Chapitre 11 : surprises en série
Il y avait des gens devant cette double porte, deux pour être plus précis, et tous les deux venaient de s'écrouler par terre, le ventre en sang. Un personnage indéfinissable, le dos tourné à Eva, venait de leur enfoncer une dague dans les entrailles.
Elle se figea. Elle aurait sincèrement souhaité trouver une solution, là, maintenant, tout de suite, mais la peur la paralysait. L'assassin ne s'était pas encore retourné, accompagnant sa seconde victime dans sa chute pour ne pas faire trop de bruit : c'était peut-être le bon moment pour se jeter sur lui et le mettre hors d'état de nuire. Profiter du fait qu'il ne l'ai pas encore remarqué pour lui planter un couteau dans le dos...
Sauf que la jeune fille avait trop vite oublié la façon dont elle avait atterrit ici. Elle avait emprunté le chemin de téléportation de ce meurtrier par mégarde, certes, mais même si ce n'était qu'un accident...l'autre avait sans aucun doute ressentit sa présence. D'ailleurs, il se redressa lentement et se tourna dans sa direction. Bien sûr qu'il savait qu'elle était là. Et il allait la tuer, maintenant.
Prise de panique, la Voyageuse voulu se téléporter jusqu'au gymnase ; l'intrus saisit ses intentions avant même qu'elle se transporte en lieu sûr et la retint là où elle était sans bouger le petit doigt. Le brusque essor de lucidité de la demoiselle redevint vite tétanie, surtout lorsqu'elle se rendit compte que le meurtrier avait profité de son minuscule moment de concentration pour se rapprocher d'elle. L'odeur du sang qui souillait ses mains lui donna un terrible vertige javant qu'une voix froide, masculine, se prononce de l'autre côté du foulard qui masquait son visage :
- ... Eva ?
Elle vacilla. Un ridicule «...non...» mourut au fond de sa gorge lorsque le cri de Sadie déchira le macabre silence qui pesait sur la scène :
- EVAAA !
Trop tard. L'assassin brandit le poing au dessus de la jeune fille, fermé sur un objet quoi qu'indéfinissable mais clairement dangereux. Ça y est.
C'était la fin.
La sonnerie du réveil fit sursauter Eva. Elle se redressa dans son lit, haletante, et chercha à tâtons l'interrupteur de sa lampe : une lumière jaune révéla les chiffres numériques de la petite boite rouge et la main tremblante de la jeune fille. Elle était...vivante ? Ce type n'avait pas réussit à la tuer ? Elle ausculta rapidement ses bras, ses jambes et ses épaules : en effet, il n'y avait pas la moindre trace de son agression nocturne... Pas plus qu'il en restait de l'attaque du Spectre. Elle était saine et sauve. Et bien, il fallait croire que son réveil venait de lui sauver la vie... Peut-être cette création démoniaque mériterait-elle un peu plus de respect, à l'avenir.
Mais, en attendant, l'inspection de l'adolescente lui avait fait gaspiller dix bonnes minutes de sa matinée : elle bondit hors de son lit et se rua dans la salle de bain en grommelant contre elle-même. Une demi heure et un cambriolage de brioches plus tard, elle parvint à attraper son bus et envoya un petit message à sa meilleure amie :
- Hey, bro ! Mon réveil n'a pas sonné ce matin... Tu pourras me prendre les cours pour cette heure ? Jte lèche les deux fesses, à tout' ! <3
Tant pis pour l'histoire-géo. Elle était nulle, de toute façon, et avait quelque chose d'infiniment plus important à faire que d'écouter Madame Chibre chouiner sur le désintérêt que portaient les lycéens à sa matière. Il y avait des vies en jeu. Pas la sienne, le destin avait bien heureusement décidé d'épargner Eva pour cette fois, mais ce n'était pas le cas de tout le monde...
Elle descendit du bus un arrêt plus tôt et grimpa au dessus de son lycée. Elle esquiva le regard acéré des surveillants qui campaient devant le portail et emprunta la rue qu'Allan avait traversé la veille, montant jusqu'au quartier pavillonnaire qui en marquait la fin : le manoir (ou Sanctuaire n°2, selon les dires de Clark) n'avait bien évidemment pas changé de place. Mais le mieux restait qu'Eva n'avait plus besoin de jouer les espionnes ninja pour y entrer.
Alors elle ouvrit le portillon d'un grand coup de pied et courut jusqu'à la porte d'entrée qui, malheureusement, reçu le même sort que son collègue. La demoiselle se jeta à l'intérieur et avança sans réellement savoir où elle allait, jusqu'à croiser la silhouette caractéristique d'Allan :
- Eva ?! S'exclama-t-il, soulagé. Tu n'as rien ? Tu n'es pas blessée ? Est-ce que tout va bien ?!
