Chapitre I |Hugo|
Lieu inconnu, heure inconnue.
Hugo se frottait les yeux, encore tout endormi. Il mangeait ses céréales sans enthousiasme, incapable de lever les yeux de la lettre qu'il avait reçue à son réveil. On lui proposait de se venger. Génial. L'homme en était ravi. Ou peut-être pas, en fait.
Il aurait bien été content. Deux ans plus tôt. Aujourd'hui, il n'en voyait plus vraiment l'intérêt. Seulement, il connaissait l'auteur de la lettre et il savait que s'il refusait de participer, celui-ci le tuerait et trouverait quelqu'un d'autre pour participer à son jeu morbide. Et, malgré ce qu'on croyait à son sujet, il voulait vivre.
L'homme sortit de sa cuisine, mit son manteau et s'engouffra dans l'air humide et froid de ce mois de novembre. Il neigerait bientôt, sûrement. Il neigeait toujours autant qu'il pleuvait, le onzième mois de l'année.
Hugo avait mis ses gants et son foulard. En passant devant l'école secondaire de son cartier, il remarqua sa nièce qui sortait de son autobus. Avec un pincement au coeur, il songea qu'il ne la reverrait plus, ni elle, ni son propre frère, d'ailleurs.
Lorsqu'il était sorti de la maison, il avait cru qu'il irait travailler, puis qu'il ferait ses valises et qu'il partirait. Finalement, il s'avéra qu'il préféra passer sa matinée à errer sans but, se promenant dans ce qu'il restait de l'ancienne ville de Montréal.
Il devait se rendre à Orland. Orland, cette ville entièrement neuve, carrée et froide. Cette ville, entièrement entourée de plaines. Cette ville était tellement loin. Et le train à grande vitesse, tellement cher.
En fin de matinée, il mangea, retourna chez lui, fit ses bagages. Il avait acheté un billet de train de bas étage, peu cher, mais relativement lent. De toute façon, c'était toujours mieux que d'emprunter les anciennes rails du transcontinental. Avec le transcontinental, ça lui aurait pris un peu moins qu'une journée. Avec le train qu'il avait choisi, ça lui prendrait cinq heures. Une certaine économie de temps, tout de même.
Plus tard, l'homme d'un peu plus de trente ans était arrivé à Orland.
Il erra. Longtemps, quand même. Mais pas trop. Hugo n'aimait pas vraiment ne rien faire durant un trop longue période. Et puis, il ferait mieux de se trouver un hôtel.
Pour une des rares fois de sa vie, il demanda l'heure ; 18:35. Soulagé, le trentenaire décida d'errer encore un peu. Après tout, il lui restait encore du temps avant le lendemain.
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