Où suis-je ? Il fait sombre.

Je suis... Non. Nous sommes. Dorénavant, je suis plusieurs. Le nous convient mieux. 

Nous sommes.

Elle nous a séparés. Éparpillés. Je vois moins bien mais aussi plus à la fois. Étrange.

Hier, tout était tranquille. Il ne se passait rien. J'étais... Puis-je employer ces mots maintenant que nous sommes plusieurs ? Mais hier, nous étions un. Je ne sais plus. Tant pis. Nous verrons.

Nous disions donc : j'étais calmement fixé sur le mur, en train d'admirer l'homme qui s'admirait lui-même. Une soirée ordinaire. Rien d'alarmant. L'homme que je connaissais depuis maintenant un mois terminait d'enlever les quelques traces de substance beige qu'il avait conservées. Il s'est levé et est parti. Mais moi je l'ai vu. Le petit objet qu'il avait dû enlever. Il l'avait laissé sur le rebord de la table. Je l'aurais bien appelé mais je ne peux pas ! Et le fait que nous soyons plusieurs à présent n'y change rien.

L'homme a donc quitté la pièce et je me suis retrouvé dans le noir. Peut-être allait-il s'apercevoir qu'il avait oublié sa chaîne ? Peut-être qu'il reviendra ?

Ce sont les questions que nous nous sommes posés. Et nous avions raison. Il est revenu.

Il la cherchait. Il la trouvait. Tout allait bien. Soudain, la femme est rentrée. Elle s'est dirigée vers lui. Il n'allait pas abandonner. Ils se sont battus. Ils m'ont cogné. Je suis devenu nous. Nous avons eu mal. Nous nous sommes évanouis. Ce matin, nous nous sommes réveillés puis habitués à notre nouvelle condition. Nous avons observé comme nous savions si bien le faire lorsque j'étais. 

L'homme est mort.

Noir