Chapitre 2 : fuite à deux !

La créature tourna la tête en direction de l'adolescente. Deux cercles rougeâtres s'allumèrent à l'emplacement de ses yeux : elle venait de l'apercevoir. Seulement Eva ne pouvait plus bouger. Elle était complètement tétanisée. Elle reconnaissait cette créature : c'était celle qui la poursuivait dans ses pires cauchemars. Celle qu'elle fuyait depuis toujours.

Il fallait réagir, et vite, avant que ce monstre ne la prenne en chasse. Eva redressa la tête vers la cime des arbres : elle avait assez de place pour se transformer en petit oiseau et fuir par le ciel. Elle s'imaginait déjà sous la forme d'un minuscule rouge gorge lorsqu'une mains'enroula autour de son poignet.

- EVA, COURS !

Ce contact, cette proximité étaient franchement désagréables, mais... Eva se laissa entraîner par delà les buissons du sous-bois. Elle n'avait jamais réussit à semer cette créature seule, alors peut-être était-il temps d'essayer autre chose... Peut-être que ce grand débile d'Allan allait enfin se montrer valeureux, même si se dire que cet imbécile pouvait réussir là où Eva avait échoué était particulièrement vexant...

La forêt se teinta soudain de rouge, comme si une lumière sanglante balayait les arbres de haut en bas. Le sang d'Eva ne fit qu'un tour : elle ne connaissait que trop bien cette attaque. Elle freina brusquement, obligeant Allan à en faire de même.

- Eva ?! Qu'es-ce qu...

- BAISSES-TOI !

Elle le força à se jeter au sol, face contre terre : ils n'avaient pas rentré la tête dans les fourrés qu'une masse de ténèbres leur rasa le haut du crâne pour aller se ficher dans l'écorce d'un vieux chêne. Lorsqu'ils se redressèrent, il ne restait de l'arbre plus qu'un tronc mort percé d'un trou gigantesque.

Ce fut au tour d'Eva de tirer Allan vers l'avant, puis au tour du jeune homme de se montrer désagréablement surpris. Il semblait vouloir lui poser un tas questions mais elle n'avait pas le temps de les écouter : déjà qu'elle l'avait sur le dos, il avait tout intérêt à se la fermer et à courir ! S'il n'avait pas été là, elle serait déjà à des dizaines de kilomètres de là ! Même en tant que simple songe nocturne, ce gars réussissait toujours à l'énerver...

Le sol trembla sous leurs pieds. Eva eut tout juste le temps d'apercevoir la créature disparaître derrière une aura de noirceur et déchirer la terre en deux : la jeune fille lâcha la main d'Allan et fit un pas sur le côté, esquivant la fissure qui fonçait droit sur eux.

La tentative d'Allan de rattraper Eva fut l'une des choses les plus stupides qu'elle n'aurait jamais pu lui reprocher. Il marcha sur la fissure au moment où une onde de ténèbres s'en échappa, le propulsant plusieurs mètres en arrière : la jeune fille le vit retomber lourdement sur son épaule et glisser au milieux des ronces, le visage crispé de douleur. Quant à Eva, le souffle l'avait projeté jusque dans les plus hauts branchages de la forêt ; elle aperçu le monstre se matérialiser là où elle se trouvait un instant plutôt avant de chuter parmi les feuillages. Elle ferma les yeux, craignant le choc de l'atterrissage. Elle cria lorsque son dos rencontra le sol et les pierres acérées qui se cachaient dans les fougères.

Eva cria dans le noir. Elle s'était redressée dans son lit et hurlait à s'en déchirer les cordes vocales. Un cauchemar... Elle soupira et jeta un coup d'œil à son réveil : 6h48. Ce n'était même pas la peine d'essayer de se rendormir, alors elle alluma la lumière et s'étira de tout son long.

Son dos la faisait souffrir et une étrange odeur d'humus s'était installée dans ses narines. Elle sursauta en voyant l'état de ses bras, recouverts de bleus et d'une multitude de petites griffures sanguinolentes : mais... Qu'est-ce qu'elle avait bien pu fabriquer pendant la nuit ?! Encore une crise de somnambulisme qui avait mal tourné ? Elle éloigna la question d'un grognement fatigué et se dirigea vers la salle de bain. Un peu d'eau chaude ne pouvait pas lui faire de mal, surtout après le cauchemar qu'elle venait de faire...

Mais la lassitude et l'indifférence n'étaient pas du goût de Lauren, sa meilleure amie, qui s'alarma devant l'état d'Eva lorsqu'elles se rejoignirent au lycée :

- Mais qu'est ce que c'est que ça ?! S'exclama-t-elle en avisant ses bras blessés. Qu'est-ce qui t'est arrivé ? Mon Dieu, Eva, ton dos est recouvert d'ecchymoses ! Mais qu'est-ce que t'as foutu ?

L'intéressée haussa les épaules.

- Aucune idée. Probablement une crise de somnambulisme qui a mal tourné...

- Et ça net'intéresse pas de savoir où tu es allé crapahuter pour te retrouver dans un état pareil ?

- Honnêtement ? Non. Si je me suis retrouvée nue à faire des roulades dans le jardin du voisin, je ne veux pas le savoir.

