Voici l'histoire de Maxime. Le début, du moins. Nous n'avons pas de fin. Mais voici son histoire. Voulez-vous entendre la mienne ?

Le voulez-vous vraiment ?

C'est une histoire de Noël. Une nuit de Noël... J'étais seule dans ma chambre et... Le voulez-vous vraiment ?

Je peux m'en aller, vous savez. Demandez-le-moi. Dites-moi juste « Va-t'en » et je disparaîtrai. Vous vous souviendrez simplement d'une fillette s'éloignant dans la neige. Peut-être vous restera-t-il aussi un murmure perdu dans le vent, et mes lèvres glacées contre votre oreille... Mais mes mots, mes mots, vous les oublierez. Demandez-moi... Sinon, vous devrez vous souvenir. Vous devrez nous garder dans un coin de votre tête, moi, Maxime et tous les autres.

Non ? Vraiment ?

Vous voulez m'entendre ?

Asseyez-vous, là, face à la cheminée, enveloppé dans votre couverture. Regardez les flammes crépiter, fermez à demi les yeux... C'est un simple conte que je vais vous raconter, n'est-ce pas ? Une histoire triste qui sera oubliée le lendemain. Rien n'est vrai. Croyez-le. Sinon, vous devrez vous souvenir. Alors recroquevillez-vous dans votre couverture et oubliez le monde.

Êtes-vous prêt ? Ça commence...

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Je suis morte une nuit de Noël.

C'était beau. Les lumières qui brillaient sur les façades des immeubles. Un tapis de neige qui recouvrait peu à peu le sol. Les passants qui riaient dans les rues.

C'était beau, oui, dehors. Le nez collé à la fenêtre, j'observais le monde. Les lumières faisaient luire les larmes sur mes joues. La neige se collait à ma vitre et me bouchait la vue. Les rires des passants faisaient vibrer mon silence. J'étais comme dans un autre monde, et j'observais le vrai, celui des vivants, par ma fenêtre obstruée par la neige. C'était beau. Mais je n'y étais pas.

J'étais loin déjà. Je suis morte cette nuit de Noël.

Je ne sais plus ce à quoi je pensais. J'ai vu tant de choses depuis, tant de choses que mes propres souvenirs se fondent dans ceux des autres. Un jour, peut-être, je m'oublierai. Mais pour l'instant, cette scène est nette dans ma mémoire. Je la revois comme de l'extérieur. Une enfant menue. Ses grands yeux noirs reflètent les lumières qu'elle observe. Elle se frotte les bras pour se réchauffer, parce qu'elle est toute froide à l'intérieur. Il a soufflé la dernière flamme qui subsistait en elle. Elle voudrait ne pas entendre.

Oui, ça je m'en souviens, je voulais être sourde. Mais ses cris résonnaient sans cesse. L'entendre hurler, ça me déchirait les tympans et le cœur. J'étais une peureuse. Une lâche. Incapable de la défendre...

Alors je suis morte une nuit de Noël.

Je me souviens de la culpabilité qui me tordait les entrailles, oui. Je me sentais faible, je me haïssais. Pourquoi ne faisais-je rien ?

Je restais à ma fenêtre, les yeux rivés sur le dehors. J'étais coincé dans un autre monde. Un monde qu'il avait noirci, lui, avec la fumée des cigares qu'il appuyait sur ses bras à elle. Plus rien n'avait de couleur.

Je suis morte une nuit de Noël, mais j'avais cessé de vivre bien avant.

Je n'étais plus qu'un fantôme. Je traversais ma vie sans but, sans bruit, sans éclat. À l'école, les autres enfants savaient à peine mon nom et les instituteurs m'oubliaient sans cesse. Je n'étais déjà plus là...

Je suis morte une nuit de Noël.

Mon cœur hurlait sa détresse au rythme de ses cris. Je ne le supportais plus. Il avait noirci mon monde... maintenant j'étais triste, j'étais incapable de rejoindre celui des vivants. Je n'avais pas la force...

Alors je suis morte une nuit de Noël.

J'ai ouvert la fenêtre, sans y penser, pour que le vent chasse mes larmes. J'ai regardé les flocons qui tombaient et tombaient, tout en bas, loin, j'ai regardé les flocons et j'ai entendu ses cris, encore... peut-être que si je disparaissais, elle ne se sentirait pas obligée de rester avec lui. Le vide me hurlait son nom. Je me suis promis de ne pas crier. En bas, les lumières brillaient, les passants riaient, la neige tombait toujours...

Et moi je suis morte en cette nuit de Noël.