Chapitre 6 : Océane

Trois ans, ça fait trois longues années qu'un inconnu rencontré dans une voiture ne quitte plus mes pensées. J'ai arrêté de douter depuis longtemps : j'en suis tombée amoureuse. Ça peut paraître insensé, mais se confier autant sur nos vies nous a énormément rapprochés. J'aurais dû lui dire ce jour là, coincée dans les bouchons... Je regrette tellement de ne pas lui avoir demandé rien que son nom de famille ! J'aurais alors pu le retrouver. La première chose que j'ai faite lorsque j'ai eu un téléphone fut d'écumer tous les réseaux sociaux... en vain. Je me disais que, comme Uriel c'était pas commun comme prénom, je le retrouverais facilement. Et bah en vrai dans le monde il y en a quand même beaucoup des Uriel ! Et même en ciblant mes recherches sur la Bretagne, je crois que ça a été pire...

En parlant de Bretagne, je suis justement en voiture pour y aller. On va près de la côte avec mon père, vers Quimper dans le Finistère. J'ai hâte de voir la mer ! Et puis qui sait, peut être que je le croiserai, bien que je ne sache pas de quel coin il est précisément. Plus les jours passent, et plus je perds espoir...

Cela fait six jours que l'on est en Bretagne. J'aime décidément beaucoup cette région, bien plus calme que celle parisienne. Demain, on sera dimanche. C'est donc la fin de la semaine et aussi le jour de notre départ.

Mon père m'a envoyé faire des courses pour préparer le trajet retour. Je pousse le caddie à travers les rayons à la recherche des articles qu'il a noté sur la liste.

- Sandwichs ✔
- Bouteille d'eau ✔
- Mouchoirs ✔
- ...

Alors que j'ai presque tout trouvé, j'aperçois un garçon aux cheveux noirs et ébouriffés sortir de la grande surface, des sacs de courses à la main. Mon instinct me hurle de le rattraper en courant. C'est lui. Je le sens, j'en suis sûre ! J'abandonne mon caddie et je cours. Je glisse en dessous de la barrière de sécurité et fonce vers la sortie. Trop tard ! La voiture verte démarre. Je la suis en courant mais elle est trop rapide et moi trop lente. Alors je reste plantée là, essoufflée et tétanisée. Les gens qui me croisent doivent sûrement penser que j'ai vu un fantôme...

Le coucher de soleil, c'est pour bientôt. Il commence déjà à décliner à l'horizon. Je marche sur la plage. Pour y accéder, j'ai dû descendre une pente de galets toute lisse. Ils sont jolis les galets d'ici. Arrivée en bas, mes pieds se sont légèrement enfoncés dans le sable. Je remue alors mes orteils. C'est drôle comme sensation ! C'est la première fois que je viens sur la plage. Mon père ne voulait pas que j'y aille seule au début, mais je suis majeure, j'ai mon permis et je suis autonome à présent. Ma mère me parlait souvent de la mer et ça y est, j'y suis enfin. Dommage qu'elle ne soit pas là pour regarder le coucher de soleil avec moi ce soir...
Je prend une grande bouffée d'air marin. Tout mes sens sont en éveil. Bon ok, tous sauf mon ouïe, mais j'ai appris depuis longtemps à faire sans. J'avance, le sable chatouillant mes pieds à chaque pas, vers les vagues qui viennent se briser sur la plage. Je les laisse me lécher les pieds. L'eau est fraîche, mais c'est agréable ! Je marche sur la plage, le long de l'eau. C'est alors que je l'ai vu. Je l'ai tout de suite reconnu et j'ai couru avant que la marée ne l'emporte. Un coquillage ! Mais pas n'importe lequel, un coquillage avec encore ses deux coquilles de reliées formant comme des ailes de papillons lorsqu'il est ouvert et posé sur le sable. Ma mère m'avait demandé de lui en rapporter un si j'en trouvais un jour. Alors je le glisse dans la poche de mon manteau et continue ma balade.

Le soleil se couche. Les couleurs sont magnifiques ! Le ciel est d'un dégradé de jaune, de rouge, de rose, de violet, et de bleu. Tout cela parsemé de quelques nuages blancs rendant la scène encore plus magique et irréelle. Les vagues, dont l'écume blanche fait écho aux nuages, dansent tranquillement, m'invitant à les rejoindre. J'hésite... Devrais-je plonger sans réfléchir et profiter ? Peut être que je ne retournerai pas à la mer avant longtemps ! Je n'ai pas de maillot de bain, juste des sous-vêtements et il n'y a personne sur la plage... Mais finalement j'abandonne l'idée. Il est tard de toute façon, le coucher de soleil est fini et mon père doit sûrement être en train de veiller pour s'assurer que je rentre bien à la maison ou que je ne me suis pas faite kidnapper. Je soupire. Puis je remonte la plage, gravis la côte de galets et rentre retrouver mon père.

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