L'air sévère de son amie se déchira dans un bel éclat de rire. C'était toujours déroutant de voir cette grande gaillarde d'un mètre quatre-vingt se marrer comme une gamine... Sans parler de son rire : digne d'un morse en pleine crise d'épilepsie ! Et il fallait être courageux, parce qu'il pouvait durer des heures... Sauf aujourd'hui. Car lorsque Lauren leva les yeux vers son amie, son sourire disparu brusquement.

Eva se tourna lentement dans la direction de son regard : pour qu'elle cesse de rire aussi brutalement, c'est qu'il devait au moins y avoir un meurtre en direct. Ou presque ; Allan se dirigeait vers elle à grands pas, ignorant les regards curieux des autres élèves.

Lorsqu'il aperçu Eva, le tourment de sa démarche devint précipitation. Il courut vers elle et l'interpella d'une voix chargée d'inquiétude, d'autant plus déplaisante pour la jeune fille qui l'accueillit en fronçant le nez :

- Eva ?! Enfin, tu es là ! Est-ce que tout va bien ?

- Avant que tu arrives, oui, répondit-elle sèchement. Qu'est-ce que tu veux ?

Il lâcha un immense soupir de soulagement avant de continuer :

- J'avais peur que... Qu'il te sois arrivé quelque chose.

- ... De quoi ? L'interrogea Eva en levant un sourcil. Qu'est-ce qui te fait croire que quelque chose puisse m'arriver ? Et qu'est-ce que ça peut te faire, au final ?

Il la regardait étrangement, comme s'il hésitait à répondre. C'est à ce moment là qu'Eva remarqua le vilain hématome qui rougissait à la naissance de ses cheveux, ainsi que les bandages qui recouvraient son bras gauche ; elle les avait d'abord prit pour un vêtement de mauvais goût, mais les minuscules tâches carmin qui s'éparpillaient ça et là lui avaient vite fait comprendre que ce n'était pas le cas.

- Il faut que je te parle, se lança-t-il enfin.

- Non.

- Dix minutes et je te promet de ne plus jamais venir t'adresser la parole.

Eva fronça les sourcils. Elle n'avait franchement pas envie d'aller discuter avec lui, mais d'un autre côté...elle n'aurait plus jamais à le faire. Très tentant.

- Soit...Grommela-t-elle finalement. Dix minutes. Pas plus.

Allan l'attrapa par le poignet et l'attira dans un couloir désert du lycée. Il vérifia à plusieurs reprises qu'ils étaient bien seuls avant de se planter devant elle et de déclarer :

- Merci pour la nuit dernière.

- ... Pardon... ?

- Je ne savais pas que le Spectre allait attaquer... Sans ton réflexe, j'aurais finit à la place du chêne. Merci.

Eva plissa les yeux. Elle ne comprenait strictement rien à ce qu'Allan était en train de lui déblatérer... Elle souffla intérieurement. À tous les coups, il essayait encore de lui retourner la cervelle pour une raison totalement obscure.

- ... Pardon... ? Répéta-t-elle de nouveau.

- Dans ton rêve, Eva. J'étais là. Tu te souviens ?

Les souvenirs de son cauchemar lui revinrent en mémoire. La créature, Allan, la course poursuite... Les blessures du jeune homme se superposèrent avec les images des dernières secondes du rêve d'Eva, lorsque la créature les avait fait valser à travers la forêt : elles correspondaient parfaitement. Mais tout ceci n'était qu'un rêve, rien de plus. Juste une manifestation de son inconscient... Pas vrai.. ? Un frisson glacé traversa le dos meurtri d'Eva. Elle tenta de garder son calme face à toutes ces terrifiantes coïncidences et lâcha un ricanement sarcastique :

- Bien sûr que tu étais dans mon rêve ! Et moi, je suis championne d'avalage de saucisses !

Allan la dévisagea quelques secondes avant de fermer les yeux. Son inquiétude avait refait surface, ce qui n'était pas pour calmer Eva.

- Ce que je te dis est très sérieux. Ce qu'il s'est passé cette nuit était bien réel.

- Allan, arrêtes de te payer ma tête... Rétorqua-t-elle d'une voix qui se voulait calme. Ce n'est ni drôle, ni constructif. Alors si tu n'as rien de sérieux à me dire...

- J'ai des tas de choses à te dire, Eva !

- Alors quoi ?!

- C'est à propos de tes rêves. J'ai l'impression qu'il y beaucoup de choses que tu ignores, alors... Laisses moi t'en parler calmement. Fais moi confiance, ne serais-ce que 5 minutes... S'il te plais.

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- L'écouter ?

- Tourner les talons ?

- Autre chose ?

Faites votre choix en commentaires !

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Hello tout le monde!

J'espère que ce début d'histoire vous a plus et que ce deuxième chapitre n'est pas trop ennuyeux... N'hésitez à me faire part de votre avis en commentaire ou en message privé !

Bref, je voulais surtout ouvrir une petite parenthèse pour répondre plus précisément à la question de @Chipie-17 : outre les deux suites que je propose en fin de chapitre, j'accepte également toute proposition de votre part ! Si les deux choix que je met ne vous conviennent pas, vous êtes libres de soumettre le votre ! N'oubliez pas que cette histoire est entièrement interactive : c'est vous qui décidez. Alors n'hésitez pas à proposer, débattre et questionner en commentaires. Cette histoire est faite pour ça ^^

Merci à vous !

Alkalys

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