Chapitre 3 : Règle numéro un.

"Traqués ?" parvint à bégayer Quentin, à peine remis de son soudain réveil, "Mais..."

"Pas le temps !" coupa Sophie, l'empoignant brusquement par l'épaule et le tirant à elle.

La jeune femme le fit courir jusqu'à l'angle du mur puis s'y jeta pour se cacher derrière, vite rejointe par Quentin, effrayé de sa réaction paniquée. Il la regarda plaquer son dos contre la paroi métallique, la respiration saccadée, de violents tremblements secouant tout son corps.

Sa poitrine se soulevait vivement au rythme de ses courtes inspirations. Sa peur était contagieuse : Quentin s'attendait à voir un psychopathe débarquer du coin du mur pour les massacrer d'une seconde à l'autre.

D'un regard appuyé, il lui demanda silencieusement s'ils étaient suivis. Sophie ferma les yeux et poussa un profond soupir, comme pour signifier qu'elle s'apprêtait à faire quelque chose d'insurmontable. Lentement, elle fit pivoter son corps afin de jeter un discret coup d'œil dans le couloir qu'ils venaient de fuir. Elle eut une brusque inspiration et se recula précipitamment vers lui, apeurée.

La terreur pure se lisait dans ses yeux, et se déversa directement dans l'esprit de Quentin, incontrôlable. Ils ne pouvaient pas simplement rester là à attendre de mourir !

"Il est là...?" chuchota t-il, le plus silencieusement qu'il put.

Sophie plaqua son index sur sa bouche, lui intimant le silence. Il en déduisit qu'ils avaient une chance d'échapper à leur agresseur en restant silencieux, et il décida donc de rester aussi immobile qu'une statue, attendant pétrifié, collé contre le mur.

Il en vint à espérer que le son de son propre souffle ne le trahirait pas, tentant au prix d'un immense effort de le calmer.

Plusieurs secondes sous haute tension passèrent, Quentin se crispa sur ses jambes, prêt à fuir au moindre signe de mouvement. Est-ce qu'il abandonnerait la jeune femme à son sort ? Après tout, cela ne faisait pas plus de deux minutes qu'il la connaissait...

Alors que ses pensées s'affolaient à cette possibilité, Sophie risqua un nouveau coup d'œil vers le passage. Cette fois-ci, elle parut soulagée. Elle se releva lentement, puis lui chuchota :

"Il a dû prendre un autre chemin, je ne le vois plus... On continue, on s'éloigne de lui."

Des fourmis dans les jambes à force de les maintenir crispées, Quentin ne put qu'approuver sa proposition, rassuré de mettre de la distance entre eux et ce personnage. Mais il voulait quand même en savoir plus sur lui :

"Qu'est-ce qu'il nous voulait ?" demanda t-il à voix basse, conscient que l'homme qui les poursuivait pouvait encore être dans les environs.

"Je ne sais pas. Mais je n'avais pas envie de le découvrir. Il avait l'air vraiment dangereux...", révéla Sophie.

Quentin décida de ne pas la presser davantage à ce sujet. Après tout, elle devait avoir ses raisons de le fuir, et insister à ce propos devait être désagréable. Il voulait plutôt en apprendre plus sur elle, et sur cet endroit en général par la même occasion :

"Vous aussi, vous vous êtes réveillée amnésique ?" questionna t-il, curieux.

Sophie ne répondit pas immédiatement, pensive. Elle semblait réfléchir au choix de leur itinéraire, probablement pour s'éloigner le plus possible de leur agresseur.

"Je... Qu'est-ce qui vous est arrivé exactement ?" voulut-elle savoir.

Quentin raconta alors son histoire, ou du moins ce qu'il en savait :

"Je me suis réveillé entre ces murs, avec une aiguille plantée dans le cou, qui m'avait injecté un produit. Un truc chimique qui a provoqué mon amnésie, certainement. Je ne sais pas pourquoi je suis là. Vous pensez qu'on a été emmenés ici de force, arrachés à l'extérieur, comme ça ? Ça vous est arrivé aussi, non ?"

Sophie prit un air triste, et répondit après un long temps de réflexion :

"Je suppose que ça nous est arrivé, à tous, alors... Nous ne sommes certainement pas seuls dans ce labyrinthe, mais... Je ne sais pas ce que ça veut dire, tout ça."

Intrigué, Quentin la pressa d'un regard interrogatif. Elle semblait au bord des larmes en lâchant :

"Je ne sais pas où on est. Et... Je ne sais plus qui je suis. Je me sens enfermée dans ma propre tête."

Il hocha la tête d'un air compatissant :

"Je vous comprends... C'est pareil pour moi. Mais je suis sûr qu'il y aura un moyen de retrouver nos souvenirs."

Comme en réponse à sa réplique, un crissement strident retentit alors, faisant sursauter Quentin. Le son devait s'être répercuté dans le labyrinthe entier. Une annonce générale.

Une voix désincarnée, inhumaine, sombre et grave, avait surgi.

Son cœur battit à tout rompre tandis que les mots se découpaient un à un, implacables :

"Je suis le Maître du Labyrinthe, et voici la règle numéro un.

Dans le Labyrinthe, chacun perd son chemin. C'est une évidence : c'est un lieu qui représente l'égarement. Un lieu symbole de choix, mais aussi d'erreur.

C'est un lieu où l'on se trompe, un lieu où l'on oublie.

Dans ce Labyrinthe, on ne perd pas simplement son chemin, mais aussi son identité.

Pour sortir, chacun devra la retrouver. Au bout du chemin, chacun saura qui il est."

La voix s'était tue, repartie aussi vite qu'elle était apparue. Quentin déglutit lentement, absorbant les informations qui venaient de lui être livrées. Il ne s'agissait pas vraiment d'une réponse, plutôt d'une nouvelle énigme. Mais cette fois-ci, il n'était pas seul pour réfléchir. Il se tourna vers Sophie.

Sans s'en rendre compte ils s'étaient arrêtés de marcher pour penser à ce qu'il venait d'entendre.

"Qu'est-ce que ça signifie, à ton avis ?" demanda Quentin, anxieux.

"Je pense que la voix qu'on vient d'entendre sait qu'on est devenus amnésiques... Peut-être même que c'est lui qui nous a mis dans cet état", avança t-elle, perturbée.

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