50 - Que le marteau du Bonten s'abatte sur les traîtres !
Le rugissement s'intensifia et un crissement de pneus fit se redresser en sursaut les occupants de l'ancien entrepôt. Ils n'eurent pas le temps de faire un mouvement. Le mur, dans le fond du bâtiment, vola en éclat sous la charge d'un énorme tout-terrain plus haut qu'un homme et une fusillade éclata près de l'entrée.
Sanzu parut à la portière du 4x4.
– QUE LE MARTEAU DU BONTEN S'ABATTE SUR LES TRAÎTRES ! gueula-t-il par-dessus le vacarme des armes.
Il se mit à tirer, tout en restant à l'abri de la portière de la voiture.
De leur côté, les frères Haitani, accompagnés de Kakucho, Mochi et Hanma, ouvrirent le feu depuis l'entrée sur tous ceux qui se présentaient.
Haruhiko ramassa son ordinateur et il se réfugia entre deux caisses.
– Madarame ! Cria-t-il. Fais quelque chose !
Shion regarda de tout côté, avant de se mettre à l'abri à son tour derrière un pilier du bâtiment. Les éclats volaient en tous sens et l'odeur de la poudre emplit l'entrepôt.
Il avisa non loin de lui le révolver que l'un des gardes avait fait tomber lorsqu'il avait été touché et il essaya de calculer ses chances de le récupérer sans se faire descendre.
– Madarame ! Cria à nouveau Haruhiko.
– MAIS TA GUEULE ! Rétorqua Shion. TU VOIS PAS QUE C'EST LA MERDE LÀ !
Haruhiko ouvrait des yeux exorbités par la peur.
Il se réfugia le plus possible en arrière, serrant son ordinateur contre lui comme un bouclier.
Madarame avait les oreilles qui bourdonnaient du vacarme des armes et le souffle court.
Comment le Bonten les avait trouvés ? Le gamin lui avait pourtant assuré qu'ils étaient à l'abri ! Si la moitié de ce qu'ils avaient entendu sur le gang était vrai, il ne donnait pas cher de leurs peaux à tous deux. Et où était cet enfoiré de chinois quand on avait besoin de lui ? Comme par hasard, il s'était tiré avant la bagarre ! Si ça se trouve, c'était lui qui les avait vendus !
Madarame profita d'une accalmie dans la fusillade pour se jeter en avant et saisir l'arme qui se trouvait par terre.
Il n'eut pas le temps de l'utiliser. Ran posa le canon de son révolver sur son crâne.
– Vas-y Madarame, dit-il. Fais un geste pour voir.
Shion s'aperçut que l'affrontement autour de lui était terminé. Leurs hommes étaient tous à terre. Les membres du Bonten faisaient le tour de l'entrepôt et achevaient méthodiquement les blessés.
Il sentit son cœur lui remonter au bord des lèvres.
Merde, songea-t-il, merde ! MERDE ! MERDE !
Il lâcha le révolver et plaça ses mains sur sa tête, face contre terre.
– En voilà un gentil garçon, dit Ran.
– Il en reste ? Demanda son frère en parcourant l'entrepôt.
– Non, répondit Mochi. On les a tous eus.
Il rejoignit Ran et rangea son arme.
– Je croyais que ça serait plus difficile, dit Hanma.
Sanzu revint vers eux en traînant un paquet derrière lui.
– Regardez ce que j'ai trouvé ! Dit-il hilare.
Il balança Haruhiko au pied de ses compagnons, et ce dernier se roula en boule sur lui-même pour tenter de protéger son ordinateur. Sa posture, qui rappelait celle d'une tortue essayant de rentrer dans la carapace, les fit tous rire.
– C'est un petit marrant lui, dit Ran.
Sanzu brandit son arme et il lui tira dans le pied. La détonation résonna et Haruhiko hurla. Il saisit sa jambe sans lâcher son ordinateur.
– Il y avait encore un bout qui dépassait mon gars, lui dit Sanzu.
Les cinq autres rigolèrent.
– Je pense qu'il doit y avoir des trucs intéressants dans cet ordinateur, dit Rindô, vous en dites quoi ?
– Je crois aussi, dit son frère.
– Non ! Cria Haruhiko.
Il recula sur les fesses en traînant son pied blessé derrière lui, un voile de sueur sur le front.
