Chapitre 45

Autant de bonne humeur et de motivation surprirent leurs géniteurs. Ils savaient leurs enfants... spéciaux, mais pas à ce point. Ils s'attendaient déjà à devoir leur secouer les puces en leur disant de sortir de leur léthargie, mais l'avoir fait par eux-mêmes... Ils leur tiraient leur chapeau.

Néanmoins, au moment de passer la porte d'entrée, les jumeaux eurent un petit temps d'arrêt, se remémorant la scène qui s'était déroulée quelques temps plus tôt. Non ! Ils ne retomberaient pas ! Leur but était si proche, ils n'allaient pas tomber maintenant au combat. La soirée était tout ce qui leur restait pour mettre leur plan à exécution.

Tout le trajet se passa dans la bonne humeur, plus ou moins forcée. Ce n'était pas le moment de sombrer dans ses pensées ! Paul arriva même à trouver certaines des plaisanteries de sa soeur drôles, ce qui relevait de l'impensable quelques semaines plus tôt. Ce fut à cet instant que le jumeau réalisa à quel point ils avaient grandi, mûri et appris de l'autre durant cette quête. Il avait toujours apprécié sa soeur, mais il n'avait jamais comprit à quel point elle comptait pour lui. Concernant le travail... L'histoire était différente, mais similaire. Il savait à présent que le travail ne tombait pas du ciel et nécessitait de la recherche. Mais la satisfaction du résultat, et de la paie, en valait la peine !

Maurina aussi se surprit. Si son frère avait du mal à comprendre ses blagues, c'était réciproque. Mais elle avait décidé d'en faire fi, et de tenter de le comprendre dans son raisonnement et son rire. Quelques semaines auparavant, cela ne lui serait même pas venu à l'esprit. Son frère était son frère. Elle était elle. Ils cohabitaient et faisaient les 100 coups ensemble. Cela s'arrêtait là. Maintenant, elle était prête à essayer de le comprendre, de se mettre à sa place, et de réfléchir plus qu'auparavant. Pas trop quand même, il ne fallait pas exagérer, se reprit-elle intérieurement.

Ce fut sur ces entrefaites qu'ils arrivèrent devant le local de lavage de vitres. La boule au ventre, ils toquèrent. Comment leur patron allait réagir en les voyant ? Ils avaient eu la version douce de leur mère, qui leur avait transmis les paroles de leur employeur, mais comment l'échange s'était-il passé ? Deuxième jour de travail, et ils avaient déjà séché ? Où était leur professionnalisme ? Toutes ces pensées noires furent interrompues lorsque Chloé sauta directement au cou de Maurina après avoir ouvert la porte avec une vitesse insoupçonnée. La petite fille cessa de bouger après, serrant la jumelle du plus fort possible. Richard sortit à son tour, et contre toute attente fit une accolade à Paul, le gardant dans son étreinte quelques secondes.

- On est tellement contents de savoir que vous allez bien, souffla Richard. Vous nous avez fait une de ces frousses ! Chloé ne tenait plus en place. S'in n'en avait tenu qu'à elle, elle serait devenue justicière, aurait revêtu une cape pare-balles et serait venue vous chercher !

Les jumeaux rentrèrent à l'intérieur, s'assirent, et ils commencèrent le récit des événements, suivit des réactions de Richard et sa fille. Chloé ne lâcha pas Maurina, comme si elle avait peur que la jumelle s'enfuie. Ce fut un temps à part, pendant lequel le frère et la soeur purent s'exprimer sur leurs craintes, les aidant à comprendre leurs émotions et les assimiler. Ils n'avaient pas réalisé à quel point ils avaient besoin de parler avec quelqu'un de ce qu'il s'était passé.

Les jumeaux finirent leur histoire en parlant de ce qui les avait poussé à sortir de leur léthargie, et leur interlocuteurs s'esclaffèrent. Il n'y avait que les jumeaux pour penser à leur quête avec tant d'importance que cela passait avant le traumatisme.

- Euh, il est déjà 18h50. Il ferme à quelle heure, votre garage ? Demanda soudainement Richard.

Il venait de regarder l'heure, et celle-ci était passée bien trop vite. En voyant la réaction des jumeaux, il comprit que cela avait été une bonne idée. Leur employeur ne voulait pas les chasser, mais rater une surprise sur la dernière ligne droite parce qu'ils avaient discuté trop longtemps, cela aurait été dommage.

- Oh purée, ça ferme à 19h. Il faut qu'on file ! On va essayer de courir, avec un peu de chance le garage aura du retard pour sa fermeture, dit Paul en se levant précipitamment.

Il palissait à vue d'œil et sa jumelle le suivit dans ce blanchissement soudain.

- Allez ! Je vous amène ! Se proposa leur patron.

Le frère et la soeur se regardèrent, gênés. Allaient-ils vraiment déranger encore davantage l'homme, qui leur avait déjà tant donné ? Néanmoins, celui-ci n'attendit pas leur réponse, et saisit ses clés de voiture, les invitant à le suivre. Les jumeaux n'eurent pas d'autre choix, et Maurina continua à porter Chloé, qui était plutôt contente de la tournure que prenait les événements. Ils arrivèrent à destination à 18h58, et Richard n'avait pas été de main morte sur l'accélérateur.

Les jumeaux étaient finalement bien contents que Richard soit avec eux. Il avait compris les détails techniques de leur quête, posant quelques questions lors du trajet. Arrivés sur place, le volet était déjà à moitié fermé. Après avoir respiré un bon coup, ils passèrent en-dessous, et mirent sur leur visage leur meilleur sourire commercial. La tête du garagiste en les voyant entrer leur prouva qu'ils n'avaient effectivement que deux minutes pour tenter de le convaincre, et faire la transaction. Paul accepta le défi. Il allait y arriver. Après une minute de conversation, il comprit cependant que c'était peine perdue.

- Les jeunes, je me rappelle vous avoir eu au téléphone, leur répondit le garagiste. Mais vous comptez vraiment démonter un moteur tous seuls ? C'est compliqué, vous savez. Et puis, il en va de votre sécurité.

Les adolescents se regardèrent. Que pouvaient-ils faire alors ? L'anniversaire de mariage était le lendemain, ils n'avaient pas le temps d'apprendre le métier de garagiste ! Ils pensaient juste regarder des tutoriels YouTube. Mais au plus le spécialiste leur décrivait le matériel nécessaire, et la responsabilité que cela impliquait, au plus ils comprenaient qu'ils ne pouvaient pas le faire tous seuls.

- Et ça vous coûterait combien de le monter ? Demanda Richard.

Le garagiste l'avait complètement oublié, et lui lança un regard aussi surpris que les jumeaux. Leur budget risquait d'exploser !

- Il faut compter 500€. Plus le prix du moteur, on arrive à 900.

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