39 - La colère du Bonten
– En admettant que son allié parvienne à la libérer, dit Kakucho. Comment compte-t-elle faire pour nous appeler en renfort ? Nous n'avons pas la moindre idée d'où elle se trouve.
Mikey se tourna vers Wakasa.
– C'est là que tu intervient, dit-il. Cherche tout ce que tu pourras trouver sur Nakaba Yo posté ces dernières vingt-quatre heures.
Waka revint à son ordinateur.
– Compris, dit-il.
– Elle aura sûrement utilisé un moyen détourné pour nous contacter afin de ne pas attirer l'attention, reprit Mikey. Ne laisse rien passer.
L'ancien Black Dragon hocha la tête. Il se mit aussitôt au travail.
– Sanzu, poursuivit Mikey, préviens nos hommes. Je veux tout le monde sur le pied de guerre et prêt à décoller dans dix minutes.
– Ça sera fait boss ! Dit-il en sortant son téléphone.
– Kakucho, dit Mikey.
– Je sais, répondit ce dernier en se redressant, des armes et des munitions.
Mikey hocha la tête.
– Ne lésine pas sur la quantité, dit-il. Nos adversaires ne sont pas n'importe qui.
– Tu auras tout ce que je peux rassembler, dit-il en sortant.
– Koko, poursuivit Mikey, arrange-toi pour que la police reste à l'écart.
– Je m'en occupe.
– Waka ? Demanda Mikey. Quelque chose ?
– Rien pour le moment... Non, attends, dit-il. Ça c'est bizarre.
Il se mit à taper sur son clavier, puis il tourna l'écran vers Mikey.
– C'est un site pornographique du dark web chinois, dit-il.
Les autres s'approchèrent pour regarder.
– Qu'est-ce que tu vois de bizarre ? Demanda Ran.
– Regarde le commentaire sous la vidéo avec la fille, dit Waka en le désignant du doigt.
– On parle pas mandarin, lui fit remarquer Rindô.
– Les deux derniers kanjis, expliqua Waka, ça n'est pas du mandarin, c'est du japonais. Ça dit : Je me la ferais bien, dommage qu'elle soit déjà à moitié morte. À moitié morte est écrit en japonais. Han Shi, ça peut aussi se lire...
– Nakaba Yo, compléta Mikey. C'est elle. Remonte à la localisation de l'adresse ip qui a posté ce message.
Waka ramena son ordinateur devant lui.
– C'est comme si c'était fait.
Kyôko resta dissimulée dans l'ombre de l'escalier métallique, le temps que les hommes en descendent bruyamment. Elle se trouvait apparemment dans une ancienne usine qui ne devait pas se trouver loin de Tokyo, sinon ils ne se seraient pas contentés de la taser pour le trajet.
Comme elle s'y attendait, ils étaient persuadés que sa première réaction serait de prendre la fuite dès qu'elle serait libre.
Kyôko avait prévu d'attendre qu'ils se soient éparpillés à sa recherche pour passer à l'action.
Après un dernier regard hors de sa cachette, elle se dirigea vers les escaliers et commença à les gravir, pieds nus.
L'arme qu'elle avait prise au garde pendait dans sa main gauche. Elle avait conservé l'autre dans sa main droite. Le recul allait être un problème à une main, mais elle s'était entraînée pour ça.
Elle examina l'étage supérieur, à l'abri derrière un pan de mur. C'était ici que se trouvaient les bureaux, mais aussi les seuls commodités. Il ne faisait aucun doute que leur chef se serait installé à l'étage.
Un homme armé gardait la pièce du fond. Il ouvrit sa veste pour prendre son briquet et s'allumer une cigarette, et Kyôko eut le temps d'apercevoir son arme dans son holster de poitrine. Il paraissait détendu, une femme à moitié nue ne devait pas lui sembler un adversaire bien redoutable.
Elle se redressa, s'avança et fit feu.
Elle l'avait manqué.
Le garde lâcha son briquet et il porta la main à son arme, mais elle tira à nouveau deux balles et il tomba en arrière, un trou au milieu de la poitrine.
