Ce matin-là, Eva s'était réveillée doucement, ne se doutant absolument pas de la nouvelle qui lui parviendrait par la poste.

Elle était du genre lève-tôt ; effectivement, la lettre n'était pas encore arrivée qu'elle était déjà partie pour une marche matinale, puis, pour l'école. Étudiante en graphisme dans ce qui avait pris la place des Cégeps, elle aimait son programme, bien qu'elle n'y accordait pas trop d'importance. On lui reprochait souvent d'illustrer des choses trop sombres, mais comment faire autrement, avec ces images de morts lui revenant toujours en tête ? I.L. avait détruit sa vie et, depuis, elle n'arrivait plus à accorder de l'importance en ses actes.

Après sa journée, Eva avait décidé de négliger ses devoirs. Elle ne travaillait pas. Elle survivait grâce à l'argent que lui versait ses parents, tous les mois. La jeune femme négligea sa boîte au lettre, mangea, se coucha.

Ce n'est que beaucoup plus tard, au alentour de minuit, qu'elle décida, suite à une impulsion soudaine, d'aller voir son courrier. C'est là qu'elle vit la lettre.

Lorsqu'elle l'ouvrit, la première chose qu'elle vit fut les initiales de celui qui avait écrit cette lettre.

Sa vue se brouilla.

La jeune femme, à peine majeure, se mit à pleurer.

Elle rentra chez-elle et claqua la porte, laissant la lettre derrière elle, à la merci du vent qui l'emporterait pendant la nuit.

Cette nuit-là, elle ne dormit pas. Elle avait une décision à prendre, une décision déviante.

Non, elle n'y irait pas.