Chapitre 9 - Souleman

Palais du Roi, Bamako

Flammes éternelles, Laamdo !

Souleman pressa le pas sans prendre le temps de saluer le serviteur qui avait frappé son torse du poing en signe de respect. Sa longue robe de lin blanc, surmontée d'une cape en fourrure de léopard, voletait à chaque mouvement. Le couloir immense du palais engloutissait sa silhouette, pourtant imposante du haut de ses un mètre quatre-vingt quinze. Arrivé face une porte en bois clair devant laquelle deux gardes se tenaient bien droit, il reprit brièvement son souffle. Les gardes le saluèrent.

—Debout guerriers ! Répondit-il machinalement.

Il poussa la porte avant qu'eux-mêmes ne le fasse. Aussitôt, l'agitation qui se déroulait derrière lui parvint. Une large table ronde en pierre trônait au centre de la pièce, elle aussi gigantesque. Autour sept personnes conversaient avec humeur.

—Balivernes ! Jamais, sa Majesté ne nous aurait caché de telles informations ! Aboya l'un, coincé dans un kaftan de basin aux coutures raffinées.

—Tout ce que nous savons n'est que pure rumeur. Attendons, l'arrivée de notre Roi pour en avoir le cœur net, souleva avec sagesse, une femme vêtue d'une longue robe d'ocre.

Les portes se refermèrent dans un bruit sourd, captant toutes attentions sur le nouvel arrivant. Tous s'inclinèrent en frappant leur torse du poings.

—Flammes éternelles, Laamdo ! Firent-ils tous en chœur.

Il frappa son propre torse et leur retourna leur salut. Une place d'honneur l'attendait au bord de la table. Il ne prit pas la peine de s'y installer. La nouvelle qu'il venait de recevoir l'avait ébranlé de toute part.

—Membres du Conseil, dit-il en regardant la femme et trois autres hommes vêtus de la même tenue. Haut-Commandant, ajouta-t-il en posant ses pupilles sur un homme longiligne plus imposant que lui.

Tous hochèrent la tête, sauf, le Haut-Commandant qui se contentait de l'observer avec un léger froncement de sourcils.

—J'ai eu vent des rumeurs qui courent actuellement en ces lieux.

L'homme coincé dans son kaftan se cala dans son siège, attentif. Il se nommait Brahi.

—Je ne les démentirai pas. Je vous ai effectivement tenus éloignés de certaines informations.

—Donc, vous, confirmez que la princesse, votre fille, n'a pas été tuée lors de la mort de feu notre Reine bien-aimée, reformula amèrement le Conseiller.

—Sira est bel et bien en vie. Elle se trouve actuellement sur une petite île pour sa sécurité.

—Pourquoi ne pas nous en avoir informé ? S'insurgea un des Conseillers.

—Il en valait de sa survie. Le moins de personnes étaient au courant, le plus en sécurité elle était, répondit le Haut-Commandant d'un ton implacable.

—Nous sommes vos Conseillers, Laamdo ! Nous devons être les premiers à connaître ce genre d'informations ! S'offusqua la femme – Velimia —en se pointant du doigt. Pour quoi nous faîtes-vous passer maintenant ? « Les plus proches collaborateurs de Sa Majesté qui ne savent rien ! »

Souleman serra la mâchoire si fort que ses dents grincèrent. La stupidité de ces sujets le dépassait.

—Je n'allais certainement pas prendre le risque de mettre sa vie en danger pour satisfaire votre fierté .

—Très peu de personnes sont dignes de confiance dans ce bas-monde, intervint à nouveau le Haut-Commandant d'une voix cinglante.

Brahi se leva, poings serrés. Il le foudroya du regard.

—Vieux croulant ! Je suis plus digne de confiance que vous ne le serez jamais !

—Et vous vous retrouverez dépossédé de tout si vous ne baissez pas d'un ton, gronda furieusement Souleman.

Sa réplique jeta un froid dans la salle et Brahi se voûta. Son regard brûlait d'amertume, sa dignité le désertait. Les mots qu'il prononça à travers ses lèvres minces écorchèrent son égo.

—Veuillez pardonner mon manque de maîtrise, Laamdo.

Le Roi leva la main. Il n'avait pas de temps à perdre en dispute. Pas ce matin.

—Je vous ai réuni pour un tout autre sujet.

Il arpenta la salle les mains croisées dans son dos, la tête haute. La grande salle arborait les douces couleurs chaudes du miel de moringa, striées par moments de filets d'or gravés dans la pierre. Le Roi s'attarda sur une petite fissure qui coupait la dorure.

—Des villages entiers ont disparu cette nuit. A leurs emplacements, la terre semble avoir été touchée par l'apocalypse elle-même. Les survivants au cataclysme n'ont toujours pas été retrouvés.

Velimia se pencha en avant.

—Comment une telle chose est-elle possible ?

—C'est là toute l'entièreté de la question. Mon fils est parti sur les lieux avec deux équipes d'investigations ainsi que le Grand-Prêtre. Mais, une chose est certaine, répondit gravement Souleman.

Il s'arrêta devant une fresque funèbre représentant une gracieuse jeune femme dansant parmi les éclairs. L'un d'eux semblait lui transpercer le cœur.

—Un danger menace Laamateeri.

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