- NON ! S'écria-t-elle. Il y avait quelqu'un au Sanctuaire, cette nuit ! Il a...il a poignardé DEUX personnes ! Je sais pas ce qu'il voulait mais il m'a reconnu ! Je sais pas ce qu'il se passe ! IL FAUT FAIRE QUELQUE CHOSE, BORDEL !
Elle avait agrippé Allan par les épaules et le secouait dans tous les sens en hurlant. Elle ne se rendit compte de son geste qu'une fois qu'il lui attrapa délicatement les poignets et l'invita à se calmer d'un regard horriblement doux : elle écarta instinctivement les mains en se demandant quel genre d'élan l'avait poussé à toucher cet être ignoble avant de retrouver brusquement sa contenance.
- Justement... Avoua le garçon avant qu'elle reprenne son discours enflammé. C'est pour ça que je m'inquiétais pour toi. Mais après ce que tu viens de m'apprendre, c'est encore pire...
Il soupira, sincèrement préoccupé.
- Qu'est-ce qu'il s'est passé, exactement ? L'interrogea-t-il.
- Un type masqué a éventré deux personnes en...quoi...même pas cinq secondes ? Je m'entraînais à utiliser des sortilèges de téléportation avec Sadie lorsque je me suis trompée de chemin : je m'en suis rendue compte bien trop tard et lorsque j'ai enfin réussit à m'en défaire, l'intrus avait déjà éventré quelqu'un. J'ai à peine eu le temps de me demander où j'étais qu'il s'était attaqué au second. J'ai bien voulu fuir en me téléportant mais il m'a empêché de le faire, et...il m'a reconnu. Enfin, je crois. Disons plutôt que c'est le cris de Sadie qui l'a mis sur la bonne voie...
- Et c'est tout ce que tu as vu ? Continua Allan. Pas le moindre trait distinctif ? Les yeux ? La couleur de peau ?
- Non. Il portait un masque, des lunettes de soleil et...ses mains étaient couvertes de sang. C'est tout ce que j'ai pu voir.
Le visage innocent de Mary apparut dans l'embrasure d'une porte : sans doute était-elle partie se cacher lorsque Eva était arrivée, effrayée par le pas si doux et bienveillant de la nouvelle venue. Cette dernière lui lança un regard étonné qui la fit littéralement fuir à l'autre bout du couloir pendant qu'Allan, les lèvres pincées, réfléchissait.
- T'es pas censée avoir une heure de cours, là ? L'interrogea-t-il brusquement.
Eva haussa un sourcil. Qu'est-ce que ça pouvait bien lui faire ? Et puis, elle pouvait bien se permettre de sécher si c'était pour témoigner contre un assassin ! Mais non... Le regard du jeune garçon s'assombrit, un peu trop sévère au goût de la Voyageuse.
- Et alors ? Répliqua-t-elle avec tranchant.
- Tu n'aurais pas du, la sermonna-t-il.
- QUOI ?! Mais je...
- Te balader seule est extrêmement dangereux, Eva. Je te rappelle que les Autres attendent la moindre petite occasion pour te kidnapper - et sans doute te torturer - alors fais bien attention à ce que tu fais.
La jeune fille voulut répliquer mais Allan lui coupa la parole.
- Je te ramène au lycée. Tu sera bien plus en sécurité dans ton train train quotidien qu'à te promener n'importe où.
- Et mon témoignage ?! Je veux savoir ce qu'il se p...
- Mary le rapportera à Clark et aux autres. Mais pour l'instant, essaye de te concentrer sur ta propre sécurité.
Il ignora l'air outré de son interlocutrice et se dirigea vers la porte d'entrée sans lever les yeux de ses pieds. Il faisait toujours ça lorsqu'il était soucieux : Eva se rappelait de l'époque où elle le poursuivait à la sortie du lycée pour l'accompagner jusqu'à sa navette et veiller à ce qu'il ne trébuche pas, très attentive à chacune de ses mimiques. Mais ça, c'était il y a longtemps, et maintenant le voir se vautrer en plein milieux du trottoir ne lui aurait pas fait grand chose... Enfin, si, une joie immense proche de celle de l'orgasme. Tout du moins si elle n'écoutait pas les vieux sentiments qui s'acharnaient encore à grattouiller le fond de son cœur.
Ce qui lui arrivait de plus en plus souvent et de plus en plus fort. Les derniers événements n'avaient pas été pour l'aider à rester lucide... Et l'envie d'écouter la miette de confiance qui avait résisté au cataclysme de leur dispute prenait en puissance. Peut-être méritait-il un peu plus de considération, au final... Non...? Pff. Ridicule. Se laisser aller à la pitié et au pardon ne lui servirait à rien mis à par s'auto décevoir à nouveau...
- Tu boites...?! Remarqua-t-elle en observant la démarche du jeune homme, sincèrement inquiète.
