Discours n°5 : J'ai fait un rêve...

Un rêve cache parfois le pire des cauchemars. Benjamin, le héros de l'histoire que je vais vous raconter, en est le meilleur exemple.

Benjamin a 21 ans, et pour payer ses études d'ingénieurs, il travaille comme livreur de pizza,... pour l'instant. Car oui, Benjamin, qu'est-ce qu'il fait dans la vie ? Eh bien il galère : sa petite-amie l'a quitté, ses parents lui reprochent de trop fumer, il peine à garder un boulot pendant plus de trois semaines, il a du mal à jongler entre le travail, les études, et le baby-sitting, tous les soirs il revient fatigué, et à bout de force, et il arrive à peine à payer son loyer. Vous l'aurez compris, la vie de ce cher – ou devrais-je dire, de ce pauvre – Benjamin n'est guère enviable, loin de là. Au final, il est comme nous tous. Il a ses problèmes, ses tracas. Mais Benjamin, ben il en a marre de tous ces problèmes. Il aimerait pouvoir tout abandonner : les études qui semblent interminables, le travail qui est épuisant, fatiguant, énervant, et le loyer – qu'est-ce que c'est stressant !. Il aimerait pouvoir fuir : les impôts, les devoirs, les responsabilités,... la réalité.

Mais un beau jour, son rêve deviendra réalité. En regardant la télévision, Benjamin découvrira un objet qui va changer sa vie : le Dream 2.0. C'est un casque de réalité virtuelle, permettant de générer des rêves choisis par l'utilisateur. Voyage à Hawaï, Balade en décapotable, Mariage à Poudlard, tant de rêves à essayer, qu'on ne peut même pas les compter. Séduit par une telle invention, Benjamin décidera de s'acheter ce casque si fabuleux. Mais, étant fauché, ce n'est qu'après six mois passés à prendre sur son salaire pour garder de l'argent de côté, qu'il put se payer un Dream 2.0. Et aussitôt qu'il l'eut utilisé, il tomba sous le charme. Ces rêves étaient si réalistes, si plaisants, si agréables, qu'il s'y abandonna complètement.

Sans trop de surprises, Benjamin utilisait très souvent son casque générateur de rêves. Quand il rentrait du travail, pour l'aider à se détendre, quand il était en congé, pour faire passer le temps, ou même avant de dormir. Il faut le comprendre : vous imaginez, vous, pouvoir choisir le rêve que l'on fait parmi une liste interminable ? Ce serait juste fantastique !

Malheureusement, tout a basculé. Benjamin passait trop de temps sur son casque. Il ne faisait plus ses devoirs, ne révisait plus ses leçons, ne voyait plus ses amis, et passait ses journées, seul, dans son appartement. Mais ce n'est pas le plus grave, car, plus tard, il arrêtera d'aller à l'école, et au travail. C'est vrai, pourquoi s'embêter à aller au travail, ou à l'école, quand on peut profiter du soleil des Bahamas, ou vivre dans une villa à Dubaï ? Pourquoi regarder la télévision, ne donnant que des mauvaises nouvelles, ou écouter la radio, pleine de pessimisme, quand on peut simplement voler sur un balai magique aux côtés d'Harry Potter, ou faire le tour de Los Angeles en Lamborghini ?

Les parents et les amis de Benjamin tentèrent tant bien que mal de raisonner ce dernier, afin qu'il se débarrasse de ce casque, mais Benjamin ne pouvait pas s'en passer. Il était devenu addict. Pas au Dream 2.0, non. Aux rêves. Il était addict aux rêves.

Et d'une certaine manière, il avait raison. Les rêves permettent de nous protéger, de nous faire nous sentir en sécurité. Les rêves nous aident à mémoriser des tonnes d'informations, et à trouver des solutions à bon nombre de problèmes. Les rêves nous donnent des objectifs, des défis à relever. Les rêves sont une mine d'or pour la créativité.

Mais dans le cas de Benjamin, rêver, c'était fuir la réalité. Car dans un rêve, on ne voit pas la guerre. On ne voit pas les gens qui tirent, les gens qui meurent, les gens qui crient, et les gens qui pleurent. Dans un rêve, on ne voit pas non plus la pauvreté. On ne voit pas tous ces gens, morts de faim, qui ne connaissent sûrement plus le goût du pain. On ne voit pas tous ces enfants, désespérés, qui vivent sans parents, sans foyers. Quand on rêve, on ne connaît plus la tristesse, ni le peur. On ne voit plus la mort, ni la terreur.

Rêver, c'est fuir la réalité. Une réalité effrayante, angoissante, déprimante. C'est se réfugier dans un monde qui n'appartient qu'à nous. Un monde plus doux, plus agréable : un monde idéal. Mais ce n'est pas comme ça que ça marche. Il ne suffit pas de nier la réalité pour s'en débarrasser. C'est impossible de s'en débarrasser. Et c'est pourquoi, au lieu de la fuir, nous devrions l'affronter, la regarder en face, et faire comme avec toute chose que nous trouvons imparfaite : la rendre meilleure.

S'il y a bien un message à retenir de cette histoire, c'est celui-ci :

Rêvez, mesdames et messieurs. Mais ne rêvez pas pour fuir la réalité. Faites de vos rêves une réalité.

***

Voilà voilà ! Vous avez lu et découvert tous les discours que j'ai écrits pour le concours éloquence. Lequel avez-vous préféré ? Et pourquoi ? Comment auriez-vous interprété certains thèmes ? Un de mes discours vous a-t-il inspiré(e) une idée d'histoire ? Dîtes-le-moi en commentaires, ça m'intéresse !


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