Pour faire bonne mesure, elle lui appliqua le canon sur le front et lui fit sauter la tête. Puis elle jeta le Makarov sur le côté. Elle n'avait plus de balles.
Elle vérifia rapidement le chargeur du révolver qu'elle avait pris au garde et s'appuya contre le mur, à côté de la porte.
Elle inspira et actionna la poignée.
Aussitôt, plusieurs balles vinrent frapper le panneau, envoyant des échardes voler dans tous les sens.
Kyôko s'accroupit, l'arme serrée dans ses deux mains, et quand la fusillade se tut, elle se laissa tomber sur le côté et ouvrit le feu.
Elle toucha au ventre le premier des deux hommes qui se trouvaient dans le bureau, mais le deuxième se réfugia dans la pièce voisine.
Kyôko se releva, elle écarta du pied l'arme que le blessé essayait de récupérer et l'acheva d'une balle dans la tête. Puis elle partit à la poursuite de l'autre.
Elle l'avait reconnu, même si elle ne l'avait vu qu'en photo. C'était lui, le fils du boss qui avait été chargé de s'emparer du marché japonais. Si elle arrivait à l'abattre, le Bonten aurait gagné. S'il lui échappait par contre, tout serait à refaire.
L'arme à hauteur de la cuisse, elle s'avança prudemment jusqu'à la porte derrière laquelle il avait disparu et s'appuya contre le mur.
– Tu as peur d'une femme ? Lui lança-t-elle en mandarin en guise de provocation.
Deux balles touchèrent le montant de la porte et des esquilles de bois volèrent.
Il est toujours là, se dit Kyôko, ce qui veut dire qu'il n'y a pas de sortie de secours.
Elle inspira profondément et avança tout en ouvrant le feu. Une balle lui effleura la joue et une autre lui traversa la cuisse. Mais elle ne la sentit pas. Toute son attention était concentrée sur la silhouette sur laquelle elle vida son chargeur jusqu'à entendre l'arme cliqueter dans le vide.
Lorsque le silence se fit, le mafieux se laissa tomber contre le mur du fond et glissa à terre en laissant une traînée rouge derrière lui.
Elle avait réussi, comprit Kyôko, elle l'avait tué.
Elle n'eut pas le temps de se réjouir, un coup à la nuque la fit tomber à genoux et elle lâcha son arme vide.
Elle tourna la tête et aperçut un autre homme.
Il y avait un autre garde, comprit-elle.
Le nouveau venu l'étala au sol d'un crochet du droit et Kyôko se sentit partir.
Un poids sur la poitrine lui rendit ses esprits et lui apprit qu'il s'était assis sur elle.
Elle sentit des mains se refermer sur sa gorge. Elle lutta pour essayer de se dégager et ses jambes s'agitèrent frénétiquement pour tenter de le faire tomber, mais il était bien trop fort pour elle. Sa vision se troubla et elle comprit qu'elle allait mourir.
Non ! Se dit-elle envahie par la panique. Non ! J'avais réussi !
Un coup de feu déchira le silence du bureau et l'homme tomba sur elle, mort. Elle pouvait distinguer le trou fumant à l'arrière de son crâne. Pendant un instant, elle resta étendue, le souffle court et les idées embrumées par la douleur. Puis la présence de ce cadavre sur elle la dégoûta et elle essaya de le repousser, en vain. Elle n'avait plus de force.
Une main vint saisir le garde par le col et le rejeta sur le côté avec facilité avant de passer derrière la tête de Kyôko pour la relever. L'homme la serra contre lui et Kyôko se rendit alors compte qu'une fusillade avait débuté à l'extérieur.
– Mikey... souffla-t-elle.
Sa voix tremblait.
– Oui, dit-il.
Elle agrippa son t-shirt et ferma les yeux. Derrière lui, une voix familière retentit.
– On l'a pas trouvée boss...
– Elle est ici Hanma.
Shuji vint les rejoindre et Mikey se redressa.
– Fais-la sortir, reprit-il en lui confiant Kyôko. On termine le boulot.
Shuji retira sa veste et il la posa sur les épaules de Kyôko avant de la prendre dans ses bras pour la conduire dehors.
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