Il haussa les épaules.
- Les risques du métier...
- C'est-à-dire ? Qu'est-ce qu'il t'es arrivé ?
- J'ai participé à une escapade chez les Autres cette nuit, sauf que notre groupe a rencontré quelques soucis...
- Mais tu vas bien ? S'affola inconsciemment Eva. Rien de grave ?
- Une petite entaille. Mary se fera sans doute un plaisir de me la soigner la nuit prochaine, ne t'en fait pas.
Ne t'en fait pas...? La demoiselle prit brusquement conscience de son implication et retrouva sa froideur usuelle, demandant pour cacher le rose honteux qui lui montait aux joues :
- Et vous avez trouvé quelque chose ? Une idée de ce qu'ils me veulent ?
Allan grimaça.
- On a même pas réussit à entrer. Désolé.
- T'inquiètes.
Mais, comme sa langue continuait désespérément à fourcher, Eva continua :
- Et pour les prochaines attaques ? Vous avez trouvé quelque chose ?
- Comme je t'ai dit, on a même pas réussit à rentrer, alors... Disons que je resterai toujours dans les parages pour te défendre en cas de problème.
- Dans ton état ? Releva ironiquement l'adolescente. Si tu te fait régulièrement blesser, ça ne servira pas à grand chose...
Allan aurait très sincèrement pu se vexer et se tasser, un peu comme il le faisait à chaque fois qu'Eva lui envoyait une pique, mais il rebondit avec assurance :
- Je peux t'apprendre.
- De quoi ?
- Je peux t'apprendre à te battre.
Son interlocutrice le toisa de haut en bas.
- Moi ? Mais bien sûr. Comme ça tu seras deux fois plus blessé et encore plus efficace pour me défendre.
- Je suis sérieux.
- Okay. Soignes-toi et on en reparle.
Ce fut les derniers mots qu'elle lui lança avant de s'engouffrer dans la masse de lycéens qui campaient devant l'établissement. C'était déjà la récréation ? Nan... Elle s'était absentée pendant une demi heure, tout au plus...
- EVA !
Lauren traînait sa grande carcasse entre les petits groupes d'élèves qui s'étaient formés Elle rejoignit son amie en sautillant, un immense sourire aux lèvres, et s'empressa de lui signifier sa surprise :
- Bro ! Je croyais que ton réveil n'avait pas sonné !
- Euh... Si ! Si, bien sûr ! Menti son amie. Mais bon... J'ai quand même essayé de me préparer en vitesse et de chopper mon bus...
- Mais ça a loupé et tu t'es retrouvée dans le deuxième ?
- ... Ouaip...
Waouh ! C'était que ça s'apprenait vite, le mensonge ! Les excuses venaient toutes seules, maintenant ! Mais l'attitude... Il fallait croire que c'était à revoir puisque Lauren leva les yeux au ciel en soupirant, pas plus convaincue que ça.
- Au fait ! S'exclama-t-elle en fouillant dans son sac. J'ai un cadeau pour toi !
Un paquet rose bonbon apparut dans sa main. Eva s'en empara et délivra l'objet qu'il contenait d'un coup de main à la fois expert et impatient : une adorable peluche de panda, animal totem de Lauren, regarda la jeune fille de ses grands yeux pétillant, arrachant à la Voyageuse un petit sourire conquis.
- ... Il est adorable...! Remercia-t-elle son amie. J'adore ! Mais... En quel honneur ?
Le sourire de la grande gaillarde se fit plus triste.
- Je vois bien que quelque chose ne va pas ces derniers temps... Et j'ose bien imaginer que c'est à cause d'Allan. Alors je me suis dit qu'un petit camarade poilu t'aiderait un peu à relativiser quand je ne suis pas là !
Eva lui rendit son sourire, le baume au cœur.
- Merci, Lauren. Ça me fait vraiment plaisir...
L'intéressée se rapprocha d'elle et lui enlaça tendrement les épaules.
- Plus sérieusement, Ev : je sais que tu préfères régler ce genre de problèmes seule mais si tu as besoin d'en parler... Je ne veux pas que tu gardes tout ça pour toi, d'accord ?
- ... D'accord. J'y réfléchirai.
La jeune fille serra son nouveau compagnon poilu contre sa poitrine en balayant la foule du regard.
- Au fait, pourquoi tu es dehors ? Interrogea-t-elle Lauren. On devait pas avoir cour ?
- Ah ! Oui ! Se souvint-elle. On a pas histoire, aujourd'hui. La prof doit s'occuper de son fils... Il paraît qu'il est à l'hôpital, le pauvre : il a sûrement fait une overdose de sa propre mère...
- Mais, du coup... On a pas cours de la journée !
- Et ouaip ! T'aurais du rester chez toi, ma grande !
L'intéressée fit la moue.
