaine façon, ça le maintenait en vie.
   
Il laissa ses bras se détendre le long de corps et pencha sa tête en arrière. L'étoile au dessus de lui brilla de plus belle, malgré les fines gouttes de pluies qui vinrent bientôt s'écraser sur son visage.

_ Mais je dois te laisser partir. Pas vrai, Jimin ?
   
Il frissonna.

_ Avant ça, il y a une chose que je ne t'ai jamais dites.
   
L'étoile scintilla.

_ Même si ça ne t'a jamais suffit, je n'ai jamais vu que toi. Tu étais le centre de mon monde, Jimin.
   
Plusieurs secondes ; minutes passèrent où il resta là, les paupières closent, complètement trempé par la pluie. Puis quand son cœur sembla enfin se calmer, il rouvrit les yeux.

 
Face à lui, la balançoire était vide.

   

[...]

Des câlins.
À bientôt. Même si je ne suis pas sûre de réussir à écrire avant un petit moment.

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