Chapitre 17
- Non, désolée, je ne prends plus personne pour cette saison, vous auriez dû candidater deux mois plus tôt.
Le frère et la sœur soupirèrent, découragés. Il s'agissait de la septième boutique à laquelle ils transmettaient leurs CV, et toujours aucune réponse positive à l'horizon. Ils n'avaient jamais reçu autant de refus en une demi-heure, et cela commençait sérieusement à les fatiguer. Si seulement toutes les offres d'emploi pouvaient tomber du ciel comme celle de Jack !
- Les jeunes, vous cherchez du boulot ?
Les jumeaux se retournèrent à l'unisson. Pourtant, ils ne voyaient personne. Les personnes continuaient d'aller et venir dans la zone commerciale, et l'individu leur ayant posé cette question semblait s'être absenté. La petite lueur d'espoir qui était montée dans leur poitrine retomba aussitôt. Cette voix avait dû être une hallucination, ou un plaisantin qui ne savait plus où trouver ses blagues.
- Je suis là !
La même voix venait de reprendre la parole, l'air légèrement ennuyée. Les adolescents regardèrent alors avec plus d'attention leur environnement, et finirent par lever les yeux au ciel. Ils virent alors un jeune homme qui leur faisait signe, à plusieurs mètres du sol. Si aucun des deux jumeaux n'avaient le vertige, la position dans laquelle se trouvait leur interlocuteur était tout de même impressionnante. Sur une plateforme tenue par deux câbles, il était assis, ses jambes pendouillant dans le vide, et à côté étaient posés des outils destinés à nettoyer les vitres. En le voyant, les jeunes gens découvrirent pour la première fois à quel point les vitres d'un centre commercial devaient être tenues propres.
- Oui, on cherche du travail, répondit Paul par l'affirmative.
Après être resté hébété un long moment devant l'apparition de l'homme, il s'était rappelé la question initiale, et même si, avec sa sœur, ils n'avaient pas dit un mot depuis une bonne minute, l'adolescent s'était repris en main.
- Allez voir mon patron alors, leur conseilla l'homme. Dîtes lui que vous venez de la part de Tristan, et il verra s'il peut faire quelque chose pour vous. Vous allez d'abord à droite, ensuite continuez tout droit, longez...
Maurina n'écoutait plus, et regardait son frère acquiescer au fur et à mesure qu'il énonçait les directions. Elle avait déjà perdu le fil depuis longtemps. Se concentrant sur autre chose, la jeune fille était contente. Ils avaient enfin une piste pour le travail ! Un travail qu'ils pourraient montrer à leurs parents, pour cacher ce qu'ils avaient fait aujourd'hui ! Enfin... Elle fit redescendre ses espoirs. Les paroles de Tristan ne voulaient rien dire. Autant son patron non plus n'avait pas de place. Si c'était le cas, peut-être allait-elle finir par croire que le monde n'était pas fait pour les jeunes souhaitant travailler. Peut-être que le travail était réservé aux adultes accomplis, sur liste d'attente avec un master en poche.
En voyant son frère se rapprocher d'elle tout sourire, elle chassa ces pensées de sa tête. Si le pessimisme la gagnait, il finirait par la perdre, et il n'en était pas question. Ils allaient être pris, elle y croyait dur comme fer ... ou du moins, essayait.
Paul sourit en la voyant ainsi. Ayant écouté les consignes jusqu'au bout, il avait été étonné qu'elle soit attentive aussi longtemps. Quelque chose était définitivement en train de changer.
Après avoir marché dans plusieurs dédales, tourné à de nombreuses intersections et croisé des personnes les plus différentes les unes des autres, ils n'étaient toujours pas arrivés à destination.
- Est-ce qu'on est perdus ? demanda Maurina en soupirant.
Son cerveau avait dit stop de nombreuses minutes auparavant, qui lui paraissait être des heures. Chaque croisement était un labyrinthe de plus à passer, et chaque passant paraissait la juger du regard en se moquant de son air perdu.
- Non, pas encore, lui répondit son frère en souriant.
Paul jeta un coup d'œil en l'air, et vit un panneau indiquant en gros « Nettoyage de vitres ». Son sourire s'élargit. Il allait laisser sa sœur chercher un peu, et elle allait trouver la réponse toute seule. Peut-être sa confiance en elle augmenterait alors, et elle découvrirait des remèdes pour lutter contre ses problèmes d'orientation.
- Pourquoi tu souris ? lui lança Maurina.
Le visage de son frère indiquait quelque chose que la jeune fille n'appréciait absolument pas. Comme une sorte de manipulation, une incitation à chercher quelque chose dont il connaissait déjà la réponse. Une des choses que l'adolescente n'appréciait pas, c'était justement ces tests qui semblaient vouloir lui faire prouver quelque chose. L'étincelle de challenge dans les yeux de Paul ne lui échappait pas.
- Tu n'es pas drôle, tu sais... souffla-t-elle. C'est où ?
- Dans les parages, répondit vaguement son jumeau.
- Où est cette entreprise de lavage de vitre Paul ?
Elle avait haussé d'un ton. Il n'était pas question de se laisser aller en bateau, surtout quand son frère avait la réponse à ses questions mais refusait de les lui donner.
- Vous êtes géniaux tous les deux vous savez ? Vous pourriez même faire de l'humour je suis sûre.
Les jumeaux se retournèrent en même temps. Par instinct, ils regardèrent derrière puis au plafond. Rien n'attira leur regard. Décidés à ne pas reproduire la même erreur que la première fois, leurs yeux scrutèrent les environs, jusqu'à ce que, en se baissant, ils découvrent une petite fille qui les regardait en souriant.
Prenant leurs yeux posés sur elle comme un signe, la petite fille continua.
- Il y en a un qui a la réponse, l'autre qui l'a devant ses yeux, mais aucun ne veut se décider à rentrer, vous êtes trop drôles ! Vous savez, Papa il va pas vous manger.
Le frère et la sœur se regardèrent, perplexes. Les yeux de Maurina se mirent à scruter son environnement, et la jeune fille découvrit la même pancarte découverte par son jumeau auparavant. Un regard meurtrier partit en direction de celui-ci. L'adolescente se promit qu'elle allait lui faire payer.
- Tu es la fille de celui qui dirige les laveurs de vites ? demanda Paul.
Ignorant volontairement sa sœur, son attention était entièrement portée sur la fillette. S'il savait le chemin pour venir jusqu'ici, arriver jusqu'au bureau du directeur n'en n'était pas gagné pour autant. Avoir un guide ne serait pas de refus.
- Oui, c'estça ! répondit-elle avec un grand sourire. Vous pouvez m'appeler Chloé, etsi vous voulez que je vous amène voir Papa c'est par là !
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