- Et dire que j'aurais pu faire la grasse mat... Grogna-t-elle. Du coup, ça te dit qu'on passe la journée ensemble ?
Lauren secoua la tête.
- Désolée beauté, j'avais déjà quelque chose de prévu... Mais on se fait ça un autre jour, promis ! PandaPouf sera là pour te tenir compagnie en attendant. Essayes juste de pas le perdre avant ce soir...
Eva ricana, entre l'amusement et la contrariété.
- Vas-y, remues le couteau... Souffla-t-elle. Je sais pas comment je me suis débrouillée. J'ai fouillé partout chez moi et je ne l'ai toujours pas retrouvée... Sans blague ! J'avais fait exprès de ne pas l'enlever SPECIALEMENT pour éviter ça !
- T'inquiètes pas, la rassura Lauren et tapotant sur son clavier de téléphone. Je t'en rachèterai une, de gourmette ! Et avec le moulage de mes fesses si tu veux ! Enfin bref... On se revoit bientôt ! Ciao !
Puis elle disparu parmi les autres lycéens. Cool. Eva était seule, maintenant. Il ne lui restait plus qu'à chopper un bus et à retourner chez elle en veillant à toujours rester dans la foule. Pas trop compliqué, finalement, puisque l'absence de la dite professeure avait libéré quelques élèves pressés à l'idée de rentrer chez eux : la demoiselle les suivit sans rencontrer le moindre soucis et arriva chez elle vers peu après 9h00. Sa mère adopta l'absence de Mme Sheelton avec un grognement d'insatisfaction et retourna à son ordinateur pendant que sa fille montait dans sa chambre en traînant des pieds. C'était le moment de faire un petit peu de rangement.
Cette journée n'avait pas été aussi bonne qu'elle en avait eut l'air de l'extérieur : entre l'intrus, le regain d'espoir qu'elle ressentait envers Allan et l'absence de Lauren alors qu'elle avait cruellement besoin de compagnie, Eva déprimait. Elle retournait chaque parcelle de sa chambre à la recherche du bijoux de son amie et réfléchissait. Qu'est-ce que ce type venait faire au Sanctuaire ? Était-il venu spécialement pour tuer Eva ? La capturer ? Ou alors était-il la sentinelle d'un groupe d'envahisseur ? Comment allaient ses victimes ? Comment allaient les autres Voyageurs et comment comptaient-ils réagir ? Et elle, Eva, devait-elle accorder de nouveau sa confiance à Allan ? Il lui avait dit la vérité, cette fois-ci. Il s'inquiétait pour elle et semblait se donner du mal pour qu'elle soit en sécurité. Mais... Est-ce que c'était vraiment suffisant pour se laisser aller aux pardons ? Et OÙ ETAIT CETTE FOUTUE GOURMETTE ?
L'adolescente s'écrasa sur son lit, recommença ses recherches, alla manger, continua de chercher, travailla ses mathématiques, s'écrasa sur son lit, chercha, chouina contre PandaPouf, reprit la fouille parcimonieuse de sa chambre avant de s'étaler définitivement sur son lit le soir venu. Pas de réponde claire à ses questions. Pas de gourmette. Rien. Le faux calme et la normalité du monde réel étaient épuisants. Il y avait un meurtrier dans ses Rèves et des gens qui voulaient la capturer ! Tout le monde était si normal et détaché par ici... Un tourbillon de panique faisait rage dans sa poitrine et rien ni personne en ce monde de normalité ne pouvait l'apaiser. C'était...déchirant. Littéralement. Et fatigant. Épuisant. Éreintant. Sans le vouloir, la demoiselle se laissa aller au sommeil et...
... Elle se retrouva en plein milieu du hall. Autour d'elle, c'était l'effervescence : on se pressait, on discutait, on ordonnait, on craignait silencieusement ou à vive voix l'intrusion d'un autre assassin. Au coin de la pièce, Clark discutait avec un groupe de Voyageurs inquiets : selon les dires d'Allan, Mary était allé lui exposer le témoignage d'Eva, mais peut-être serait-il intéressant d'aller lui expliquer d'elle même... Elle avait envie de se rendre utile, pour une fois qu'elle en avait l'occasion, et suivre de près le déroulement de l'enquête. Hors de question qu'elle manque la moindre petite miette d'information au sujet du fou furieux qui s'était introduit ici.
Mais d'un autre côté, elle ne savait pas si se glisser dans le vif de l'affaire était la meilleure des idées. Elle était faible, chétive, dépendante, et n'avait aucun moyen de se défendre si les Autres avait l'intention de profiter de la panique générale pour débarquer en force. Alors, peut-être devrait-elle considérer avec plus de sérieux la proposition d'Allan...
*
- Suivre l'affaire ?
- Accepter les cours de défense proposés par Allan ?
- Quelque chose d'autre ?
À vous de voter !
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