– Je vous interdis d'y toucher ! dit-il.
Sanzu s'accroupit devant lui en jouant avec son arme.
– Tu nous interdis ? Dit-il.
– Ce mec a des couilles, dit Ran.
– Ou alors il est complètement con, dit son frère.
Sanzu les regarda par-dessus son épaule, avant de revenir à Haruhiko.
– T'en dis quoi ? Dit-il. T'es un bonhomme ou une flippette ? On vérifie ?
Il lui tira dans l'autre pied et Haruhiko hurla de nouveau. Tout à coup, Sanzu fronça les sourcils, avant d'éclater d'un rire dément.
Il regarda les autres derrière lui.
– Il s'est pissé dessus ! S'esclaffa-t-il en montrant la flaque qui s'était formée sous le garçon.
– Une flippette, décida Ran.
– Une flippette, confirma Hanma.
Mochi hocha la tête et Kakucho préféra regarder ailleurs. Sanzu se tourna de nouveau vers le gamin. Il ne souriait plus du tout.
– J'attendais mieux du petit frère de Mucho, dit-il. Tu me déçois. Tu dois le décevoir aussi, là où il est. Tâche de faire un peu mieux pour la suite.
Et il l'assomma de la crosse de son révolver.
Lorsque Haruhiko reprit ses esprits, il se trouvait dans une sorte de cave au plafond bas. Une femme était penchée sur lui, sa main sur sa joue. Son geste était doux et, pendant une seconde, Haruhiko se prit à croire qu'il avait rêvé.
Ses espoirs volèrent rapidement en éclat lorsqu'il vit Madarame, ligoté à une chaise, à côté de lui.
– Il est réveillé ! Dit la femme en se redressant.
Elle s'écarta pour céder la place au malade mental au visage balafré et aux cheveux roses.
– Comme on se retrouve mon pote, dit Sanzu.
Haruhiko frémit. Il tenta de bouger, mais il s'aperçut qu'il était attaché lui aussi. Tout autour d'eux se tenaient les membres du Bonten qui avaient attaqué leur cachette. Plus un, assis sur une caisse, le regard dans le vide.
Lorsqu'il le reconnut, Haruhiko sentit un frisson de terreur lui dévaler l'échine.
Mikey l'intouchable.
Sur la chaise voisine, Madarame continua son petit monologue.
– ... je voulais pas m'en prendre à vous les mecs, dit-il. C'est une erreur, faut me croire !
Haruhiko comprit qu'il essayait de sauver sa peau.
– Tout ce que je voulais moi, reprit Madarame, c'était prouver ma valeur. Je suis des vôtres, je l'ai toujours été.
Il est sérieux là ? Se demanda Haruhiko.
Haruhiko se mit à rigoler en dépit de la douleur qui irradiait ses pieds et de son cerveau qui tapait sourdement contre son crâne.
– Je sUiS dEs vÔtReS ! Le singea-t-il avec une mimique méprisante. Me TuEz PaS, Je sUiS dEs vÔtReS ! C'est tout ce que tu as trouvé Madarame ?
Il rit de plus belle avant de reprendre son souffle.
– Putain ! Dit-il. Il est beau le mec qui voulait détruire le Bonten parce que ses petits camarades l'avaient oublié en prison !
Il se remit à rire sans parvenir à s'arrêter, la tête renversée en arrière.
Madarame le regarda, le visage pâle, défait.
– Bâtard, souffla-t-il entre ses dents.
Il ne perdit pas de temps et revint vers Ran, qui se tenait, impassible, les bras croisés sur la poitrine, à quelques pas de là.
– Je vous dirai tout ce que je sais ! S'écria-t-il. Je connais tous les plans de cet enfoiré ! On est du même côté toi et moi Ran ! Je suis sûr que je peux vous être utile !
Un coup de feu interrompit sa tirade et Madarame tomba sur le côté en entraînant sa chaise avec lui, un trou sur le côté de la tête.
– Tu me soûles, dit Mikey, en tenant toujours à la main son arme au canon fumant.
La gaieté qui s'était emparée de Haruhiko fut aussitôt douchée.
Il regarda le cadavre de Madarame à ses pieds sans y croire.
Il était mort. Shion Madarame était mort.
Je vais mourir, comprit-il alors.
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